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Les sciences, la magistrature, le barreau, le commerce, les grandes fortunes territoriales, ont offert leurs prémices. Chaque profession honorable a ses représentans auprès des autels. Une seule, née, pour ainsi dire, avec le siècle, dont le siècle se glorifie, et qui est appelée à exercer sur lui une influence encore inappréciable, manquait à l'appel. Le journalisme faisait défaut : si des prêtres n'avaient pas craint de descendre au rang de journaliste, on n'avait point encore vu de journaliste devenir prêtre : cette lacune vient d'être remplie avec éclat. Un homme, qui doit en très-grande partie sa fortune et sa célébrité à la rédaction d'une des feuilles politiques les plus répandues et les plus influentes, vient de quitter la route qui aboutissait de toutes parts à l'illustration et aux grandeurs mondaines, pour embrasser l'état ecclésiastique. Encore un puissant auxiliaire, qui apporte à la défense de notre sainte cause un beau talent, un nom distingué, une grande influence; et, ce qui vaut mille fois mieux, une ardente foi, et ce courage qui fait renoncer aux jouissances terrestres, pour se dévouer au service de ses frères! Il y a cela de particulier dans ce fait, que ce n'est pas le Clergé qui entre dans la politique, mais la politique qui va au Clergé. Car, comme l'a dit un évêque, en parlant de M. de Genoude, son entrée dans les ordres est une vocation dans une vocation.

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Nous avons déjà parlé avec détail, dans un précédent numéro, de cette noble démarche de M. de Genoude, de ses projets pour la gloire de la Religion, de la maison de hautes études qu'il se propose de former dans son château de Plessis-les-Tournelles, et des diverses grandes entreprises qui se préparent sous ses auspices. Dès ce jour, une partie de ses promesses est accomplie. La publication de la Raison du Christianisme se poursuit avec une constance et une rapidité dignes de tout éloge. Pour donner une juste idée de l'importance de cet ouvrage, nous ne saurions rien faire de mieux que de nous placer au point de vue de celui qui en a conçu l'idée, en citant quelques fragmens de la préface si remarquable, placée en tête du premier volume. Après un coup d'œil jeté sur le combat intellectuel qui se livre,

' Voir le no 52, t. 1x, p. 395 et suiv. Voir aussi ce que nous avons dit de l'ouvrage que nous analysons ici, dans le n° 47, t. vin, p. 403 des Annales.

depuis la Réforme, pour et contre le Christianisme, après avoir prouvé que toutes les chances de la lutte tournent au profit de nos croyances, l'auteur appelle ainsi le 19e siècle à recueillir le fruit de l'expérience de ses devanciers,

« C'est au 19e siècle à recueillir les fruits de ces immenses travaux, et à se les rendre propres. C'est pour lui que les plus grands esprits des deux communions auront livré tant de combats; et les préventions qui ont maintenu cette lutte sont si complétement évanouies, qu'on ne saurait expliquer la continuité et l'ardeur de ces efforts, sans le but d'utilité qui se révèle maintenant, puisque ce grand combat a fait briller d'un plus vif éclat le flambeau de la religion, allumé en Europe, afin qu'il fût vu du monde entier.

» Nous arrivons à une grande époque, celle où la civilisation qui, depuis 300 ans, a été en controverse, va se développer de nouveau; car cette controverse, après avoir porté sur tous les points qui intéres sent l'existence de l'homme, est maintenant épuisée. Le débat est clos, et le siècle délibère.

» Le moment approche donc où la vérité va triompher, et acquérir enfin, pour les hommes, force de chose jugée.

» Tous les articles du Symbole ont été, depuis 300 ans, attaqués et niés, et tous ont été défendus et rétablis. Les réponses à toutes les objections existent donc, et il est impossible aujourd'hui de trouver un argument contre le Christianisme, qui n'ait pas été détruit par les plus grands génies de notre Europe, qui est la gloire de l'humanité. Les bibliothèques contiennent maintenant tout ce qu'il faut pour rétablir l'édifice des croyances chrétiennes. On peut, pour ainsi dire, appuyer le Symbole de Nicée sur la déclaration des plus grands génies de l'Univers.

