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ractère détourné de censures qui ne portaient, en apparence, que sur les ridicules politiques des petites villes, de la province, de sorte que Rome pouvait se croire fort désintéressée dans l'affaire, et que, si elle se fût fâchée, l'atellane eût pu dire, jouant la bonhomie, comme notre Chrysale :

C'est à vous que je parle, ma sœur.

Plusieurs passages des satiriques latins, ces héritiers de la comédie latine, qui en offrent quelquefois le commentaire et le supplément, peuvent donner une idée des peintures où l'atellane traduisait en ridicule les mœurs politiques, sinon de Rome elle-même, du moins des colonies, des municipes, des préfectures dans l'Italie et les provinces. Quand Horace, Perse 2, Juvénal 3 mettent gaiement en scène les pouvoirs, comme ils les appellent, de Fundi, d'Aretium, de Fidènes, de Gabies, d'Ulubre; ce préteur de petite ville, qui se donne, en présence de Mécène et d'autres grands personnages, de grands airs sous sa prétexte et son laticlave; ces édiles, plus modestement vêtus, en lambeaux, mais fort contents d'eux, qui se rengorgent, qui se croient quelque chose, et exercent magistralement leur juridiction, dans des marchés déserts, sur les fausses mesures, ils font de l'atellane politique, comme ils ont fait ailleurs, traduisant, répétant quelques paroles de Ménandre ou de Térence, de la fabula palliata.

Dans une pièce intitulée Cretula vel Petitor3, dans un Hæres petitor, Pomponius s'était moqué de ce que Perse' a appelé éloquemment cre tata ambitio, du personnage dont a parlé Horaces,

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de la passion des honneurs publics, du candidat allant en robe blanche solliciter les suffrages. Un vers, sauvé par hasard, nous montre l'ambitieux qui part pour sa brigue, plein d'espérance. et répond d'un ton affable aux souhaits obligeants qu'on lui adresse:

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Sous le titre de Pappus præteritus, le même Pomponius, et aussi Novius2 s'étaient égayés aux dépens du candidat éconduit, de cette disgrâce si commune à Rome et si amère dont les poëtes latins ont souvent parlé et d'un autre ton :

Sisyphus in vita quoque nobis ante oculos est,
Qui petere a populo fasces sævasque secures
Imbibit, et semper victus tristis que recedit.

ut si

Detulerit fasces indigno detrahet idem :

Pone, meum est, inquit. Pono, tristisque recedo*.

Qu'on aimerait à pouvoir lire ces petites comédies qui faisaient rire les élus et les électeurs des comices de ridicules qu'ils croyaient, vu la patrie et la condition des personnages, bien au-dessous d'eux, qui étaient les leurs cependant, proportions gardées; de sorte que les malins poëtes pouvaient leur adresser intérieurement le mot du satirique :

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On en a, je crois, fait la remarque. A l'époque du renouvellement des atellanes par Pomponius et par Novius, vers la moitié du vii° siècle de Rome, les circonstances devaient rendre plus piquantes ces attaques contre les prétentions des gens de la province. L'Italie réclamait de Rome qu'elle avait sauvée des Carthaginois et des Cimbres, pour qui elle avait conquis le monde, le partage de ses droits, mais un partage réel, qui lui donnât, non pas seulement le stérile jus Latii, jus italicum, la prérogative onéreuse de verser son sang pour la métropole, mais sa part dans les suffrages, une véritable communauté dans le pouvoir politique. De là la guerre sociale, fomentée secrètement par Marius, l'homme d'Arpinum, étouffée par Sylla, le terrible représentant des

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antiques priviléges de Rome. On vint à bout de cette guerre en détachant de la confédération quelques peuples par le don de ces droits qu'on refusait à tous et en exterminant les autres. Mais l'irritation qu'elle laissa après elle devait ajouter quelque chose à l'intérêt des satires politiques présentées par les atellanes.

