TABERNACULUM OSTENSARIUM', ce que l'on nommait autrefois ostensoire, et plus ordinairement aujourd'hui soleil et saint-sa- crement. Comme objets remarquables dans ce genre, on cite les osten- soires de Perpignan, de Narbonne, de Dijon, renommés par leur gran- deur et leur beauté. Ils avaient jusqu'à 6 pieds de haut; il fallait huit hommes pour les porter en procession. Celui de Perpignan avait été donné, au 14° siècle, par un marchand drapier de cette ville. Voir celui que nous donnons sous le n° 13, et qui est du 4° siècle.
TABUL EACUPICTILES, tableaux. tentures, tapisseries, brodés à l'aiguille, et dont les anciennes églises étaient richement décorées au moyen-âge. Les tapisseries de Constantinople étaient célèbres. Ce fut sans doute là que fut exécutée celle dont parle Fronteau, et sur laquelle le pape Pascal II, vers 820, fit représenter la résurrection de la Sainte-Vierge et son Assomption, ainsi que celles données par le pape Léon IV à diverses églises. Mais on ne connaît plus, en fait de monumens de ce genre, que celle dite de Bayeux, brodée par la reine Mathilde, femme de Guillaume-le- Conquérant, vers le 10° siècle. On cite encore la nappe d'autel, brodée par Berthe, femme du roi Robert, et donnée par cette princesse à Saint- Remy. Ce précieux travail, qui datait du 8e siècle, était en filets d'or. Toutes ces tapisseries étaient célèbres dans le 13e siècle 3.
TESSERÆ christianæ et hospitalitatis 4. C'était une espèce de cachet qui servait aux premiers Chrétiens. On mettait ce cachet sur les lettres nommées litteræ-formatæ, et ceux qui en étaient porteurs recevaient, sans exception, l'hospitalité partout où ils se trouvaient. Ceux qui refusaient de la donner, se rendaient coupables, et encouraient l'excommunication. La tessère que nous donnons sous le n° 16, porte en monogramme le nom ÆLIÆ VALRIÆ, celui d'une dame romaine et chrétienne, ainsi que semble le prouver le monogramine du Christ qui est à côté. THECAE aureæ et argentea, toute espèce de châsses, reliquaires, elc.
1 Ces mots se trouvent employés, dans un décret de visites pastorales des églises de Novare et Cosme, par J.F. Bonhomme, évêque de Verseil. Voir Thiers, Exposition du Saint-Sacrement, 1, 227, et la note pag. 231, et les planches.
Chronique du Vezelay, 1, p. 241. On y lisait ce distique
Hic panis vivus cœlestisque esca paratur,
Et cruor ille sacer qui Christi ex carne, currit.
3 Voir les détails curieux, consignés à ce sujet dans le Discours sur la Peinture moderne, par M. Emeric-David, pag. 203, 211, 222, 223, etc.
4 Cabinet de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, par le P. Dumolinet, plan- che 3 et 4. J. Bap. Thomassin, de Tesser. ; Pacichellius, De jure hospitalitatis universo. Col. 675. M. Raoul-Rochette, Discours sur les types primitifs de l'art chrétien, etc.
Les églises étaient riches autrefois de ces sortes d'ornemens. Il y avait les grands et petits reliquaires. Les énumérer serait impossible, nous nous bornerons à signaler les plus célèbres. La châsse de Saint-Pierre, exécutée par Jean de Balduccio, pour l'église de Saint-Eustorge, à Milan ; celle du maître-autel de Saint-Jean-de-Latran, à Rome; c'est un présent du pape Urbain V; la châsse de sainte Ursule, au grand hôpital Saint-Jean-de- Bruges, est renommée et ornée de peintures exquises d'Emmeling, qui y représenté la légende si célèbre des 11,000 vierges ; celle de la cathé- drale d'Orviette, toute couverte d'émail, a été gravée dans l'Hist. de l'art, tom. vi. pl. 123; celle de saint Taurin, d'Evreux : de saint Spire, à Corbeil; de saint Sebald, dans l'église cathédrale de Nuremberg; de saint Berchaire, dans l'ancien couvent de Moutier-en-Der ; celle de l'église Saint-Pierre, à Lille, sont les plus célèbres et les plus considérables parmi tant d'autres qui prouvaient ce que le Christianisme savait ins- pirer. Les vandales de 93 ont presque tout détruit, au nom de la Liberté...... Parmi les tombeaux renfermant des reliques, celui de saint Remy 3, dans l'église de ce nom, celui de saint Thomas de Cantorbéri, en Angleterre, sont célèbres. On sait ce que Saint-Denis, la Sainte-Chapelle, Saint-Ger- main-des-Prés, les cryptes d'Auxerre, etc., renfermaient de richesses en ce genre. Nos musées nous en offrent çà et là quelques débris échappés à l'avidité des spoliateurs 4.
