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pourparlers avec le consul Calpurnius, et, pour preuve de ses intentions pacifiques, consentit à payer les frais de la guerre, et à livrer un bon nombre de chevaux et 30 éléphants'. Il s'en était certainement réservé un plus grand nombre, car il était bien décidé à se mettre en mesure de recommencer les hostilités aussitôt que, par ces feintes démonstrations, il serait parvenu à endormir la vigilance de l'ennemi. On le vit en effet, reparaître bientôt en campagne plus redoutable qu'auparavant, et, ce qui dépasse toute croyance, ce petit roi d'un simple canton de la Numidie infligea aux armées de la république la dernière des humiliations, et fit passer sous le joug ces mêmes légions qui avaient triomphé de Carthage et des plus puissants rois de la terre.

La nouvelle de cette infamie porta au comble l'indignation et la colère des Romains. On leva une nouvelle armée et on en confia le commandement au consul Métellus, militaire éprouvé et principalement connu par l'intégrité de son caractère. Contre un tel adversaire toutes les ruses et tous les détours de Jugurtha devaient échouer, et échouèrent en effet. Atteint sur les bords du Muthul, il fut entièrement défait presque dans les mêmes lieux où l'étoile d'Annibal avait pâli devant celle de Scipion. Nous n'avons pas assez de renseignements sur cette bataille, mais Jugurtha dut y déployer un grand nombre d'éléphants, puisque les vainqueurs lui en prirent 4 et lui en tuèrent 402. Dès lors la guerre put être regardée comme terminée; tout ce qui suivit, jusqu'à la prise du prince numide, ne fut qu'un tissu

1 Sallust., Bell. Jugurth., xxxI.

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2 << Elephanti quatuor capti, reliqui omnes numero quadraginta << interfecti.» (Sallust., Bell. Jugurth., LVII.) — Le Muthul, affluent oriental du Macar ou Bagradas, coule à peu de distance de Zama. D'Anville l'a ainsi marqué sur ses cartes.

d'intrigues et de perfidies, aussi étranger à mon sujet que peu digne d'être rapporté.

Ce fut pendant la guerre de Jugurtha qu'éclata la rivalité de Marius et de Sylla, rivalité dont les suites se firent sentir jusqu'en Afrique, et y donnèrent lieu à des opérations militaires où l'on vit encore figurer les éléphants. Ces événements ne sont ni bien importants, ni bien connus; cependant, comme ils se rattachent directement à mon sujet, je vais résumer le peu qui en est parvenu à notre connaissance.

Après la chute de Jugurtha, les Romains avaient donné à Bocchus, pour prix de la trahison dont il s'était rendu coupable envers ce prince, une partie de la Numidie. Le reste avait été partagé entre Hiarbas et Hiempsal, deux des descendants de Masinissa. Le premier se jeta plus tard dans la faction de Marius, et le second dans celle de Sylla. On sait comment celui-ci parvint à triompher de ses adversaires et à les chasser d'Italie. Les débris du parti vaincu essayèrent de se rallier en Afrique, autour de Domitius, ancien lieutenant de Marius, et ils firent de la place d'Utique le centre de leurs opérations. Hiarbas vint les renforcer avec ses troupes et ses éléphants. Mais Pompée, chargé par Sylla de terminer la guerre, ne tarda pas à arriver en Afrique, et, profitant d'une circonstance favorable, il attaqua les ennemis, pénétra dans leur camp, et les passa presque tous au fil de l'épée. Domitius périt dans la mêlée, et Hiarbas fut tué dans sa fuite; tous ses éléphants tombèrent au pouvoir de Pompée, qui rétablit Hiempsal sur le trône de Numidie, et lui donna tous les États qui avaient appartenu à son parent'.

1 Plutarch., Pomp., XII.

Tit. Liv., Epit., lib. LXXXIX. Appian., Bell. civil., 1, 62. Val. Max., VI, 2, n. 8. A. Gell., Noct. attic., vi,

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Après avoir ainsi ramené la tranquillité en Afrique, Pompée voulut, avant de retourner à Rome, se donner le plaisir de la chasse, et il passa dans le pays quelques jours à poursuivre les lions et les éléphants. Il fit transporter à Rome un nombre assez considérable de ces derniers animaux; car, outre ceux qu'il avait pris à la chasse et ceux qui s'étaient trouvés parmi les dépouilles de Hiarbas, il en avait sans doute reçu en cadeau de Hiempsal et des autres princes de la Numidie. Il les réserva pour les spectacles qu'il se proposait de donner au peuple, et en fit attacher quatre à son char de triomphe, pour ajouter à cette cérémonie un éclat jusqu'alors inconnu. On les avait attelés de front, mais, la porte de la ville s'étant trouvée trop étroite, il fallut les dételer et substituer des chevaux 1.

