Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

suis-je sur cette terre? J'ai cherché à vous connaître ! j'ai étudié quelques-uns de vos vestiges; je vous ai entrevu, et j'ai été frappé d'épouvante.

Jetés dans ce monde rempli de merveilles sans nombre, quels sont nos destins et notre avenir? Pourquoi existons-nous?.... Je vois à chaque instant les hommes tomber autour de moi, et d'autres les remplacer sur ce théâtre du monde, pour succomber à leur tour. Pourquoi cette éternelle circulation de tous les êtres? L'existence n'est qu'un point dans l'immensité des âges, tout périt, la terre dévore toutes nos grandeurs. Devons-nous quitter ces mystères sans avoir levé les yeux sur ce qui nous entoure, sur les abîmes du passé et de l'avenir, entre lesquels nous sommes placés pour nous y précipiter à jamais? Dieu seul reste grand au milieu de ces ruines de l'univers.

Repos des âmes innocentes, divinité ineffable, quand pourrai-je m'élever à la lumière de toute vérité, et contempler comme la poussière les vaines agitations de la terre! Et vous, murmures solitaires, fleurs des déserts, tribus vagabondes d'animaux, prairies enchantées, c'est parmi vous que je chercherai des méditations de bonheur au déclin de mes journées. Lorsque mon heure dernière sera venue, je n'aspirerai point après de somptueuses funérailles, la simple mousse des champs couvrira mon cercueil. J'y descendrai satisfait de mon humble destinée; ma vie se dissipera dans la nature comme la fumée dans les airs, et mon âme ira se rendre à la source suprême de laquelle tout émane dans l'univers 1.

[ocr errors]

Tiré du Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, publié chez Déterville. Voir l'Introduction, et les articles Création et Génération.

Nous ne saurions terminer cet article sans faire remarquer, qu'empreint d'un très pur spiritualisme, il n'est pas cependant suffisamment chrétien puisqu'il néglige de dire que tout ce qu'il désire, nous est donné par la Révélation. Nous devons faire remarquer encore le peu d'exactitude de la dernière phrase; rien n'emane de Dieu dans l'univers tout au contraire a été créé par lui. (Note du Direct.)

:

Archéologie.

DESCRIPTION DES RUINES DE BABYLONE,

PAR M. RAOUL-ROCHETTE.

Deuxième Article

Description du temple de Bélus, d'après les anciens historiens.

[blocks in formation]

-

Son intérieur.

Ses dimen

[blocks in formation]
[blocks in formation]

· Points de contact avec la mythologie grecque et égyptienne.

tions cunéiformes.

de ce prophète. philosophie des Grecs.

Témoignage de Daniel. Confirmation d'un passage
Figures fantastiques.

Origine des divinités et de la

Nous continuons à citer la description des ruines de Babylone, que fait M. Raoul-Rochette dans son cours d'archéologie de la bibliothèque royale. Nous y ajoutons les notes que nous avons promises; les plus importantes sont de M. de Paravey. Elles serviront à constater différentes assertions émises déjà par les Annales, contestées encore par un grand nombre de personnes auxquelles les histoires orientales ne sont pas assez familières, ou qui ne les ont pas étudiées assez profondément.

3. Leçon.

Après avoir, sur le récit des voyageurs, dressé l'inventaire de ce qu'il nous reste de Babylone, et parcouru un à un ces monceaux informes, après en avoir déterminé sur leur aspect actuel l'usage et la conformation antiques, M. Raoul-Rochette va décrire ces mêmes monumens selon les témoignages des écrivains anciens, et demander à des témoins oculaires l'impression que cette ville avait produite sur leurs esprits aux jours de sa splendeur. Le résultat de son premier travail a été de reconnaître dans une masse de ruines, sur la rive orientale de l'Euphrate, désignée encore aujourd'hui sous le nom d'AlCasr ou le château, le célèbre palais aux jardins suspendus, et dans un autre monticule de brique voisin du premier, la tour du temple de Bélus. Il se propose maintenant de rechercher les documens que l'antiquité nous a transmis sur ces deux édifices, en commençant par le dernier.

