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l'a cru longtemps, elle contribue, au contraire, très-puissamment, à imprimer la
forme au produit. En lui octroyant la supériorité organique, et en faisant jouer un
rôle important à l'hérédité, la nature a prévenu la dégénérescence des espèces. Ici
le but et le moyen sont admirables. Si l'homme néanmoins est supérieur à la femme,
et cela en vertu de son encéphale, c'est que la force morale est la première de toutes
les supériorités. M. Mathieu ne voit dans les deux sexes que la modification d'un
même individu. Il appuie sa théorie de l'examen des corps de Wolff, de la compa
raison philosophique de l'appareil générateur des deux sexes tout le long de l'échelle
animale, des indécisions et des écarts de la nature, c'est ce qu'il appelle l'homogé-
néité sexuelle.

Des pages intéressantes sont consacrées aux effets d'irradiation de l'utérus dans
toute l'économie. Dans ce cadre figurent : la puberté, la menstruation, la grossesse,
les envies, l'accouchement, l'allaitement, etc. Voici encore un fait nouveau dans la
science; il constate que la femme est conservatrice du type de la race à laquelle elle
appartient. Cette proposition est appuyée par des recherches faites dans tout le règne
animal et dans le règne végétal. Selon M. Mathieu, on pourrait donc, par l'entremise
de la femme, corriger dans une famille des défauts corporels préexistants et les rem-
placer par divers avantages physiques. La femme morale a été aussi le but des études
de M. Mathieu. Il constate que la femme a reçu de la nature des qualités en harmonie
avec le rôle qu'elle a à remplir. C'est à ce point de vue qu'il a parlé de la douceur,
de l'esprit, du tact, de l'adresse, de la mobilité des idées, de la sensibilité, de la bonté
de la femme. 4° Histoire pathologique de la femme. Le livre que nous analysons a été
écrit, en grande partie, en vue de mettre en évidence la sympathie qui règne entre
les appareils générateur et nerveux; aussi l'auteur n'a-t-il pas manqué de faire de
nombreuses applications de ses théories à la pathologie nerveuse. Il prend l'hys-
térie comme un type ou plutôt comme un résumé de toutes les espèces d'affections
nerveuses, et il démontre qu'une femme hystérique, ou bien les divers membres de
sa famille, sont susceptibles d'être à la fois, presque simultanément, épileptiques,
nymphomanes, cataleptiques, extatiques, hallucinés, aliénés, asthmatiques, cho-
réiques, chlorotiques, paralytiques, tributaires enfin de tous les accidents nerveux
possibles. Il va même plus loin à ce sujet, en établissant l'alliance qui existe quel-
quefois entre le crime et la folie. M. Mathieu subordonne le traitement de ces ma-
ladies aux circonstances infiniment variées dans lesquelles elles se déclarent. Nous
avons remarqué certains paragraphes consacrés aux effets des frictions et du mas-
sage, à l'emploi de l'eau froide, aux moyens de se servir de l'imagination comme
moyen curatif, de modifier un état maladif par les larmes et par la musique. Des
considérations relatives aux maladies utérines terminent cet ouvrage important, qui
est accompagné d'une gravure représentant un appareil de l'invention de l'auteur,
pour
l'examen et le traitement de ces maladies.

TABLE.

Du manuscrit de l'Émile (I" article de M. V. Cousin)...

Recueil des inscriptions grecques et latines de l'Egypte (article de M. Hase)..
Theod. Guil. Joh. Juynboll, Chronicon, etc. (1 article de M. Quatremère)..
Études sur le théâtre latin (1 article de M. Patin)..

Notes relatives aux observations d'Hipparque (2 article de M. Biot).
Nouvelles littéraires

FIN DE LA TABLE.

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DES SAVANTS.

OCTOBRE 1848.

Cours d'études historiques, par P. C. F. Daunou, 20 vol. in-8°. Paris, chez F. Didot, 1844-1848.

Le vaste et important ouvrage dont nous allons rendre un compte sommaire est le recueil des leçons que Daunou a faites dans la chaire d'histoire du Collège de France, pendant onze années consécutives.

