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quelques-uns à la bataille de Magnésie 1; c'est la première mention qui soit faite de ces animaux dans l'histoire des guerres des Romains. Ils en rencontrèrent ensuite dans les armées de Mithridate 2, et plus tard, du temps de Caracalla et de Macrin, dans celles des Parthes; mais, cette fois, ces animaux étaient montés par des cavaliers armés de toutes pièces3. Les Romains employèrent alors avec succès les chausse-trapes, ear à la fin du combat on vit le terrain jonché de chameaux estropiés.

Végèce nomme encore quelques nations de l'Afrique, iuconnues aujourd'hui, et qui, de son temps, se servaient de chameaux à la guerre. Cet usage durait encore au VIe siècle, dans les mêmes contrées; on en a la preuve dans deux faits d'armes racontés par Procope: l'un eut lieu aux environs de Tripoli; l'autre est la bataille de Mamma, où les Maures déployèrent devant leur armée jusqu'à douze rangs de chameaux 5.

A une époque plus récente, et dans des lieux qui nous sont mieux connus, le gain d'une grande bataille a été décidé par l'apparition soudaine d'une multitude de chameaux. L'armée d'Amurat Ier se trouvait, dans la plaine de Cassovie (ou Kassowo), en présence de toutes les forces de la confédération slave, commandées par Lazare, prince de Servie. Le combat s'engagea avec un grand acharnement, et la victoire paraissait pencher pour les chrétiens, lorsque le sultan eut l'idée de faire avancer un grand nombre de chameaux qui étaient aux bagages de l'armée. La vue de ces étranges quadrupèdes frappa de terreur la cavalerie slave: elle prit la fuite; l'armée entière fut bientôt en pleine déroute; et les Turcs, profitant du moment pour charger cette multitude en désordre, en firent affreux 6.

un carnage

1 Voyez ci-dessus, page 320.

› Plutarch., Lucull., c. 11.

3 Herodian., Histor., v, in fin.

4 Veget., de Re milit., 111, 23.

5 Procop, Bell. vandal., n, 8, 11, ed. Dindorf.

6 Cet événement, qui eut lieu en 1389, est raconté dans toutes les histoires de l'empire ottoman.

Les Persans emploient aujourd'hui les chameaux pour porter de petites pièces d'artillerie qu'ils appellent des sambouraks. On en a vu beaucoup dans leurs dernières guerres contre les Russes. Mais le service le plus réel qu'on peut retirer de ces animaux, c'est de leur faire transporter rapidement des corps de troupes, principalement dans les plaines arides de l'Asie et de l'Afrique. Ce moyen fut employé, vers la fin du XVIe siècle, par le sultan Akbar, dans une expédition contre le Guzerate. Parti secrètement d'Agrah, à la tête de 12,000 hommes montés sur des dromadaires, il traversa promptement le désert, et prit les ennemis tellement au dépourvu, qu'ils se dispersèrent sans combattre 1.

Les Français ont employé aussi avec succès les dromadaires dans leur expédition d'Égypte. Les Arabes bédouins inquiétaient leurs derrières, venaient, jusque dans les faubourgs du Caire, commettre des vols et des assassinats, et parvenaient presque toujours, grâce à la vitesse supérieure de leurs chevaux, à échapper aux poursuites de la cavalerie française. Le général Bonaparte, voulant mettre un terme à ces incursions, ordonna, par un arrêté du 9 janvier 1799, la formation d'un régiment de dromadaires. Chaque chameau portait des vivres et de l'eau pour cinq ou six jours; il était monté par deux hommes placés dos à dos et armés d'un fusil de dragon avec baïonnette, et d'un sabre de hussard. Les officiers avaient des pistolets, et ils étaient munis de boussoles pour se diriger dans le désert. L'uniforme, dessiné par Kléber dans le goût oriental, était très-brillant.

Lorsque, dans les engagements qui avaient lieu autour du Caire, une tribu arabe était parvenue à échapper à la cavalerie européenne, on mettait à sa poursuite un détachement du corps des dromadaires, et il était rare qu'il ne parvînt pas à l'atteindre. Les chameaux fléchissant alors le genou, les cavaliers descendaient avec leurs armes, entravaient leurs montures, les pelotonnaient toutes ensemble, en laissant au

1 Voyez la relation de Hawkins, dans la collection de Purchas, tome 1, page 219.

milieu un espace vide, pour y placer quelques hommes chargés de les défendre, puis le reste, manœuvrant en dehors de ce groupe, attaquait les Arabes, déjà découragés par cette attaque inattendue, et ne tardait pas à en triompher. Tandis qu'une partie de ce régiment de nouvelle espèce forçait ainsi les Bédouins à renoncer à leurs incursions aux environs du Caire, d'autres détachements du même corps, croisant dans le désert, assuraient les communications de la vallée du Nil avec la Syrie et les côtes de la mer Rouge.

Desaix, qui commandait dans la haute Égypte, voulut employer le même moyen contre les mameluks de MouradBey. Il organisa, en conséquence, un second régiment de dromadaires; mais ce corps obtint moins de succès que celui dont nous venons de parler, et dans lequel on finit par l'incorporer. L'effectif du régiment des dromadaires fut alors porté à 700 montures.

