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I

le sacrificateur qui leur touche le front avec un couteau teint du sang des victimes, on leur essuie aussitôt cette marque avec de la laine imbibée de lait, et ils se mettent à rire aux éclats. Le sacrifice terminé, on découpe en courroies les peaux des victimes; les assistans, le corps frotté d'huile, nus, et n'ayant qu'une ceinture de peau de chèvre au milieu du corps, s'emparent de ces lanières, et vont se répandre par toute la ville et les champs des environs, frappant à droite et à gauche, avec ces bandes de peaux 3, la foule qui s'ouvre sur leur passage. Les femmes recherchent ce flagellement, et courent même au-devant des Luperques 5, leur tendent les mains pour qu'ils les frappent, parce qu'elles s'imaginent que ces coups rendent fécondes. les épouses stériles 7, et procurent une heureuse délivrance à celles qui sont enceintes ".

» Je n'ai jamais vu de procession causer autant de tumulte que celle des Lupercales. Dans tous les endroits où elle passe, le bruit des fouets, les cris et les éclats de rire de la foule, les aboiemens des chiens, ameutés par le singulier costume des dévôts promeneurs, les chants que les Luperques répètent en l'honneur de Pan, font retentir au loin les échos d'alentour. Les bandes sont fort nombreuses; car aux deux colléges de Luperques, conduits par leurs chefs se joignent quantité de jeunes gens de bonne famille ", appartenant pour la plupart à l'ordre équestre 13, et aussi des personnages revêtus des premières magistratures et qui n'hésitent pas à prendre une part active à cette fête, regardée comme une cérémonie purificatoire de la ville 5.

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Enfin les Galles étaient des malheureux que l'on mutilait, en leur

Plut. Romul. 33. - Quest. rom. 68.

111. - V. Max. 1. 2. 9.

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XLIII. 1.

Ov. Fast. II. v. 32.

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3 Plut. Id. Ibid. Cæsar. 79.

Id. Cæsar. Id.

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Justin,

9 Id.. Tb -Quest, rom. 68.
10 Tit. Liv. 1. 5.

Dion. XLVI. p. 337.

12 Plut. Romul. 32.—Antoi 16.

13 V. Max. 11. 2. 9.

14 Plut. Antoi. 16.- Cæs. 79.

15 Ov. Fast, II. v. 32. -- Var. Lingua

Juv. Satyra v. latina, V. p. 46. Plut. Romul. 33. —

- Plut. Id. Ib.

7 Juv.
Plut. Id. Ib.

Numa, 31.-Quest, rom. 68. - Censor. de die natali. 22.

enlevant les signes de leur virilité, et qui étaient consacrés au culte spécial de Cybèle. Quant aux Titiens, ils étaient chargés de conserver les rites sacrés des Sabins.

Tels étaient les différens prêtres attachés à Rome au culte des dieux, et formant ce vieux colosse que la religion chrétienne commençait à saper en ce moment, et qu'elle devait renverser après avoir réveillé et assouvi toute sa rage pendant 300 ans.

Nous publierons dans un autre article une lettre fort curieuse sur les Vestales et leurs fonctions; mais déjà les citations que nous venons de faire, mieux que toutes nos paroles, font connaître comment procède M. Dezobry, et recommandent son ouvrage. On voit que c'est un véritable travail de recherches et d'érudition; on peut cependant lui faire le reproche de n'avoir pas tiré tout le parti possible de la forme dramatique qu'il avait promis de lui donner; son livre ressemble plus à un traité qu'à un recueil de lettres; Camulogène n'est pas assez mis en action; mais si le livre perd en agrément, il ne perd pas en utilité. D'ailleurs, plusieurs scènes sont bien amenées. Nous citerons le jugement de Milon pour le meurtre de Clodius, le récit d'une visite à Cicéron dans sa maison de Tusculum, la mort d'Auguste, le triomphe de Pompée et de Jules-César, les jeux du cirque, etc. Nous devons ajouter que ce qui augmente le prix de ce livre, en facilitant les moyens de s'en servir, c'est une excellente Table des matières, selon la bonne manière des auteurs des 16o et 17° siècles, manière oubliée ou négligée par les auteurs plus récens. Nous finirons par une dernière observation, c'est qu'il nous a paru que M. Dezobry a complétement oublié de nous parler du système de calcul employé chez les Romains, et de la manière dont ils se servaient des lettres à cet effet. Ces détails auraient dû trouver leur place après leur calendrier ou système de numération du tems. C'est une lacune à remplir dans une seconde édition; car c'est un de ces ouvrages auxquels on peut prédire une seconde édition, j'entends une seconde édition véritable.

