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Lycus, dans son livre sur Nestor, s'exprime ainsi : Il (Philadelphe) a élevé aussi un très-grand temple à ses deux parents et à ses sœurs Arsinoé et Philotéra. » Le Lycus dont il est ici question est l'historien Lycus Butheras de Rhegium, cité déjà dans une autre scholie (ad Idyll. VII, v. 789), auteur de divers ouvrages dont les titres ont été recueillis par G. J. Vossius (De histor. græc. p. 111, ed. Westermann), auxquels il faut ajouter celui qu'allègue l'auteur de la scholie, en supposant que ce titre soit correct. Ce Lycus, déjà cité par Agatharchide, vivait du temps de Démétrius de Phalère: il était donc contemporain de Ptolémée Philadelphe, ce qui donne un grand poids à son témoignage: d'où il résulte que ce prince avait décerné les honneurs divins non-seulement à sa sœur et épouse Arsinoé, mais encore à son autre sœur Philotéra, née, sans doute, aussi de Soter et de Bérénice. Ces honneurs expliquent comment il avait donné le nom de cette princesse à deux établissements formés par lui sur les bords de la mer Rouge: l'un Dinarépa Tóλs, cité par Artémidore, l'autre répas un, marqué sur la carte de Ptolémée. Tous les géographes, sans exception, ont cru qu'Artémidore s'était ici trompé sur la position de cette ville en la mettant au nord de MyosHormos, tandis qu'il aurait dû la placer beaucoup au sud de ce port, comme l'a fait Ptolémée. Cette erreur, inexplicable dans un auteur qui vivait sous Ptolémée Philométor, n'existe pas. Il y avait une ville et un port de Philotéra, tous deux ainsi appelés de la sœur de Ptolémée, comme il y avait, sur cette même côte, trois Arsinoé et quatre Bérénice. Ceci touche à un point difficile et délicat de la géographie de la mer Rouge, qui se trouve par là expliqué d'une manière complète; mais ce n'est pas le lieu d'y insister. Je me borne, en finissant, à remarquer que cette scholie, ainsi restituée, devient un document historique, qui se place à côté de celui que nous a conservé le même scholiaste sur le v. 128 (de la même idylle), lequel donne des détails intéressants sur la famille de Ptolémée Philadelphe. Ce scholiaste avait évidemment puisé à de très-bonnes sources.

Des restitutions remarquables se trouvent aussi dans l'épithalame burlesque d'Histiæus (Lapith. S 41), en vers élégiaques, dont plusieurs vers ont été corrigés fort heureusement. Je rapporterai les huit vers de cet épithalame, tel qu'il a été restitué par M. Dindorf, avec la traduction métrique de M. Dübner :

Η οἴη ποτ ̓ ἄρ ̓ Ἀρισταινέτου ἐν μεγάροισι

δια Κλεανθὶς ἀνασσ ̓ ἐτρέφετ ̓ ἐνδυκέως,

1 Vulg. Η οἴη ποτ ̓ ἄρ ̓ ἤγε Α.

Προέχουσ ̓ ἀλλάων πασάων παρθενικάων,
κρέσσων τῆς Ελένης, ἠδ ̓ ἐρατῆς Κυθέρης,
Νυμφίε, καὶ σὺ δὲ χαῖρε, κράτιστε τεῶν συνεφήβων,
κρέσσων Νιρῆος καὶ Θέτιδος παϊδός.
Άμμες δ' αὖθ ̓ ὑμῖν τοῦτον παλαμήϊον ύμνον
ξυνὸν ἐπ ̓ ἀμφοτέροις πολλάκις ἀσόμεθα.

Aut qualis tandem Aristaneti in ædibus altis
Educta assidue dira Cleanthis erat,
Relliquis præstantior omnibus ipsa puellis,
Pulchrior illa Helena, vel Cythereiade.
Tuque, tuos, salve præcellens sponse, sodales,
Pulchrior et Nireo et Thetidis sobole.

Nos vero hæc rursus thalameia carmina vobis,
De ambobus pariter, sæpe canemus abhinc.

Nous pourrions multiplier les exemples des heureuses restitutions que M. Dindorf a faites au texte de Lucien; mais nous pensons que ceux que nous avons cités suffisent pour donner une idée du nouveau mérite qu'il vient d'acquérir par cette édition de Lucien. Elle ne peut qu'augmenter encore la réputation de ce profond helléniste, qui n'aborde jamais un auteur grec sans effacer une partie des taches nombreuses dont il a été couvert par l'ignorance ou l'incurie des copistes.

