Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

chimiste ne viennent nullement confirmer l'idée que l'on se faisait généralement de la nature des substances connues sous le nom de baumes. Il était admis et professé partout que le principe essentiel de ces substances était l'acide benzoique; M. Fremy n'a rencontré cet acide ni dans le baume du Pérou, ni dans celui de tolu, deux baumes parfaitement caractérisés. La manière d'être de ces substances les rapproche tout-à-fait des corps gras, suivant M. Frémy,

- M. Boussingault, poursuivant ses recherches de chimie agricole, adresse les résultats d'un nouveau travail ayant pour but de déterminer la question de savoir si les vaches absorbent de l'azote de l'atmosphère, Ayant nourri une vache de manière à ce qu'elle n'engraisse ni ne maigrisse; l'ayant mise, comme on dit, à la ration d'entretien, ila fait l'analyse de toutes les substances serwant de nourriture et de toutes les maLières évacuées par la vache; M. Boussingault a retrouvé un peu moins d'azote dans les matières rendues que dans les substances ingérées. En supposant ici une petite erreur dans les expériences, il n'en resterait pas moins, si les faits étaient suffisamment répétés et démontrés, que la vache ne prend pas de gaz azote dans l'atmosphère. M. Boussingault ayant mesuré le gaz acide carbonique exhalé pendant douze heures par le même animal, en a trouvé l'énorme quantité de 8,000 grammes.

M. Arago fournit de nouveaux renseignements sur le puits artésien que la ville de Paris fait creuser à Grenelle, et qui est, comme on sait, parvenu maintenant à la profondeur de 410 mètres. Le conseil municipal a voté des fonds pour la continuation de cette en treprise; mais, dans la crainte de voir le zele se ralentir si le succès se fait encore long-temps attendre, M. Arago a invité M. Elie de Beaumont à examiner les substances amenées du foud du puits par l'opération du sondage. Il s'agissait de découvrir s'il reste encors beaucoup de chemin à parcourir à tra vers le banc de craie, avant d'arriver à la couche de sable sur laquelle coule le courant d'eau souterrain que l'on es père voir jaillir au dessus du sol, comme cela est arrivé en d'autres lieux du bas sin de la Seine.

M, de Beaumont ayant remarqué des parties de craie verdâtre au milieu du détritus calcaire, estime que la sonde est maintenant dans le tuffaut, et qu'il ne lui reste plus qu'une centaine de metres à percer pour atteindre le sable et l'eau ; ceci est encourageant pour les Lavaux ; mais M. Arago paraît regretter que l'on ne soit pas forcé de pousser à une plus grande profondeur d'où l'eau serait sortie à une température assez élevée pour être employée à unç foule d'usages industriels et domestiques.

M. Aimé adresse des environs d'Alger un échantillon de minerai de plomb sulfuré contenant, dit-il, 5 pour 100 d'argent.

30. Paris. Accouchement de la princesse Marie, duchesse de Wurtemberg.

S. A. R. la princesse Marie d'Orléans, duchesse de Wurtemberg, est accouchée aujourd'hui d'un prince, à Neuilly, à 14 heures 20 minutes. Les premières douleurs avaient commencé à 4 heures du matin,

Sur la réquisition du roi, l'acte de naissance a été dressé par M. le baron Pasquier, grand-chancelier de France, et reçu par M. le duc Decazes, grandréférendaire de la chambre des pairs, et remis à M. Eugène Cauchy, garde des registres.

En présence de tous les princes et princesses de la famille royale qui ont signé audit acte, à l'exception de 8. A. R. le duc de Nemours, absent pour le service du roi; de M. le président du conseil, de M. le garde-des-sceaux et des deux témoins désignés par le roi, M. le duc de Choiseul, pair de France, aide-de-camp de S. M. et M. le géné ral-major d'artillerie de Fleischmann, ministre plénipotentiaire du roi de Wurtemberg près le roi des Français.

L'enfant, du sexe masculin, est fort bien portant. Il portera les noms de Philippe-Alexandre-Marie Ernest, h M. Moreau, accoucheur, a reçu le prince.

AOUT.

