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La vérité ne peut pas être établie de cette manière.

Si les Traditions sont altérées,

11 faut remonter à la source;
Si le dernier titre est suspect,

Il faut recourir au titre primitif.

Ainsi, pour connaître au juste son origine, sa condition et ses droits,
Quand il s'élève un doute sérieux à ce sujet,

Un particulier consulte les titres anciens de la famille ;
Une nation, les anciennes chroniques, les vieilles chartes;

Le genre humain, les Traditions religieuses, la Révélation primitive.
Celui qui voudrait suppléer à la Tradition religieuse,

Au moyen du Raisonnement,

Se jetterait dans une fausse route.

Quitter une religion, fat-elle vicieuse, pour s'en faire une,
C'est un procédé irrégulier;

C'est une tentative de l'orgueil, dont le succès est impossible;
Abandonner une tradition altérée, pour en venir à la vraie,
C'est un procédé très-légitime.

La Raison est donc réduite ici aux simples fonctions de la critique.
Si l'enseignement Traditionnel lui paraît fautif,
Qu'elle cherche ailleurs.

Qu'elle se mette en quête de la Révélation primitive.
Elle a le droit de comparer, elle n'a pas celui de créer.

Mais où la trouver pure, exempte d'alliage, cette Révélation primitive?

Dans les Traditions du Christianisme.

C'est là qu'elle se présentera, étendue, développée, conduite à son dernier terme,

Sans avoir subi d'altération.

Les Traditions chrétiennes, en effet, l'emportent sur toutes les autres,
Sous le triple rapport de l'authenticité,

De l'ancienneté,

Du fonds.

Si la vérité religieuse n'y était pas contenue,
Elle n'existerait pas sur la terre;

Cette observation est décisive.

L'examen comparatif des Livres Sacrés des nations,
En établissant la supériorité de ceux des Chrétiens,
Par là même résout la question proposée,

Cet examen doit donc entrer dans notre plan.

Les Traditions chrétiennes ont encore un avantage, c'est de se mettre en

harmonie avec la Science humaine, quand celle-ci, après de longs détours ; s'est enfin placée dans le vrai.

La Science Historique est-elle arrivée après de grands labeurs, à quelque fait primitif?

Il se trouve que ce fait était consigné depuis plus de 3,000 ans dans la Genèse.

La Geologie parvient-elle à marquer la suite des révolutionss qu'a subies le globe terrestre?

C'est l'histoire de la création qu'elle raconte.

Si l'observation Pyschologique conduit à quelque grand résultat,
C'est une vérité du Christianisme qu'elle met en lumière.

Le dogme de péché originel est toujours en face du moralisle.

Le mystère de la Trinite se reflète dans toute la nalure.

Ainsi se vérifie de plus en plus que la Tradition chrétienne est véritable.

La Raison humaine, à la lueur d'une critique éclairée,
Par une juste appréciation du témoignage,

Découvre le sceau divin apposé sur la tradition chrétienne.

Ce sont les Prophéties accomplies, et qui s'accomplissent encore.
Ce sont les Miracles opérés jadis, et ceux qui se continuent.
De ce moment, le suffrage de la Science humaine est superflu;
Les comparaisons deviennent inutiles;

Les considérations, toutes puissantes qu'elles soient, s'effacent.

Ce ne serait donc pas le cas de glisser légèrement sur cette dernière partie; Il convient donc d'insister sur les preuves de la Religion

Qui se tirent de l'accomplissement des prophéties, et de la certitude des miracles.

Le dernier mot de la Raison humaine doit être :

Une Révélation était nécessaire;

Cette Révélation a été faite;

Elle est consignée dans les Annales du Christianisme.
La Raison alors se met en accord avec la Foi ;

Les enseignemens de la Philosophie deviennent les prolégomènes de la Théologie.

La Philosophie est réhabilitée aux yeux des hommes sensés.

RIAMBOURG.

Littérature Religieuse.

SAINT FRANÇOIS DE SALES.

Premier Article.

Le mysticisme religieux dans ses rapports avec notre nature et notre siècle.

Le véritable mysticisme est le mysticisme chrétien.- Premiers mystiques chrétiens, S. Bernard, S. Thomas, Ste Thérèse, l'Imitation. - S. François de Sales. Son enfance. - Son éducation. - Etude sur sa víe intérieure.

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L'homme a besoin de croire, il a besoin d'aimer. Son esprit et son coeur sont sans cesse en haleine jusqu'à ce qu'ils se soient reposés dans la foi et dans l'amour. Le bruit du monde n'est pas assez fort pour étouffer cette voix intérieure qui lui crie: Crois et aime; et il ne peut lui échapper qu'en se fuyant lui-même. Mais que faut-il croire, que faut-il aimer? Autrefois il le savait, aujourd'hui il ne le sait plus. Il va le demandant partout à chaque créature, et partout il ne rencontre que déception et blessure, semblable à l'aveugle égaré qui se heurte et trébuche à chaque obstacle. Lorsqu'il désespère enfin de parvenir au but tant souhaité, il s'assied découragé sur le bord du chemin, ou se couche dans la tombe comme sur un lit de repos : voilà le mal du siècle; où en est le remède? Pour les natures faibles et communes, je n'en connais point; pour les natures d'élite il n'en est qu'un seul, le Mysticisme, c'est-à-dire l'absorption de l'âme en Dieu, en ellemême ou dans la nature, la concentration de toutes les facultés en une seule, l'intuition, l'élan spontané, continu vers un autre monde, vers un meilleur avenir et de lointaines destinées: aussi, en face et en dé