Pour les deux pièces en vers intitulées la Tragodopodagra et l'Ocypus, pour lesquelles il n'existait pas de variantes de manuscrits, M. Dübner a collationné les trois manuscrits de la Bibliothèque royale; les variantes que cette collation a fournies ont donné le moyen de remplir quelques lacunes et de rétablir beaucoup de passages. Le nombre des épigrammes, qui n'est que de trente-quatre dans l'édition de Reizius, a été porté à quarante-deux, d'après les indications de l'Anthologie palatine. Il va sans dire que, pour ces pièces poétiques, M. Dindorf, qui est plus exercé dans la critique des poëtes qu'aucun des précédents éditeurs de Lucien, a rendu plus d'un service au texte. Nos lecteurs n'ont pas besoin que nous leur en fournissions des exemples.

Nous n'avons parlé que des corrections dues à M. Dindorf lui-même; mais, comme il s'est tenu au courant des travaux de tous les critiques qui ont travaillé sur Lucien, il a introduit, dans ce texte, celles de leurs corrections qui lui ont paru évidentes: ainsi, d'après M. Jacobs, Zeuxis, § 1, ἄχρι τοῦ pour ἄχρι που; de conscrib. hist. S 21, μεταποιῆσαι pour Toñoά; Tyrrannicid. § 11, elde pour olde; Abdicat. $ 24, il admet la

ñd' að

1 Vulg. προύχουσα πασάων ἀλλάων. — ' Vulg. Κρέσσων τῆς Κυθέρης, ἠδ ̓ αὖ τῆς Σελήνης. — ο Vulg. κρατερῶν κράτιστε ἐφήβων. — Vulg. Νηρήος. 4

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parenthèse qui éclaircit le sens; il a reçu aussi la belle correction de Huschke anλndóvas pour adovas dans un passage du Nigrinus (§ 3). Mais rien n'avertit de ces changements. Or, pour des textes à ce point élaborés, on aimerait à connaître les divers changements qu'on y introduit, soit par l'indication des variantes au bas des pages, soit par une notice détaillée de ces changements dans la préface. Lorsqu'on a besoin d'un passage, on voudrait savoir s'il est conforme aux éditions antérieures, ou s'il a été amélioré par quelque leçon nouvelle, et comment il l'a été. En rédigeant cet article, nous avons plus d'une fois regretté l'absence de ces indications, qui nous auraient épargné bien de la peine, puisque ce n'est qu'en comparant, presque au hasard, des passages des anciennes éditions avec la nouvelle, que nous sommes arrivés aux exemples que nous avons cités, qui ne sont peut-être pas les meilleurs. Une notice des variantes dans la préface, semblable à celle qu'on a donnée dans les éditions de Maxime de Tyr et de Quintus de Smyrne, aurait été fort utile pour l'histoire du texte de Lucien. Nous invitons M. F. Didot à n'y pas manquer à l'avenir, dans l'intérêt même. de cette collection.

Quant à la version latine, le petit nombre de passages que j'en ai cités montrent avec quel soin elle a été remaniée et mise en harmonie avec les nouvelles leçons. On ne s'en étonnera pas, puisque ce travail a été exécuté par M. Dübner. Cet excellent latiniste, qui a revu avec une si scrupuleuse exactitude les versions d'auteurs peu attrayants, a dû se complaire dans celle d'un écrivain dont le style est si agréable et si varié. Ceux de nos lecteurs qui voudront se faire une idée du mérite, en ce genre, de ce philologue, n'auront qu'à recourir aux morceaux qu'il est le plus difficile de rendre en latin, même par des à peu près, tels que le Lexiphanes et le Pseudosophista, et à comparer la version nouvelle avec celle de Math, Gesner: ils verront quels efforts M. Dübner a faits pour rendre la traduction digne du beau texte qu'elle accompagne 1.

L'édition est précédée de deux tables, qui aident à retrouver la place des écrits de Lucien. La première contient la liste de ces écrits dans l'ordre qu'ils occupent. Ils portent tous un numéro d'ordre de I à LXXXII, qui est ensuite indiqué au haut des pages, et par lequel chacun d'eux est désigné dans la table des matières.

1

Une remarque de Locella, que je crois juste, lui est échappée. Dialog. deor. XXIII, 2, ¿yà μèv tapýew týν Tó. L'ancienne version que M. Dübner a conservée donne igitur præteribam urbem. Locella (ad Xenoph. Ephes p. 246) remarque que maρnew signifie ici pertransibam.

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La seconde donne tous ces écrits dans l'ordre alphabétique, avec l'indication du numéro qui désigne chacun d'eux.

