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tie des inscriptions persanes. Du reste, ce monument que ses proportions colossales permettent de découvrir d'assez loin, ne peut qu'avec la plus grande difficulté être examiné en détail. Le voyageur anglais Ker-Porter a tenté de gravir cette côte escarpée, et après avoir couru les plus grands dangers, est parvenu sur une pointe de rocher assez près du bas-relief, et de là en a fait un dessin complet. C'est d'après ce dessin que l'on peut en donner une description exacte. Un général français, ambassadeur près la cour de Perse, avait aperçu ce bas-relief de loin, et avait cru qu'il représentait les douze apôtres avec une croix au-dessus d'eux. Quoi qu'il en soit, le principal personnage est debout, d'une taille plus élevée que ceux qui l'entourent, à sa main est un arc, signe de la puissance royale, et il foule aux pieds le corps d'un homme. Devant lui sont dix figures d'une taille plus petite, ayant les mains jointes et une corde passée autour du cou. Au-dessus du roi est une figure aérienne, la même que l'ambassadeur prit pour une croix, et que nous reconnaissons purement pour l'âme ou le génie du roi. Ce bas-relief est accompagné d'inscriptions cuneiformes qui jetteraient vraisemblablement les plus vives lumières sur l'interprétation de ce monument, si elles étaient déchiffrées. Il est assez probable que ce roi est Salmanasar, vainqueur de Hosée, roi d'Israël (739 ans avant J.-C.) et conduisant en servitude les dix tribus indiquées par dix figures (Voir la note` J). On trouve dansles autres parties de la montagne des monumens qui se rapportent aux époques plus récentes de Séleucides et des Sassanides (Voir la note K).

Nous allons encore changer de contrée, et nous transporter au fond de l'Arabie, à Pétra, ville qui est, comme celle de Van, creusée dans le sein d'une montagne. Cette singulière cité, située au centre de l'Arabie-Pétrée dont elle est la capitale, était dans l'antiquité la capitale des Nabatéens. M. Ét. Quatremère s'est livré récemment à des recherches' approfondies sur l'histoire, la géographie, les origines et la langue de ce peuple. Il a réuni tous les passages des écrivains orientaux qui s'y rapportent, et les a comparés avec les témoignages des auteurs grecs et latins, et il en est arrivé à conclure que ce nom de Nabatéens, pris dans sa véritable extension, désignait la population de race araméenne qui habitait les contrées situées entre l'Euphrate et le Tigre, c'est-à-dire les Babyloniens qu'Eusèbe distingue des Chaldéens, et qui, à une époque et dans des circonstances qu'on ne peut déterminer avec précision, sont venus s'établir dans l'Arabie-Pétrée, après avoir quitté leur pays 3. Leur langue, qui semble n'être autre chose que la langue baby

'Le Mémoire de M. Étienne Quatremère sur les Nabatéens a paru dans le Journal asiatique, t. xv, no de janvier, février et mars 1835.

'Nous empruntons les paroles mêmes de l'auteur. Journ. asial. xv, p. 112. 3 Cette époque ne serait-elle pas celle de la conquête de la Babylonie par les Chaldéens? A cette occasion, une partie des Babyloniens ont-ils pu abandonner leur patrie, et poussés par l'invasion, venir fonder Pétra? C'est une conjecture que nous soumettons au savant académicien.

Note du rédacteur du Journal de l'instruction publique.

lonienne, possédait une littérature et avait produit plusieurs ouvrages sur l'économie domestique et agricole, qui se sont conservés jusqu'à nous dans des traductions arabes. Du reste, cette ville, que les voyages récens de M. Léon de Laborde nous ont fait connaître avec plus de détails, n'a sur ses ruines, dans le style et les ornemens de ses édifices taillés dans le roc, aucune trace de son origine babylonienne. Elle avait été, pendant toute l'antiquité, le lieu de repos des caravanes de l'Arabie, l'entrepôt du commerce entre l'Inde et l'Europe, et la civilisation grecque et romaine, à force de passer et de repasser dans les murs de Pétra, y a laissé son empreinte : c'est une ville de l'Occident d'une construction en quelque sorte souterraine. Dans ce désert mouvant, Pétra est le seul monument indestructible de la présence et du génie de l'homme; tout à l'entour est muet et inanimé ; les souvenirs de l'histoire eux-mêmes s'attachent aux accidens de terrain, aux productions de la nature; le seul monument est le Mont-Nebo, où Moïse mourant aperçut la terre promise, que ses pieds ne devaient pas toucher. (Voir la note L). (Voir la 7° leçon au no 65 ci-après, p. 365).

