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lesquels tout se comprend; ce sont deux torches qu'il faut élever sur les montagnes, afin que le monde les voie et réfléchisse. Dieu a visité l'homme; il lui a parlé, afin de lui marquer la route qu'il devait suivre, afin de lui délier la langue et de réveiller son intelligence; or, le souvenir de cette visite du Créateur, donnant à l'homme ses préceptes, est resté vif sous l'écorce de la langue des Juifs, d'où il sort à nos yeux comme une ombre royale parmi les antiques débris d'un palais. Il ne faut pas être grand hébraïsant pour savoir que phekod signifie à la fois et la visite et les préceptes 1. Ces deux idées sont liées l'une à l'autre dans la langue hébraïque, comme la rivière à sa source, l'une ne peut exister sans l'autre. - La loi dans les livres saints est encore exprimée par âde, qui suppose aussi la révélation, puisque la racine, dont émane ce mot, indique que cette loi est un témoin, un souvenir d'alliance ou d'autorité divine 3. Enfin, il existe une autre expression pour désigner la loi de Dieu. Sa racine signifie venir d'en haut, descendre du ciel comme la pluie. Ainsi, l'eau qui féconde nos champs et la loi religieuse qui féconde nos âmes, viennent d'une même source; l'une et l'autre ont une origine céleste. Quelle mine précieuse, que cette vieille langue des patriarches! quelle magnifique image, que cette loi descendant du ciel, comme la rosée d'Hermon sur les collines de Sion! Écoutez le prophète soupirant après la venue du Messie et de la loi nouvelle, les yeux fixés sur les nues: <« Cieux, s'écrie-t-il, pleuvez! - Rorate cæli!» L'Évangile et le Christ se présentent à son imagination sous la forme d'une rosée divine, de même que l'ancienne loi était liée à cette image dans l'esprit juste et profond des premiers patriarches. Tant de poésie, jointe à tant de vérité, n'a pu se perdre même au sein de la plus grossière idolâtrie. Pindare souhaite « que la rosée du dieu Pan coule dans l'esprit de » ceux qu'il aime, » une autre fois, à l'aspect de Rhodes jouissant de la paix et des arts, il dit « que le souverain des dieux a répandu sur cette ville une rosée d'or pur “.

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TPD, visiter, et préceptes de Dieu.

2, lestimonium,-lex Domini.

3 « Dei præcepta apellari testimonia, quæ testimonium habent à patribus, tanquàm testibus oculatis, vel auritis; suntque lex per traditionem accepta sine scripto. » Aben Ezra. Voir Stock.

4

Βρέχε Θεῶν βασιλεὺς ὁ μέγας

Xpuoaïc vpádeσot motv. (Olym., VII, 63. Voir aussi Istm., VI, 94.)

Χρυσαῖς νιφάδεσσι πόλιν.

Enfin, pour revenir à Horus-Apollo, nous allons voir que si la langue hébraïque fait descendre la loi de la même source que la pluie', le compilateur égyptien nous dit qu'en Égypte la peinture hieroglyphique représentant la pluie ou la rosée tombant du ciel, signifiait la doctrine religieuse.

Il est vraiment bien fâcheux que le grammairien d'Alexandrie ne nous ait pas donné la collection complète des signes sacrés; mais il les ignorait probablement; les dieux avaient peut-être déjà perdu la voix, comme les oracles devant le Verbe fait chair. Laissons donc notre · auteur, et terminons cet article par Osiris, Apis et la tête de Bélier, personnages éminemment égyptiens; nous trouverons encore sur eux le cachet hébraïque.

En Égypte, comme chez tous les peuples païens, la Divinité n'a guère été considérée que sous le rapport de la puissance et de la force physique. Osiris était la principale divinité des Égyptiens, qui le re- ́ gardaient comme le premier de leurs rois. On s'imagina que son âme avait passé dans le corps d'un bœuf3. Or, la racine sir du fameux Osiris, signifie en hébreu celui qui a la puissance, la force; ses dé, rivés se traduisent par roi et bœuf. Aussi, dit l'auteur du Dictionnaire historique des Cultes, selon les anciens les plus savans et les plus judicieux, le nom d'Osiris signifiait le roi, le gouverneur. — Ce n'était pas tout d'avoir trouvé le bœuf pour y loger l'âme du fort, il fallait donner à la divinité ruminante un nom qui exprimât sa puissance. Et le dieu qui mange du foin, comme dit David, fut appelé Apir, ou Apis pour nous conformer à l'usage; c'est ainsi que Tax Abir a été traduit par les Septante 5,

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La royauté était aussi quelquefois représentée par le signe sui

, ire, descendre, ejaculatus est, venir d'en haut: d'où pluie, et loi, doctrine, Voyez les Études hebr. facilitées, p. 147.

