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que cet article sera une espèce de dictionnaire d'art chrétien, ouvrage qui manque absolument dans notre littérature, et qui cependant serait si nécessaire.

PRINCIPALES ÉDITIONS DU LIBER PONTIFICALIS.

La première édition connue de ce livre a été donnée par les soins de Pierre Crabbe, moine de l'ordre de St.-Augustin dans sa grande Collection des Conciles, 2 vol. in-folio imprimés à Cologne en 1538, et y est insérée sous ce titre : Liber pontificalis à Petro papa, usque ad Nicalaum papam Ium, in quo eorum gesta describuntur, primorum per Damasum papam reliquorum anteà per alios veteres ac fide dignos.

Le cardinal Baronius l'a fait entrer partiellement dans ses Annales ecclésiastiques, en 12 vol. in-f°, Rome 1588. On a tout lieu d'être étonné qu'un si savant homme ait fait à Anastase un reproche sérieux d'être entré dans tous les détails qui concernent les objets d'art dont les papes et les princes chrétiens se sont plûs à orner les anciennes églises; ces détails cependant, qui nous intéressent tant, sans son livre, seraient restés ignorés ou l'objet de vagues conjectures pour une infinité de monumcns détruits, ou tellement dénaturés, qu'on n'en reconnaît plus la destination.

La mauvaise humeur de Baronius vient sans doute de ce qu'Anastase a négligé de donner quelques particularités sur le pontificat de Serge II, particularités que le savant cardinal regardait comme plus essentielles à connaître que l'histoire des arts. Mais à quel écrivain n'a-t-il donc jamais rien échappé, et Baronius, malgré toute sa science, est-il toujours infaillible?

Quoi qu'il en soit, Baronius a fondu dans ses Annales toute la partie du texte du Liber pontificalis qui concerne la vie des papes, c'est-à-dire depuis S. Pierre jusqu'au commencement du 9° siècle, époque où s'arrête le Liber pontificalis, et cette série des neuf premiers siècles n'était pas la plus facile à rédiger.

La première édition qu'on puisse appeler complète, quoique dénuée de toute explication et remplie de fautes, est celle qui parut à Mayence en 1602, avec ce titre : Anastasii sanctæ romanæ ecclesiæ bibliothecarii historia de vitis romanorum pontif. á beat. Petro apost., usque ad Nicolaum, nunquam hactenùs typis

excassa, etc. Moguntiæ, in typogr. Joan. Albini. Ce fut l'Allemand Marc Velser qui la fit paraître.

En 1649, Charles Annibal Fabrotius en fit à Paris une 2o édi tion, précédée de l'histoire ecclésiastique du même Anastase, et augmentée de variantes tirées de plusieurs manuscrits ', d'un éloge d'Anastase, de deux catalogues des papes et d'une table des matières.

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Vers 1718, il en fut entrepris, à Rome, une troisième édition, qui devait être composée de 4 vol. in-f", et enrichie de nouvelles variantes tirées de différens manuscrits des bibliothèques du Vatican et de Florence; de plusieurs dissertations des savans Luc Holsténius et Emmanuel Schelstrate, qui l'un et l'autre avaient été gardes de la bibliothèque du Vatican. Le 1 volume, en tête duquel se trouve une préface fort érudite de François Bianchini, de Vérone, fut imprimé à Rome par les soins de Jean Marc Salvioni. Les 2°, 3° volumes et la 1" partie du 4° parurent successivement en 1723, 1728 et 1735, par les soins de Joseph Bianchini, neveu du précédent, très-savant lui-même, et qui a enrichi ces volumes de notes érudites et de dissertations curieuses. Mais la dernière partie du 4° volume n'était pas encore publiée en 1823, et nous ignorons si cette partie l'a été depuis. Au reste, cette belle édition, due aux deux Bianchini, est surtout précieuse par un index fort étendu, qui donne des éclaircissemens très-détaillés sur la fondation, la dotation et les augmentations successives des églises de Rome. Les variantes dont cette édition est accompagnée sont à côté du texte. On y trouve entr'autres celles que François Penna, prélat espagnol, auditeur de la Rote, a recueillies d'un manuscrit de la Cava, cité par Baronius, dans ses Annales.