Dans

[ocr errors]

8. Sunderland. Expérience.· une réunion de chimistes anglais, à Sunderland, il y a quelques jours, les docteur Robinson fit, en présence de ses collègues, unc expérience qui Baci®

l'étonnement et l'approbation générale. Il prit deux lapins vivants et leur versa sur la langue quatre gouttes d'acide hy. drocyanique. Les résultats de l'emploi de cette terrible liqueur furent immé. diats. Les animaux tombèrent et ne bougèrent plus. Alors le docteur fit usage de son contre-poison. Il versa verticalement sur l'occiput et l'épine du dos des lapins de l'eau froide dans la'quelle se trouvait un mélange de potasse, de nitre et de sel commun. L'effet fut magique, car il s'ensuivit une résurrection subite, et les deux lapins, après quelques minutes, gambadaient en pleine santé sur le tapis de la salle. Il est inutile de faire observer combien il est urgent de reproduire au plus tôt des découvertes aussi importantes à la sécurité publique.

1

8. Paris. Académie des Sciences. ·Séance annuelle. · M. Dumas lit, au nom de la commission de physiologie, l'annonce du grand prix proposé pour 1840; il s'agit de déterminer par une suite d'observations très-précises quelle est la succession des changemens physiques, chimiques et organiques que subit l'œuf des oiseaux et des batraciens pendant l'incubation, en tenant compte de l'influence des différents degrés de température, des changements opérés dans le milieu environnant, etc.

M. Flourens donne des détails sur la mort récente de M. Frédéric Cuvier; c'est le vendredi soir que le frère du plus grand naturaliste de notre époque a ressenti les premières atteintes du mal auquel il vient de succomber; dès le lendemain des symptômes de para lysie se manifestèrent, et M. Frédéric Cuvier, sentant ses jambes chanceler en sortant de son lit, ne conserva plus aucun doute sur la nature et la gravité de son mal; il déclara dès lors positivement qu'il était atteint d'une maladie de la moelle épinière, et qu'il ne tarderait pas à subir le sort de son il lustre frère; la cause étant la même, le résultat ne pouvait être douteux pour un savant initié aux secrets de la physiologie.

En effet, la maladie faisait de rapides progrès: bientôt des fourmillements se firent sentir dans les doigts ; les bras furent entrepris; et M. Cuvier ne pou. vait qu'à peine les soulever jusque sur

sa tête. La gêne de la respiration et de douleurs plus vives, que le malade supportées avec la plus grande résign tion, ne tardèrent pas à se joindre autres symptômes. M. Cuvier indiqust lui-même les progrès du mal, et, trep bien instruit par ce qu'il avait en à douleur d'observer au lit de mort de son frère, il prévoyait d'avance, d'heart en heure, ce qui devait lui arriver, & force d'âme et ses principes religieu ont soutenu merveilleusement son com rage jusqu'à la fin de cette latte terri ble, qui ne s'est point prolongée a delà du quatrième jour. Son fils, dernier rejeton de ce grand nom, a p arriver à temps pour recevoir son der nier soupir.

M. Frédéric Cuvier a succombé àk même maladie que son frère; c'est fait remarquable pour une affection aussi rare.

M. Arago continue à tenir l'Acadé mic au courant des intéressants travai exécutés au puits artésien que la ville de Paris fait percer à l'abattoir de Gr nelle.

L'une des grandes difficultés que l'o rencontre dans cette entreprise est d troduire des tubes à une très grande profondeur afin de maintenir løsterres Le puits de Grenelle est maintenan parvenu à la profondeur de 410 me tres, et il n'était garni de tubes que jusqu'à 150 mètres. Les tuyaux devant passer les uns dans les autres pour ar river successivement à leur place, on conçoit que leur diamètre va continuellement en se rétrécissant, et que bier tôt il se réduirait à rien si le puits dé passait de beaucoup la limite prévue c'est ce qui est arrivé dans la circon stance actuelle, et l'on considérait comme une difficulté presque insurmontable d'introduire des tubes au-delà du point où ils étaient parvenus; et pourtant il devenait chaque jour de plus en plu nécessaire de garnir le puits dans une grande étendue; en effet, la longue tige de fer à l'aide de laquelle on fait manœuvrer la sonde pour forer le puits, venant par des oscillations continuelles frapper les parois du troa, en détachait des portions de terre et formait ainsi des éboulements qui an nulaient les effets de la machine. M. Mullot a très-habilement surmonté cette difficulté ; il est parvenu, soit en

de haut dans cette espèce de tuyau. entraîné une grande masse d'air qui s'échappe ensuite de l'appareil avec violence; de même l'eau, en se précipitant de la nuée sur la terre, détermine des courants d'air dans le même sens qui s'échappent en tout sens cu' arrivant à terre.