Quelques jours après la mort de Clavier, qui eut lieu en novembre 1817, l'assemblée du Collège de France avait présenté Daunou pour lui succéder par suite de circonstances qu'il est hors de propos de rapporter ici, sa nomination n'eut lieu que vingt mois après, le 30 juin 1819. Immédiatement après la révolution de 1830, ayant été réintégré dans sa place d'archiviste, que la restauration lui avait enlevée en 1816, Daunou se démit de la chaire d'histoire qu'il avait occupée pendant onze années. C'est dans cet intervalle qu'il donna les cours dont la réunion forme ce grand ouvrage. La publication en est due à un ami dévoué et constant de Daunou, le savant M. Taillandier: il les a publiés sans se permettre ni changement ni suppression, en exécuteur fidèle des dernières volontés de l'illustre professeur, qui avait mis dans son testament cette condition expresse que, «< si ses ouvrages restés inédits étaient imprimés après sa mort, ils devaient l'être identiquement tels qu'il les avait composés. » Le docte éditeur fait cette déclaration : « Notre premier devoir était donc de livrer au public ce dépôt, tel que nous l'avons reçu de l'auteur à son lit de mort; style et pensées, tout devait appartenir à Daunou. Tout lui appartient, en effet, dans l'ouvrage que nous publions aujourd'hui. Ses anciens auditeurs y retrouveront avec bonheur les moindres détails de ces leçons où brillaient avec le même éclat le talent de l'écrivain, la science de l'érudit éclairée

par une

critique judicieuse, la morale sévère de l'homme probe et du bon citoyen.»

Ce peu de mots contiennent un éloge aussi bien senti que mérité de l'ouvrage de Daunou, et le compte que nous en allons rendre ne servira qu'à faire ressortir la justesse de cet éloge.

Un cours d'histoire au Collège de France peut être conçu de deux manières ou pris de deux points de vue différents.

Si le professeur part du principe que cette belle institution est une école de haut enseignement, où l'on s'adresse à des intelligences déjà préparées par des études antérieures, et où l'on doit avoir pour but nonseulement d'approfondir les théories les plus nouvelles et les questions non résolues dans la science qu'on enseigne, mais encore de développer chez ses auditeurs l'esprit d'investigation et de critique; s'il part, dis-je, de ce point de vue, le professeur s'attachera à un certain nombre de points en litige, qu'il discutera à l'aide des sources originales qui sont à sa disposition. Si, au contraire, il préfère de présenter l'ensemble des études historiques, pour faire saisir le lien philosophique qui unit entre elles les diverses parties qui la composent, il se bornera à donner un exposé méthodique et complet de ces diverses parties, afin de fixer l'état de la science sur chacune d'elles.

C'est là le point de vue qu'a choisi Daunou; et il faut se hâter d'en faire l'observation, afin qu'on ne puisse être tenté de lui adresser le reproche d'avoir compris dans son plan le développement d'un grand nombre de notions élémentaires, ou du moins qui devaient être connues de ses auditeurs. Prises en elles-mêmes, ces notions pouvaient, en effet, être mises en dehors d'un cours d'études conçu d'un point de vue un peu élevé; mais elles auraient manqué dans un tableau général des sciences historiques; leur défaut aurait rompu la chaîne des déductions scientifiques ou morales que le professeur voulait tirer d'un ensemble complet. Cette observation non-seulement justifie le plan que Daunou a suivi, mais elle met en relief le mérite même de ce plan; elle éloigne de l'esprit du lecteur les critiques de détail qui pourraient manquer de justesse ou d'à propos; elle lui permet d'être uniquement sensible au rare mérite que présente ce livre, dans la largeur, l'ensemble et l'exposition claire et élégante de chacune des parties.

Dans son discours d'ouverture, le professeur a très-bien indiqué, à grands traits, l'étendue de ce plan et la réunion de toutes les connaissances accessoires qu'il s'est proposé d'envelopper successivement dans

son cours.

<«< Il me semble, dit-il, que, si je parviens à remplir toutes les parties de

ce plan, je n'aurai négligé aucune des notions préliminaires qui doivent servir d'introduction à l'histoire, puisque j'en aurai fait connaître successivement les sources, les usages, le système géographique et chronologique, les formes, la fin et les modèles; mais, après avoir indiqué ainsi les méthodes à suivre pour la bien étudier, il me resterait à reconnaître celle qui devra me diriger moi-même, lorsqu'à la suite de ces préliminaires il me faudra prendre les annales d'un peuple ancien et moderne pour l'objet particulier de mes leçons. La question est de savoir si l'enseignement de l'histoire diffère de l'histoire elle-même; s'il y a autre chose à faire pour l'enseigner que pour l'écrire. Je suis fort porté à croire qu'en ce genre les meilleurs ouvrages seraient aussi les meilleurs cours; et, si je n'adopte pas cette méthode, ce n'est pas du tout que je m'en dissimule l'utilité, mais il m'est trop permis d'être effrayé du travail qu'elle m'imposerait, et qui, par cela même qu'il serait supérieur à mes forces, deviendrait peu profitable à ceux à qui je devrais l'offrir.

