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tion d'un général d'Auguste, nommé Cornificius, qui se faisait voir dans les rues de Rome monté sur un éléphant, et qui avait obtenu cette faveur pour avoir sauvé un corps d'armée dans la guerre de Sicile '. Aurélien, qui, avant de monter sur le trône, s'était déjà distingué par des services éminents, eut également la permission de garder un éléphant qui lui avait été donné par le roi de Perse, auprès duquel il avait été envoyé comme ambassadeur 2. Dans quelques rares occasions, les empereurs envoyèrent aussi des éléphants aux princes étrangers dont ils voulaient cultiver l'amitié. Nous pouvons, à cet égard, citer l'exemple d'Adrien, qui fit présent d'un de ces animaux à Pharasmane, roi d'Ibérie3.

Pour terminer ce qui est relatif à l'histoire des éléphants pendant les premiers siècles de l'empire, nous ajouterons que, parmi les monuments qui décoraient la ville de Rome, on voyait plusieurs représentations de ces animaux. Pline fait mention de quatre éléphants en pierre obsidienne, qu'Auguste avait fait placer dans le temple de la Concorde. On possède une lettre, écrite par Cassiodore, ministre de Théodoric, aux magistrats de Rome, pour les engager à faire restaurer les éléphants de bronze qui étaient dans la voie sacrée 5. Ces monuments consacraient probablement le souvenir de quelque

Cæsaris armentum nulli servire paratum
Privato.

1 Dion. Cass., XLIX, 1.

2 Vopisc., Aurelian., 5.

3 El. Spartian., Adrian., 17.

4 Plin., Hist. nat., XXXVI, 67.

5

(Sat. XII, vers. 106.)

Relationis vestræ tenore comperimus, in via sacra quam

«multis superstitionibus ditavit antiquitas, elephantos æneos, vi«cina omnimodis ruina titubare. » (Cassiodor., Ep., x, 30.)

388 HIST. MILIT. DES ÉLÉPH. LIV. II, CHAP. X. victoire; ou bien c'étaient des chars attelés d'éléphants, et surmontés de statues d'empereurs. Il résulte, en effet, d'une épigramme de Martial, que, sur l'arc de triomphe de Domitien, on avait placé deux chars semblables que semblait diriger une statue dorée de cet empereur 1.

Il est fait mention, dans les anciennes descriptions de Rome, d'un elephas herbarius, statue, ou peut-être fontaine, qui était placée au milieu du marché aux légumes, au pied de la roche Tarpéienne. On suppose que c'était un des nombreux monuments dont Auguste avait embelli la ville, et que le nom d'Herbarius lui venait de ce qu'il avait été élevé avec le produit des droits payés par les vendeurs d'herbes et de légumes 2. Enfin, on trouve dans les Analecta du P. Mabillon une inscription qui donne le nom d'Elephantus à un lieu de la ville de Rome; et l'on a cru pouvoir en inférer qu'il y avait en cet endroit une statue d'éléphant 3.

1 Martial., Epigr., VIII, 65. — Cuper a publié une médaille de Domitien, où l'on voit cet arc de triomphe surmonté de deux chars attelés chacun de quatre éléphants, et conduits par l'empereur; de Eleph. in num. obv., exc. II, 10.

2 Nardini, Roma antica, III, 12; v, 16.

3 Le Beau, Mémoire sur les médailles de restitution, dans le 21e volume du recueil de l'Académie des inscriptions et belleslettres (1747 et 1748).

LIVRE III.

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CHAPITRE PREMIER.

Les éléphants reparaissent sur les champs de bataille, à l'occasion des guerres entre la Perse et l'empire. Avénement des Sassanides. Artaxerxès déclare la guerre aux Romains. - Expédition d'Alexandre Sévère. — Relations contradictoires, et discussion critique sur les résultats de cette expédition. - Campagne glorieuse du jeune Gordien. - On décerne des chars attelés d'éléphants aux empereurs qui reviennent victorieux des guerres d'Orient.