THYMIAMATERIA, vases à parfums, cassolettes, encensoirs. TURRIS, custode, ciboire, ostensoir, en forme de tour 5. S. Gré- goire de Tours parle d'un ornement pareil, qui décorait le haut du tom- beau de S. Denis 6. Au mot ciboria, nous avons donné quelques expli-
Pour la description de cette belle châsse, voir l'Histoire d'Ursula,
le baron de Keverberg. Gand, 1818.
Description de la châsse de S. Taurin, par M. le Prévost de Rouen.
3 Ce beau monument d'art, et surtout de la piété de nos pères, n'existe plus. Il a été remplacé par un mausolée en bois, autour duquel sont placées les figu- res des douze pairs de France. M. de Laborde a fait graver ce magnifique tombeau, tel qu'il existait avant 89, dans la 45 livraison de son grand ouvrage en 3 vol. in fa, intitulé: Monumens de la France, classés chronologi- quement, etc., avec un texte historique.
4 M. Duchêne aîné, conservateur du Cabinet des Estampes, prépare sur les châsses un travail très-important, que nous désirons voir publier bientôt. 5 Thiers, dans son Traité de l'exposition du Saint-Sacrement, p. 223, cite l'ostensoire des Célestines de Marcoucy en France, fait ainsi, et il en donne gravure d'après une peinture sur vélin,,dans un missel de 1374, dont le duc de Berry, Jean, fit présent en 1408 aux religieux de ce monastère.
Grégoire de Tours, De gloria martyrum, 1, cap. 89. Boquillot, Traité Histor. de la Liturgie, pag. 199. Rupertus, lib. 11, divin. off., c. 23.
« L'édifice se fait remarquer par son élévation, et ne s'incline » ni à droite ni à gauche 1; son front regarde le soleil levant de » l'équinoxe. Au-dedans, brille une vive lumière, et le soleil, »en se jouant sur le plafond, revêtu de lames d'un métal jaune (sans doute d'or ou de cuivre), reflète des couleurs semblables. » Le marbre aux teintes variées, orne les lambris de l'édifice, » le pavé et les fenêtres ; les vitres où des figures de diverses cou- » leurs se détachent sur un vert éclatant, scintillent en saphirs éblouissans. (La basilique) a un triple portique soutenu par des colonnes apportées d'Aquitaine. De seconds portiques plus petits ferment l'entrée de la nef, où de légers feuillages de pierre revêtent les colonnes placées dans le fond (de l'édifice).» Ces légers feuillages de pierres, dont sont revêtues les colon- nes, ne sont autre chose, sans doute, que les détails des chapi- teaux dont plusieurs sont remarquables par la légèreté et la dé- licatesse de leurs sculptures imitant les feuillages et toutes les variétés de la végétation; imitation qui a fait dire à un écrivain religieux de notre époque, que les vieilles églises ressemblaient à des forêts pétrifiées 1.