La reconnaissance de Hiempsal envers Pompée causa la perte de Juba, son fils et son successeur. Ce prince. connu dans l'histoire sous le nom de roi de Mauritanie, parce qu'il avait agrandi ses États du côté du couchant, se prononça de bonne heure contre César, et mit sur pied une nombreuse armée, renforcée de 40 éléphants. pour soutenir en Afrique le parti de Pompée. Il était en effet lié d'amitié, non-seulement avec ce général, mais aussi avec les Scipion, qui avaient toujours été les protecteurs de la famille de Masinissa. Il marcha sur le Bagradas, où il détruisit deux légions commandées par Curion, l'un des lieutenants de César 2. Après la défaite

IX, 12. Ces événements eurent lieu environ vingt-six ans après la mort de Jugurtha. Le peu que nous en savons est exposé dans l'ouvrage du président de Brosses, qui a essayé de rétablir l'Histoire romaine de Salluste, en réunissant avec une admirable sagacité les fragments de cet écrivain.

Plin., Hist. nat., VIII, 2.2 Cæs., Bell. civil., 11, 23,

44.

Plutarch., Pomp., XIV.

de Pharsale, il joignit ses drapeaux à ceux des partisans de Pompée accourus de toutes parts en Afrique pour y tenter de nouveau le sort des combats; et aux dix légions qu'ils étaient parvenus à réunir, il ajouta beaucoup d'infanterie, une cavalerie pour ainsi dire innombrable, et 120 éléphants '.

A la tête de ces forces figuraient, en première ligne, Scipion, le beau-père de Pompée, Caton d'Utique, célèbre par l'inflexibilité de son caractère, et Labienus, officier d'un grand mérite, formé à l'école même de César. A la suite de ces chefs venaient une multitude de sénateurs, de consulaires et de grands personnages, infinita nobilitas, comme le dit Eutrope. Mais ces ambitieux, réunis par un sentiment commun de jalousie contre le dictateur, étaient d'ailleurs peu d'accord entre eux; l'incapacité et la présomption de la majorité paralysaient les talents et l'énergie du petit nombre; enfin et surtout, la hauteur et l'arrogance de Juba, blessant à chaque instant la fierté des Romains, entravaient sans cesse les résolutions les plus utiles 2.

Cependant César, dont la guerre d'Alexandrie et celle de Pharnace réclamaient tous les soins, voyait grossir ce nouvel orage sans avoir le moyen de le prévenir; mais aussitôt qu'il eut mis ordre aux affaires qui le retenaient en Asie, il se hâta de courir en Afrique, et, poussé par cette résolution étonnante qui formait le trait saillant de son caractère, il n'hésita point à débarquer sur la côte, quoiqu'il n'eût avec lui que 3,000 légionnaires et 150 chevaux. Toutefois les renforts qui lui arrivèrent successivement le mirent bientôt en état de s'emparer de quelques places et de tenir la campagne. Il est vrai que

1 Hirtius, Bell. afric., XIX.

2 Dion. Cass., XLII, 7. Hirtius, Bell. afric., passim.

les différents engagements qu'il eut avec Juba et avec Labienus ne tournèrent pas tous à son avantage; mais il frappa tellement ses adversaires par la vigueur de sa résistance, qu'ils renoncèrent à l'attaquer en rase campagne, et se bornèrent à lui intercepter les subsistances, dans l'espoir de l'épuiser lentement et de le détruire en détail.

Ce plan était bien calculé et aurait pu couper court aux entreprises de César, dont l'intérêt était, au contraire, d'en venir promptement à une action décisive. Il le savait bien : aussi se hâta-t-il de prendre un parti qui devait forcer les confédérés à lui livrer bataille; il marcha sur Thapsus, et plaça son camp sous les murs de cette place pour en entreprendre le siége1. Scipion ne pouvait, sans se déshonorer, laisser tomber, sous ses yeux, au pouvoir de l'ennemi une ville importante et une garnison fidèlement attachée à son parti: il suivit donc de près le mouvement du dictateur, et, pour débloquer Thapsus, il se résigna à courir les risques d'un combat 2.

BATAILLE DE THAPSUS.

(707 de Rome, 47 av. J. C.)

Les renseignements que les historiens nous ont transmis sur cette bataille ne nous font point connaître avec précision la force des deux armées; tout ce qu'on sait,

1 Thapsus ou Tapsus était à environ trente lieues au S.-E. de Carthage, sur la côte en face de Malte. Le voyageur Shaw croit en avoir trouvé les ruines à Démass, près d'El-Madia, dans la régence de Tunis.

2 Hirt., Bell. afric., LXXIX.

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