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des effugia des sophistes ) n'est pas aussi excellente pour l'exposition de vérités qui veulent être senties autant que comprises, et nuit peut-être à l'élan de l'âme et à l'expansion religieuse ? On a beau revendiquer Bossuet pour la scholastique, ce n'est pas la forme péripatéticienne qui a dicté les Elévations sur les mystères, le Discours sur la vie cachée en Dicu, et les inimitables Sermons du grand homme. Bossuet a été éloquent plutôt malgré la scholastique, que par elle. La Cité de Dieu de S. Augustin, les pages philosophiques et dogmatiques qui abondent dans ses Confessions, les traits brûlans d'enthousiasme, de poésie et d'amour divin qui font de ses Soliloques un livre angélique, ne sentent nullement le syllogisme ni l'école. Qui ne sait que cette méthode, au moins dans ce qu'elle a d'exclusif, était peu agréable aux pères du 4° siècle, qui procédaient d'une manière bien autrement entraînante dans le développement des vérités religieuses ?

Toutefois, même dans l'exposition, elle a ses avantages. Elle ne franchit aucune idée intermédiaire, et par là elle convient aux esprits les plus lents, qu'une méthode plus oratoire éblouirait plus qu'elle n'instruirait peut-être. On ne saurait nier que l'enseignement doit se plier à tous les esprits; et ce ne sera pas nous, du reste, qui ferons aux élémens de théologie du Mans un crime de ce religieux respect pour une méthode approuvée par l'Eglise, et sanctionnée par une longue expérience.

L'ouvrage se divise en six volumes. L'auteur a pris soin de retrancher tout ce qui a cessé d'être pratique parmi nous, tel que le Traité des Bénéfices, etc. Mais ce qui donne plus de prix à son travail, ce qu'il y a de plus neuf, ce sont les traités si importans de la Religion et de l'Eglise, et ceux de la Justice et des Contrats, si avantageusement connus déjà depuis longues années.

Les deux premiers traités forment le premier volume. Distribués l'un et l'autre dans un ordre nouveau, ils se distinguent par un mérite éminent de méthode et de clarté. Abordant sans détours les questions les plus palpitantes d'actualité, l'auteur les domine. et les résout avec une grande supériorité de raison et d'évidence. Nous nous proposons d'apprécier ce premier volume dans un autre article; nous ne pouvons toutefois ne pas féliciter dès à présent les élèves des trois abrégés historiques dont le traité de

l'Eglise est enrichi. L'histoire du schisme honteux de 1791, et celle de l'opposition taquine et si inopportune des anti-concordataires sont déjà si oubliées de nos jours, qu'il était utile d'en offrir le précis à la jeunesse cléricale. Je ne connais rien de plus net que le tableau synoptique des conciles généraux, qui complète ces précieux abrégés.

Viennent, au tome second, les traités de la Foi, de la Trinité, de l'Incarnation, de la Grâce, etc. C'est une heureuse idée d'avoir disjoint des traités du Décalogue, de la Religion, et de l'Eglise, tout ce qui tient à la vertu de la foi, pour en disserter d'une manière spéciale. L'auteur a cru devoir réserver à son cours de Philosophie 1 le traité de Dieu. Nous le regrettons, car nous ne comprenons pas bien comment il est possible de parler de la SteTrinité sans parler de Dieu, de sa nature et de ses attributs. Pour un catholique il y a identité, connexion si étroite, entre l'une et l'autre, qu'il nous semble difficile de les diviser et d'en disserter à part. Il nous a également paru que le traité de la Grâce laissait à désirer plus de développemens sur la grande querelle du jansénisme et du quesnellisme. En général, cette insidieuse et hypocrite hérésie est mal connue et mal appréciée. Morte quant à la doctrine, elle est encore si vivace quant à son influence hostile et bassement perfide, qu'il n'est pas sans intérêt d'en suivre attentivement toutes les phases et les modifications infinies.

Les Sacremens en général, puis en particulier, achèvent de remplir le second volume, le troisième et une partie du quatrième. Nous aurions à signaler plus d'une amélioration dans le traité du Mariage, si nous ne nous étions imposé autre chose aujourd'hui qu'un exposé sommaire du plan de l'ouvrage. Nous espérons bien y revenir plus tard. Nous n'avons rien à dire des traités de la Justice et des Contrats. De nombreuses éditions, les emprunts qui leur ont été faits pour mettre d'autres théologies en harmonie avec la marche des esprits et les changemens de législation, prouvent assez depuis quinze ans leur supériorité sur tout ce qui avait précédemment paru en ce genre.

et

1 Cet ouvrage est sous presse chez le même libraire et paraîtra au mois de novembre prochain.

Répétons que la nouvelle théologie du Mans se recommande aux élèves des séminaires sous des titres bien précieux. Les questions dogmatiques et morales, les règles du droit canonique, dont la connaissance est si nécessaire à l'exercice du saint ministère; tout s'y développe avec cette sage mesure qui ne laisse aucune matière importante sans discussion, et s'accommode au tems que les séminaristes peuvent consacrer à l'étude de la religion. Et puis, quelle autorité n'impriment pas à ces leçons théologiques, de graves et profondes études, l'expérience de l'enseignement, l'exercice du saint ministère, et l'éclat d'une haute dignité dans l'Eglise ! »

Au reste, ce grand travail a déjà reçu le favorable accueil dont il est digne. La juste renommée de l'auteur, l'une des lumières de l'épiscopat français, l'un des prélats les plus zélés pour le perfectionnement des études cléricales, est une recommandation assez puissante, sans que son livre ait besoin de nos suffrages. Plusieurs séminaires l'ont déjà adopté, et nous les en félicitons sincèrement. Nous aimons à espérer que leur exemple sera imité ailleurs : la confiance qu'inspire la maison de librairie dont Mgr l'évêque du Mans a fait choix, est une garantie de plus du succès de cette première édition et de toutes celles qui pourront suivre.

L'abbé S. FOISSET.

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Poésie.

L'ANGÉLUS'.

A MON FILS.

Angelus Domini....

Mon fils, tu ne sais pas encore
Pourquoi la nuit succède au jour;
Pourquoi le jour, pressé d'éclore,
Se fait annoncer par l'aurore
A la nuit qu'il chasse à son tour.

Tu ne sais pas, dans la vallée,
Pourquoi descendent les ruisseaux;
Tu ne sais pas, dans notre allée,
Pourquoi la charmille est peuplée
De si jeuues petits oiseaux.

Tu ne sais pas pourquoi la mère
Leur porte à manger dans leurs nids :
Pourquoi le vent, comme un bon père,
Berce sur la branche légère
La mère et les pauvres petits;

Ni pourquoi revient l'hirondelle,
Ni pourquoi l'écho te répond,
Ni pourquoi la source est si belle,
Quand, sur sa nappe qui ruisselle,
La lune glisse et tremble au fond.

1 Cette pièce fait partie d'un Recueil de Poésies qui va bientôt paraître sous le titre de Feuilles du Siècle. Nous remercions l'auteur de la communication amicale qu'il a bien voulu nous en faire. Nous ajouterons que si tout le volume est rédigé avec l'esprit de foi et la grâce de langage, qui président à cette pièce, il peut être assuré de la sympathie de tous les Catholiques.

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