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SOUVENIRS D'UN VOYAGE DANS LE MIDI DE LA FRANCE.

Revne fiftéraire.

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SOUVENIRS D'UN VOYAGE

DANS LE BAS-LANGUEDOC, LE COMTAT ET LA PROVENCE', (AUTOMNE 1834)

PAR MAXIME DE MONT-ROND.

L'ouvrage que nous annonçons n'est point du nombre de ces livres dont la publication est un événement dans le monde littéraire. C'est l'œuvre simple et modeste d'un jeune voyageur chrétien, qui, se trouvant, après de longues années d'absence, ramené sur le sol natal, se plaît à décrire avec abandon, avec amour, ses impressions diverses et les merveilles d'une contrée l'une des plus belles, sans contredit, entre toutes celles de notre belle France. Ces Souvenirs sont écrits sous forme de lettres adressées par l'auteur à ses proches ou à ses amis. A chacune des villes qu'il parcourt, il redemande quelqu'une de ses légendes, il raconte brièvement leur histoire, et s'arrête avec complaisance devant leurs monumens. Ce n'est point ici sans doute une forme neuve ni un ouvrage se distinguant par son étrangeté. Mais lorsqu'on est malheureusement forcé de reconnaître que, parmi tant de livres de Voyages, publiés de nos jours, il n'en est qu'un bien petit nombre, constamment empreint de ce caractère moral et chrétien qui est vraiment l'âme de l'écrivain, on aime à reposer sa vue sur ceux qui paraissent irrépréhensibles sous ce rapport. C'est là le principal motif qui nous engage à consacrer ici quelques pages à l'examen de ces

Un volume in-12 ( 2 fr. 50 c. ), à Paris, chez Gaume, rue du Potde-Fer, no 5, et chez Debécourt, rue des Saiuts-Pères, n° 69.

• TOM XI. N° 64. 1835.

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Souvenirs d'un voyage dans le Bas-Languedoc, le Comtat et la Pro

vence.

Parti de Paris par une belle journée d'août, le voyageur se rend d'abord à Châlons. Mais les villes de Sens, Joigny, Auxerre, Autun, qu'il rencontre sur sa route, arrêtent un instant ses regards. Dans la dernière de ces villes, l'une des plus antiques entre les cités gauloises, il se plaît à mêler quelques souvenirs sacrés aux souvenirs de Rome profane; et sur tous les débris de ces monumens qu'elle avait rassemblés dans ces lieux, il aime à voir planer, ceinte de l'auréole céleste, la noble figure de S. Symphorien, jeune et héroïque martyr, dont il redit la vie touchante et la mort plus touchante encore.

Si vous suivez le voyageur dans sa course, vous irez ensuite de Châlons à Lyon, en naviguant le long de ces charmantes rives de la Saône, « que tout poète, dit-il, aime à chanter et à décrire; de ces rives sur lesquelles le noble captif du Spielberg, » Silvio Pellico lui-même, dans ses touchans mémoires, laisse tomber quelques paroles du plus tendre souvenir. ■

L'aspect si pittoresque de la petite ville de Tournus, sise sur ces bords, et célèbre par son abbaye antique, réveille dans son esprit tous les souvenirs de vieille gloire des anciens bénédictins. Mais c'est, dit-il, près de ces mêmes bords de la Saône, > c'est ici, à Cluny, à une lieue de Mâcon, qu'était située cette >> abbaye illustre entre toutes les autres, la mère de toutes celles qui suivaient la règle de S. Benoît.... C'est là qu'on voyait quatre cents religieux habiter ensemble, et unir leurs travaux » pour en faire ensuite hommage à Dieu et aux hommes. Là, » on vit un jour se rendre en même tems Innocent IV, accom»pagné de douze cardinaux et de plusieurs autres prélats, Saint » Louis avec la reine Blanche sa mère, Baudoin empereur de » Constantinople, et une foule de seigneurs. Et tous ces hauts » personnages, avec leur nombreuse suite, furent logés com» modément dans ce vaste édifice, tant étaient grandes les res» sources dont la charité des fidèles comblait alors ces asiles de la piété et de la science, qui ne manquaient point de leur » rendre, par leurs prières et leurs travaux, le centuple des » dons qu'ils avaient reçus! Hélas! aujourd'hui la riche bibliothèque du couvent, sa superbe église ont également disparu.

