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rendit à terre. Hina le rencontra sans le connaître, et lui dit : «

êtes-vous? Je suis Tii-Maaraa.

Qui

Où étiez-vous? Je vous cher

Ainsi soit-il!

chais de toutes parts, à la mer, et vous n'y étiez point. J'étais chez moi; et puisque vous voilà, ma sœur, venez à moi. Et puisque vous êtes mon bon frère, vivons ensemble. »

Ils vécurent donc époux, et le fils qu'Hina mit au monde se nomma Taï. Ce fut le premier homme. Plus tard. Hina eut une fille qui fut nommée Hina ereere Monoï; elle devint la femme de Tii, et lui donna un fils qui fut appelé Taata, terme qui, à quelques variantes près, signifie homme dans toute la Polynésie. Hina, fille et épouse de Taaroa, grand'mère de Taata, s'étant transformée en une belle et jeune femme, s'unit encore à son petit-fils, et lui donna un couple, Ourou et Fana, les véritables fondateurs de la race humaine.

Une autre tradition, que cite Ellis, se rapproche des traditions Mosaïques.

Taaroa, après avoir fait le monde, forma l'homme avec de la terre rouge (araea), qui servit même d'aliment à la créature jusqu'à l'apparition de l'arbre à pain. Un jour Taaroa plongea l'homme dans un profond sommeil, et tira un os ou Ivi, dont il fit la femme. Ces deux êtres furent les chefs de la famille humaine. Tout en citant ce récit, Ellis exprime des soupçons sur son authenticité; il ajoute que l'analogie mosaïque pourrait bien ne résulter que d'une équivoque sur le mot Ivi, qui signifie à la fois os, veuve, et victime tuée à la guerre.

Les récits des naturels ne variaient pas moins touchant l'origine des animaux domestiques trouvés chez eux lors de la découverte ; les uns parlaient bien d'une importation faite par des peuples occidentaux; mais d'autres continuaient le système de la création de Taaroa, en disant qu'après l'homme, il fit les quadrupèdes pour la terre, les oiseaux pour l'air, les poissons pour la mer. Un petit nombre admet❤ tait une autre donnée suivant eux, un homme des anciens âges, vieillard érudit et puissant, était venu à mourir; de son cadavre putréfié naquit une truie qui peupla l'île de cochons; ces cochons, du reste, avaient leurs âmes, qui se réunissaient dans un lieu nommé Ofeouna. C'était une espèce digne d'égards aux yeux des insulaires. Chaque cochon avait son nom tout comme un homme; seulement le

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nom du cochon était invariable, celui de l'homme changeait aux divers âges de la vie.

Les îles Taïti avaient aussi leur histoire diluvienne.

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Taaroa, le premier des dieux, courroucé un jour contre le monde, le précipita dans la mer. Tout fut submergé, à part quelques aurous ou points saillans qui, se maintenant au-dessus de l'eau, formèrent les îles actuelles. Tel est le récit dans les groupes de l'est; le groupe de l'ouest en a un autre. Le dieu des eaux, Roua-Hatou, dormait un jour au fond de la mer sur son lit de corail, quand un pêcheur se hasarda sur ce lieu, quoiqu'il fût taboué. Il jeta ses hameçons, qui s'engagèrent dans la chevelure du Dieu. Croyant avoir fait une belle capture, il tira si fort que le Dieu vint à la surface de l'eau ; furieux d'avoir été dérangé : « Tu vas périr, dit le Neptune taïtien. Pardon, pardon ! » cria le pêcheur effrayé et se jetant à genoux. Le dieu fut touché; il gracia l'homme, mais il voulut passer sa mauvaise humeur sur les îles. Un déluge fut résolu. Débonnaire jusqu'à la fin, il indiqua au pauvre pêcheur une île de récifs nommée Toa-Marama, située à l'orient de Raïatea. Cet homme y alla, dit-on, avec un ami, avec un cochon, un chien et une couple de poules. Ils y étaient à peine, que l'Océan commença à monter; la population des îles fuyait devant lui; mais l'Océan monta toujours jusqu'à ce qu'elle eût péri toute entière. Cet acte de destruction accompli, les eaux se retirèrent. Le pêcheur revint alors avec ses compagnons; il fut le Noé de ce déluge. Ce qu'il y a de plus inexplicable dans cette version, c'est que l'île indiquée comme un mont Ararat est un écueil à fleur d'eau. Quand on pose cette objection aux naturels, ils répondent que cela est ainsi, et que la preuve évidente du déluge sont les blocs madréporiques et les coquilles existant sur les cîmes les plus élevées. « Les eaux de la mer seules ont pu les porter jusque-là, » disent-ils.

L'île de Raïatea semble être un des points les plus importans de l'Archipel pour les souvenirs religieux. Là jadis vivaient des prophètes dont plusieurs portèrent le nom de Mawi. Un des plus célèbres prédit que, dans les siècles à venir, une vaha ama ore (pirogue sans balancier) arriverait dans ces îles d'une terre lointaine. Une pirogue sans balancier était, aux yeux des insulaires, une impossibilité. Aussi cette prophétie encourut-elle, du vivant de son auteur, une incrédu

lité générale. Mais celui-ci insista, et, jetant son oumate (écuelle de bois) sur un étang, il déclara que ce serait ainsi qu'arriverait le navire. Cette tradition passa depuis lors de bouche en bouche jusqu'à l'arrivée des Européens. Quand les navires mouillèrent devant Taïti, on les prit d'abord pour des îles flottantes, habitées par des dieux qui lançaient le tonnerre; puis examinant mieux leur mécanisme : « Te vaha a Mawie; te vaha ama ore,» s'écria-t-on : Voilà les pirogues de Mawi, voilà les pirogues sans balancier ! » et ils s'émerveillèrent de la perspicacité de leur prophète.