>> Le Protestantisme et le Philosophisme, depuis trois cents ans, en voulant arracher le flambeau de la Foi des mains de l'Église catholique, l'ont donc fait, comme nous venons de le dire, briller d'un plus vif éclat. Il était donné à cette époque de voir toutes les erreurs s'associer pour combattre le Christianisme; le Socinianisme et le Matérialisme, la négation de la divinité de Jésus Christ, et de l'existence du Créateur de l'univers, auront été le terme des erreurs des trois derniers siècles.

» Mais au milieu de ces attaques, tous les points fondamentaux dų

Catholicisme auront été mis hors de contestation, non par les efforts individuels des esprits qui ont pris part à la lutte, mais par l'ensemble de ces efforts; en sorte qu'on peut établir la démonstration complète du Symbole, en recueillant dans les écrivains protestans et catholiques les points qu'ils ont le mieux développés; c'est donc la vérité qui triomphe par elle-même, et aucun homme ne peut s'en attribuer la gloire. On comprend aujourd'hui le mot de saint Paul : oportet et hæreses esse. S'il n'y avait pas eu erreur, il n'y aurait pas eu controverse, et par conséquent nécessité de mettre en lumière les points sur lesquels le doute cherchait à se fortifier.....

» L'ouvrage que nous offrons au public a pour but de manifester tous ces témoignages rendus par ces grands génies à la vérité du Christianisme, afin de hâter le moment prédit par les Apôtres, où tous les peuples de la terre, après avoir reconnu l'unité de Dieu, confesse. ront la divinité de Jésus-Christ.

» C'est à l'aide de ces travaux, qui ajoutent la puissance de l'esprit à la puissance des traditions, que le 19° siècle peut arriver à connaître enfin d'une manière incontestable tous les points de la foi religieuse, qui ont leur source dans une volonté supérieure à l'homme, et qui ne soumettent pas moins le prêtre que le fidèle, le pasteur que le troupeau.

» Ainsi, dans les voies religieuses, l'homme ne peut plus être subordonné à l'homme, les abus sont impossibles; et de même que dans l'ordre civil, lorsque le code est connu, le magistrat ne peut supposer une autre loi, ou juger selon sa volonté; de même, quand le 19° siècle saura distinguer ce qui est dogme ou vérité révélée, de ce qui n'est qu'opinion, la domination de la vérité s'étendra sur tous les esprits '. >>

Ce qu'on vient de lire nous dispense, croyons-nous, de tout éloge et de tout détail prolongé. Nous nous contenterons d'une remarque qui double le prix de cette collection, c'est que plusieurs des morceaux dont elle se compose paraissent pour la première fois dans notre langue; on les chercherait vainement dans les éditions que les philosophes du dernier siècle donnèrent des œuvres de leurs prédécesseurs, ou de leurs contemporains étrangers à la France; ils

' Raison du Christianisme, préface, p. x et suiv.

eurent soin auparavant de faire disparaître, sinon de falsifier, tout ce qui pouvait servir à constater les croyances religieuses de ces hommes illustres. Il serait vraiment impossible, sans sortir des bornes qui nous sont imposées, d'énumérer seulement tous les morceaux importans que renferment les premiers volumes de la Raison du Christianisme; d'ailleurs, les plus grands fruits de cette publication seront peut-êtredus à la puissance des noms sur lesquels elle s'appuie, et que nous croyons devoir indiquer, afin qu'on apprécie bien toute la profondeur des recherches, et tous les travaux qu'a coûtés ce grand ouvrage.

