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COLONIES.

Contrairement aux usages établis dans la colonie, le viceamiral baron de Mackau, gouverneur de la Martinique, crut devoir convoquer le conseil colonial en session extraordinaire le 18 décembre 1837, c'est-à-dire avant la fin de l'année, pour aviser, avec lui, aux moyens d'introduire de nouvelles combinaisons financières dans les recettes et les dépenses de l'année 1837-1838.

La cause de cette anticipation provenait de ce que les deux derniers budgets votés par le conseil n'avaient pas été revêtus de la sanction royale. Cependant le Gouvernement promettait de pourvoir prochainement à l'établissement des entrepôts réels aux Antilles, établissement déjà consacré par la loi du 12 juillet 1837.

De son côté le conseil colonial se voyait avec douleur appelé extraordinairement à réviser les budgets de 1837 et 1838 précédemment soumis à ses votes. Tout en appréciant les vues bienveillantes de la sage administration du gouverneur, il déplorait la détresse qui affligeait le pays et qui était due, selon lui, à des causes extérieures et à d'injustes préventions. Le rejet de ses deux derniers budgets lui inspiraient peu de confiance dans les dispositions favorables du ministre de la marine et des colonies, et il prévoyait de nouveaux embarras financiers. Le besoin des entrepôts était compris et apprécié par l'administration, mais la nouvelle législation sur les sucres avait jeté le pays dans une telle crise de souffrance et de misère, que ce premier bienfait tant désiré ne pouvait plus avoir pour la colonie la même efficacité, du moins, dans l'esprit des conseillers coloniaux.

Malgré cette triste situation du commerce de la Martinique, le relevé des affranchissements prononcés dans cette colonie, du 1er janvier au 30 novembre 1837, s'élevait à 870. En y joignant ceux de la Guadeloupe, de la Guyane

Française et de Bourbon on avait le chiffre 2,104, chiffre bien faible, néanmoins, aux yeux des philanthropes européens.

Des préparatifs avaient été faits pour la réception du prince de Joinville, qui arriva le 11 avril, en rade du Fort-Royal, et visita deux jours après la ville de SaintPierre.

Le jeune prince fut accueilli avec joie dans nos colonies par les gouverneurs et les administrations locales, et l'enthousiasme des populations était à son comble. Des banquets furent offerts au jeune prince, et l'on y porta plusieurs toasts à la santé du roi et de S. A. royale.

Ce voyage d'un fils du roi des Français qui devait se continuer par la visite de la Nouvelle-Orléans, tout en achevant son éducation de prince, établissait entre la métropole et les colonies des rapports utiles, d'amitié et de bienveillance réciproques.

Sur ces entrefaites, M. le baron de Mackau étant parti pour l'Europe, afin d'y rétablir sa santé, M. le contreamiral de Moges, vint prendre le 5 juillet le gouvernement colonial et demander aux conseils le concours dont il avait besoin pour remédier à l'état de détresse de la colonie.

Une ordonnance royale du 4 août fixa le tarif des droits de navigation à percevoir sur les bâtiments français et étrangers dans les ports de la Martinique, de la Guadeloupe et dépendances, et régularisa cette partie de leurs recettes jusqu'à ce que, conformément à la loi de 1833, il y fût pourvu législativement.

Une autre ordonnance royale fut rendue le 31 août, pour déterminer le régime des entrepôts réels des douanes, à établir à la Martinique et à la Guadeloupe, en exécution de la loi du 12 juillet 1837, et des mesures furent prises à cet effet par les ministres de la marine et des finances.

Enfin le 1er août avait eu lieu la séance d'ouverture du conseil colonial. Le discours du gouverneur promettait

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Les secrétaires furent MM. Félix Réal, Boissy-d'Anglas, Dubois et Bignon.

Ce résultat des votes et ces premières difficultés dans l'organisation du bureau pouvaient passer pour les symptômes d'une division prochaine et laissaient à prévoir dès-lors une coalition dans la Chambre représentative.

DEUXIÈME PARTIE.

HISTOIRE ÉTRANGÈRE.

CHAPITRE PREMIER.

BELGIQUE. Modification du tarif des douanes de ce royaume.-Interpellations au ministère relatives au Luxembourg. - Troubles à Liège.- Présentation au roi d'une adresse des représentants de Belgique sur le Limbourg et le Luxembourg. · Clôture de la session 1837-1838 de la Chambre des représentants. — Inauguration du chemin de fer de Bruges à Gand. Ouverture de la session des Chambres. Conventions de commerce et de navigation conclues entre la France et la Belgique.— Suspension des paiements de la Banque de Belgique. -Budgets divers.— Pétitions des villes et villages du Luxembourg.

HOLLANDE. Enlèvement du drapeau belge dans le Luxembourg. Ouverture de la session des États-Généraux.-Décision de la conférence de Londres dans l'affaire Hollando - Belge. - Mariage du prince d'Orange avec la fille du roi de Wurtemberg.

BELGIQUE.

L'importante question des douanes qui, malgré de longs et minutieux débats, était restée indécise, fut enfin résolue cette année après une courte discussion. Le temps avait modifié les opinions, et si la loi qui fut adoptée n'était pas encore libérale, du moins on n'y trouvait plus ces prohibitions hostiles que la Hollande y avait introduites. Le tarif de la Belgique reposait désormais sur des bases qui pouvaient satisfaire à ses propres intérêts sans blesser d'une manière réelle ceux des autres nations. Ainsi le progrès matériel suivait le progrès politique et ces faibles concesAnn. hist. pour 1838.

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sions pouvaient être regardées comme un premier pas vers un meilleur système.

Mais la véritable préoccupation du gouvernement belge était son démêlé avec la Hollande au sujet du grand duché de Luxembourg. Bien que le statu quo territorial fût une des clauses du traité du 21 mai 1833, l'acceptation des 24 articles éludée depuis si long-temps, laissait toujours planer une grande incertitude sur cette affaire internationale.

Aussi, le 20 mars, dans la Chambre des représentants, M. d'Hoffschmidt adressa-t-il une interpellation au ministère, à l'effet de savoir, si le roi Guillaume avait accepté les 24 articles et si le Gouvernement avait reçu des communications à cet égard.

Le ministre des affaires étrangères et de l'intérieur répondit, que l'adhésion du roi n'était pas encore connue officiellement, et que néanmoins elle paraissait certaine.

Dans cette même séance, M. Dumortier faisait remarquer que ce traité des 24 articles, né de circonstances difficiles et dont le 25 article n'avait pas été exécuté par les puissances contractantes, cessait, par cela même, d'être obligatoire pour la Belgique et ne devait plus être considéré que comme un projet. Suivant l'orateur, le Gouvernement belge, en signant la convention du 21 mai, avait épuisé son mandat et il lui en fallait un nouveau pour conclure un nouveau traité.

Cependant, on avait toujours conservé quelques espérances d'un arrangement amiable avec la Hollande; mais lorsqu'elles furent tout-à-fait déçues par la connaissance de l'acceptation définitive des 24 articles, l'alarme se répandit dans les provinces du Limbourg et du Luxembourg. Des troubles graves éclatèrent à Liége à cette occasion, et la multitude manifesía son mécontentement par des actes de violence envers les hauts fonctionnaires. A la nouvelle de l'enlèvement du drapeau belge dans le Luxembourg par un régiment d'infanterie prussienne, on vit redoubler encore l'exaspération des provinces déterminées à ré

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