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ce nouvel univers qu'il contemple les rapports moraux des choses, comme la vertu ou le vice, la beauté ou la laideur, l'harmonie ou le désordre, le vrai ou le faux, le juste ou l'injuste, etc., toutes relations que l'animal se montre incapable d'apercevoir. Alors l'homme peut mesurer sa course et choisir sa destinée sur la terre, mais l'animal ne peut et ne veut que ce qu'ordonne en lui la simple nature.

Quelle est donc cette mystérieuse source de tout ce qui est beau, de cette pure et sublime harmonie qui ravit notre âme dans les contemplations de la nature? Quel est le moule premier, l'archétype originel de ces étonnans modèles qui captivent notre admiration? Sans doute, il est au-dessus de ce monde matériel, derrière ces voiles et ces empreintes corporelles, un type éternel d'ordre ineffable; il existe un principe constant d'harmonie, de concorde, d'unité souveraine et universelle, règle essentielle du beau, et de laquelle tout émane dans ce monde; ce module primordial est un rayon de la Divinité ellemême, créatrice de tout ce qui est. S'il existe un moyen d'élever notre intelligence cu le génie de la première des créatures, reine de toutes les autres et héritière des dons de la Divinité, n'est-ce pas d'étudier et d'imiter ces ravissans modèles, de s'imprégner des lois qui les ont formés, de s'élancer au foyer resplendissant de toute vérité et de toute lumière ? La beauté morale est pour l'intelligence ce que la beauté physique est pour le corps; le vice, le crime, sont des dépravations, des monstruosités de l'âme, comme l'imperfection et la difformité font la laideur repoussante pour les organes du corps.

Notre esprit recherche et admire la beauté morale, la vertu, la concorde, l'harmonie, le bien qui fait la force et la vie ; il y trouve sa perfection et sa félicité, comme en se replongeant dans sa source et son essence.

La puissance suprême change et altère tout sur notre globe. Ces superbes portiques, ces arcs de triomphe, monumens des arts et de la magnificence des peuples, s'écrouleront un jour. Babylone et Palmyre ne sont plus; les ronces et les serpens rampent dans la demeure des rois; le berger monte sur leurs décombres et les contemple en sifflant. C'est ainsi que la nature ressaisit ses domaines usurpés. Les empires s'élèvent successivement sur les débris de leurs devanciers, et succombent à leur

tour sous de nouveaux vainqueurs; chaque nation offre ses âges d'agrandissement et de mort : les époques sont marquées dans la providence pour la chute et l'élévation des états; et au milieu de ces bouleversemens la main de Dieu s'élève inébranlable dans la hauteur des cieux.

Cette puissance de la nature a parlé à mon cœur un langage plus magnifique que celle des hommes. J'ai considéré ces trônes, ces richesses et tout l'orgueil des grandeurs si enviées des humains : j'ai attendu un moment; je les ai vues terrassées, et les rois jetés sans vie sur la poussière comme les derniers des hommes. Comment se sont évanouis ces florissans empires ainsi que les rêves de la nuit ? Que sont devenus Sésostris, conquérant du monde, et la Thèbes aux cent portes? Interrogez cette momie de quatre mille ans, et apprenez-moi qu'est un homme jeté au milieu de l'éternité ? Nous avons vu de nos jours la fragilité des choses humaines. Chaque siècle présente aux peuples et à leurs maîtres des retours inouis de splendeur ou d'infortune. Quel spectacle instructif, si les hommes pouvaient comprendre leurs destinées sur ce globe! Comme la mort et les misères de la vie viennent anéantir tous les triomphes, ou corrompre toutes les prospérités! Tout doit donc périr à son tour; et si les plus illustres têtes ne peuvent s'y soustraire, pourquoi donner tant de prix à la vie? Ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'Océan. Instruit de ces communes destinées, je me résigne sous cette main qui régit le monde ; j'étudie ses hautes et irrévocables lois. Comme un voyageur altéré soupire après la fraîcheur des fontaines; ainsi l'âme, fatiguée des traverses de l'existence, vient se reposer dans le sein paisible de la Divinité. Que le spectacle de nos sociétés est chétif auprès d'elle! Comme la pompe des rois est effacée par l'éclat d'une simple fleur! La poussière elle-même nous révèle, aussi-bien que les astres de la nuit, les grandeurs de Dieu. Que d'attraits mystérieux dans son étude! Qui tracera sous nos yeux ce merveilleux tableau des mondes, des plantes de toute espèce, des animaux dans les airs, les eaux et sur la terre, des minéraux qui s'agitent au sein du globe? Qui nous dévoilera ces secrets ressorts de vie, ces phénomènes perpétuels de génération, de renouvellement et de destruction sur notre planète ? Quel est le but de tant de mouvemens? Ces objets, dignes d'une éternelle méditation,