M. Meyer m'excusera si, profitant d'une de ses indications, j'ai essayé d'ajouter un chapitre à son savant et ingénieux travail. Je n'ai plus qu'un doute à lui soumettre. D'un passage de Cicéron et d'un autre de Macrobe2, on peut conclure que l'atellane, si florissante au temps de Sylla, avait, au temps de César, cessé, en grande partie, d'être la petite pièce du spectacle, et que, sous Auguste ou sous Tibère, un poëte appelé, soit Mummius, soit Memmius, lui rendit la vogue qu'elle avait perdue. M. Meyer, cherchant à s'expliquer ces vicissitudes, les attribue au mauvais vouloir de César que blessait la liberté des atellanes, et à la faveur d'Auguste, fort enclin, pour se rendre populaire, à relever tout ce que son prédécesseur avait abaissé 3. Je crains bien que ce ne soient là des suppositions gratuites. Pourquoi aurait-il été si difficile à César de supporter les atellanes, puisqu'il supportait bien les mimes, plus aggressifs, plus directs, à l'affût de toutes les circonstances qui pouvaient prêter à la personnalité, pour en amuser la malignité des Romains. Il y a de cet esprit des mimes bien des témoignages, un, entre autres, très-frappant, que je vais citer, parce qu'il est contemporain de César et se rapporte même à lui. Je l'emprunte à la correspondance de Cicéron, ce piquant journal de l'époque. Le jurisconsulte Trebatius a été faire sa cour au vainqueur des Gaules, occupé, en ce moment, d'une expédition dans la Bretagne. Cicéron, dans une lettre piquante, conseille à Trebatius de ne pas trop prolonger cette campagne de courtisan, qui menace d'être inutile on pourrait bien en causer. Le grand auteur de mimes, Laberius, pourrait bien trouver plaisant de mettre sur la scène un jurisconsulte breton. «Denique, si cito te retuleris, sermo nullus

:

1 Lucret. De nat. rer. III, 1008, sqq. Horat. Epist. I, xvi, 33 sqq. 3 Horat.

Sat. I, 1, 69.

« Nunc venio ad jocationes tuas, quoniam tu secundum OEnomaŭm Atti, non aut olim solebat, atellanam, sed, ut, nunc fit, mimum introduxisti. »

Epist. ad fam. IX, 16.

Mummius post Novium et Pomponium diu jacentem artem atellanicam sus

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<< citavit. »

Saturn. I, 10.

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« erit si diutius frustra abfueris, non modo Laberium, sed etiam soda«<lem nostrum Valerium pertimesco. Mira enim persona induci potest <«< britannici jureconsulti. » Mais ce n'était pas seulement à des personnages d'ordre secondaire, comme Trebatius, que s'attaquait Laberius. César lui-même, et César tout-puissant, ne fut pas à l'abri de ses atteintes. On sait quels vers, avidement saisis par l'auditoire, il lui fit entendre dans cette représentation mémorable où un caprice cruel du dictateur le fit monter sur la scène, et jouer dans un mime avec des bateleurs, lui, chevalier et en cheveux blancs. Je ne veux point parler des plaintes éloquentes de son admirable prologue, mais de ces traits acérés:

Porro, Quirites, libertatem perdimus.

Necesse est multos timeat quem multi timent'.

César à Laberius préféra Publius Syrus, ce qui était tout naturel et pouvait n'être point injuste; mais il resta, comme le public d'alors, le partisan déclaré du genre. Comment, avec un goût si débonnaire, aurait-il traité plus mal l'atellane, dont nous ne voyons pas qu'il ait eu personnellement à se plaindre?

Quant à Auguste, en admettant qu'il ait tenu à distinguer son règne du règne précédent, il est difficile de supposer qu'un si bon esprit eût cherché à marquer cette opposition dans un tel ordre de choses.