el agrandissant l'ouverture, soit par d'ingénieux procédés qui lui sont familiers, à introduire une suite de tuyaux n'ayant pas moins de 310 mètres de longeur; les parois du puits se trouvent donc maintenant garanties dans la plus grande partie de leur étendue; mais ce n'est pas tout, et bientôt un obstacle d'une nature bien plus grave encore s'est présenté : la tige métallique ayant été faussée, il a fallu la retirer du puits; cette extraction est déjà une grande opération, mais de plus la cuillère au moyen de laquelle on creuse le banc de craie que l'on est en train de traverser, s'étant détachée de la tige, resta au fond du puits, et il s'agissait de l'y aller chercher. Quand on songe aux manœuvres qu'il faut entreprendre pour agir à une telle distance avec une tige qui n'a pas moins d'un demi-quart de lieuc de longueur, on ne peut pas croire au succés d'un pareil travail; et pourtant M. Mullot ne s'est pas laissé arrêter, il est parvenu à atteindre la cuillère et à la ramener au dehors; depuis ce moment les travaux sont poursuivis avec une nouvelle ardeur qui promet de rapides progrès.

[ocr errors]

1

[ocr errors]

ལ་

M. Maraviglia transmet de magni fiques échantillons de soufre natif de Sicile, et adresse en même temps un travail sur l'époque et le mode de formation de cette substance; l'auteur pense qu'elle s'est déposée à la suite d'un grand dégagement d'acide hydro-sulfurique.

L'Académie reçoit de M. Rayard un mémoire de météorologie sur le tonnerre et les orages; cet observateur a remarqué que le bruit du tonnerre est en rapport avec la forme de l'éclair, et que les zig-zags de l'éclair paraissent déterminés par les reliefs et saillies de Ja terre; il s'est assuré, en outre, qu'au moment où l'orage commence, le vent se dirige vers le nuage orageux, ce qui s'explique par le refroidissement de l'atmosphère en ce point et par le vide où l'air se précipite de toute part; bientôt après, quand la nuée crève et que la pluie tombe, le vent au contraire partant du nuage souffle vers les points environnants; ce second effet est analogue à celui qui a lieu dans les forges où l'on produit un rapide couraut d'air au moyen d'une machine appelée trompe; l'eau, en tombant

a

9. Cherbourg. Naufrage d'une corvette de guerre. Un drame horrible et tel que les annales de la marine en enregistrent rarement, vient de se dénouer inaperçu non loin des rivages de l'Atlantique, au milieu des flots sillonnés chaque jour par les navires qui vont de France en Espagne et d'Es. pagne en France. On raconte qu'une corvette de guerre, à la destination de Brest ou de Cherbourg, essuya, dans le golfe de Gascogne, un coup de vent d'une grande violence, et qu'on entendit aussitôt un cri retentissant deux fois répété: « Un homme à la mer! Deux gabiers, placés aux appointures des huniers, en avaient été arrachés et jetés au loin par le souffle impétueux de l'ouragan. Malgré la fureur des éléments, l'équipage se précipita dans la chaloupe et parvint à la mettre à flot. Onze hommes et un élève y étaient pla- ̧ cés. Il leur fallut des efforts inouls pour découvrir ces malheureux gabiers, qui luttaient avec énergie contre les vagues irritées, puis de nouveaux efforts encore pour s'en approcher contre le vent et la marée. La nuit les surprit dans cette périlleuse entreprise, au moment où ils avaient le bonheur de sauver leurs infortunés compagnons, dont les forces étaient épuisées. Des soins leur furent prodigués, et l'on ne pensa plus qu'à la retraite ; mais la corvette avait disparu dans l'obscurité, et le sifflement de la tempête ne permettait pas d'entendre les coups de canon qui, sans doute, étaient tirés d'instant en instant, comme signal de ralliement. La nuit se passa dans une terrible anxiété. Au jour naissant, tous les regards consultèrent l'horizon; chacun retint son halcine pour mieux écouter le bruit apporté par la brise, dont la violence avait diminué. Mais rien ne paraissait, rien ne se faisait entendre, et quatorze hommes étaient là, au milieu des abîmes, sans boussole et sans vivres, car, dans l'ardeur de la mise