Oui, sans doute, le meilleur cours d'histoire qu'on ait entendu jamais fut celui que fit Hérodote, quand il lisait son immortel ouvrage à la Grèce assemblée; mêlant, il est vrai, à des récits instructifs, des traditions fabuleuses, mais fixant tous les grands souvenirs, recueillant, pour ainsi dire, tous les débris des peuples et des siècles; racontant comme Homère invente, toujours simple et riche comme lui; animant ses travaux; éclairant les narrations l'une par l'autre; habile à les poursuivre, à les interrompre, à les reprendre; créant, par un chef-d'œuvre de l'art d'écrire, la science des temps, des lieux et des faits, et digne, à tant de titres, de recevoir nos premiers hommages, quand nous entrons dans la carrière que son génie rendait si vaste à l'instant même où il l'ouvrait. Mais il n'appartient qu'aux Thucydide de se destiner à suivre les traces d'Hérodote; et, s'il est un genre d'enseignement auquel je puisse me dévouer sans témérité, c'est celui qui recueille avec zèle l'instruction que les talents répandent, qui réfléchit leur lumière sans aspirer à leur éclat; celui qui consiste, en quelque sorte, à étudier publiquement, à rendre compte de ce qu'on fait pour essayer de savoir; celui enfin par lequel on associe ses auditeurs à ses propres recherches, à ses doutes, à ses tentatives, et, s'il y a lieu, aux connaissances que l'on croit avoir acquises. >>

Nous avons choisi ce passage de préférence, entre tant d'autres que nous aurions pu citer, parce qu'il indique assez nettement de quelle manière Daunou a compris sa mission de professeur et quel est l'esprit qui a présidé à son enseignement.

Il faut compléter ces indications générales en offrant un aperçu de ce grand corps historique. Nous reviendrons ensuite sur quelques-unes de ses parties.

L'ouvrage entier est composé de vingt volumes, dont dix-neuf ont le vingtième est sous presse, et paraîtra sous peu de temps. Le cours entier est divisé en trois parties.

paru;

La première, intitulée Examen et choix des faits, occupe les deux premiers volumes; la deuxième partie, qui a pour titre de la classification des faits, est comprise dans les quatre volumes suivants, du troisième au sixième. Enfin la troisième, sous le titre d'Exposition des faits, n'occupe pas moins de treize volumes, du septième au dix-neuvième.

La première partie comprend deux livres : le premier, qui occupe tout le premier volume, traite de la Critique historique; il comprend l'examen de toutes les questions relatives à la certitude des faits, aux moyens de l'obtenir; les sources de l'histoire; les traditions; l'exposé des règles de critique qui leur sont applicables; les divers monuments qui lui servent d'appui, les inscriptions, les médailles, les chartes ou pièces d'archives, les relations écrites et les règles de critique qui leur sont applicables.

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Le deuxième livre, qui remplit une partie du second volume, est intitulé: Usages de l'histoire. Il commence par des considérations générales sur les rapports de l'histoire avec la science des mœurs et des sociétés puis l'auteur examine les rapports avec l'étude des penchants de l'homme, soit naturels, soit acquis; les relations domestiques, amicales, commerciales, civiles; les éléments naturels du corps social; le développement de la civilisation; l'analyse du système social; les institutions du premier ordre, telles que les différents pouvoirs sociaux, législatif, judiciaire, exécutif; les lois politiques, civiles, pénales; l'analyse du système politique; les institutions du deuxième ordre; le culte public; les institutions relatives à l'instruction publique ; les travaux publics; les établissements consacrés à la bienfaisance, etc.; la classification des divers gouvernements. Le livre se termine par un chapitre que Daunou appelle Préceptes politiques, où il présente un résumé des leçons que l'histoire donne à la politique; il y expose les devoirs des fonctionnaires publics, des juges, des représentants, des jurés, des hommes privés.

Chacun de ces deux livres forme un ouvrage à part, qui manquait dans l'ensemble des études historiques.

La seconde partie, contenant la Classification des faits, commence par un précis de l'Histoire de la géographie, depuis les plus anciens temps jusqu'à nos jours; il occupe la deuxième partie du deuxième volume.

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