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La Race issue de Sem, la plus belle et la plus éclairée des Races issues de Noé, est la première qui fit usage des Lettres Alphabétiques. Observations astronomiques de la tour de Babylone conservées encore dans le Thibet. Les Ouigours, peuple intermédiaire entre l'Assyrie et la Chine, ont à la fois un Alphabet Sémitique, et des livres écrits en Hiéroglyphes Chinois.

Après la lecture attentive de cet exposé, nous pensons qu'il n'est personne qui ne s'intéresse aux travaux de M. de Paravey, et qui ne fasse des vœux pour les voir terminés. En ce moment, l'ancien monde est étudié jusques dans ses entrailles. Les Young, les Champollion, les Salvolini, ont exploré ou explorent l'Egypte hiéroglyphique : le savant M. Amédée Peyron, président de l'Académie de Turin, va publier son excellent Dictionnaire Copte, qui facilitera la lecture des antiques papyrus. Il est donc important de rattacher toutes ces recherches à la langue et aux traditions conservées en Chine. C'est de ce grand objet, qui, autrefois, avait occupé les doctes missionnaires, les Prémare, les Cibot, les Gaubil, les Amyot, les du Halde, que s'occupe aussi M. de Paravey. Être initié à de semblables recherches, nous le disons sans crainte, c'est être initié à tout ce que la science offre de plus avancé dans l'histoire de l'ancien monde.

A. B.

Traditions de l'Océanie.

CROYANCES ET SUPERSTITIONS

OBSERVÉES CHEZ LES TAÏTIENS.

Dieux. Trinité taïtienne.

Dieu de l'air, etc. Création de l'homme et de la femme.

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Le pre

Ori

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mier homme nommé Terre-Rouge,
gine des animaux domestiques.
Leurs Annales.
langue.

- La première femme Ivi. Déluge des Taïtiens.

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Leur système de Numération par décimales.

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Nous avons déjà fourni plus d'une preuve que les habitans de ces îles qui sont semées à de si grands intervalles dans la mer du Sud, ne sont pas tellement séparés des autres peuples, qu'on ne puisse reconnaître leur origine, et les unir au reste du genre humain. Nous avons même prouvé qu'ils avaient encore conservé des croyances et des traditions qu'on reconnaissait facilement avoir eu pour principe et pour source nos propres croyances bibliques '. Nous allons aujourd'hui en donner de nouvelles preuves, en présentant, d'après le beau Voyage pittoresque autour du monde', rédigé par M. le capitaine Dumont d'Urville, les croyances et les superstitions des Taïtiens,

« Toute la théogonie Taïtienne est une chose très-confuse, et souvent contradictoire. Les légendes varient non seulement d'île à île, mais de district à district, et aucune d'elles n'a un sens allégorique ou réel assez nettement accusé pour qu'on puisse en déduire un système, quel qu'il soit.

Les premiers missionnaires, préoccupés de vagues rapprochemens, avaient cru remarquer qu'en tête de toute la hiérarchie céleste des Taïtiens, marchaient trois dieux, ou atouas, élevés au-dessus des

1 Voir dans le No 43, tom. viti, p. 13 des Annales l'article sur les traditions de la Nouvelle-Zélande et les îles Tonga. Les autres articles y sont indiqués.

2 Voir le ch. LXI, t. 1, p. 569.

autres, et chose plus étonnante encore, avec les désignations sui•

vantes :

1o Tane te Madoua, LE PÈRE.

2° Oro-Mataou,,atoua te tamaïdi, DIEU LE FILS.

3° Taaroa, manou te hoa, TAAROA, L'OISEAU-ESPRIT.

Tels étaient les dieux principaux, trop haut placés pour les tems ordinaires, mais que les Taïtiens invoquaient dans les grandes calamités, ou dans les momens de disette. Ces dieux résidaient à Pare et dans l'Arii-Rahi. Les dieux d'un ordre inférieur, nommés Oroo, Otou, Tamahoro, Taïri, Orou-Hatou, Oïahou, Tama, Toa-Iti et Vavea, avaient chacun leurs fonctions et leurs prêtres particuculiers. Enfin, les Tiis étaient les génies tutélaires de chaque famille, des espèces de dieux pénates, lares ou manes. Mais cette version des premiers missionnaires fut combattue par M. Ellis, dont les longues et savantes études dans la langue taïtienne sont d'une autorité incontestablement supérieure. La trinité taïtienne lui parut le résultat d'une interprétation forcée et inadmissible. Voici ce que les récits indigènes lui ont révélé sur la théogonie de la contrée.

L'opinion générale disait que les dieux étaient tous enfans de la nuit; Taaroa lui-même, le premier des dieux (Tanaroa à Hawaii et Tangaroa à Tonga), existait depuis qu'on sortit du po, de la nuit ou du chaos. Quelques sages, ou taata-paari, croyaient, il est vrai, que l'univers préexistait aux dieux, et que Taaroa n'était qu'un homme déifié après sa mort; mais d'autres le regardaient comme créature et conime dieu. Oro fut son premier fils. Pour communiquer avec les hommes, ces dieux prenaient la forme d'un oiseau, et entraient ainsi dans le tou, image ou idole du moraï. Ainsi Taaroa, le père, Oro, le fils, et l'oiseau, ou esprit, telle était la combinaison théogonique qui avait fait entrevoir aux premiers glossateurs, un analogue du dogme trinitaire.