140 EXIST. DE DIEU PROUVÉE PAR LES MERV. DE LA NATURE.

reportent l'âme dans le champ de l'infini, à la source de la suprême vérité..... Pourrions-nous sortir de la vie sans avoir étudié quelques-uns de ces mystères, sans chercher à connaître les êtres qui nous entourent, et quels sont nos devoirs, notre état et notre fin?

GRAND ÊTRE ! Source infinie de toutes les existences, commencement et terme de toutes les choses, vos œuvres confondent nos faibles pensées. Depuis l'étoile du matin jusqu'à l'astre du jour, depuis l'éléphant jusqu'au ciron, et depuis le chêne jusqu'à la mousse, j'ai vu votre sagesse suprême; le monde est rempli de votre nom. Que suis-je sur cette terre? J'ai cherché à vous connaître! j'ai étudié quelques-uns de vos vestiges; je vous ai entrevu, et j'ai été frappé d'épouvante.

Jetés dans ce monde rempli de merveilles sans nombre, quels sont nos destins et notre avenir? Pourquoi existonsnous?.... Je vois à chaque instant les hommes tomber autour de moi, et d'autres les remplacer sur ce théâtre du monde, pour succomber à leur tour. Pourquoi cette éternelle circulation de tous les êtres ? L'existence n'est qu'un point dans l'immensité des âges, tout périt, la terre dévore toutes nos grandeurs. Devons-nous quitter ces mystères sans avoir levé les yeux sur ce qui nous entoure, sur les abîmes du passé et de l'avenir, entre lesquels nous sommes placés pour nous y précipiter à jamais? Dieu seul reste grand au milieu de ces ruines de l'univers.

Repos des âmes innocentes, divinité ineffable, quand pourrai-je m'élever à la lumière de toute vérité, et contempler comme la poussière les vaines agitations de la terre! Et vous, murmures solitaires, fleurs des déserts, tribus vagabondes d'animaux, prairies enchantées, c'est parmi vous que je chercherai des méditations de bonheur au déclin de mes journées. Lorsque mon heure dernière sera venue, je n'aspirerai point après de somptueuses funérailles, la simple mousse des champs couvrira mon cercueil. J'y descendrai satisfait de mon humble destinée; ma vie se dissipera dans la nature comme la fumée dans les airs, et mon âme ira se rendre à la source suprême de laquelle tout émane dans l'univers 1.

1 Tiré du Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, publié chez Deterville. Voir l'Introduction, et les articles Création et Génération.

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Ses

Description du temple de Bélus, d'après les anciens historiens. dimensions.-Sa forme. -Son intérieur.-Statues et tables. Prêtres. Points de contact avec la mythologie grecque et égyptienne. Inscriptions cunéiformes. - Témoignage de Daniel.

-

tion d'un passage de ce prophète.

Confirma.

Figures fantastiques. — Origine

des divinités et de la philosophie des Grecs.

Nous continuons à citer la description des ruines de Babylone, que fait M. Raoul-Rochette dans son cours d'archéologie de la bibliothèque royale. Nous y ajoutons les notes que nous avons promises; les plus importantes sont de M. de Paravey. Elles serviront à constater différentes assertions émises déjà par les Annales, contestées encore par un grand nombre de personnes auxquelles les histoires orientales ne sont pas assez familières, ou qui ne les ont pas étudiées assez profondément.

