Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

C'est qu'aussi il n'est pas vrai que les destinées de l'humanité soient une énigme à la recherche de laquelle les femmes ou les hommes doivent être appelés. C'est là l'erreur capitale de Mlle Mazure et de notre époque. Les destinées de l'humanité sont très-nettement et très-précisément fixées et prédites par le Christianisme. Il n'y a plus rien à chercher ou à inventer. Les nouvelles théories n'amèneraient que de nouvelles ténèbres et ne feraient qu'aumenter le chaos.

Sans doute, de grands travaux sont entrepris, de nombreuses découvertes ont été faites et restent à faire, et les femmes doivent y participer; mais, ces études, ces découvertes, sont toutes positives, ayant d'un côté pour objet les recherches historiques et les traditions de l'humanité, de l'autre, les sciences naturelles et les observations exactes. A Dieu ne plaise que je veuille repousser aucune femme de ces travaux ; qu'elles en prennent selon leur goût ou leur puissance; seulement, je ferai observer à Mademoiselle Mazure, que rechercher les antiques croyances de l'humanité à travers les obscurités de ses vieilles langues, refaire la science surannée et mensongère du 18° siècle, cela est un peu plus difficile que d'être l'écho d'une de ces voix qui ne font que mourir et renaître au cœur isolé; mais aussi, il faudra qu'elle convienne que cela est un peu plus utile que de nous apprendre ce qui leur fait mal dans l'état actuel de la société.

Or, propager les découvertes obtenues, et populariser l'amélioration des sciences, faire pénétrer dans la famille et dans l'éducation première des enfans les idées plus chrétiennes qui commencent à dominer dans les esprits élevés, voilà ce qui me paraît être la mission des femmes, mission glorieuse, utile, et que je ne crois, ni au-dessus de leur portée, ni au-dessous de leur mérite. Tout ce qui tendra à ce but devra être bien reçu et encou ragé. Une école normale dirigée dans ce sens, serait un véritable service rendu non-seulement aux institutrices, mais encore à l'éducation de toutes les jeunes personnes. J'ai entendu dire que ce projet avait été préparé l'année dernière par un prêtre, homme d'un zèle ardent et d'une foi profonde. Je suis fâché qu'il n'ait pu le mettre à exécution. Cependant, le progrès dont je parle ici est tellement naturel et nécessaire à notre époque, que je n'hésite pas à dire que sans

école normale il aura lieu; bien plus, il s'opère même tous les jours, par l'effet de l'amélioration générale des études.

Il est impossible que la femme elle-même ne participe pas à ce progrès. La femme, se modèle essentiellement sur l'homme. L'épouse apprend de son mari, la fille du père, la sœur du frère; car, s'il est un enseignement que l'on puisse appeler mutuel, c'est essentiellement celui de la femme, admise comme elle est à toutes nos conversations et à toutes nos lectures. Or, c'est là le véritable enseignement, celui qui tôt ou tard ne peut manquer son effet. C'est là le progrès infaillible, auquel la femme participe, sans peine, sans prétention, sans presque qu'elle s'en doute, et quelquefois sans qu'il y paraisse aux yeux du vulgaire observateur. Or, cet enseignement fait chaque jour de nouveaux progrès, et, n'en déplaise à Mlle Mazure, je puis lui assurer que celles qui y participent ne cessent pas pour cela d'être aimables et ne courent aucun risque de ne pas être aimées. En preuve de ce que j'avance ici, je ne connais pas assez Mlle Mazure pour qu'il me soit permis de lui adresser le mot de Crillon à Henri IV; mais je puis insinuer d'abord que lorsqu'elle fait cette abdication au nom de toutes, ses pouvoirs sont loin d'être réguliers, ou du moins qu'elle fait comme certains mandataires, qu'elle les dépasse de beaucoup. Grâces à Dieu, il existe bon nombre de femmes, et de jeunes personnes, qui ont de l'instruction et de la science plus qu'il n'en faut pour être femmesauteurs, et qui n'ont perdu pour cela aucune des grâces du visage ou aucun des agrémens de l'esprit.

En effet, dans le cercle étroit du monde que je fréquente, je puis dire que je connais un bon nombre de mères de famille faisant ellesmêmes l'éducation de leurs filles, leur communiquant ce qu'elles savent, s'instruisant de ce qu'elles ne savent pas, appelant à leur secours des auxiliaires étrangers pour ce qu'elles ne peuvent savoir; mais dirigeant, surveillant, préparant toute l'éducation de leurs filles, les encourageant ou les modérant, comme jadis lorsqu'il s'agissait de soutenir leurs pas chancelans, et de former à la vie leurs membres frêles et délicats: véritables mères à qui leurs filles doivent une seconde vie, la vie de l'esprit !