J'ajouterai que je ne crois pas à l'influence même des maîtres du monde sur la destinée des genres de littérature. L'accident qui leur donne alternativement pour interprète tantôt un écrivain de talent, tantôt un écrivain médiocre, leur nouveauté ou leur épuisement, l'attrait plus ou moins vif qu'ils offrent en certains moments au goût changeant du public, voilà les puissances desquelles surtout ils relèvent et qui les font ou prospérer ou décliner. On peut leur appliquer ce que disait Laberius à P. Syrus, son heureux vainqueur, dans de beaux vers qu'a ainsi traduits M. Magnin 2:

Tous, en tout temps, ne peuvent pas être les premiers. Lorsque tu seras parvenu au comble de l'illustration, tu t'y maintiendras mal aisément; tu descendras plus vite que tu n'as monté. Je suis tombé; mon successeur tombera; la gloire fait tie du domaine public.

Non possunt primi esse omnes omni in tempore.
Summum ad gradum cum claritatis veneris,
Consistes ægre et citius quam ascendas cades.
Cecidi ego; cadet qui sequitur; laus est publica".

2

3

par

P. 36, 37. Fam. VII, 11.-' Macrob. Saturnal. II, 7.- Ouvrage et endroit cités. 5 Macrob. Saturn. II, 7.

-

Deux poëtes distingués, Pomponius et Novius, ont amené, au temps de Sylla, les grands succès de l'atellane, rajeunie par eux, et qui, après eux, est redevenue ce qu'elle était avant, un peu vieille; cela a duré jusqu'à ce qu'elle reçût, sous Auguste, ou sous Tibère, d'un troisième poëte de talent, Mummius, un rajeunissement nouveau. Le mime, grâce à Laberius, à Publius Syrus, à Mattius, a mis à profit l'intervalle pour captiver à son tour la faveur publique, que l'atellane lui a bientôt reprise, sans la pouvoir garder. De pareilles alternatives, fort naturelles, s'expliquent toutes seules, sans qu'il soit nécessaire d'y faire intervenir, comme dans une machine de théâtre, les dieux de l'histoire. Elles se sont perpétuées pendant toute la durée de l'empire, que l'atellane et le mime, dernière et unique comédie de cet âge, ont remplie de leurs succès, de leurs scandales, de leurs querelles avec la puissance publique, de leurs exils, de leurs retours. M. Meyer, aux dernières pages de sa dissertation, trace de l'atellane à cette époque une histoire intéressante, où j'aimerais à le suivre, si je n'avais déjà, dans ce premier article, bien prolongé le plaisir de rapporter et de discuter ses opinions.

(La suite au prochain cahier.)

PATIN.

NOTES relatives aux observations d'Hipparque discutées dans le cahier précédent.

NOTE I".

Sur la détermination de l'époque absolue qui sert d'origine aux périodes calippiques.

Pour découvrir cette époque initiale, indépendamment des fautes accidentelles que les manuscrits peuvent offrir dans la transcription des dates, et sans avoir be soin de chercher quelle a pu être la loi de l'intercalation lunaire admise dans la subdivision des périodes, il faut s'appuyer sur les principes suivants, qui ́ous se、 érifient ultérieurement, dans leurs applications.

1° L'époque initiale de toutes les périodes coïncidait avec un solstice d'été, 2° Chaque période commençait et finissait sensiblement à cette même phase solaire; 3 Chaque année lunaire, insérée dans les périodes, commençait et finissait à moins d'un mois de distance du solstice d'été courant, qui aurait commencé ou terminé l'année julienne de même rang ordinal, comptée de l'origine commune.

Ces bases étant admises, prenez dans l'Almageste toutes les observations de la lune qui sont datées en années calippiques, comme aussi en années, mois, jours et heures, comptés depuis l'ère de Nabonassar, avec la condition spéciale d'avoir été faites à plus d'un mois de distance du solstice d'été. Chacune vous indiquera l'année julienne, comptée du solstice d'été initial, dans laquelle l'année calippique qui la renferme a dù commencer ou finir; et vous en déduirez l'époque absolue de ce solstice, par soustraction.

Je choisis d'abord, comme exemple, trois éclipses de lunc mentionnées au

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