Note A. Si M. Raoul-Rochette, traitant des antiquités de l'Asie, y avait compris celles de l'Inde et de la Chine, il eût pu, dans ce dernier pays spécialement, se faire une idée exacte de l'architecture babylonienne.

Qu'on lise les descriptions de Pékin, et des autres grandes villes de la Chine, et on y verra tout ce qui constituait le luxe et l'éclat de Babylone: Des enceintes de murs énormes, et construits en briques séchées au soleil, ou cuites au feu; des villes carrées et orientées exactement comme l'étaient celles de la Babylonie : des tours à plusieurs étages, de vastes ponts, des canaux artificiels : et comme on parle encore le persan en ce moment même dans la Petite-Bucharie, c'est-à-dire à la porte du Céleste-Empire, il est évident qu'à la ruine de l'Empire d'Assyrie, à la destruction de Babylone, des colonies chaldéennes, sont venues en ces contrées rebâtir de nouvelles villes de géans comme celles que ces hommes avaient été contraints d'abandonner. On ne peut donc douter qu'ils n'y aient apporté, avec les procédés de leurs arts, leurs livres antiques, leur culte et leur civilisation.

Note B. Ce que dit ici M. Raoul-Rochette nous paraît inexact dans sa généralité; en effet, Pline nous dit que les Babyloniens écrivaient leurs observations astronomiques sur des briques, et l'on sait que Démocrite publia un ouvrage qui n'était que la traduction d'un Traité de morale tiré des Piliers de Babylone; il est donc certain que certaines salles devaient offrir des inscriptions sur briques, for

mant un sens suivi, un texte plus ou moins étendu; le résident Rich paraît lui-même avoir découvert une de ces salles à briques cuites au feu, et chargées d'inscriptions, nous dit-il.

Cet antique et sage usage d'écrire des sentences de morale et des préceptes de vertu sur les murs des édifices, et de tracer ces inscriptions en briques moulées à cet effet, existe encore sur les mosquées arabes et turques, dans toute la Babylonie; Nieburh nous donne plusieurs de ces inscriptions dans sa Description de l'Arabie.

Ce même usage se conserve encore en Chine; mais l'existence du Bambou y ayant donné lieu à des constructions plus légères, et la découverte du papier ayant été faite, ce sont de grands tableaux cn toile ou en papier encadré qui contiennent ces sentences tirées des Kings ou des livres sacrés, sentences qui ornent et les Miao ou temples des ancêtres des Tao-sse, et les lieux où on honore Confucius, et les maisons des lettrés, et même celles des simples particuliers.

Quant aux inscriptions qui entraient dans les joints des briques, et qui se trouvaient cachées, nous pensons qu'elles ne contenaient que certaines invocations mystiques, ou quelque talisman destiné à rendre les édifices où elles étaient enfouies, heureux et durables; en effet, des voyageurs ont cru remarquer que dans le même quartier de la ville, ces briques offraient toutes la même inscription hiéroglyphique ou la même invocation à l'Astre dominateur de cette partie de Babylone; les découvertes qui auront lieu dans cette écriture, nous diront au juste ce qu'il faut en penser,

Note C. Cet usage des tuiles et carreaux vernis pour les temples et les palais royaux, a été aussi transporté en Chine avec une foule d'autres arts babyloniens. Ces tuiles, ou carreaux vernissés, s'y nomment liéou-ly, c'est-à-dire, vitrifiés; car on nomme aussi liéou-ly, le verre opaque et celui des grains de verroterie.

Les manufactures de ces tuiles brillantes, qui donnent tant d'éclat au palais impérial, se trouvent dans les montagnes à l'ouest de Pékin; elles sont de couleur jaune, verte, violette, rouge ou bleue, et toutes très-pesantes, et leur effet sur les monumens est admirable, nous dit le P. Cibot, p. 369, t. XIII, du savant et intéressant recueil in-4o des Mémoires concernant les Chinois: ouvrage beaucoup trop peu con

sulté, et dont les étrangers apprécient plus que nous le haut mérite et la parfaite sagesse.

Note D. Nous croyons encore ici que le savant professeur a négligé la véritable explication de la statue allégorique vue en songe par Daniel.

