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Afin que tout spectre à l'abîme
Rentre, à l'étoile du matin,
Et que du jour l'astre sublime,
Comme il s'endormit, se ranime,
Salué d'un salut divin.

C'est, mon fils, que la sainte Mère
Du Dieu dont nous suivons la loi,
Est bonne et douce pour la terre,
Et garde au seuil qui la révère
Les enfans petits comme toi.

Aussi, quand le soir, au village,
L'Angelus tinte avec lenteur,
Enfant, tu signes ton visage,

Et, sans comprendre, à notre hommage
Tu veux joindre ton jeune cœur.

Tu ne sais pas qu'à la paupière
C'est du jour le touchant adieu;
Tu ne sais pas que la prière,
Pour revoir demain la lumière,
Monte à la Mère du bon Dieu.

Car c'est elle surtout qui veille Au chevet des petits enfans; Tandis que leur âme sommeille, Elle l'emporte, et la réveille Parmi des anges sourians.

Voilà pourquoi je lui demande,
Avec ta mère, chaque soir,
O mon fils! qu'elle nous entende,
Qu'elle te rapporte, et nous rende
Demain, le bonheur de nous voir.

Édouard DE Fleury.

Archéologie.

DESCRIPTION DES RUINES DE BABYLONE.

Premier Article.

Remparts.

But et utilité de l'étude des monumens babyloniens. Dix-huit lieues de ruines. Temple et Observatoire. Collines de ruines. Palais de Nemrod. - Tour de Babel. - Temple de Bélus. - Port et quais. Statues. Inscriptions cunéiformes. Les jardins suspendus. - Ur arbre contemporain. - Aspect général des ruines, comparé aux prophéties d'Isaïe.

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Comme nous l'avons promis dans notre article sur l'Écriture persépolitaine', nous allons en ce moment rendre compte du cours que M. Raoul-Rochette fait tous les mardis à la Bibliothèque-Royale, sur les monumens et antiquités de l'Asie. L'article auquel nous renvoyons nous a paru une introduction nécessaire à l'étude des monumens babyloniens dont nous allons retracer l'histoire d'après le savant professeur. Mieux que tous les autres lecteurs de ce cours, les abonnés des Annales pourront se former une idée nette du système d'écriture de ces peuples anciens, toutes les fois que l'on en parlera. L'analyse, que nous donnons ici est empruntée généralement aux journaux scientifiques qui en ont déjà rendu compte; mais nous avons ajouté quelques notes sur plusieurs assertions de M. Raoul-Rochette, qui sont contraires à l'opinion des rédacteurs des Annales; ces divergences ou ces inexactitudes n'empêchent pas qu'on ne puisse offrir ce tableau comme le plus remarquable et le plus complet qui ait été fait sur les découvertes récentes ayant rapport à l'ancienne histoire de l'Asie. On y verra l'autorité de la Bible et de nos prophètes reconnue et vengée, et quelques-uns des voiles qui couvrent la religion de ce pays levés en tout ou en partie. Cependant, nous devons faire observer que les découvertes que nous croyons être en droit d'attendre de l'avenir sont bien plus Voir le N° 60, tome x, p. 413 des Annales.

grandes et bien plus importantes que celles qui ont eu déjà lieu. Aussi nous ne donnons les détails actuels que comme devant servir de cannevas et de texte aux découvertes que l'expédition envoyée par l'Angleterre, sur l'Euphrate, est appelée à faire, et à tout ce que nous pourrons avoir à dire dans la suite, d'après les rapports de nouveaux voyageurs. Il est incontestable que la Bible a un grand nombre de points de contact avec tout ce qui a rapport à l'histoire de l'Orient et à celle de Babylone en particulier. Il faut donc que les catholiques connaissent parfaitement un terrain sur lequel ils seront appelés à glaner ou à semer. D'ailleurs, déjà même, du sein de ces grandes ruines et de cette immense désolation sort une voix qui, dans une langue énergique et éloquente, proclame la véracité des paroles prophétiques d'Isaïe. C'est donc une étude et une science auxquelles il nous convient de nous appliquer.

