DES ÉLÉPHANTS, DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS AVEC DES OBSERVATIONS CRITIQUES SUR QUELQUES-UNS DES PLUS CÉLÈBRES FAITS D'ARMES DE L'ANTIQUITÉ. PRÉFACE. Toutes les parties de l'art militaire des anciens ont été exposées avec plus ou moins d'étendue , soit par les auteurs contemporains, soit par les modernes. La composition des troupes, les différentes manières dont on les rangeait en bataille, les armes, les machines, la castramétation enfin, et la poliorcétique, ont tour à tour fixé l'attention des gens de guerre et des érudits. Le service des éléphants est le seul point de l'ancienne tactique qui n'ait pas encore été examiné d'une manière spéciale et méthodique; et l'on a lieu de s'étonner de cette omission lorsqu'on pense aux imposants souvenirs que ces redoutables animaux ont laissés dans l'histoire. En effet, depuis l'époque d'Alexandre jusqu'à celle de César, c'est-à-dire pendant les trois siècles de l'antiquité les plus féconds en grands événements, il n'y a presque pas eu de guerre, dans les contrées qui entourent le bassin de la Méditerranée, où les éléphants n'aient exercé une grande influence, soit comme moyen de victoire, soit comme cause de revers. Frappé de ces considérations, excité d'ailleurs par la richesse et par l'attrait du sujet, j'ai essayé de remplir cette lacune de l'archéologie militaire. Malheureusement, les anciens écrivains didactiques dont les ouvrages sont parvenus jusqu'à nous, ayant vécu à une époque où l'on avait renoncé (en Occident du moins) à l'usage des éléphants de guerre, 'ne fournissent sur ce service que des notions de peu d'importance. C'était donc dans l'histoire même, et seulement là, que je pouvais espérer de puiser les matériaux de mon travail: c'est là, en effet, que j'ai été les chercher. J'ai étudié avec attention toutes les expéditions militaires, soit de l'antiquité, soit du moyen âge, auxquelles les éléphants ont pris une part quelconque, et je suis parvenu ainsi à réunir les données fondamentales de mon sujet. Je me suis ensuite efforcé de compléterces données, à l'aide de renseignements recueillis dans les poëtes, dans les naturalistes, dans les polygraphes, ou tirés des inscriptions, des mé. dailles, et des autres monuments figurés de l'antiquité. Ces traits épars et isolés, dont jusqu'ici on n'avait point cherché à tirer parti, m'ont été souvent du plus grand secours, soit pour comprendre les faits, soit pour donner de l'autorité à mes déductions. De la marche que je m'étais tracée pour mes re |