3 Lecon.

Après avoir, sur le récit des voyageurs, dressé l'inventaire de ce qu'il nous reste de Babylone, et parcouru un à un ces morceaux informes, après en avoir déterminé sur leur aspect actuel l'usage et la conformation antique, M. Raoul-Rochette va décrire ces mêmes monumens selon les témoignages des écrivains anciens, et demander à des témoins oculaires l'impression que cette ville avait produite sur les esprits aux jours de sa splendeur. Le résultat de son premier travail a été de reconnaître dans une masse de ruines, sur la rive orientale de l'Euphrate, désignée encore aujourd'hui sous le nom d'Al Casr ou le château, le célèbre palais aux jardins suspendus, et dans un 1 Voir le 1er article dans le n° 61, ci-dessus, p. 71 de ce volume.

autre monticule de brique voisin du premier, la tour et le temple de Bélus. Il se propose maintenant de rechercher les documens que l'antiquité nous a transmis sur ces deux édifices, en commençant par le dernier.

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Ces documens proviennent de deux sources. Les uns sont empruntés aux écrivains grecs, à Hérodote et à Ctésias qui avaient eux-mêmes visité Babylone, et à Strabon qui, s'il n'avait pas voyagé dans l'Orient, travaillait du moins sur des auteurs originaux, sur Clitarque, suivi par Quinte Curce sur Artémidore, et surtout sur Aristobule. Les autres noms sont fournis par des écrivains demeurés étrangers à toute l'antiquité grecque et romaine, les prophètes hébreux ; ils ont pour la plupart vécu à Babylone, en ont observé les monumens et les mœurs, et les ont décrits avec exactitude. Les anathèmes qu'ils lançaient sur elle, témoignent de sa grandeur, en présageant son désastre, et éclairent ainsi cette grande cité d'un jour à la fois brillant et sinistre.

L'origine de la tour et du temple de Bélus se confond dans les traditions bibliques avec celle de la tour de Babel. (Voir la note A, à la fin de l'article.) Quelques voyageurs modernes ont cru retrouver à la fois les deux monumens dans une seule ruine sur la rive droite de l'Euphrate, mais ces traces évidentes du feu du ciel qu'elle porte encore, et qui indiquent la tour de Babel. sont une réfutation suffisante de ce système. La tour de Bélus, sur le côté oriental du fleuve, fut commencée à une époque très-reculée, mais sa construction ne fut pas terminée, ou du moins était déjà altérée par les siècles, lorsque dans un tems postérieur, sous Nebuchadnezar, le Nabuchodonosor (605-562 avant J.-C.) de l'Écriture, elle prit sa forme définitive. Ce prince élevait à la fois sur la rive droite un édifice semblable, sinon par les dimensions, du moins par le plan général. On sait que cette époque est marquée par une grande révolution.

Un peuple inconnu, les Chaldéens, descendaient des montagnes, et venaient bouleverser par la conquête les monarchies de l'Orient. Quel est leur origine? Vaste et importante question qui a préoccupé en vain les érudits, et que de nos jours, peut-être l'archéologie, aidée et vérifiée par les combinaisons et les rapports que la philologie lui présentera, est appelée à résoudre. Tout est incertain chez ce peuple. On ne sait s'il est originaire du Caucase ou du Taurus; ses institutions religieuses et politiques, sa marche, ses progrès, son influeuce sur les nations qu'il a conquises, sa décadence intérieure, sont autant de mystères. Il est certain cependant que c'est un assem blage de peuples nomades qui, parti des montagnes situées entre la mer Caspienne et le Pont-Euxin, se répandit comme un torrent sur les contrées méridionales, et vint vers l'an 630 avant J.-C., établir à Babylone le centre d'un vaste empire. Cette domination, qu'on ne saurait comparer qu'à celle des Arabes, au septième siècle de notre ère, prit de rapides accroissemens. Sous Nebuchadnézar elle s'étendait jusqu'à la Méditerranée. La Syrie, la Judée, la Phénicie, étaient devenues ses provinces ; l'Égypte vaincue et ré poussée avec son roi Nechao, était envahie passagèrement. En même tems

› Voyez première leçon, p. 73 ci-dessus,

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