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précéder par un nombre considérable d'éléphants; il était monté lui-même sur le plus grand de ces animaux, dont le nom était, selon les Arabes, Mahmoud ou Mahamoudi. On ajoute qu'à cette époque la garde du grand temple de la Mekke était confiée au sage Abou-Thaleb, grand-père de Mahomet.

Jusqu'ici il n'y a rien que de vraisemblable; passons mainterant au merveilleux. A peine l'armée fut-elle arrivée en vue de la ville sainte, que tous les éléphants, saisis de terreur, se retournèrent tout à coup, rebroussèrent chemin, et portèrent la déroute et la mort dans les rangs des Abyssins. On vit en même temps s'élever de la mer une nuée de petits oiseaux qui vinrent planer au-dessus de l'armée, sur laquelle ils laissèrent tomber une grêle de petites pierres embrasées qu'ils tenaient dans leur bec et dans leurs serres, et qui tuèrent les hommes et les éléphants. Dieu fit ensuite descendre des montagues des torrents qui entraînèrent tous les cadavres à la mer. Le seul Abrahah survécut pour porter aux Abyssins l'annonce du désastre, mais il fut frappé de mort en

arrivant à Sana.

La date de cet événement, désignée dans la chronologie arabe sous le nom d'Am-al-Fil (année de l'éléphant), coïncide avec celle de la naissance de Mahomet (569 après J.-C.). Le Prophète a inséré dans son Koran la relation de la défaite d'Abrahah, et il en a fait le sujet du chapitre 105, intitulé Surat-al-Fil, ou chapitre de l'éléphant. Voyez, sur ces événements, Aboul-Féda, Vit. Mohammed., præfat. Marracci, Prodrom. ad refut. Alcorani, 11, 4. -Gagnier, Vie de Mahomet, t. er.-Selon le savant Langlès, ce serait sous le nom de Tarykh-el-Fyl que les Arabes désigneraient l'époque de la défaite d'Abrahah.

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En laissant de côté tout ce qu'il y a d'absurde et de fabuleux dans cette légende, on pourrait en inférer que les Abyssins faisaient alors quelques essais pour dresser les éléphants. J'ai dit ailleurs (pag. 12) qu'à l'époque du voyage de Cosmas Indicopleustès, les peuples de cette partie de l'Afrique n'en avaient point d'organisés pour la guerre; mais cette idée pourrait leur être venue plus tard, et on serait tenté de le supposer d'après une particularité rapportée dans les chroniques arabes de Burckhardt, où il est dit que la vingtième année de l'Hégire (640 de J. C.), les Nubiens, étant venus au secours des chrétiens d'Égypte, opprimés par les musulmaus, amenèrent dans la vallée du Nil une armée de 50,000 hommes et 1,300 éléphants. Le savant

Ritter a mentionné ce fait dans sa Géographie de l'Afrique (tom. II,
p. 295, de la trad. franç.), et, quoiqu'on puisse et qu'on doive
même regarder comme exagéré le nombre de 1,300 éléphants,
rien ne prouve qu'il n'y ait pas un fond de vérité dans ce récit,
et que les Nubiens n'en aient pas eu quelques-uns avec eux.
Les Abyssins eux-mêmes ont essayé, dans les temps modernes,
de dresser ces animaux pour la guerre; c'est ce que prouve
le passage suivant de l'Espagnol Marmol, qui voyageait dans
ce pays au commencement du xvi° siècle : « Quando los Éthiopos
« van a la guerra, elevan hechos Castillos de madera sobre los ele-
«fantes, y desde encima pelean diez y doze hombres con saëtas,
«piedras, y dardos» ( Descript. de l'Africa, lib. 1, p. 23). Mais ces
tentatives isolées ne paraissent pas avoir eu de suite, et je persiste
à soutenir, ainsi que je l'ai fait au commencement de cet ouvrage,
que
les nations de l'intérieur de l'Afrique n'ont jamais adopté le
service des éléphants d'une manière stable et régulière.

Quant à la circonstance des petits cailloux brûlants lancés par des oiseaux venus de la mer Rouge, il est possible que les Arabes aient voulu symboliser par cette allégorie l'invasion de la petite vérole qui, à peu près à cette époque, pénétra d'Afrique en Arabie et y fit de grands ravages. L'histoire nous apprend, en effet, que cette maladie fut portée daus cette coutrée par une armée abyssinienne, et que presque tous les soldats de cette armée en furent victimes. De l'Arabie, ce fléau fit invasion au dehors, et il eut bientôt fait le tour du monde.

NOTE O (pages 58 et 253).

Éclaircissements sur la marche des éléphants d'Alexandre depuis l'Inde jusqu'à Babylone.

Forcé par les clameurs séditieuses de ses soldats de reprendre le chemin de la Perse, Alexandre partagea son armée en trois grandes divisions, dont une devait s'embarquer sur l'Hydaspe, et les deux autres suivre les deux bords de ce fleuve. Le commandement de la colonne de gauche, laquelle était composée de la meilleure partie de l'armée et de 200 éléphants, fut confié à Héphestion (Arrian., Exped. Alexand., vi, 2; voyez plus haut, pag. 253); Cratère fut chargé de celui de la droite. L'armée marcha dans cet ordre jusqu'au pays des Malliens (le Moultan d'aujourd'hui). Arrivé là, Alexandre changea ses dispositions; il réunit ses différentes

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divisions; et tandis que lui-même, avec le gros de l'armée, continuait à s'approcher de la mer, Cratère, avec une forte colonne et les éléphants, se dirigea vers la Perse, par l'Arachosie et la Drangiane (Arrian, ibid., v1, 5). C'est ce changement de disposition que j'ai mentionné à la page 58. Suivant Sainte-Croix, dont j'ai suivi l'opinion dans cet endroit, Alexandre ne se serait déterminé à prendre cette mesure qu'après avoir atteint les bouches de l'Indus (voyez l'Exam, critiq. des hist. d'Alexandre, pag. 418) ou aux environs de Pattala. Mais quel que soit le sentiment que l'on adopte à cet égard, il n'en est pas moins certain que les éléphants furent conduits, pendant une partie de la route, par Héphestion, et pendant l'autre, par Cratère.