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» Les murs du monastère sont seuls conservés. Une partie de » ces bâtimens mutilés sert au collège de la ville. Ainsi, du moins la science habite encore sous ces débris, et la jeunesse peut » grandir dans cette enceinte, à l'ombre des plus glorieux sou» venirs. »

Après avoir salué Lyon, et visité avec amour la touchante chapelle de N.-D.-de-Fourvières, le voyageur, se rembarquant de nouveau, côtoie les rives majestueuses du Rhône, et durant sa navigation, les villes de Vienne, Tournon, Valence, etc, passent tour à tour devant ses yeux. Les nombreux souvenirs historiques de Vienne, l'antique cité, capitale des Allobroges, trouvent place dans ses récits, et l'aspect de Tournon lui fournit l'occasion de citer une légende curieuse, rapportée par le savant Grégoire de Tours. Enfin, il a touché la noble terre de Languedoc. C'est ici le pays bien-aimé de l'auteur, et parce qu'il est fécond en grands souvenirs, et parce que son soleil est brillant, sa nature riante, mais par-dessus tout, parce que ce mot magique : Mon pays! est celui dont sa voix émue l'appelle, en saluant ces bords. Oh! qu'il y a de charme à venir, après une longue absence, reposer sa tête fatiguée sous le toit natal! Qu'il est doux de sommeiller en paix sur ce même chevet, autour duquel des songes rians voltigeaient autrefois, quand on le pressait de sa tête blonde d'enfant!

C'est donc pour le Languedoc et pour la Provence que l'auteur a réservé la meilleure et la plus grande partie de son ouvrage. On aime à le suivre dans ses admirations et ses souvenirs, soit qu'il décrive avec détail la ville obscure de Bagnols, où il reçut le jour, soit qu'il fasse le récit de le vie du père Brydaine, récit entendu de la bouche du curé de Chusclan, patrie du missionnaire, soit enfin qu'il retrace l'histoire du bon roi Rėnė, ou la chronique de S. Elzéar de Sabran. Nîmes, la Rome gauloise, avec son cirque, son temple d'Adrien et ses bains enchantés, Avignon, avec ses églises, ses madones et son palais des papes, la fontaine de Vaucluse, Beaucaire, Tarascon et Arles, la ville de Constantin : tels sont les lieux que le voyageur nous fait parcourir, et dans chacun desquels il s'arrête assez longtems pour donner le loisir d'en admirer les beautés.

On désirerait quelquefois dans cet ouvrage un coloris plus

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SOUVENIRS D'un voyage DANS LE MIDI DE LA FRANCE.

vif, et plus animé, et moins de monotonie dans le style. On pourrait aussi reprocher à son auteur une admiration trop exclusive pour tous les objets qui s'offrent à sa vue. Mais tel qu'il est, et dans son ensemble, ce livre n'en est pas moins intéressant au fonds et agréable dans la forme. La jeunesse à laquelle il est dédié, y trouvera instruction et profit: car tandis que son esprit y puisera diverses connaissances historiques, son cœur pourra s'élever et s'agrandir, à l'aide des pensées toutes chrétiennes répandues dans ces lettres familières, échappées sans effort de l'âme du jeune voyageur chrétien. M. de Montrond est un élève distingué de l'école des chartes, chargé en ce moment, avec plusieurs de ses amis, de compléter le dépouillement des chartes du cabinet des manuscrits, et d'achever le catalogue de M. de Bréquigny. Nous espérons bien que ce ne sera pas la dernière fois que nous aurons à parler de ses travaux; car nous le connaissons assez pour pouvoir le dire un de ces jeunes ouvriers, qui défrichent le champ de la science au profit de nos doctrines. Que Dieu et nos amis lui soient en aide!

A.

REVUE DES JOURNAUX.-LE CHRONIQUEUR De la jeunesse.

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Revue des Journaux.

LE CHRONIQUEUR DE LA JEUNESSE'.

Nous avons déjà parlé plusieurs fois de ce Recueil, et prouvé qu'il fallait le distinguer de la foule de ces petits Journaux à l'usage de l'enfance, dont nous ne voulons attaquer ici ni l'utilité ni le mérite, mais qui sont loin d'offrir à la jeunesse des études aussi fortes, aussi choisies, aussi appropriées à ses besoins. Nous sommes bien aises d'aprendre que ce Recueil prospère, et que son dévoué Rédacteur, M. Daniélo, recueille de toutes parts les fruits de ses persévérantes études, de la prudente sévérité avec laquelle il choisit ses matériaux, et des soins qu'il apporte à relever, par une diction chaleureuse et vivifiante, l'aridité de quelques-unes des études qu'il fait faire à ses jeunes élèves, telles que la physique, la botanique, la géographie, etc. Nous avons la preuve de cette approbation dans les confidences qu'il veut bien faire de quelques-uns des suffrages qui lui ont été donnés par ses abonnés ; et c'est avec plaisir que, parmi ces approbations, nous avons reconnu celles de quelques-uns des abonnés des Annales. Cela nous prouve que notre recommandation a été non-seulement remarquée, mais encore approuvée et confirmée par ceux qui nous lisent. Nous en sommes à bon droit satisfaits. Nous ne pouvons analyser ici la plupart des articles qui entrent dans le Chroniqueur; mais nous trouvons dans un des derniers numéros une histoire des plantes consacrées aux Saints de l'Eglise, dont on nous saura gré de reproduire le fragment suivant :

DES PLANTES consacrées aux SAINTS.

M. Daniélo examine d'abord quelle est la raison qui a pu donner aux plantes le nom de quelques saints, et il la trouve dans le désir qu'ont eu prin1 Prix: 12 francs par an. Rue des Grands-Augustins, no 23.

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