A. BONNETTY,

De la Société Asiatique de Paris.

(Voir le 2o art. au no 65 ci-après, p. 377.)

Bibliographie.

YSTOIRE DE LI NORMAND, el Chronique de Robert Viscart, par Aimé, moine du Mont-Cassin. Un beau vol. in-8°, publié par la société de l'Hisloire de France, annoté par M. Champollion-Figeac.

L'origine du premier manuscrit paraît remonter aux années 1078 et 1086; longtems on l'avait cru perdu, et on regrettait ses récits qui s'arrêtent à Richard, mort en 1078. L'auteur était un moine de Mont-Cassin, qui né, à Salerne en Campanie, est mort en 1093. Cette histoire, divisée en huit livres, partagés chacun en chapitres, a été écrite en latin; le manuscrit imprimé actuellement n'est qu'une version. Les premiers chapitres retracent les exploits des Normands de Nora, leurs émigrations déterminées par les misères d'une population toujours croissante, leurs incursions le long des côtes d'Italie, d'Espagne, de Sicile, la délivrance soudaine de la ville de Salerne par leur courage, leur établissement en Sicile. La chronique de Viscart continue le récit. Les deux manuscrits sont publiés pour la première fois d'après un manuscrit du 13° siècle, appartenant à la bibliothèque royale.

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DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MONGOLE. Le professeur Schmidt vient de mettre la dernière main au grand trarail qu'il entreprit d'abord sur l'invitation de l'empereur de Russie; ce livre sera publié à Saint-Pétersbourg avant la fin de 1835. La langue et la littérature mongoles sont devenues un objet d'étude en Russie, tant à cause des nombreuses tribus mongoles qui sont soumises à l'empire, que par suite des grandes recherches dont s'occupent plusieurs auteurs, touchant la connexion qui lie les tribus slaves et asiatiques regardées pendant plusieurs siècles comme des races distinctes.

-- OUPANICHATS, THÉOLOGIE DES VEDAS, texte sanscrit et commenté par San-Kâra, traduit en français par L. Poley; Kathaka Oupanichat, à Paris, chez Heydeloff et Campé, rue Vivienne, no 16. L'ouvrage sera composé de 20 livraisons de 5 feuilles, chacune grand in-4o, paraissant par mois; le prix de chaque livraison, traduction comprise, est de 5 francs.

LEXICON EGYPTIACO-LATINUM, dictionnaire égyptien-latin, par Henry Tattam 1 vol. in-8, à Paris, chez Bennis.

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HISTOIRE DU SAINT-SIMONISME

ET DU RETOUR AU CHRISTIANISME D'UN ST.-SIMONIEN.

Deux Saint-Simoniens.

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Premier Article.

Saint-Simon.

Producteur et ses rédacteurs.

ganisateur et ses rédacteurs.

Enfantin. Leurs principes.

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- Sa vie.-M. Auguste Comte.- Le Leurs principes. Leurs divisions. L'OrEglise saint-simonienne à Marseille. - Bazard. La perfectibilité humaine. Leur mission

comparée à celle du Christ. Leurs doctrines sur la femme. Communion. - Mariage. Inhumation.

Présomption.

Cérémonies.