Ils ont une seconde prophétie qui leur annonce l'apparition d'une pirogue sans corde, et aujourd'hui qu'ils ont vu se réaliser la première, ils attendent que la seconde ait son effet ils sont convaincus que Mawi, ayant dit vrai sur l'une, ne s'est pas trompé sur l'autre. Qu'il arrive un bateau à vapeur à Taïti, dit Ellis, et l'oracle sera complétement justifié.

La généalogie royale, telle que l'établit la tradition, remonte jusqu'aux dieux. Aussi la personne des souverains était-elle essentiellement tabou (sacrée), et les membres de leur famille marchaient-ils au-dessus du reste de la noblesse. Les deux chefs de la nation, c'étaient le dieu et le roi, et ce dernier, étant aussi le grand-prêtre, cumulait de la sorte les deux autorités. Le titre royal était arii-rahi ou ariitabou. Le nom d'otou était le nom d'avénement.... (p. 564.).

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Quelques-unes des traditions des Taïtiens remontaient jusqu'à trente générations. Ils comptaient le tems par 12 lunes, avec une lune intercalaire de tems à autre. Chaque lune, chaque jour de lune, chaque partie du jour, avait un nom propre souvent significatif. Les 17, et 19es nuits, qui suivaient la pleine lune de chaque mois, étaient regardées comme celles où les esprits venaient rôder sur la terre; elles servaient, plus que les autres, les voleurs et les fripons.

Leur numération ressemblait à celle d'Hawaii (autre île de cet archipel); ils comptaient par ourou, dixaine; rau, centaine; mano mille; mano tini, dix mille; rahou, cent mille; jusqu'à tou, un million. Les poissons, les fruits d'arbre à pain et les cocos, se comptaient autrefois par couple. Ce peuple, du reste, avait quelque facilité à apprendre le calcul, et la classe d'arithmétique, au dire des missionnaires, est celle où ils obtenaient le plus de succès.

Le taïtien n'est qu'un dialecte polynésien, et l'un des moins riches, à cause de l'imperfection de plusieurs consonnances. En effet, les seules consonnes articulées dans le taïtien, sont: B, D, F, M, N, P, R, T et V. Cette indigence multiplie les sons vocaux, et rend l'idiome beaucoup plus difficile pour l'étranger, le même mot signifiant vingt choses diverses. Malgré ses vices, la langue taïtienne a de l'éclat et de l'énergie; elle a fourni plus d'une fois aux tribuns sauvages de Papara des mouvemens oratoires puissans sur une assemblée. Du reste, on a encore beaucoup à apprendre sur le mécanisme des idiomes polynésiens. Resserrés par notre cadre, nous ne saurions. aborder cette question philologique avec toute l'étendue qu'elle mérite. Le capitaine d'Urville vient d'ailleurs de l'éclairer et de la résumer dans un travail spécial, où il examine non-seulement les rapports de ces langues entre elles, mais encore leur analogie avec la langue malaise et madécasse. Ainsi peu à peu se déchire le voile qui séparait l'Océanie du monde commercial et scientifique; et qui sait si, à force d'études pareilles, on ne parviendra pas à remonter jusqu'au berceau de ces mystérieuses peuplades. (p. 574)? ›

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Le beau travail de M. le capitaine d'Urville sur les langues polynésiennes est en ce moment entre les mains d'un de nos rédacteurs, et fera le sujet d'un des articles des Annales, lequel prouvera l'origine commune et asiatique de toutes les langues de la Polynésie.

A. B.

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la langue Egyptienne. — Horus-Apollo. - Analogies de plusieurs mots entre

l'hébreu et l'égyptien.

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Analogie entre plusieurs lettres. - Racines hébraïques d'Osiris, Apis, le Bélier, etc.

L'Écriture que nous avons trouvée parmi les hochets de notre enfance, n'est pour nous, bien souvent, qu'un instrument banal, qui se meut sous nos doigts à notre insu; nous en usons comme d'un bâton de voyage, sans penser qu'il y a en lui quelque chose de merveilleux. Des clous du Capitole et des quipos indiens, à l'état de vie et de gloire où elle est parvenue, la distance est prodigieuse; l'Écriture est à mes yeux une sorte d'incarnation du verbe qui est presque un mystère.

D'abord, essentiellement hiéroglyphique dans toute l'étendue de ce mot, ses caractères étaient, avant M. Champollion, des signes idéographiques, croquis informes, mais vigoureux, des pensées d'une imagination neuve et brûlante: puis enfin, pour parler aux yeux, on peignit la parole. La transition des deux époques est marquée par la confusion des deux systèmes sur les bandelettes des momies, et les parois des sanctuaires Égyptiens.

Aux premières heures de la renaissance, on visita, tout habillé de grec et de latin, les hiéroglyphes venus jusqu'à nous; on s'ingénia à leur rendre la parole; la lampe au front, on pressa les impitoyables momies de décliner leur nom, et de dire leurs antiques secrets. La brûlante haleine des savans n'eut pas la puissance de réchauffer les morts. Fatigués de leurs vaines tentatives, ils se mirent à créer ce qu'ils ne pouvaient ressusciter, et voilà que des emblèmes plus ou moins ingénieux s'entassent dans d'immenses in-quartos; une lan

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