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De leur côté, les sociétés secrètes exerçaient une influence dangereuse sur les esprits, et des correspondances empreintes d'une exaltation fanatique avaient été interceptées.

A tout événement, l'on travaillait activement aux fortifications pour la défense de la capitale.

Dans la séance du 28 avril, lors de la discussion du budjet des affaires étrangères, la chambre des députés, prévoyant l'hypothèse du rétablissement des relations diplomatiques de l'Espagne avec les puissances qui n'avaient point encore reconnu le gouvernement de la reine, vota un fonds éventuel d'un million de réaux, et elle stipula que les traitements auxquels cette somme serait affectée, seraient régis par la loi du 26 mai 1835.

Le gouvernement avait à peine pris cette résolution importante pour la diplomatie, que le soulèvement d'une partie de la Navarre en faveur de la reine produisit quelque changement dans la situation morale de l'Espagne.

Munagorri, chef des indépendants, à la tête d'une colonne de 400 hommes, se présenta le 18 sur les six heures du soir à Verastegui. Ses troupes prêtèrent un serment solennel de se séparer pour toujours de don Carlos qu'ils regardaient comme l'auteur de tous les maux dont le pays était affligé. C'est alors que le brigadier carliste Iturri fut attaqué et battu par les indépendants, et que le général christinos O'Donnell partit immédiatement de Saint-Sébastien pour surveiller ce mouvement et tirer parti de cette insur... rection constitutionnelle des provinces basques.

CHAPITRE VIII.

Réception

Fin du soulèvement de Munagorri. — Départ de l'infant don Françoisde-Paule. se rendant en France. Nouvelles de Cabrera. - Victoire d'Espartero sur Negri. — Espartero nommé capitaine-général des armées espagnoles. Révoltes des carlistes à Estella, ele. Emprunt Aguado. - Don Carlos, son armée, ses généraux, son ministère. de M. de Fésensac, ambassadenr de France à Madrid - Invasion de Puycerda, par les carlistes. Rétablissement des dîmes. et proclamations à Malaga. — Mouvement des armées. la commission du projet d'emprunt Aguado. — Découverte d'une conspiration carliste. - Don Carlos à Estella. - Clôture de la session de 1837

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Elections Adoption par

Expulsion de

des cortès. Présence et succès d'Espartero à Estella. M. Misley de Madrid. - Opérations des armées. Saisie à la frontière des équipages du comte d'Espagne, - Prise de Salsona et de Morella. -Crise ministérielle. Le baron de Meer en Catalogne. - Munagorri. -Émeute à Sarragosse. — Oraa lève le siége de Morrella. — Nouveau ministère. Convocation des Cortès au 8 novembre.

Le soulèvement de Munagorri (en basque cerveau rouge), n'eut pas immédiatement les suites qu'on pouvait en espérer. Cet industriel, entrepreneur de routes, directeur d'usines à Guipuzcoa, avait fait proférer à ses ouvriers les cris de vive la paix, l'union des partis et les fueros de la province! Mais le commandant carliste Nébot étant survenu, avait enlevé onze hommes à Munagorri, qui s'était réfugié sur le territoire Français. Cependant cette défection du parti carliste quoiqu'incomplète, venait donner une nouvelle force morale au Gouvernement de la reine: aussi le ministre de l'intérieur enjoignait-il aux chefs politiques des provinces de procéder le plus tôt possible, à la levée des 40,000 hommes qui avait été décrétée par le sénat et la Chambre des députés.

Mais à Madrid, aux dangers des sociétés secrètes et de la licence de la presse se joignait encore un nouveau péril

pour la sécurité publique. L'autorité avait saisi des papiers établissant la preuve que plusieurs notables habitants de la capitale n'étaient pas étrangers à des machinations ayant pour but de corrompre l'esprit de l'armée. A la suite de ces investigations, le Gouvernement avait jugé prudent de signifier à l'infant don François de Paule, résidant à Madrid, un décret d'exil. Ce prince avec toute sa famille fut escorté jusqu'à douze lieues de la capitale par quelques compagnies de la garde nationale et cinq cents hommes de troupes de ligne commandés par le capitainegénéral Quiroga, afin que l'ordre ne vînt pas à être troublé sur son passage. Après avoir fait le trajet par mer, de Santander au Socoa, l'infant se rendit à Bayonne, vers la fin du mois d'avril.