1 Le poète nous semble ici faire allusion à l'espèce de défaut qui se remar- que dans plusieurs églises du moyen-âge, dont l'abside incline un peu soit à droite soit à gauche, singularité que des savans ont essayé d'expliquer, de jus- tifier même, en prétendant que les constructeurs voulurent imiter par cette construction biaisée, ce que l'Evangile dit de Jésus mourant sur la croix (dont les anciennes églises imitent presque toutes la forme), et inclinato capite tra- didit spiritum. Joan. xix, 30. M. Gilbert, membre de plusieurs sociétés savan- tes, conservateur de l'église Notre-Dame, et si connu pas ses descriptions his- toriques de plusieurs églises du moyen-âge, parle aussi de cette particularité, dans une note de sa description historique de l'église St.-Denis, en 1815, p. 48. Mais il ajoute que M. Lenoir ne partage pas l'interprétation que nous indi- quons ici par les motifs énoncés dans la note citée. Nous ne prétendons pas décider cette question peut-être insoluble comme tant d'autres. Nous n'avons fait que rapporter une tradition reçue et consignée dans des ouvrages an- ciens, et qui, malgré l'érudition des savans modernes, doivent avoir quel- que autorité, puisqu'ils sont souvent contemporains des particularités et des opinions qu'ils ont consignées dans leurs écrits.
⚫ Ædes celsa nitet, nec in sinistrum
Aut dexterum trahitur, sed arce frontis, Ortum prospicit equinoctialem. Intùs lux micat, atque bracteatum Sol sic sollicitatur ad lacunar.
«L'édifice se fait remarquer par son élévation, et ne s'incline » ni à droite ni à gauche 1; son front regarde le soleil levant de » l'équinoxe. Au-dedans, brille une vive lumière, et le soleil, » en se jouant sur le plafond, revêtu de lames d'un métal jaune (sans doute d'or ou de cuivre), reflète des couleurs semblables. Le marbre aux teintes variées, orne les lambris de l'édifice, » le pavé et les fenêtres; les vitres où des figures de diverses cou- » leurs se détachent sur un vert éclatant, scintillent en saphirs éblouissans. (La basilique) a un triple portique soutenu par > des colonnes apportées d'Aquitaine. De seconds portiques plus » petits ferment l'entrée de la nef, où de légers feuillages de ⚫ pierre revêtent les colonnes placées dans le fond (de l'édifice).. Ces légers feuillages de pierres, dont sont revêtues les colon- nes, ne sont autre chose, sans doute, que les détails des chapi- teaux dont plusieurs sont remarquables par la légèreté et la dé- licatesse de leurs sculptures imitant les feuillages et toutes les variétés de la végétation; imitation qui a fait dire à un écrivain religieux de notre époque, que les vieilles églises ressemblaient à des forêts pétrifiées 1.
Le poète nous semble ici faire allusion à l'espèce de défaut qui se remar- que dans plusieurs églises du moyen-âge, dont l'abside incline un peu soit à droite soit à gauche, singularité que des savans ont essayé d'expliquer, de jus- tifier même, en prétendant que les constructeurs voulurent imiter par cette construction biaisée, ce que l'Evangile dit de Jésus mourant sur la croix (dont les anciennes églises imitent presque toutes la forme), et inclinato capite tra- didit spiritum. Joan. xix, 30. M. Gilbert, membre de plusieurs sociétés savan- tes, conservateur de l'église Notre-Dame, et si connu pas ses descriptions his- toriques de plusieurs églises du moyen-âge, parle aussi de cette particularité, dans une note de sa description historique de l'église St.-Denis, en 1815, p. 48. Mais il ajoute que M. Lenoir ne partage pas l'interprétation que nous indi- quons ici par les motifs énoncés dans la note citée. Nous ne prétendons pas décider cette question peut-être insoluble comme tant d'autres. Nous n'avons fait que rapporter une tradition reçue et consignée dans des ouvrages an- ciens, et qui, malgré l'érudition des savans modernes, doivent avoir quel- que autorité, puisqu'ils sont souvent contemporains des particularités et des opinions qu'ils ont consignées dans leurs écrits.
⚫ Ædes celsa nitet, nec in sinistrum
Aut dexterum trahitur, sed arce frontis, Ortum prospicit equinoctialem. Intùs lux micat, atque bracteatum Sol sic sollicitatur ad lacunar.
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