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Italiens. Le Dominicain, qu'on vient de nommer, a fait une Differta tion exprès, pour le prouver.

Nôre Auteur a raifon de dire qu'il ne feroit pas jufte de s'en rapporter aux Italiens, ni à ceux qui font dans des fentimens contraires. En effet, il n'y a que le poids des raifons qui doive être confideré, en cette occafion. Il n'y auroit perfonne qui fût en état, de juger fans prévention, que les Proteftans; parce qu'il ne leur importe point de quel côté la balance panche, puis qu'il ne s'agit d'aucun des Dogmes, qui les féparent de l'Eglife Romaine. Si ce Concile ne fut pas légitime, il s'enfuit de là que tous les Papes, qui ont fiégé depuis Alexandre V. qui y fut élu, ont été illégitimes. Si on veut qu'il foit légitime, il fe trouvera que l'autorité de Papes reçut dès lors un grand échec; puis qu'il déclara les Papes foumis aux Conciles Géneraux.

Mais, dit nôtre Auteur, quoi que les Proteftans foient hors d'interêt, à cet égard; l'équité ne veut pas qu'ils s'érigent en Juges, en cette Controverfe. S'ils prétendoient ja ger,

entre les deux partis Catholiques, & les contraindre de fe foumet

tre

tre à leur jugement; its feroient en effet infenfez, parce qu'ils ne doivent, ni ne peuvent entreprendre rien de femblable. Mais il leur est permis d'en juger, pour eux-mêmes, Ïors qu'ils liront les Hiftoires qu'on à faites, fur cette matiere, en cetems-là; ou, fi vous voulez, la Dif fertation du P. Alexandre. Ils pourront juger que le Concile de Pife n'étoit pas qualifié, pour juger d'une fi grande question, dans l'Eglife Romaine; parce que le Pape ne l'avoit point appellé, ni reconnu pour juge de cette affaire. Les Efpegaols i es Ecoffois ne reconnoiffoient point ce tribunal. L'Eglife Greque ne pouvoit pas fe foumettre à un Synode, où il n'y avoit eu perfonne de fa part.

Les Proteflans peuvent juger, pour eux mêmes, qu'ils ne font nullement obligez de prendre part dans cette controverfe, qui ne les regarde point; parce qu'ils ne prétendent accepter la décifion d'aucun Synode, fur tout affemblé dans un fiécle auffi ténebreux & auffi factieux, que l'étoit celui-là.

Mr. Lenfant les renvoye au P. Alexandre, qui lui même n'eft pas autorifé pour décider cette contro

verse,

verse, & qui est dans les fentimens de la Sorbone, à laquelle on n'eft pas plus obligé de fe foumettre, qu'au Pape.

Néanmoins il faut tomber d'acord avec le Docteur de Sorbonne & Mr. Lenfant, que le Concile de Pife ne fut pas tout à fait inutile; parce qu'on y vit deux Colleges de Cardinaux réunis, pour condamner les Concurrens & élire un Pape, du confentement des deux Partis. Outre cela, ce fut en vertu du Concile de Pife, que s'affembla celui de Conftance, qui termina le Schifme, & qui autoriza celui de Pife. Comme c'est de ce Concile, que font venus tous les Papes, felon la remarque de nôtre Auteur, qui ont fiegé jusqu'à préfent; on ne fauroit le rejetter, fans rejetter en même tems tous les Papes, qui ont fiegé depuis. C'eft en quoi les Proteftans ne s'intereffent nullement, à moins qu'ils ne cherchent à fe divertir aux dépends des Evêques de ce tems-là, qui fe trouverent dans la néceffité d'appeller Ecumenique un Concile, qui ne l'é toit point, parce qu'il leur convenoit qu'on le crût; d'autant plus que le Concile de Conftance en étoit une

fuite. Mais ce qui eft vicieux, dans fon commencement, ne devient pas légitime dans la fuite.

Quoi qu'il en foit, on peut faire un très-bon ufage de cette Hiftoire, en voyant les defordres, que l'ambition, & l'ignorance du Siecle, cauferent alors, qui donnerent occafion aux peuples de remarquer la fausseté de bien des fentimens; que l'on confondoit malheureufement avec ceux des Apôtres, & enfin de faire un corps. à part de cette Eglife, dont on ne pouvoit attendre aucun amendement. Les Bohemiens commencerent alors de s'appercevoir qu'on faifoit paffer, pour dogmes Apoftoliques, des fentimens qui n'avoient aucune liaison, avec l'Evangile,qu'ils prêchoient.W clef, en Angleterre,s'aperçût auffi de la même chose & ceux qui lurent leurs Ecrits, malgré la violence de ce qu'on appelloit l'Eglife, commencerent à ouvrir les yeux fur bien des chofes, qu'on avoit débitées, pour vrayes, & qui ne l'étoient nullement. Peu à peu, on fe défit de bien des opinions populaires, fur tout dès que la connoiffance des belles Lettres & des Langues, donnerent aux Chrétiens Occidentaux le moyen de lire l'Ecri

ture

ture Sainte & les Ouvrages des anciens Chrétiens, dans les Langues Originales. On fait jufqu'où l'on a pouffé depuis les études des Langues & les Sciences, même les plus abftraites. Par là on a trouvé le moyen d'augmenter fes lumiéres, & de les porter à un degré de perfection, auquel on ne les avoit pas encore vuës. Aulieu que l'art de raifonner ne fe trouvoit, que dans les Livres des Scholaftiques, qui ne contenoient qu'un Péripatetisme mal-entendu, & plein d'une infinitez de fauffetez; on a porté à la fin tout cela à un degré de perfection, auquel on ne l'avoit point vû. Ces lumiéres ont perfectionné toutes les Sciences, & particulierement l'art d'entendre les Ecrits des Anciens; & de fe garantir, en même tems, de leurs erreurs. Mais il a fallu du tems, pour cela, & l'on a vû s'écouler plufieurs génerations, avant que quelques Efprits choifis nous aient enfin conduits à des connoiffances; que ni nous, ni nos Ayeux, n'aurions pas pû aquerir, fans ceux, qui nous en ont montré le chemin.

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Mr. Lenfant indique, dans fa Préface, les fources, où il a puifé; & rend justice à tous ceux, dont il a tiré quel

ques

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