Reprenons le récit de ces tristes discordes civiles, qui ne sont qu'une série de poursuites, d'escarmouches et de combats. La bande du comte Négri se trouvait à Villada et à Schagun, où elle avait demandé 6,000 rations; dans ce dernier bourg un détachement de cavalerie et d'infanterie christinos avait été surpris et enlevé. Quant à Cabrera et Forcadell, ils se dirigeaient vers l'Ebre et aux environs de Morella, et Basilio, de son côté, ayant divisé ses troupes en colonnes volantes, parcourait le territoire de Tolède, de la Jara à Sevilleja, s'efforçant de réunir à lui les guérillas de la montagne. Le dernier s'était même déjà emparé du point fortifié de Sancta - Barbara de Calanda, et était entré à Almaden. Cette prise d'Almaden, qui ne fut que momentanée, car le général Pardinas en chassa bientôt l'ennemi, avait néanmoins jeté un instant l'alarme dans les esprits et avait motivé dans la Chambre des députés des interpellations de M. Cevallos au ministre de la guerre. Mais le général Espartero devait réparer cet échec. En effet, il remporta sur Négri une victoire importante entre Burgos et Berviesca, le 26 avril, jour de l'anniversaire de la naissance de la reine-régente. L'expédition carliste pressée

Ann. hist. pour 1838.

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par Iriarte et Pardinas, affaiblie par de continuelles désertions, fut complètement détruite, et 2,000 prisonniers, dont plus de 200 officiers, les bagages et l'artillerie tombèrent au pouvoir du général en chef. Le comte Negri, échappé comme par miracle, et contraint d'abandonner ses équipages aux mains des soldats d'Espartero, fuyait avec 1,500 hommes au plus dans la direction de Potės.

C'était par un temps épouvantable de pluie et de neige, après 31 jours de marche et après une charge exécutée hardiment par le général et son escorte seulement, que le combat avait pu s'engager et avait amené un aussi brillant résultat.

Espartero se trompait néanmoins sur la portée de cette victoire, lorsque, dans son rapport daté de Montès de Oca, le 27, il écrivait :

« Je laisserai apprécier à V. Exc. et au public les conséquences de ce mémorable fait d'armes : il garantit la consolidation du trône de notre reine et doit être le signe précurseur de la paix. »

De plus, deux compagnies carlistes cernées dans le château d'Oritta, près de Vich, par les troupes du baron de Meer, capitulaient, tandis que le 30 avril, atteint à Bejar par le général Pardinas, après 56 heures de marche, Basilio essuyait une déroute complète dans laquelle il perdit 35 hommes tués, 125 officiers, et 493 sous-officiers et soldats faits prisonniers. En même temps un autre détachement carliste était repoussé à Carbonera, par le brigadier Aspiroz.

La reine Christine, en reconnaissance de ces heureux faits d'armes, rendit le 1er mai un décret qui élevait le comte de Luchana au rang de capitaine-général des armées espagnoles.

Cependant, loin de perdre courage, on projetait encore, dans le camp légitimiste, une nouvelle expédition forte de seize bataillons et 800 chevaux, qui devait menacer Mendavia, tandis que Cabrera chercherait à agir contre Léon-elCondé. Cette expédition devait être commandée par le fils

aîné de don Carlos, qui, par une entreprise hardie s'efforcerait de réparer les pertes récentes.

Mais l'insubordination d'une partie de l'armée qui occupait Estella fit échouer ce projet qui, seul peut-être, pouvait rétablir la fortune du prétendant. Deux bataillons se soulevèrent en menaçant de rentrer dans leurs foyers si l'on n'acquittait pas leur solde. Plus de 5,000 hommes désertèrent d'Aoïz dans une semaine; 250 se rendirent à Pampelune, à Burguetto et à Espinal. Enfin les troupes révol- tées crièrent: Vive Munagorri, et meure don Carlos!

On ne parvint à apaiser les rebelles, qu'en leur distribuant le peu d'argent qui se trouvait dans les caisses, et en laissant revenir en Navarre les parents des déserteurs, qu'une loi inhumaine en avait expulsés.

Les officiers eux-mêmes avaient pris part à la révolte, osant demander au prétendant la destitution de Guergué, le chef d'état-major, dont ils disaient avoir à se plaindre.

Cependant, afin de rétablir l'ordre, on avait rappelé en toute hâte de Bilbao à Estella huit bataillons, qui abandonnèrent les positions de Los Banderos et des Capucins; ce qui n'empêcha pas que le 10 mai, les troubles et l'insubordination ne recommençassent par les mêmes motifs. La junte effrayée prit la fuite, et le désordre fut si grave que don Carlos fut obligé de se montrer en personne aux mutins qui proférèrent de nouveau le cri de vive Munagorri, et poussèrent l'insolence jusqu'à afficher sur la porte même de la maison habitée par le prince, une partie des bulletins du général Espartero, annonçant la défaite de la faction expéditionnaire. Enfin, malgré l'intervention des patrouilles, les Navarrais en vinrent aux mains dans les rue d'Estella, et un aide-de-camp de don Carlos fut grièvement blessé. C'est alors qu'en attendant l'arrivée de Guergué, le prince se retira à Durango, où il pouvait à peine entretenir sa maison et donner de temps en temps de faibles à comptes à ses troupes fatiguées de défendre une cause dont elles commençaient à désespérer,

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