Quoique la conformation de ces animaux paraisse les rendre peu propres à être utilisés comme bêtes de trait, on les a aussi quelquefois employés à ce service. Strabon assure, d'après Néarque, que les Indiens en attelaient à leurs chariots 1; et on lit dans Athénée 2 que Ptolémée Philadelphe fit paraître, dans une fête qu'il donna à Alexandrie, des chars trainés par des chameaux. Suétone rapporte que Néron fit courir dans le cirque des quadriges tirés de même par des chameaux, et, suivant Lampride, Héliogabale donna aussi au peuple un semblable spectacle. Enfin, si l'on en croit Léon l'Africain, les habitants de quelques cantons de Numidie mettaient ces animaux à la charrue 3.

1 Strabon, Geogr., XV, 1, tom. II, pag. 281.

2 Athen., pag. 200, f.

3 Voyez Scheffer, de Re vehiculari, 1, 9; Bochart, Hierozoicon, 1, 2, n. 2, et Panvin., de Ludis circensibus, 1, 9.

APPENDICE V.

Sur les découvertes des Lagides dans l'intérieur de l'Afrique, et sur l'ancien commerce de l'Inde par la mer Rouge.

Le port d'Adulis, dont nous avons parlé à la page 88, était situé non loin de l'embouchure du golfe Arabique, par 12o de lat. N. Nous avons exposé les raisons qui nous portent à supposer que les Lagides, à partir du moins de Ptolémée Évergète, établirent leur autorité sur cette partie de la côte; peut-être même ne serait-ce point une erreur que de supposer que l'inscription d'Adulis fut élevée par ce Simmias, qui, ainsi que nous l'avons raconté, fut chargé, par le prince que nous venons de nommer, de conduire une expédition en Éthiopie 1.

Mais ce qui est incontestable, c'est que les Ptolémées exercèrent une influence considérable sur cette partie de l'Afrique. On sait, en effet, qu'il y avait autrefois, au centre de l'Éthiopie, une grande ville nommée Axum, qui était comme la capitale de toute la contrée, et qui, pour cette raison, est qualifiée par Arrien du titre de métropole Axomite 2. On a trouvé et on trouve encore en ce lieu des ruines classiques, des colonnes, des bas-reliefs et des inscriptions grecques, qu'on ne saurait rapporter à une autre époque qu'à celle des Lagides. On doit donc en inférer que l'autorité de ces princes était reconnue dans ces régions, ou du moins qu'ils y avaient de grands établissements de commerce, ou, comme nous dirions maintenant, des comptoirs indépendants, et peut-être des colonies peuplées de Grecs et d'Égyptiens.

Le goût des voyages et des découvertes était héréditaire dans la famille des Ptolémées. C'est à l'époque brillante de cette dynastie qu'il faut rapporter l'origine de tant de noms grecs disséminés dans les parages du golfe Arabique, de la mer Érythrée, et sur les plages orientales de l'Afrique; tels sont ceux des îles de Dioscoride (Socotora), d'Agathon (Zer

1 Voyez ci-dessus, page 85, 86.

2

Murpótokis Åšwμírns. (Arrian., Peripl. mar. Eryth., p. 144, ed. Blancard.)

mogèle?), de Myron (Marate?), de Diodore (Mehun?), de Timagène (Naaman?), de Polybe (Gebel-Amir-Kebir?), d'Aphrodite (Gafatinah?), de Straton, d'Agathoclès, de Philippe, d'Ornéon, Didyme, Chélonitide, etc. ; des ports de Sérapion, d'Antiphile, de Pythangelus, de Diogène, de Dioscurium, d'Évangélon, d'Aspis, de Démétrius (Ras-ab-ud ?), de Drépanon (cap Sandy?), des monts Pentedactylus et Monodactylus (RasAhéhas?); enfin de tant d'autres points de ces côtes, qui doivent nécessairement avoir été ainsi nommés par les navigateurs grecs qui en firent alors la découverte 1.

Une foule de villes du nom de Ptolémaïs, de Bérénice et d'Arsinoé, que l'on trouve dans ces parages, font également foi de l'ardeur des Lagides pour la colonisation de l'Afrique. Ces princes portèrent même leurs vues plus loin : Ptolémée Philadelphe envoya des géographes et des navigateurs pour explorer les côtes de l'Inde. Ce fut Ptolémée Évergète qui, le premier, expédia un vaisseau pour cette contrée. Ce navire en revint chargé de pierreries, de perles, d'aromates, d'autres denrées d'un grand prix, et ce succès engagea bientôt de nombreux navigateurs à entreprendre de semblables expéditions. Cependant cette navigation ne fut d'abord qu'un pénible cabotage; mais, ainsi que nous le dirons, elle acquit plus tard une grande importance.

Les Romains, maîtres de l'Égypte, renoncèrent à quelques uns des établissements de l'intérieur de l'Afrique, qui leur semblaient trop éloignés du centre de leur empire; mais ils se maintinrent en possession des lieux qui étaient affectés à la chasse des éléphants. En effet, Strabon et Arrien désignent, en parlant de ces chasses, quelques endroits de la Troglodytique où elles avaient lieu de leur temps, et où l'on en réunissait les produits 2. Mais ce que les Romains furent

1 J'ai consulté principalement, pour la correspondance de cette nomenclature géographique, le savant travail de Gosselin, que j'ai déjà eu plus d'une occasion de citer.

2 Strabon, Géogr., xvi, 4, tom. 11, pag. 389 sqq.-Arrian., Peripl. maris Erythr., pag. 145, 146, 152, ed. Blancard.- Le premier de ces deux auteurs

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