Dans la première leçon, dont nous avons donné un extrait dans notre précédent article, M. Raoul-Rochette avait jelé un coup-d'œil sur tout ce que l'Orient renferme de monumens depuis la Syrie jusqu'aux extrémités des Indes; mais, dans la seconde leçon, il restreint sa matière, et annonce que d'abord il ne traitera que de Babylone, de ses ruines, et de ce qu'ont pu être ses arts et sa civilisation. C'est donc une description complète des ruines de cette ville, telles que les siècles les ont faites, qu'il va donner dans les leçons suivantes; le professeur s'efforcera, par la pensée, et à l'aide des témoignages antiques, de remettre tous ces décombres à leurs places, de relever tous ces édifices écroulés, de reconstruire l'ancienne Babylone; travail difficile, qui doit s'appuyer sur une connaissance approfondie de l'état actuel des localités. Pour rendre cette description aussi complète que possible, M. Raoul-Rochette a étudié et comparé les récits de tous les voyageurs depuis Pietro della Valle, au 16e siècle, jusqu'à nos jours. La leçon, dont nous allons reproduire les principaux traits, est le résultat de ses recherches.

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Quand on sort de Bagdad, ville construite successivement, comme l'on sait, dans trois localités différentes, et qu'en se dirigeant vers le sud, on s'avance dans l'espace compris entre l'Euphrate et le Tigre, le territoire que l'on parcourt, et qui fait partie de la province appelée maintenant Irak-Arabi, est l'ancienne Babylonie, la plaine de Sennaar, d'où est partie, suivant la Bible, la dispersion du genre humain. L'on rencontre d'abord, dans un lieu

appelé Akar-Couf, un monticule artificiel, semblable à ceux sur lesquels sont bâtis tous les monumens attribués à Sémiramis. Ce monticule, surmonté d'un amas informe de briques cuites au soleil et haut de 125 à 130 pieds, est, selon toute vraisemblance, la base d'un temple et d'un observatoire qui ne formaient qu'un seul et même édifice, puisque dans le Sabéisme les prêtres étaient aussi les astronomes. L'aspect gigantesque de ces débris, leur apparence de vétusté, ont fait penser à quelques voyageurs que ce temple avait été fondé par Nemrod, et cette conjecture se trouve justifiée par la ressemblance des noms. Dans la Genèse', la troisième ville de Nemrod est nommée Achad ou Accad, mot qui présente uue analogie frappante avec Akar-Couf. Plus loin, à l'est, se trouve un énorme monceau de briques, qui n'a pu être suffisamment observé jusqu'à présent. Rich atteste que l'on a trouvé dans les environs une tiare ou bonnet d'or, qui a été fondue par les indigènes. Ce monument, qui semble indiquer le voisinage d'un temple, nous aurait peut-être donné de précieux renseignemens sur le véritable usage de cet édifice.

» A quelque distance de là, on voit près de l'Euphrate, dans un lieu appelé Boursa-gisara, jadis Borsa ou Borsippa, un autre monceau de ruines. Cette ville était autrefois le siège d'un célèbre institut de prètres de la Chaldée et d'une fabrique importante de ces étoffes peintes que l'Inde a produites plus récemment. C'est dans ses environs que l'on a recueilli le plus grand nombre de ces cylindres gravés, les plus précieux monumens de l'art babylonien, qui soient parvenus jusqu'à nous. Il y avait dans cette ville, selon Strabon, un temple fameux d'Apollon et d'Artémis, c'est-à-dire du Soleil et de la Lune. Alexandre se retira à Borsa, à son retour de l'Inde, pour échapper à la prédiction des mages qui lui avaient annoncé que, s'il rentrait dans Babylone par le côté de l'Orient, il n'en sortirait plus. De Borsa à Babylone, la route présente encore d'autres monumens qui ont aussi leur intérêt, mais que nous passons sous silence pour arriver à cette ville.

» Si l'on veut se former une idée complete de cette contrée et des antiquités qu'elle présente, on peut recourir aux voyageurs qui l'ont décrite. Les plus récens et les plus exacts sont trois Anglais, MM. Rich3, Ker-Porter4 et Mignan 5. L'ouvrage de M. Rich a été traduit en français par M. Raymond, agent consulaire à Bassora, qui y a ajouté des remarques pleine de justesse et de science;

■ Voici la traduction de ce verset d'après l'hébreu: « Il établit d'abord son empire à Babel, à Erek, à Akkad et à Kalné, dans la terre de Senaar. » Genèse, x, 10. Il est à remarquer aussi que le père de Nemrod s'appelait Kousch.