Ce n'est pas assez : j'ai connu et je connais encore des mères qui s'occupent avec autant de soin et de succès de l'éducation de leurs

fils ayant appris ce qu'il fallait des langues vivantes et mortes pour en formuler les élémens à leur jeune intelligence, ce qu'il fallait de leurs études pour leur être des répétiteurs fidèles, plus fidèles qu'au◄ cun de ceux qu'on place près d'eux dans les colléges. Oh! heureuse mère, je vous ai vue, orgueilleuse et fière, déposer au sein de la première école scientifique du monde, l'école polytechnique, un fils qui n'était pas sorti de vos mains. Soyez en sûre, un tel jeune homme ne faillira ni à la science ni à la foi, ni à Dieu ni aux hommes. Oui, voilà ce que j'appelle un véritable progrès dans l'éducation et les habitudes des femmes. Voilà ce qui doit être le véritable but de leurs études intellectuelles. C'est ainsi qu'elles feront une véritable révolution, une révolution vraiment glorieuse dans la famille, et, par elle, dans les états et dans les mœurs. Je ne crois pas que Mlle Mazure ou aucune autre aient à se plaindre de cette destinée nouvelle qui leur est acquise, et qu'elles rempliront tôt ou tard. Or, cela vaut un peu mieux que les ingrates spéculations de l'esprit ou du cœur, spéculations où se perdent tous les jours les jeunes gens aux intentions les plus droites et aux talents les plus distingués.

Et cependant loin de moi de vouloir blâmer toutes les femmes qui écrivent; loin de décourager celles qui veulent ou peuvent écrire. J'en conviens, c'est là une belle et royale occupation, et je ne suis pas étonné de voir s'y consacrer celles surtout à qui leur fortune a fait de longs loisirs, et celles qui aiment le travail, la solitude et la réflexion. Oh! je serai le premier à applaudir à leurs travaux, soit que s'attachant à montrer combien la vertu vaut mieux que la prospérité, ou combien le repentir peut racheter de fautes, comme dans Thomas Morus, ou Henri Percy, elles signent magnifiquement PRINCESSE DE CRAON, soient qu'elles préfèrent cacher un nom très-connu dans la magistrature, tout en semant de bonnes pensées et de bons exemples, dans Eudolie ou la jeune malade, Zoé ou la femme coquette, Roseline ou la nécessité de la religion pour le bonheur de la femme.

Ainsi, que Mlle Mazure comprenne bien ma pensée : écrire pour le public, devenir femme-auteur, cela peut être bon ou blâmable, convenable ou inconsidéré, selon la position, le goût, ou le devoir des femmes; mais cela ne doit jamais être le but direct et principal de

leurs études ou de leur éducation. Mais étudier pour se rendre dignes de surveiller l'éducation de leurs enfans, étudier pour remplir les vides de l'esprit ou du cœur, qui se trouvent toujours dans la vie d'une femme, travailler pour remporter une espèce de victoire sur l'ennui de la vie, et faire une conquête sur les futilités qui occupent les femmes ordinaires; étudier pour participer aux nouvelles connaissances que Dieu laisse tous les jours resplendir dans le domaine de la vérité, étudier pour mieux connaître la religion, étudier, en un mot, pour se préparer une espèce de printems dans l'automne ou l'hiver de ses jours, c'est-à-dire une autre jeunesse à l'abri des rides du tems et des ravages de la maladie,-- la fraîche jeunesse d'un esprit qui renaît et fleurit tous les jours dans l'inépuisable fécondité de la science, et la virginale nouveauté de l'étude ; voilà ce que j'approuve et ce que je loue, et heureuse celle qui s'est préparée, en son foyer, comme un banquet splendide où elle pourra s'asseoir, à son plaisir, tous les jours de sa vie!

Mais je mne hâte de finir, car je crains déjà qu'on ne m'accuse de faire comme la femme St - Simonienne, c'est-à-dire, de vouloir révéler les futures destinées de la femme, honneur que je décline, tout en persistant dans mon dire actuel, que je signe courageusement :

(****)

Travaux scientifiques.

DE QUELQUES TRAVAUX HISTORIQUES

QUI SE FONT DANS L'INTÉRÊT DE LA RELIGION.

En parlant dans le compte rendu, inséré dans le dernier N° du tome X, de tous les travaux qui se font, et qui tous sont plus ou moins à l'avantage de nos doctrines, nous avons dit qu'il y en avait plusieurs que nous ignorions complètement. En effet, depuis la publication de cet article, nous avons eu connaissance de plusieurs autres travaux ; nous signalerons ici ceux qui sont sur le point de paraître.

Travaux des Bénédictins de Solesmes. Ainsi nous savons qu'il se fait un Cours d'antiquités Ecclésiastiques fort savant et fort étendu parmi les doctes prêtres qui, à Solesmes, ont commencé à renouer la chaîne des tems, en reprenant les travaux de ces écrivains qui ont rendu de si grands services à la religion et aux arts, et qui font la gloire de notre France. Nous croyons pouvoir assurer qué ces modestes savans qui faisaient de l'art et de la science pour eux-mêmes et pour leur instruction, pressés par les conseils des personnes auxquelles ils doivent déférence et respect, sont sur le point de publier leur Cours, non point en cahiers, mais sous la forme d'un ouvrage qui aura pour titre Origines Ecclésiastiques. Le premier volume, qui pourra être publié dans le courant de l'hiver prochain, traitera de l'Eglise Romaine'. L'ouvrage si intéressant que nous avons fait connaître à nos lecteurs (N° 61 ci-dessus, p. 33), le Liber pontificalis, y sera commenté tout entier et augmenté même pour les documens qui concernent les papes. Dans cette œuvre, faite sur un plan nouveau, on essaierait de faire entrer également et l'érudition bénédictine, et l'appréciation des mœurs, le progrès social, et tous les développemens des principes catholiques.

・ Cet ouvrage a paru sous le titre de Origines de l'Eglise romaine, vol. in-4°, 1836.

« VorigeDoorgaan »