Les huit premiers volumes de la Raison du Christianisme, qui ont déjà paru, renferment des fragmens de Bacon, Newton, Clarke, Leibnitz, Euler, Descartes, Arnauld, Nicole, Grotius, Erskine, Butler, Locke, Addisson, Pascal, Kant, Cuvier, Malebranche, Fénelon, Goëthe, Haller, Sherlock, Littleton, Keppler, Gassendi, Bossuet, Labruyère, l'Hospital, d'Aguesseau, Lardner, Young, Bonnet, Bourdaloue, Massillon, J. Racine, Fontenelle, Corneille, Jaqueiot, Deluc, Duvoisin, Schlégel, Milton, Pope, Dante, William Paley, Tillotson, William-Jones, Herder, Starck, Beattie, Seed, Cardinal Gerdil, Fermat, Pelisson, Fléchier, Rollin, Vauvenargues, Fleury, SaintRéal, Condillac, L. Racine, Lamotte, Lefranc de Pompignan, Saurin, Wolf, Klopstock, Michaëlis, Muller, Wiéland.

Le 9 tome, qui vient de paraître, comprend : Portalis, Domat, Mably. Thomas, Marmontel, Guénée, Jennings, Leslie, Léland, lord Fitz-William, Gilbert West, Sumner et Shakespeare.

Le 10 comprendra Montaigne et Raymond de Sebonde, Montesquieu, Beauzée, Bernis, Laharpe, Bergier, La Luzerne, de Maistre, Turgot, Necker, Dilton, Fabricy, Werner, Fichte, Jacobi, Schiller.

Les aveux de Bayle, Voltaire, Rousseau, Diderot, etc., etc., compléteront cet ouvrage, que terminera un résumé de M. de Genoude. Nous espérons pouvoir en parler quand les derniers volumes auront paru.

Remarquons, en finissant, que cette liste est la démonstration d'un fait qui aurait semblé naguère un paradoxe insoutenable; c'est que le Christianisme a, depuis son établissement, dans toutes les époques, aux 17o et 18e siècles, comme avant ou après, rallié les plus hautes puissances rationnelles du genre humain.

C.

Beaux-Arts.

TABLEAU HISTORIQUE

DE L'INFLUENCE DES PAPES SUR LES BEAUX-ARTS,

DEPUIS LE IV SIÈCLE JUSQU'A NOS JOURS.

INDEX DES DIFFÉRENS OBJETS D'ART CHRÉTIEN.

Deuxième Article.

Du Liber pontificalis d'Anastase le Bibliothécaire.

teur. Importance de l'ouvrage.

Recherches sur l'au

Ses principales éditions. Extraits du texte. Index des noms latins des différents objets d'art ayant servi au Culte chrétien.

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Dans un premier article', où nous avons essayé de faire connaître quelle a été l'influence des papes sur les beaux-arts pendant les neuf premiers siècles, nous avons cité plusieurs fois le Liber pontificalis. Ce livre étant, pour ainsi dire, contemporain des faits dout parle son auteur, et étant celui, de tous les livres de liturgie, qui renferme les notions les plus détaillées comme les plus authentiques sur tous les ouvrages d'architecture, sculpture et peinture, exécutés pour l'ornement et la pompe du culte catholique, par ordre des souverains pontifes, ou à leur instigation, nous avons cru qu'il convenait aux Annales de le faire connaître à leurs lecteurs, d'autant plus que, hors de l'Italie, il est d'un usage rare, et son auteur peu connu. L'opinion la plus généralement reçue parmi les savans est que le Liber pontificalis a été rédigé par Anastase, dit le Bibliothécaire', mort vers la fin du 9e siècle 3.

Quel que soit le véritable auteur de ce livre, on peut toujours le

Voir le n° 59 des Annales, tom. x, p. 347.

* Confondu à tort par quelques auteurs, avec Guillaume, également bibliothécaire du Vatican, mais trois siècles plus tard qu'Anastase.

F. Salmon, bibliothécaire de Sorbonne, dans son traité de l'étude des

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