Dans la première, on a mis un astérisque à ceux que l'on regarde comme n'étant pas de Lucien, tels que l'Halcyon, les Amours, Lucius ou l'Ane, les Macrobiens, le Philopatris, le Charidème, le Néron, et l'Ocypus. On pouvait y ajouter la Nécyomancie et l'assemblée des Dieux; nous n'en disons pas autant de l'Icaromenippe, du Cynique et de quelques Dialogues des morts (XIII, XXVI, XXVII, XXVIII) que M. Frid. Jacobs (Append. ad Porson. advers. p. 288, 297, 304) rejette comme n'étant pas de Lucien; nous ne pensons pas qu'il y ait de raison suffisante pour rayer ces pièces du nombre de ses ouvrages.

L'édition est terminée par une excellente table des matières (index rerum et nominum) entièrement refaite. Celle de l'édition de Reizius, reproduite dans l'édition de Deux-Ponts, est très-incomplète : il y manque un grand nombre de noms, par exemple, pour la seule lettre A, les noms Alcamenes, Androgeos, Araxes, Arcades, Archytas, Areopagus, Arethusa, Argo, Ariarathes, Aristander, Aristogiton, Armeni, etc. La nouvelle table est due aux soins de M. Dübner. On a retranché de celle-ci un grand nombre de méprises ou d'inexactitudes, et plusieurs articles ont été mieux diposés, par exemple, celui d'Apollon. Elle termine bien utilement cette édition, qui sera comptée au nombre des meilleures de celles que contient cette belle collection des classiques grecs.

Elle se continue avec toute la célérité que comporte le soin que l'on met à toutes ses parties. Déjà douze volumes ont paru, deux autres volumes sont à présent sous presse, contenant 1° les fragments des anciens historiens réunis par M. Müller; 2o Eschyle, revu et traduit par M. Ahrens; 3° Sophocle avec les fragments, nouvelle recension par M. L. Dindorf; 4° le second volume des morales de Plutarque; 5° le scholiaste d'Aristophane, d'après la dernière édition de M. G. Dindorf; 6° Démosthène en deux volumes, avec une traduction nouvelle de M. Vōmel; 7° Diodore de Sicile, deux volumes avec les fragments, revu par M. L. Dindorf; 8° Euripide et les fragments, revu par M. Fix; 9° les œuvres de l'empereur Julien; 10° Athénée, recension nouvelle par M. G. Dindorf. Plusieurs de ces ouvrages sont annoncés comme devant paraître en 1841.

LETRONNE.

MEMORIA sulla relazione. . . . Mémoire sur la relation qui existe entre les eaux de l'Arno et celles de la Chiana, par le comte Victor Fossombroni. Modène, 1839, in-4°.

Ce mémoire, qui, malgré l'opposition de quelques ingénieurs, a obtenu un grand succès en Italie, traite d'une question extrêmement grave pour la Toscane, et qui intéresse également tous les pays placés dans des conditions hydrauliques analogues. Il s'agit de savoir si l'on peut laisser entrer librement dans l'Arno les eaux contenues dans le bassin de la Chiana, ou bien si, comme on l'avait fait jusqu'à présent, on doit opposer quelque obstacle à l'écoulement de ces eaux. Avant de donner l'analyse du travail de M. Fossombroni, nous croyons nécessaire d'exposer quelques considérations préliminaires, et de rappeler quelques principes théoriques, qui feront mieux comprendre aux lecteurs l'état de la question.

L'Arno, qui est la principale rivière de la Toscane, descend des montagnes qui séparent cet État des États du pape, traverse le Casentino et le Valdarno di Sopra, entre dans la vallée de Florence, traverse cette ville, et, après avoir parcouru le Valdarno di Sotto, arrive à Pise et va se jeter dans la Méditerranée à peu de distance de Livourne. Le cours de cette rivière, qui n'est pas de cinquante lieues, et qui est, en général, dirigé de l'est à l'ouest, se trouve souvent interrompu par des pescaje ou grandes écluses qui traversent la rivière dans toute sa largeur, et qui sont destinées à fournir l'eau à des moulins et à plusieurs manufactures. Cette largeur est extrêmement variable. Tantôt le lit est resserré, comme à la Golfolina, entre des rochers, à travers lesquels le courant, aidé par la main des hommes, a dû s'ouvrir un passage; tantôt la rivière se développe beaucoup, et devient plus large que la Seine à Paris. Le volume des eaux de l'Arno n'est pas moins variable. En été, et lorsqu'il ne pleut pas, le lit présente d'énormes amas de sable, de gravier et de pierres, à travers lesquels coule lentement et en serpentant la rivière, réduite alors aux plus humbles proportions; dans la saison des pluies, cette rivière se gonfle et roule avec fracas, déborde souvent, désole les campagnes, menace les villes, et amène quelquefois de terribles catastrophes. Florence, qui a eu si souvent à souffrir des crues de l'Arno, n'a pas oublié l'inondation de 1333, qui renversa une grande partie des remparts, et qui détruisit de fond en comble quelques

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