2 Παιδείαν δὲ γράφοντες οὐρανὸν δρόσον βάλλοντα ζωγραφοῦσι. Horus-Apolfo, lib. 1, c. 37.

Voir le Dictionnaire des cultes religieux, ou celui de Noël.

41, principalum tenuit;, princeps : NV, bos. Les Chaldéens changent leen, lour, c'est taur-us.

Voici le texte 77’ax 7701 Y172, Jérémie, xLv1, 15. Les Septante : Διατί ἔφυγεν ἀπὸ σοῦ ὁ ἔπις, ὁ μόσχος, ὁ ἐκλεκτὸς σου; xxvI, 15, Il est à remarquer que les Septante ont commenté Abir du texte (le fortis de la Vul, gate) par pis, le dieu égyptien.

vant, dans lequel entre une abeille +

Or, en hébreu et en chaldéen, le mot qui signifie abeille, signifie encore ductor, gouverneur 2. La tête de Bélier caractérise un Dieu, dans les signes sacrés. C'est toujours l'idée de force appliquée à la Divinité, comme dans les Cabires de Samothrace, comme dans le chêne sacré de la mythologie celtique. Ainsi dans la langue sainte al exprime la force, et ses dérivés sont le bélier et le chêne ; ainsi encore dans la langue sainte az représente la force, et ses dérivés sont le bouc, puis un ancien dieu des Arabes, Azz-os, puis As, qui dans toutes les langues celtiques, a signifié Dieu, le Seigneur 3. C'est la racine d'Hezus, le fort, c'est celle dès Ases, ces puissans guerriers qui vinrent de l'Asie, où ils avaient leur Asgard ®.

T

Le lecteur tirera facilement la conclusion qui ressort de ce que nous venons de dire: la langue hébraïque se trouve dans les antiquités égyptiennes; elle les explique quelquefois, et peut contribuer à la résurrection de la langue hiéroglyphique. Le tems des systèmes est passé ; les hommes ont été trop souvent trompés par leur empressement à saisir de brillantes chimères qu'ils prenaient pour une révélation de la vérité. Nous nous contentons de citer des faits, d'apporter dans la ruche commune le fruit de nos excursions, comme le manoeuvre apporte une pierre à l'architecte, sans savoir si elle est digne ROSSIGNOL. d'occuper une place dans l'édifice qu'on élève.

N. B. La meilleure et la plus récente édition d'Horapollon est celle qui a été publiée par M. Conrad Leemans, sous le titre: Horapollinis Niloi hieroglyphica, edidit, diversorum codicum recenter collatorum, priorumque editionum varias lectiones et versionem latinam subjunxit, adnotationem, item hieroglyphicorum imagines et indices adjecit Conradus Leemans. Amstelodami, apud Muller et socios, 1835. Très-gros volume in-8°. Les figures des hieroglyphes d'Horus y ont été ajoutées d'après M. Salvolini. - Voir le compté détaillé que nous en avons rendu ci-après, p. 360, Voir les Annales, N° 51, tom. ix, p. 217...

Voir Buxtorf, 11, daber.

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Voir M. de Paravey, dans les Annales, N° 57. tom, x, p. 207.

4, fortis;, Deus; N, quercus, ilex; 78, aries; N, Fortitudo. Ty, âz,robur; T, hircus. Dans le discours de l'empereur Julien (1v, p. 288, Paris, 1630) on lit : Αρης Αζίζος λεγόμενος ὑπὸ τῶν οἰκούντων τὴν

5

Εδεσσάν Σύρων.

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- M. Mallet, Edda, édition de Genève, p. 57. Voir l'Edda, passim. On peut traduire ce mot par le camp des forts, As-gard,

Civilisation.