EXPLICATION DES MÉDAILLES.

No 1. Tête diadémée de Ptolémée Ier, Soter, tournée à droite, avec l'égide autour du cou.

Ꭱ.

ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ ΒΑΣΙΛΕΩΣ,

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- Figure virile imberbe, tenant de la main droite un foudre (?), l'épaule gauche recouverte d'une draperie, debout sur un char traîné par quatre éléphants marchant à gauche; à l'exergue, le monogramme l'A. Statère d'or.

No 2. Tête laurée et barbue de Jupiter, tournée à droite.

R. · ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΣΕΛΕΥΚΟΥ. - Pallas sur un char trainé par quatre éléphants. Tetradrachme d'argent.

Le type de cette médaille est remarquable en ce que les éléphants y ont la tête surmontée de cornes de taureaux. Au-dessus de ces animaux, on voit une ancre, type qui se trouve sur plusieurs médailles des rois de Syrie, et qui rappelle l'ancre que Séleucus portait marquée sur la cuisse, par suite du rêve qu'avait fait sa mère Laodice, lorsqu'elle était enceinte de lui. (Justin., xv, 4. — Vaillant, Seleucid, imper.; Seleuc. Nican.)

N 3. Tête de Démétrius, roi de la Bactriane, coiffée de la dépouille d'un éléphant. Au-dessus, on voit les traces d'une bélière qui a servi à suspendre la médaille; la coiffure est un peu effacée vers le centre.

R. BAZIAENE AHMHTPIOY. — Hercule (ou Démétrius sous les traits de ce dieu) debout, de face, se posant une couronne de peuplier sur la tête, et tenant de la main gauche une massue; son bras est couvert de la peau du lion de Némée. Tétradrachme d'argent.

Cette médaille, qui est très-rare, fait partie de la collection de M. le général Court.

No 4.-Médaille de Ptolémée IX, Alexandre. Tête d'Alexandre le Grand, coiffée de la dépouille d'un éléphant, et tournée à droite.

R. IITOAEMAIOY BAXIAENE. — Aigle debout sur un foudre, tourné à gauche. Bronze module 6.

N° 5.

Tête d'Antiochus VI, Épiphanes, radiée et ceinte de lierre,

tournée à droite.

-

Éléphant por

R. — ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΝΤΙΟΧΟΥ ΕΠΙΦΑΝΟΥΣ ΔΙΟΝΥΣΟΥ. tant un flambeau avec sa trompe. Derrière, une corne d'abondance et les lettres ΣΤΑ. - Bronze module 6. - Voyez page 378,

No 6. M. AYP. ANTONINOC, arr. Tête laurée de Caracalla, tournée à droite.

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Élépant cataphracte, monté par un cornac qui
Bronze module 7. Voyez

le conduit à l'aide de la cuspis ou án.

pages 256 et 376.

No 7. - Buste d'Hercule couronné de laurier, avec une massue sur l'épaule droite, tournée vers la gauche.

R. Éléphant d'Afrique monté par un cornac vêtu d'un long manteau posé comme celui des Arabes. L'homme porte à la main la cuspis comme dans la médaille précédente. Argent; médaille incertaine de Numidie ou de Mauritanie. Voyez page 256.

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R. CAESAR. — Éléphant d'Afrique écrasant un serpent. Denarius d'argent.

J'ai cité cette médaille page 220, not. 1.- Les instruments de sacrifices se rapportent à la charge de souverain pontife exercée par César.

Toutes ces médailles, à l'exception du no 3, existent à la Bibliothèque royale, et j'en dois la communication à l'obligeance de M. de Longpérier, premier employé du cabinet des antiques, lequel a bien voulu se charger aussi de rédiger cette explication.

N° 9. · Cuspis, stimulus, ou pan, dont on faisait usage pour diriger la marche de l'éléphant. Représentation tirée d'un ancien bas-relief, ainsi que je l'ai dit à la page 256, note 3.

Observation sur la médaille n° 8.

Il n'est pas douteux pour moi que cette médaille ne doive être regardéc comme un monument de la victoire de Thapsus (voyez ce que j'ai dit à ce sujet, page 220). Cependant, suivant Servius, le surnom de Cæsar aurait été donné à l'un des ancêtres du dictateur, pour avoir tué de sa main, en Afrique, un éléphant, animal que, suivant cet auteur, on appelait Cæsar en langue punique. «Cæsar (dictus), vel quod cæso matris ventre natus est, vel quod avus ejus in Africa manu propria occidit elephantem qui Cæsar dicitur Pœnorum lingua. »(Servius, ad Virg. Æneid., 1, vs. 285 éd. Burmann.) Spartien émet, au commencement de la vie d'Ælius Verus, une semblable opinion; seulement, suivant lui, le mot Casa ou Cœsar serait tiré, non de la langue punique, mais de la langue maure. On pourrait conclure de là que l'emblème de l'éléphant se trouvait sur les

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