Les métaux divers, comme les couleurs, répondaient dans l'antique système hiéroglyphique à des points spéciaux de l'horizon.

Le jaune ou l'or répondait au centre, ou à la tête; le vert à l'est; le rouge ou le cuivre, au sud ; le blanc à l'ouest; le noir ou le fer, au nord.

Ainsi ces métaux divers désignaient les quatre empires principaux, par leurs positions relativement à Babylone. Encore actuellement les villes du Tunquin, toutes orientées, offrent à l'est, une porte verte; au sud, une porte peinte en rouge; à l'ouest, une porte blanche; au nord, une porte noire; et ce système allégorique, qu'a entrevu M. Raoul-Rochette et qu'il a indiqué dans son cours, mais sans s'y arrêter suffisamment, lui eût expliqué, s'il en avait pénétré plus profondément le sens, pourquoi les quatre mers ont des noms de couleurs qui leur furent donnés, en raison de leur position géographique et de la situation qu'elles occupaient à partir de l'Assyrie comme centre.

La célèbre inscription de Sémiramis, conservée par Pollien, porte en effet que son empire s'étendait entre les quatre mers; locution qui a été emportée aussi de Babylone en Chine, mais qui là est absurde.

Les quatre mers, que citait Sémiramis, sont le golfe Persique, ou mer Verte des Arabes à l'est: le golfe Arabique, ou petite mer Rouge au sud, la Méditerranée que les Grecs et les Arabes nomment encore la mer Blanche, à l'ouest, et enfin le Pont-Euxin, ou mer Noire, au nord.

Ces noms ont été ensuite étendus aux mers de la Chine, des Indes, à l'Océan Atlantique et à l'Océan Ténébreux, puisque les Arabes nomment aussi la mer de la Chine, mer Verte, et que le nom de mer Erythrée ou Rouge, est celui de la mer des Indes dans tous les anciens auteurs.

Tous ces noms supposent également l'Assyrie et la Judée comme centre, et cette conséquence, on le sent, est de la plus haute importance pour l'explication de l'histoire des Assyriens et des Chinois.

Note E. Diodore nomme Stryangée, le gendre de Cyaxare, qui vainquit Zarine, reine de Scythes-Saces, en devint épris et l'épousa. Quand Hérodote parle du mariage d'Arienis avec Astyage, à la suite d'une guerre causée par les Scythes retirés en Syrie, il semble qu'il parle du même événement; Arienis, pouvant être Zarine, et Astyage, Stryangée car l'histoire de ces tems reculés est encore couverte de profonds nuages.

Note F.Un journal, en analysant cette leçon, a prétendu que la statue de Sardanapale se voyait encore à Ninive; mais il ignorait qu'il reste à peine quelques débris de cette ville si célèbre, située sur le Tigre, en face de Mossoul, ou de la ville qui nous a fourni en premier lieu les MOUSSELines des Indes, et leur a donné son nom : ces ruines de Ninive offrent seulement un oratoire ancien dédié au prophète Jonas.

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Note G. Il devient donc évident que Sésostris, qui n'est pas Sésac (comme le suppose Bossuet), a traversé la Judée et la Syrie, en allant conquérir l'Asie, l'Inde, et même la Chine, comme nous le dit Diodore; et si les livres saints ne nous parlent pas de ce passage du conquérant, c'est qu'il eut lieu à l'époque des Juges, époque où l'histoire des Juifs est fort tronquée et fort incomplète, et où sont signalées d'ailleurs des périodes d'esclavage. (Note de M. de P.)

<< Dans une lettre insérée dans les Annales', M. Athanase Coquerel a traité fort au long cette question historique. Sésostris aurait été contemporain de Moïse, et ses conquêtes auraient eu lieu pendant que les Israélites étaient dans le désert; on conçoit alors pourquoi l'histoire des Juifs n'en fait pas mention. Nous devons ajouter cependant que, par une lettre récente, M. Coquerel nous avertit que plusieurs nouvelles découvertes ayant été faites depuis dans l'histoire égyptienne; la liste et le règne des rois ayant été changés, un nouveau travail est à faire sur l'accord de l'histoire des Juifs et de celle des Egyptiens; il se propose de faire ce travail lorsque les dessins apportés par M. Champollion de l'Égypte auront été publiés : il est fâcheux que cette publication se fasse si lentement, et surtout qu'elle soit faite

Voir le n° 27 tome v, p. 176.

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