Il y avait longtemps que les éléphants ne servaient plus qu'aux amusements de la capitale, lorsque des événements politiques arrivés en Orient ramenèrent de nouveau les légions romaines en face de ces rudes adversaires. La puissante maison des Arsacides, qui s'était élevée jadis sur les ruines des empires fondés par les successeurs d'Alexandre, venait à son tour d'être détrônée par un soldat de fortune qui se vantait de tirer son origine des anciens monarques de la Perse. Pour colorer son ambition, le fils de Sassan avait pris le nom pompeux d'Artaxerxès, et la multitude, toujours avide de nouveautés, applaudissait à une usurpation qui rappelait d'aussi glorieux souvenirs. Cet Artaxerxès (ou Ardshir Babekan, comme il est appelé par les Persans) fut le fondateur de la dynastie des Sassanides, qui se soutint pendant plus de quatre siècles sur le plus beau trône de l'Orient. Le nom et la puissance des Parthes disparurent alors de l'Asie, où leur empire s'était autrefois étendu depuis l'Indus jusqu'à l'Euphrate. Cette

grande révolution arriva au commencement du règne d'Alexandre Sévère, vers l'an 226 de notre ère.

Mais le vaste héritage des Arsacides ne suffisait pas à l'ambition du nouveau parvenu: il se croyait appelé à rétablir l'ancienne monarchie de Cyrus et de Cambyse. Tout rempli de ce grand projet, il avait déjà pris le titre de Roi des rois, et il ne parlait de rien moins que de reculer les limites de sa domination jusqu'à l'Hellespont, et jusqu'aux sables de la Libye. Ces prétentions devaient alarmer les Romains, car leurs possessions d'Asie, l'Égypte même, et plusieurs îles de la Méditerranée, se trouvaient comprises dans les vues ambitieuses du Sassanide, dont les menaces avaient déjà reçu un commencement d'exécution. En effet, les Perses se réunissaient en force sur le Tigre, et tout était à la guerre sur la frontière orientale de l'empire.

L'ancienne querelle soulevée entre Rome et les Parthes, à l'époque de Crassus, subsistait encore et devait se prolonger jusqu'à l'extinction de la maison de Sassan. Pendant cette longue période, qui fut au moins de 700 ans, les deux nations prodiguèrent leur sang, et s'épuisèrent en efforts infructueux pour dépasser les barrières du Tigre et de l'Euphrate, que la nature leur avait assignées. Ni la science militaire de Trajan, ni la fortune de L. Vérus et de Septime Sévère, ni le courage entreprenant de Julien, ni les innombrables armées de Chapour et de Nouschirwan, ne purent franchir ces limites d'une manière définitive. Car il en est des nations comme des rivières, dont le lit se trouve déterminé par la configuration du sol elles peuvent quelquefois se déborder, mais elles finissent toujours par rentrer dans leurs limites naturelles.

Vers la dixième année du règne d'Alexandre Sévère, Artaxerxès parut en armes sur les frontières de la Syrie,

et somma les Romains de lui abandonner toute l'Asie. Son armée était, d'après l'ancienne coutume des Perses, principalement composée de cavalerie. Il avait, diton, réuni 120,000 chevaux, 1,000 chars de bataille, et 700 éléphants portant des tours. Ces détails sont sans doute exagérés, du moins quant au nombre des éléphants, et il nous est permis de supposer qu'il s'est glissé quelque inexactitude dans les manuscrits. Les textes de l'Historia augusta ont d'ailleurs souvent besoin de rectification: c'est une remarque que les critiques ont faite plus d'une fois.

Quoi qu'il en soit, pour parer à ce danger, l'empereur se mit en marche, à la tête de six légions d'élite, formant un effectif de 30,000 hommes, auquel il faut encore ajouter un contingent proportionné de cavalerie, et tous les renforts qu'il trouva en Asie. Hérodien assure que les forces des Romains n'étaient pas inférieures à celles de l'ennemi. Cette guerre dura environ trois ans, mais nous n'en connaissons pas assez les événements; il y a même contradiction dans les récits du petit nombre des auteurs qui en parlent 2. Suivant Lampride, les Perses auraient été entièrement défaits, et auraient perdu 10,000 morts et un grand nombre de prisonniers. Quant aux éléphants, Alexandre Sévère aurait déclaré,

1 « Elephanti septingenti, iidemque turriti cum sagittariis et <«<onere sagittarum, » (Lamprid., Alex. Sever., 56.)

2 Suivant le savant Tillemont, ce serait entre les années 232 et 233 après J. C. qu'il faudrait placer le départ d'Alexandre Sévère pour l'Orient. Cet empereur aurait partagé son armée en trois corps, dont l'un aurait pénétré dans la Médie par l'Arménie, l'autre se serait dirigé vers le confluent du Tigre et de l'Euphrate, enfin, le troisième, sous les ordres immédiats d'Alexandre, aurait marché dans une direction intermédiaire, à travers les plaines de la Mésopotamie. (Histoire des empereurs, tom. III, pag. 220 à 226, éd. 1691.)

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