Une 4° édition de cet ouvrage a été publiéé à Rome, en 3 vol. in-4, en 1724, 1752 et 1755, par Jean et Pierre Joseph Vignoli, sous ce titre : Liber pontificalis, seu de gestis romanor. Pontificum,

Le père Salmon, dans son Traité de l'étude des Conciles, cite comme les plus remarquables, parmi ceux qui furent consultés, les manuscrits du Vatican, ceux de la bibliothèque du cardinal Mazarin, de M. de Thou. La grande Collection des Conciles, par Crabbe et Binnius, fut aussi mise à contribution.

, Salmon le nomme sans doute à tort, Blanchini.

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TOME XI.

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· N° 61. 1835.

quem cum codd. mss. Vaticanis, aliisque summo studio et tabore conlatum, emendavit, supplevit Joannes Vignolius, biblioth. Vatic. præfectus, etc., etc. Additis variantibus lectionibus, notis et novo rerum verborumque obscuriorum indice locupletissimo; Romæ, Typis Rocchi Bernabo, 1724. Accesserunt ad calcem postremi tomi variantes lectiones vetustissimi et celebris codicis MS. Lucencis nunc primum editæ, atque interpretatio vocum ecclesiasticarum Onuphrii Panvinii; Romæ, Bernabo et Lanzarrini, 1755, 3 vol. in-4°.

Cette édition présente les additions suivantes : 1° à la fin de la vie de Nicolas Ier, une note intitulée : Adnotatio Onuphrii Panvinii in Platinam, super Nicolaum Ium; 2° une notice des manuscrits dont on a tiré de nouvelles variantes: parmi ces manuscrits, plus de dix-huit, qui n'avaient pas encore été explorés, appartiennent à la bibliothèque du Vatican; 3o quatre catalogues des papes; 4° une table des matières très-étendue et parfaitement bien faite.

Mais ce qui rend cette édition plus précieuse et plus utile que les précédentes, ce sont les savantes notes mises au bas des pages, ainsi que le Vocabulaire et le Glossaire de tous les mots aujourd'hui peu familiers, surtout depuis qu'on s'occupe si peu des antiquités ecclésiastiques; un 2o catalogue de tous les vases, meubles, ornemens en usage alors dans les églises et mentionnés si fréquemment dans les vies des papes: enfin de courtes, mais savantes explications des termes et des usages ecclésiastiques de ces tems reculés, soins indispensables pour l'intelligence des descriptions de tant d'objets d'art, énoncés dans la première partie de l'ouvrage.

Enfin peu de tems après, une cinquième édition du Liber pontificalis fut insérée, par Muratori, dans son grand ouvrage intitulé, Rerum Italicarum scriptores, etc. *.

Muratori ne connaissait alors, à ce qu'il paraît, que les éditions de 1602 et 1649. On en peut juger ainsi à la manière dont il s'exprime dans sa préface du t. 1, p. v, où il dit : Quod est ad vitas Romanorum pontificum, etc.

Quoi qu'il en soit, Muratori a enrichi cette édition, 1° de dissertations faites par divers savans, sur la question de savoir si les

Tom. II, part. 1o (années 1723-1724.)

vies des papes, publiées sous le nom d'Anastase, sont composées par lui, ou s'il les a seulement extraites; 2° des actes des martyrs; et 3° des documens historiques conservés dans les archives de l'Eglise romaine, dont il était bibliothécaire. Dans la préface, il donne aussi sur Anastase quelques détails dont voici la subs

tance:

Anastase était originaire de Grèce, ainsi que le prouve son nom; il fit un long séjour à Constantinople vers l'année 830; il fut nommé abbé du monastère de Ste.-Marie-Trans-Tiberim, par le pape Nicolas I, dont la vie doit lui être attribuée en entier. En 869, il fut envoyé par le pape ', au 8° concile général, 4° de Constantinople, où fut condamné le patriarche Photius. Nommé secrétaire du concile, il fut chargé d'en revoir les actes; et, attendu la connaissance et l'habitude qu'il avait du grec, d'en faire une traduction en latin. Ce qui fait surtout honneur au caractère d'Anastase, c'est qu'étant lié d'amitié avec Photius, ainsi que nous l'apprend Nicetas, historien contemporain, il ne refusa pas pour cela de remplir les fonctions qui lui furent confiées par le concile, où fut condamné un homme, à qui, malgré ses erreurs, il était sincèrement attaché. A la tête de la version latine des actes du concile, Anastase a fait, en manière de préface, une histoire du schisme de Photius et du concile qui l'a condamné 2.