Par une matinée du mois de septembre 1832, je traversais le marché Saint-Honoré, lorsque je vis un grand nombre de femmes et d'enfans groupés autour de deux jeunes gens, qui attiraient cette foule par la singularité de leur costume. Ils portaient, sur des pantalons blancs, une espèce de rédingote bleue, sans collet, fort courte, très-ouverte sur la poitrine, et resserrée autour des reins par une ceinture de cuir, que fermait une boucle de cuivre. Les revers de la rédingote, très-dégagés, laissaient voir une tunique, ou plutôt un gilet blanc, sans ouverture sur le devant, et sur lequel leurs noms étaient brodés, en grandes lettres rouges. Leurs cheveux partagés sur le front, à la Nazaréenne, retombaient en boucles majestueuses sur leurs épaules nues, ou couvertes d'une écharpe rouge. Une longue barbe, divisée en deux pointes, ombrageait leur menton; leur tête était nue; mais ils tenaient sous leur bras une espèce de bonnet grec destiné à la couvrir. Le peuple se groupait autour d'eux, les uns riant, les autres les interrogeant, quelques-uns les injuriant. Eux, d'une figure calme,

TOME XI. N° 64. 1835. 2e éditiou, 1846

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marchandaient d'une voix douce et grave, des légumes, des pommes de terre, des fruits... C'étaient deux SAINT-SIMONIENS.

Les Annales ont à se reprocher de ne pas avoir parlé de cette secte, qui a fait un peu de bruit, puis est morte sous nos yeux. Ayant reçu tout récemment un ouvrage, où l'un de ces jeunes gens raconte comment il laissa son esprit s'éblouir de ces erreurs, et comment il en sortit pour revenir au Christianisme 1, nous essayerons, en rendant compte de ce livre et de cette conversion, de donner sur cette secte et sur les hommes qui en ont fait partie, des détails qui n'ont été rassemblés nulle part; nos lecteurs seront ainsi parfaitement au courant de quelques faits qui se lient à l'histoire des combats du Christianisme pendant les dernières années.

M. le comte Henri de Saint-Simon, chef des Saint-Simoniens, était de la famille du célèbre duc de Saint-Simon, connu par ses Mémoires. Comme son aïeul, il tenait singulièrement à la noblesse de sa famille, qu'il soutenait descendre de Charlemagne, selon que l'ont dit plus d'une fois ses disciples. Dans sa jeunesse il suivit la carrière des armes, et fut un de ceux qui, avec Lafayette, allèrent défendre l'indépendance américaine. Revenu en France, après les troubles politiques, il se livra à diverses spéculations sur le papier-monnaie. Ses affaires n'ayant pas réussi, il tomba dans la misère, puis dans le désespoir, et tenta de se suicider le 9 mars 1823, mais sa blessure ne fut pas mortelle. Alors il se mit à composer différens ouvrages sur la politique, la morale et l'industrie. Autour de lui se groupèrent quelques jeunes gens, auxquels il faisait part de ses idées ; parmi eux nous citerons les noms d'Aug. Thierry 2, d'Auguste Comte, d'Olinde Rodrigues, de Léon Hallevy 3.

3

2

1 Retour au Christianisme de la part d'un Saint-Simonien, par Alphonse Dory, avocat. Vol in-8°, chez Dentu, libraire. Prix, 3 fr. 50 cent.

2 Il se qualifie de fils adoptif de Saint-Simon dans l'Industrie, t. 1, 2o partie. 3 Voir Supplément à la Biographie de Michaud.

Voici la liste des ouvrages de Saint-Simon:

Lettre d'un habitant de Genève à ses contemporains, in-12, 1802; — Introduction aux travaux scientifiques du dix-neuvième siècle, de concert avec M. A. Thierry, 2 vol. in-4o, 1808; — Lettres à l'Institut et au Bureau des Longitudes, 1808; Nouvelle Encyclopédie, 1810; · Mémoire sur la science de l'homme,

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1811.- Mémoire sur la gravitation, 1811. — Mémoire introductif sur la contestation avec M. de Redern, 1812. Lettre à M. Comte et Dunoyer, 1$14.

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