་་

à l'eau de la chaloupe, personne n'avait prévu un événement dont la triste réalité commençait à étreindre les cœurs les plus endurcis sur le danger. Trois autres jours s'écoulèrent sans aucun sujet d'espérance pour l'équipage de l'embarcation. Alors la faim qui leur tordait les entrailles excita un murmure, puis un grand tumulte, puis des cris de mort. Seize noms fu rent placés dans un chapeau, et la mal, heureuse victime demanda, comme une grâce, la permission de se donner la mort; elle se plongea aussitôt un couteau dans le cœur ; au même instant sés chairs palpitantes furent dépecées et dévorées avec la férocité des antropo. phages. Cette affreuse nourriture dura encore quatre jours, et déjà l'on agitait la question de recommencer la loterie du sang humain, dont le tirage avait prolongé la vie des joueurs. Le jeune élève, d'une santé délicate, brisé par les émotions auxquelles il était en proie depuis le premier acte de cannibalisme consommé, ne put résister plus long-temps à ces convulsions intérieures, à ces angoisses horribles : il expira. Aussitôt son cadavre éprouva le même sort que celui du matelot dévoré. Enfin, dans la matinée du huitième jour, lorsqu'on allait recommencer pour la troisième fois le sacrifice d'un corps humain, une voile parut à l'horizon. On fit force de rames avec une joie frénétique, au bruit d'un hourra général; on agita en l'air un mouchoir, le signal fut aperçu par une barque de pêcheur catalan qui recueillit les naufragés et les conduisit à SaintSébastien,

Les détails qui précèdent sont extraits d'une lettre écrite par l'un des hommes de la chaloupe, à son père, qui est fonctionnaire public à Cherbourg.

[blocks in formation]

Le grand prix Monthyoa n'a pas été décerné.

:

Relativement aux ouvrages les plus utiles aux mœurs, l'Académie Française a décerné uue médaille de quatre mille francs à M. Ed. Alletz, auteur d'un ouvrage intitulé: De la Démocra tie nouvelle; une médaille de trois mille francs à MM. Therme et Mon. falcon, auteurs de l'Histoire statistique et morale des enfants trouvés; une médaille de trois mille francs à M. Marquet-Vasselot, auteur de l'Ecole des condamnés, etc. ; une médaille de trois mille francs à M. le chevalier Artand, auteur de la Vie de Pic VII; une médaille de trois mille francs à madame A. de Cubières, auteur d'Emmeri de Mauroger; une médaille de deat mille francs à madame Belloc, auteur de Pierre et Pierrette.

Après le rapport de M. Villemain, les lauréats du prix d'éloquence son! venus recevoir leurs médailles de mains de M. de Salvandy. Sur la demande du ministre, le roi a doublé le prix que MM. Faugères et Dupré-Las sale devaient partager. M. Mignet a donné lecture de divers fragments de deux discours couronnés.

Ensuite, M. de Salvandy a prononcé un discours sur les prix de vertu.

Un prix de 4,000 fr. à été décerné à Pierre Guillot, demeurant à Ancenis, département de la Loire-Infe rieure; un prix de 3,000 fr. à JeanMarie George, demeurant à Paris, rue Contrescarpe, 39; un prix de 3,000 fr. à Louis Brune, à Roues (Seine Inférieure); un prix de 3,000 fr. à Alexandre Martin, à Champroad. on-Gatine (Eure-et-Loir); un prix de 3,000 fr. aux frères Conté, Pierre Jacques-Urbain et Abraham-Siméon, à Cahors (Lot).

Quatre médailles de mille frapes chacane: 1o A Théodore Mollet, à Quimper (Finistère); 2° A Edmond Cappe, à Paris; 3° A Sophie Vilain, à Paris; 4° A Antoinette-Louise-Pétrouille Grosso, à Paris.