pit du matérialisme des intérêts, le mysticisme a pénétré partout; dans la philosophie, dans la littérature, dans les arts, et jusque dans la politique. En France, de Maistre, Ballanche, Lamartine, de Vigny; en Allemagne, Herder, Schelling, Goerres, Hoffmann, Baader, et tant d'autres ont ouvert ces sources mystérieuses où la jeune génération est venue se plonger avec ivresse. Mais au lieu d'y étancher sa soif. elle n'y a souvent puisé qu'une ardeur plus dévorante, ou un affadissement qui est allé jusqu'au dégoût. Convive imprudent, elle a bu la mort dans la coupe de la vie. Nous dirons ailleurs pourquoi. Qu'il nous soit permis de citer ici, à l'appui de notre pensée, un admirable passage de M. l'abbé Gerbet sur le mysticisme:

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«La vie pratique ne remplit point la vaste capacité de l'âme hu» maine, et n'en épuise pas toute l'activité. En rentrant continuelle»ment, pour s'acquitter de ses obligations présentes, dans ce monde » étroit des sensations qui nous est commun avec les animaux, elle » conserve toujours une conscience sourde et comme une seconde vue » d'une autre face de l'existence. Dominée par l'instinct de son avenir, » elle aspire à un état où le vrai, le bien, le beau, dégagés de ce gros» sier alliage, se laisseront saisir sous des formes plus pures. Or, dès » qu'un être intelligent a l'idée d'un état plus parfait, il cherche, sans » sortir de sa situation obligée, à réaliser du moins la transition de l'un à l'autre; car rien n'est brusque et tranché dans l'harmonieux développement des êtres. De là cet ordre de sentimens dont se com» pose la vie mystique, mot trop souvent mal compris, et qui n'exprime au fond qu'une tendance naturelle de l'âme, puisqu'elle se >> reproduit sur tous les points du cercle où le sentiment se déploie. Qui ne sait, en effet, que dans les arts, l'amour, la gloire, l'héroïsme, >> l'homme se surprend sans cesse à poursuivre, par delà toutes les » réalités particulières, cet idéal infini dont l'ordre positif restreint » l'étendue et altère la pureté? Pourquoi s'interdirait-il cet élan dans » la religion seule, qui touche de plus près au but suprême ? Pourquoi ne chercherait-il pas, pour son être tout entier, ce qu'il cher» che dans chacune de ses nuances? Pourquoi enfin n'essaierait-il pas » un peu de sa destinée, comme on fait le prologue d'un poëme, comme » on prélude par des sons voilés à un éclatant concert? Détruire cet

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» élan, ce serait comprimer à la fois toutes les puissancés de l'âme, » parce que le sentiment religieux renferme éminemment tous les » autres ; ce serait mutiler notré être dans sa partie supérieure. Le » matérialisme le plus abject pourrait seul se complaire en cet état de dégradation. L'homme, en effet, ne serait que la perfection du singe, >> s'il n'était pas le commencement d'un ange. Aussi cet ordre de sen>> timens est commun, à quelque degré, à tous les hommes profon» dément religieux, parce qu'il n'est que le reflet de la foi dans le » cœur. Ce pauvre villageois qui, écoutant prêcher son évêque qu'il »ne comprenait pas, s'écriait : L'âme entend! entrait à sa manière » dans la vie mystique, comme le peuple, avec ses chants lyriques et » ses épopées, entre aussi à sa manière dans l'idéal de la poésie. Mais » à mesure qu'on remonte l'échelle de l'humanité, cette disposition se » manifeste avec plus de force et d'éclat, surtout chez les intelligences » supérieures, dans les cœurs d'élite, depuis Confucius et Platon jus» qu'à Fénelon et Vincent de Paul. Plus la flamme est pure, plus elle » s'élève, et les hautes âmes ont besoin, pour vivre de leur vie, de » s'envoler plus souvent dans cette région sereine, où elles respirent l'air d'un monde plus divin. Les deux besoins que nous venons de » remarquer doivent être satisfaits pour que tout ce qu'il y a de bon » et de beau dans la nature humaine ait sa libre expansion. Supprimez » toute trace de la vie mystique, vons arrivez à l'activité brutale de » la populace de Londres. »

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Comme dans tous les tems il y a eu des âmes altérées d'amour et de vérité, qui n'ont pu trouver ici-bas leur céleste aliment, des cœurs prédestinés à la souffrance et noyés dans la tristesse, de sublimes intelligences pour qui la terre n'avait pas d'assez vastes horizons, il y a eu dans tous les tems des Mystiques.

Le Christianisme qui, dès son aurore, entraîna dans son orbite immense tout l'univers moral, s'incorpora en quelque sorte le mysticisme, et lui ouvrit vers le ciel des chemins inconnus où il se perdit avec délices. Son nom même fut tellement propre à la langue sacrée

• Considerations sur le dogme générateur de la piété catholique, par l'abbé Gerbet, in-8°. p. 107.

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