Arrien, des expédilions d'Alexandre, lib. vii, cap. 2.

3 Maurice Rich, Memoirs on the ruins of Babylon, dans le recueil de Hammer, tom. 111. — Observations on the ruins of Baby!on. Lond. 1816. — On the topography of ancient Babylon. Dans l'archéol. Britann., tom. xvш, p. 243. ♦ Robert Ker-Porter, Travels in Georgia, Persia, Armenia, ancient Babylon, etc., durant l'année 1817. 2 vol. in-4°.

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'Nous n'avons pu consulter l'ouvrage de Mignan, dont le voyage a eu lieu en 1828. Nous nous sommes procuré depuis cet ouvrage, et nous en avons ex

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malheureusement sa traduction est devenue fort rare. On peut joindre à ces relations le Mémoire de M. de Beauchamp,'grand-vicaire de Bassora, pendant plusieurs années, qui est le résultat de longues recherches faites sur les lieux. » La plaine qu'occupent les ruines de Babylone, resserrée de plus en plus par le désert, est cependant couverte, dans une étendue de dix-huit lieues, de débris, de monticules à demi-renversées, d'aqueducs, de canaux à demicomblés. Ces décombres se sont mêles de telle sorte, qu'il est souvent impossible de reconnaitre la place et les limites des édifices les plus considérables, et le plan de la ville antique est, pour ainsi dire, caché au fond de la terre. Les ruines commencent à un lieu nommé Escanderia, mot dans lequel on retrouve le nom d'Alexandre qui, comme Nemrod et Sémiramis, représente un âge de l'art babylonien. On rencontre des monceaux de briques qui, à mesure que l'on avance, deviennent plus fréquents et plus élevés, et enfin l'on voit de toutes parts et à perte de vue des chaînes de petites collines surmontées de briques qui seules peuvent indiquer les détours et les embranchemens des rues anciennes. Ce qui faisait l'ornement de Babylone a disparu, sa magnifique enceinte de murailles construites en briques, hautes de 350 pieds, selon Ctésias, et que Darius réduisit à 75 pieds en punition d'une révolte, est abattue; et la grande tranchée, qui formait comme un fossé autour de la ville, a été entièrement comblée par sa chute; on n'en voit plus çà et là que des restes informes. Nous en avons des images sur des médailles de Tarse. qui nous montrent aussi Jupiter avec une inscription en caractères phéniciens, qu'on a lue Baal Tars.

» Enfin lorsque l'on s'avance dans la ville en suivant le cours du fleuve, on voit s'élever sur les deux côtés de colossales ruines; elles sont plus nombreuses sur la rive gauche ou orientale, mais la plus grande est sur la rive droite ou occidentale. C'est le monument appelé communément Birs Nemrod c'està-dire palais de Nemrod, du phénicien Birtha. Ce vaste édifice situé à un mille un quart du fleuve et cependant compris encore dans l'enceinte de l'ancienne

trait plusieurs vues de】 Babylone que l'on peut voir dans notre cahier 65, ciaprès, page 376.

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Voyage aux ruines de Babylone, traduit de l'anglais, avec des notes et une dissertation sur Pallacopas, par Jean Raymond, in-8°. Paris, 1818.

• Mémoires sur les antiquité's babyloniennes, Journal des Savants, 1790, pag. 777. Ce volume est rare, et manque à la Bibliothèque du Roi, mais se trouve à la Bibliothèque Mazarine.

3 On peut compléter les indications de M. Raoul-Rochette par les suivantes, qui sont d'une moindre importance.

Les voyages de Niebuhr, tom. II, et de Keppel, fournissent quelques additions à ceux indiqués précédemment. Les différens matériaux sont réunis par Rennel: Geographical system of Herodotus; Sainte-Croix, sur la ruine de Babylone, Memoires de l'Académie des Inscriptions, tom. XLVIII; Heeren, Idées sur la politique et le commerce des anciens et Saint-Martin. art. du Journal des Savans (août 1828). Ce dernier travail traite de la ville de Van en Arménie, à propos du voyage de M. Schutz.

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