Deux médailles de cinq cents francs chacune: 1o A Victor Gardy, à Paris, rue Neuve-Coquenard, impasse de l'Ecale, 16; 2° A Eulalie Brumeau, à Donges ( Loire Inférieure).

40. Paris. Expérience de magni

·tisme. - Quelques hommes de lettres ont assisté aujourd'hui, chez M. Pigeaire, rue de l'Université, 98, à une séance de magnétisme animal. Les bruits qui couraient, depuis quelque temps, sur la singulière vertu de la lucidité magnétique d'une enfant de douze ans, leur avait fait désirer d'être témoins d'une épreuve. Elle a eu lieu en leur présence, et voici en somme ce qui s'est passé.

Mademoiselle Pigeaire s'est assise sur un fauteuil, devant un guéridon. L'un des hommes de lettres dont nous parlions, assisté d'une autre personne, lui a mis un bandeau, ainsi composé : Premièrement, on a couvert les yeux de mademoiselle Pigeaire avec un bandeau de toile fine, d'environ six pouces de largeur, descendant du haut du front jusqu'à l'extrémité du nez. Deuxièmement, des tampons de coton en rame ont été placés dans les cavités des orbites de manière à les combler et à forcer les yeux à se tenir fermés. Troisièmement, on a appliqué par dessus le coton et la toile un masque à trois épais. seurs de velours noir, allant depuis Je haut du front jusqu'au dessous des pommettes, serrant étroitement toute la face, et laissant passer l'extrémité du nez par une petite échancrure. Quatrièmement, on a collé deux bandes de taffetas d'Angleterre noir, d'à peu près un pouce et demi de largeur, sur la partie inférieure du masque, et on les a rabattues, en les collant avec soin, jusqu'au bord de la lèvre supérieure. Enfin, on a bouché avec soin tous les interstices, de manière à ne laisser absolument libres que les deux orifices des narines. Quand cette opération a été terminée, tous les assistants se sont approchés, et ils ont reconnu qu'il était matériellement impossible qu'aucun rayon lumineux pénétrât jusqu'aux yeux, soit par le haut, soit par le bas du masque.

Mme Pigeaire a magnétisé sa fille, et au bout de quelques instants, celleel a déclaré qu'elle était disposée à lire ce qu'on voudrait. Alors, on a placé un pupitre devant elle; sur ce pupitre, un livre, que l'un des assistants avait apporté; sur ce livre, un verre à vitre, et, au bout d'environ dix minutes, mi demoiselle Pigeaire s'est mise à lire très-couramment, en pressant forte

ment le verre du bout de son doigt, mouillé avec sa salive,

Après le livre, mademoiselle Pigeaire a lu diverses phrases que deux assistants avaient écrites.

Enfin, elle a joué deux parties d'écarté avec deux personnes, en nommant très-exactement et sans hésitation toutes les cartes, à proportion qu'elles tombaient sur la table,

Ces expériences terminées, on a ôté avec précaution le bandeau à mademoiselle Pigeaire. Il a été constaté par tout le monde que la toile couvrait encore les yeux et que le coton remplissait les orbites. Le taffetas d'Angleterre était si exactement collé, qu'il n'a été enlevé qu'avec quelque difficulté. Du reste, mademoiselle Pigeaire n'avait pas porté une seule fois la main à son masque, ou fait un mouvement sensible des lèvres pour le déranger.

L'un des assistants s'est fait mettre le masque, sans application de taffetas. Il a déclaré être dans l'obscurité la plus profonde, et ne pouvoir pas distinguer s'il faisait nuit ou jour, En plaçant ses deux mains sur son masque, ou en les ôtant, l'obscurité ne devenait ni plus ni moins intense,

Voilà ce qui s'est passé aujourd'hui, en présence de onze personnes, dont cinq au moins n'avaient jamais vu mademoiselle Pigeaire. Le fait nous semble assez grave pour mériter l'attention de la science. Nous savons que le merveilleux et le charlatanisme sont quelquefois très-voisins l'un de l'autre ; raison de plus pour les bien étudier. Du reste, il y a eu lecture faite, à travers un bandeau de toile, un tampon de coton et trois épaisseurs de velours noir. Le fait a été soigneusement et sérieusement constaté; et, naturel ou surnaturel, il n'en est pas moins étrange.

[blocks in formation]
« VorigeDoorgaan »