INFLUENCE DU CHRISTIANISME

SUR

L'AFFRANCHISSEMENT DES ESCLAVES ET DES SERFS.

Troisième Article 1.

Les croisades ont émancipé les serfs de l'Europe. Les soldats croisés étaient

émancipés. musulmane.

Des serfs ecclésiastiques.

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- Villes d'asile.

La servitude Les croisades en ont préservé l'Europe. - Ordres religieux fondés pour la rédemption des esclaves. Esclavage americain. — Efforts de la Religion pour l'adoucir.

En recherchant les diverses causes qui, sous l'influence du Christianisme, ont préparé et amené l'abolition de la servitude, nous ne pouvons omettre de parler des Croisades. Bien des pages ont été écrites contre ces expéditions religieuses; des jugemens sévères, quelquefois passionnés, ont été portés à leur occasion; ce n'est point ici le lieu de les examiner et de les discuter: nous devons envisager les Croisades sous le seul point de vue qui se rattache au but de ce travail, c'est-à-dire que nous rechercherons l'effet qu'elles ont produit sur l'affranchissement des Serfs.

A l'époque où ces grandes entreprises s'exécutèrent, trois sortes de droits étaient exercés par les Seigneurs sur les Serfs: 1° le droit de poursuite, qui attachait le serf à la glèbe, et l'empêchait d'abandonner le sol auquel il était, pour ainsi dire, inhérent; 2° le droit de for-mariage, qui l'obligeait à ne se marier que dans le ressort de la seigneurie à laquelle il appartenait; et 3° celui de main-morte, qui interdisait au serf la libre disposition de ses biens. Il existait pour

Voir le 2 article dans le N° 60, tom. x, p. 429.

tant un droit d'hérédité sur les biens du serf décédé; mais comme il ne pouvait être exercé qué par de très-proches parens, il en résultait que fort souvent les successions se trouvaient dévolues au seigneur.

Quand les guerres saintes commencèrent, ce fut comme un appel que la religion adressait aux chrétiens; tous étaient convoqués ; l'assistance de tout ce qui portait la croix dans son cœur était réclamée sans distinction, sans exception: la religion sollicitait des bras et des épées; il n'y avait pour elle ni maîtres ni serfs; il n'y avait que des chrétiens. Dieu le veut, Dieu le veut!... ; ce cri d'enthousiasme pieux qui a retenti jusqu'à nous, sortait également de la bouche du puissant seigneur féodal, du bourgeois des cités et du vilain des campagnes, qui se présentaient ensemble pour recevoir la croix des mains du Pape Urbain, de Pierre l'hermite ou de saint Bernard, dans ces fameuses réunions de Clermont et de Vézelay, où la chrétienté tout entière semblait s'être donné rendez-vous pour se ruer sur l'empire du Croissant, et lui enlever la cité sainte.

Le serf, en se croisant, renonçait donc à demeurer plus long-tems attaché à cette terre ingrate qu'il arrosait de tant de sueurs pour ne recueillir qu'une si faible portion des fruits qu'il tirait de son sein: sa foi, d'accord ici avec son intérêt, lui faisait préférer de consacrer ses forces au service de la Croix en faisant le sainct véage. Le serf trẻfoncier (ou attaché au sol) était donc affranchi de fait par la détermination spontanée qui l'entraînait en Asie.

Quoique d'une manière moins prompte et moins directe, les Croisades influèrent aussi sur la servitude plus spécialement inhérente à la personne. Les Croisés étaient des soldats, et des soldats privilégiés : c'étaient les soldats de Dieu. Or, il paraît certain qu'en général la milice affranchissait l'homme qui s'enrôlait. D'après le droit romain, l'esclave qui, au su de son maître, servait quelque tems dans les armées devenait libre. Or, les descendans de Clovis et de ses compagnons n'estimaient pas moins la profession des armes que ne faisaient ceux de Romulus; ils devaient lui accorder les mêmes priviléges. Et puis, pour un peuple plein de foi, quelle force n'ajoutait pas à cette considération la croix empreinte sur les armures? Aurait-on pu, sans

Le mot de vilain vient de villanus, homme de la campagne,

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