Ces documens proviennent de deux sources. Les uns sont empruntés aux écrivains grecs, à Hérodote et à Ctésias qui avaient eux-mêmes visité Ba

Voir le 1 article dans le n° 61, ci-dessus, p. 71 de ce volume.

bylone 1, et à Strabon qui, s'il n'avait pas voyagé dans l'Orient, travaillait du moins sur des auteurs originaux, sur Clitarque, suivi par Quinte-Curce, sur Artémidore, et surtout sur Aristobule. Les autres noms sont fournis par des écrivains demeurés étrangers à toute l'antiquité grecque et romaine, les prophetes hebreux; ils ont pour la plupart vécu à Babylone, en ont observé les monumens et les mœurs, les ont décrits avec exactitude. Les anathèmes qu'ils lançaient sur elle, témoignent de sa grandeur, en présageant son désastre, et éclairent ainsi cette grande cité d'un jour à la fois brillant et sinistre L'origine de la tour et du temple de Belus se confond dans les traditions bibliques avec celle de la tour de Babel. (Voir la note A, à la fin de l'article.) Quelques voyageurs modernes ont cru retrouver à la fois les deux monumens dans une seule ruine sur la rive droite de l'Euphrate; mais ces traces évidentes du feu du ciel qu'elle porte encore, et qui indiquent la tour de Babel, sont une réfutation suffisante de ce système. La tour de Belus, sur le côté oriental du fleuve, fut commencée à une époque très-reculée; mais sa construction ne fut pas terminée, ou du moins était déjà altérée par les siècles, lorsque dans un tems postérieur, sous Nebuchadnezar, le Nabuchodonosor (605 562 avant J.-C) de l'Ecriture, elle prit sa forme définitive. Ce prince élevait à la fois sur la rive droite un édifice semblable, sinon par les dimensions, du moins par le plan général. On sait que cette époque est marquée par une grande révolution.

Un peuple inconnu, les Chaldéens, descendaient des montagnes, et venaient bouleverser par la conquête les monarchies de l'Orient. Quelle est leur origine? Vaste et importante question qui préoccupé en vain les érudits, et que de nos jours, peut être l'archéologie, aidée et vérifiée par les combinaisons et les rapports que la philologie lui présentera, est appelée à résoudre. Tout est incertain chez ce peuple. On ne sait s'il est originaire du Caucase ou du Taurus, ses institutions religieuses et politiques, sa marche, ses progrès, son influence sur les nations qu'il a conquises, sa décadence intérieure, sont autant de mystères. Il est certain cependant que c'est un assemblage de peuples nomades qui, parti des montagnes situées entre la mer Caspienne et le Font-Euxin, se répandit comme un torrent sur les contrées méridionales, et vint vers l'an 630 ans avant J.-C., établir à Babylone le centre d'un vasté empire. Cette domination, qu'on ne saurait comparer qu'à celle des Arabes, au 7me siècle de notre ère, prit de rapides accroissemens. Sous Nébuchadnézar elle s'étendait jusqu'à la Méditerranée. La Syrie, la Judée, la Phénicie, étaient devenues ses provinces; l'Egypte vaincue et repoussée avec son roi Néchao, était envahie passagèrement. En même tems on fondait à Babylone le grand temple de ce culte, le centre d'où partait la force morale qui animait le peuple tout entier.

Comme les Arabes, les Chaldéens recevaient de leur religion leur constitution politique et civile, leur gouvernement et leurs mœurs. Le Sabéisme prêchait le despotisme le plus absolu, l'obéissance la plus servile; étudiait les

Voyez première leçon, p. 73, ci-dessus,

sciences les plus hautes et les plus inaccessibles au vulgaire, et confondait dans un même secret ses mystères et ses découvertes, saisissant à la fois l'imagination par la puissance du fanatisme, et par les merveilles de l'esprit humain. La tour et le temple de Bélus étaient son sanctuaire; il fut honoré de tous, enrichi des offrandes des rois, tant que dura la domination des rois chaldéens. Mais après la prise de Babylone par Cyrus, il déchut rapidement; le culte de Mithra l'avait remplacé dans la foi des peuples, comme Persépolis avait succédé à Babylone. Darius osa violer par sa présence le sanctuaire du Dieu. Xercès, son fils, pendant sa lutte contre les Grecs, s'empara des richesses que contenait le temple, mais ne le détruisit pas, comme plusieurs savans l'ont pensé; car Hérodote le visita environ trente ans après, et le trouva encore debout: sa description en fait foi. Alexandre (330 avant J.-C. ) conçut le projet de prendre Babylone pour capitale, et de rendre au temple de Belus son antique splendeur. Strabon, qui nous donne ces détails, assure qu'il aurait fallu dix-mille hommes pendant plus de deux mois pour déblayer seulement le temple des ruines qui l'entouraient. Il faut entendre par ces ruines, non pas les débris même de l'édifice, mais ceux des habitations sacerdotales, comme nous nous en convaincrons bientôt. Cependant le projet d'Alexandre n'eut pas de suite; sa mort vint en arrêter l'exécution, et emporter avec sa dernière pensée, le dernier espoir de Babylone.