Ou par l'empereur d'Orient. C'est par erreur que le père Salmon ( ) (p. 369 de son traité de l'Etude des Conciles) dit qu'Anastase y fut envoyé par Louisle-Débonnaire, puisque ce prince était mort dès 840, dans une île du Rhin. C'était Charles-le-Chauve qui régnait alors; mais on ne dit pas que ce prince soit intervenu en rien dans le concile de Constantinople.

Les souscriptions des Pères de ce Concile furent faites d'une manière toute particulière; non attramento sed rubramento, subscriptionem suam actis synodalibus appositam expresserunt.

Ce texte de Nicétas, tel qu'il est rapporté ici par le Père Salmon, présente quelqu'ambiguité, car il peut être traduit ainsi : Les souscriptions des Péres, aux actes du Synode, furent faites, non en encre noire, mais en encre rouge. Et quelques écrivains en tirent cette conséquence, que les Pères voulurent. faire allusion au sang de J.-C., pour frapper davantage l'imagination des fidèles, et rendre plus solennelle la sentence d'excommunication qu'ils venaient de prononcer. D'autres ont aussi cité ce texte de Nicétas, et entr'autres le Père Mabillon, de re diplomatica, mais d'une manière toute différente : Non simplici attramento facto chirographo, sed (horrendum dictu) ut ab his

Anastase eut aussi l'importante mission de négocier le mariage d'un fils de l'empereur Basile avec la fille de Louis, dit le jeune, empereur d'Occident. Pendant plusieurs années, il remplit les fonctions de bibliothécaire de l'Eglise romaine au Vatican. Anastase, qui vécut sous les trois papes Nicolas I, Adrien IF et Jean VIII, mourut, à ce qu'on pense, entre les années 878 et 882.

Muratori a mis en outre, en tête de son édition, un spécimen de l'écriture du manuscrit d'Anastase. L'original de cette pièce calligraphique du 8° siècle, existe à la bibliothèque ambroisienne à Rome. L'édition des œuvres de Muratori, qui est à la bibliothèque Mazarine à Paris, a donné un fac simile de ce genre, tome 1, p. 5.

EXTRAITS DU TEXTE DU LIBER PONTIFICA LIS.

De la vie de S. Sylvestre, pape, vers 314.

Angeli quatuor ex argento, cum gemmis alabandinis in oculos Fecit fastigium ex argento dolatico 3. Cameram basilicæ (sancti salvato

qui id norunt, accepi, episcopos subscripsisse damnationi Photii, ipso Salvatoris sanguine, calamum tingentes. Cette rédaction est positive. Le premier exemple de cette particularité remarquable fut donné par le pape Théodore, lors de la condamnation du patriarche Pyrrhus, chef des Monothélites, dans le sixième Concile œcuménique de C.P. Plenitudine sanctæ ecclesiæ convocata, ad sepulchrum verticis apost. accessit et divino calice expostulato, è vivifico sanguine, in attramentum (vel calamum) stillavit : et ita proprià manû, excommunicationem Pyrrhi signavit, ut tradit Theophanes in chronica. Mais, observe le Père Mabillon : quod intelligendum puto, maximè de signo crucis. C'est-à-dire que les Pères ne se seraient servis du sang du Sauveur, que pour former le signe de la croix (au-dessous de leur signature). Nous laissons à de plus habiles à éclaircir ce point de critique, nous bornant à citer nos autorités, et à signaler un fait qui donne une idée de la force des croyances religieuses à cette époque.

■ Gemmis alabandinis. Sorte de pierre précieuse, qui tire son nom d'Alabanda, ville de Carie, dans l'Asie, où l'on trouvait beaucoup de pierres précieuses. Pline, 57. Cap. 11. 27.

• In oculos. Ces mots sont à remarquer, parce qu'ils rappellent l'époque où l'on commença à donner des prunelles aux statues antiques, et même à les colorer et à les dorer. Cette invention fut un des symptômes de la décadence de l'art.

› Argento dolatico. Id est argentum politum. Ducango.

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