Oro, la divinité nationale de Taïti, prit une femme qui lui donna deux fils, et ces quatre divinités, réunies aux deux dieux principaux, Taaroa et sa femme Ofeou-feou-maïteraï, engendrée de la Nuit,

1 Po, c'est-à-dire, fanau-po, nés de la Nuit.

forment une espèce d'hexarchie céleste, qui semble être la combinaison la plus accréditée. Pomaré II parla toutefois, à diverses reprises, à M. Nott, d'un dieu supérieur à tous les autres, nommé Roumia; mais le dieu et le nom étaient inconnus aux prêtres de l'île.

Au milieu de cette confusion de divinités, et du chaos de leurs attributs, on ne distingue guère de pensée profonde et philosophique. C'est là évidemment un mélange d'histoire positive et d'idéalités traditionnelles, arrangées par les prêtres pour le vulgaire, ou par le peuple lui-même, toujours avide du merveilleux. Ce serait à remplir de longues et fatigantes pages, si l'on voulait encore citer les myriades de dieux ou de demi-dieux en sous-ordre, hommes ou animaux déifiés. Le polythéisme hindou, plus connu peut-être, n'est pas plus compliqué que le fétichisme taïtien. Quelques divinités, pourtant, ont un côté poétique qui les détache des autres. Tel est Hiro, dieu de l'Océan, qui joue un grand rôle dans la légende nationale; Hiro était un grand voyageur, un aventurier de premier ordre, ne craignant ni les gouffres sous-marins, ni les tempêtes les plus furieuses. Il parcourait la mer dans tous les sens, tantôt à la surface, tantôt dans les abîmes, allant faire la conversation avec les monstres de la mer. Un jour qu'il s'était endormi dans une des cavernes les plus profondes, l'ouragan souffla sur un navire qui portait des amis d'Hiro: son sommeil eût donné gain de cause au vent, si l'on n'était venu réveiller le grand pacificateur des flots; il remonta fort en colère, et sauva ses amis.

D'autres dieux de la mer étaient les Atoua-maos, dieux-requins, ou dieux qui commandaient aux requins. Les terribles cétacés étaient enrégimentés et disciplinés par eux. Ils dévoraient ou respectaient les individus suivant l'ordre et la volonté du dieu. Dans une pirogue, ils reconnaissaient un prêtre, le respectaient, le sauvaient en cas de naufrage. Un de ces hommes privilégiés affirmait gravement à Ellis, que le requin aux ordres de son dieu l'avait souvent transporté sur son dos, lui et son père, de Raïatéa à Wahine. La fable d'Amphion avait ainsi son pendant au sein des mers océaniennes.

A côté des dieux de la mer étaient les dieux de l'air, légers, gracieux, pleins de merveilleuses facultés. La poésie polynésienne avait

ses sylphes et ses gnomes, ses goules et ses salamandres. L'univers entier fourmillait de divinités invisibles qui bruissaient dans l'air, qui verdissaient dans les feuilles, qui écumaient sur les récifs. L'amour et la crainte se mêlaient à toutes ces allégories. Une éclipse de lune épouvantait les insulaires; suivant eux, un méchant esprit voulait manger leur astre bienfaisant. Ils couraient vers leurs moraïs, pour demander aux dieux la délivrance de la Lune. La forme et la stabilité des îles dépendaient de leurs dieux. C'était leur pouvoir qui avait aiguisé ces pierres en cônes, ou nivelé en plate-forme une montagne escarpée, située sur la gauche du hâvre de Talou à Eïmeo, et qui ne tient à l'île que par une langue étroite.

lí y avait encore des dieux pour les jeux, des dieux pour les médecins, des dieux pour les ouvriers, et un dieu pour chaque métier, pour le labour, pour le charpentage, pour la maçonnerie, etc., etc. Les revenans, les apparitions avaient aussi leurs divinités; tout semblait être saint à un degré plus ou moins grand; les esprits des défunts, adorés sous le nom de tiis, et sous la forme de statuettes; quelques poissons, quelques oiseaux, une espèce de héron, un martin-pêcheur, et deux ou trois espèces de grimpereaux, commensaux des moraïs. Du reste, la mesure de la puissance de ces dieux était spéciale et limitée... (p. 579).

Quant à l'origine de ce peuple, on ne sait rien de précis sur elle : quelques traditions confuses vivent seules dans le pays. Une légende, recueillie par M. Barff, dit que le cinquième ordre des êtres intelligens créés par Taaroa et Hina (les deux divinités créatrices) fut appelé Rahou tahata i te ao ia tii (ordre du monde ou des tiis ). Voici comment la chose se passa entre les deux divinités, Hina dit à Taaroa : « Comment obtenir l'homme ? Les dieux Jour et Nuit sont établis, et il n'y a point d'hommes. » A quoi Taaroa répondit : « Va sur le rivage et dans l'intérieur; va trouver ton frère. Je suis allé dans l'intérieur, et il n'y est point. Va dans les mers, peut-être y sera-t-il; ou sur terre, il sera sur terre. Qui est à la mer? Tiimaa-Raataï. — Qui est Tiimaa Raataï ? est-ce un homme? C'est un homme et ton frère: va-t-en à la mer, et cherche-le. » La déesse ainsi congédiée, Taaroa songea aux moyens de former l'homme, et pour cela il prit une substance et une forme, puis se

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