Après lui, Séleucus Nicator, celui de ces généraux qui resta maître de cette province, transporta les habitans de Babylone dans une ville nouvelle, et peu éloignée, qu'il appela Seleucie, de son propre nom. Mais il garda encore quelque respect pour le temple d'un Dieu presque oublié, et permit à ses prêtres d'habiter dans son enceinte, pour conserver à Bélus ses derniers adorateurs. Pausanias, qui visita Babylone dans le second siècle de notre ère, trouva encore le temple de Bélus, qu'il appelle le plus grand reste de la ville, et qui était seul debout avec ses murailles, qu'il compare à celles de Tyrinthe. C'est le dernier auteur de l'antiquité qui nous fournisse des renseignémens sur cette ville. Après lui un vaste silence se fait autour de ses ruines, et ce qui était une grande cité n'est plus qu'un grand désert.

Le temple de Bélus était une pyramide carrée par sa base, et qui, suivant Hérodote, présentait un stade de largeur, sur chacune de ses faces, et un stade de hauteur; car tel est le véritable sens de ce passage. Ce qu'il y a de plus difficile dans cet endroit, c'est de déterminer la longucur du stade. Si Hérodote entend ici le petit stade de 50 toises, chacune des dimensions de l'édifice serait de 300 pieds. Mais si, au contraire, Hérodote veut indiquer le stade persique, dont il se sert souvent pour les mesures itinéraires de ces contrées, la tour de Bélus a 80 toises et demie, ou 444 pieds de largeur et de hauteur, quatre toises de moins que la grande pyramide de Memphis, et

Voyez l. 1, ch. 181.

2 ἐν μέσῳ δὲ τοῦ ἱεροῦ πύργος στερεὸς οἰκοδόμηται, σταδίου καὶ τὸ μῆκος καὶ vò supos. Hérodote, l. 1, c. 181.

100 pieds de plus que la flèche de Salisbury, l'édifice le plus élevé de l'Angleterre.

Le temple de Bélus était isolé au milieu d'une enceinte carrée comme lui, et qui présentait 1 deux stades sous toutes ses faces. Cet espace était destiné aux habitations des prêtres; c'est un trait particulier à l'Orient que cette enceinte consacrée, qui empêchait le temple de toucher à aucun édifice profane. On le retrouve dans l'Area du Birs-Nemrod. Sur ces précieuses médailles de Tarse, qui portent d'un côté le Bélus et de l'autre l'image de son temple, on voit également cette disposition. Il y avait aussi un lieu consacré autour du temple de Jérusalem, dans lequel étaient bâties les trente édicules ou maisons des Lévites. La tour de Bélus était composée de huit étages en retrait, genre de construction particulier à l'Orient, et dont on trouve encore aujourd'hui des exemples dans les temples de l'Inde. Xénophon, dans sa Retraile des dix mille, dont il fut l'historien et le héros, a remarqué des temples semblables qui jouissaient du droit d'asile. Le Birs-Nemrod est aussi élevé en retrait, et trois de ces huit étages subsistent encore. Cette forme, que l'on croyait particulière à la tour de Bélus, a causé l'erreur que nous avons réfutée plus haut. On montait d'un étage à l'autre par des escaliers extérieurs. Au centre de l'édifice était une grande salle, ornée de siéges somptueux et destinée à servir de lieu de repos. Au faite s'élevait le temple de Bélus, dans lequel il y avait une table d'or et un lit de même métal, mais sans aucun simulacre; la statue du dieu, cachée dans une chapelle intérieure, était d'or, ainsi que les meubles et les autels qui l'entouraient. De ces deux autels, le plus petit servait aux sacrifices d'animaux à la mamelle, et le plus grand à l'immolatoin des animaux adultes. Outre cette première statue assise, il y en avait une autre debout, un pied devant l'autre, et dans la position d'un homme qui marche; elle était en or, travaillée au repoussé, et présentait une hauteur de douze coudées. Telles sont les richesses que contenait le temple de Bélus, richesses qui, suivant les calculs d'Hérodote, ne s'élèvent pas à moins de cinquante-quatre millions de francs, et dont les rois Mèdes, successeurs de Cyrus, s'emparèrent successivement. La lettre de Jérémie, qui suit la prophétie de Baruch, nous donne sur ces simulacres les plus précieux détails, et nous apprend que le roi allait les adorer tous les jours 2. Il est évident qu'il faut entendre par là, non pas les rois Mèdes, qui professaient une autre religion et qui ne résidaient pas à Babylone, mais les anciens rois Chaldéens.

Outre ces statues d'or, le temple de Bélus contenait des images de toute forme et de tout métal, et possédait les riches offrandes dont l'avait décoré la piété des fidèles. Diodore 3 prétend qu'il y avait une statue en or, haute de soixante pieds et du poids de quarante talens; mais il semble qu'il est ici l'écho

'Hérod. Ibid. Voir le passage d'Hérodote cité par M. de Humboldt, et la ressemblance de ce temple avec les édifices mexicains, dans notre N° 19, tome iv. page 34 des Annales.

2 Baruch. ch, vi, vers. 37.

3 Liv. II.

« VorigeDoorgaan »