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Adites dont parle Ebn-Khaldoun quite tèrent l'Arabie.

Une autre tribu dont l'existence n'est pas moins hypothétique, et qui fut tout aussi célèbre par son triste destin, est celle des Thamoudites ou descendants de Thamoud. Ils habitaient dans l'Arabie Pétrée, et s'étaient taillé dans le roc de vastes édifices, où ils se croyaient à l'abri des vents et des tempêtes; aussi se livraient-ils sans crainte comme sans remords à leurs passions et au culte des faux dieux. Ainsi que le prophète Houd avait été envoyé aux Adites, le prophète Saleh fut envoyé aux Benou-Thamoud, et reçut du Seigneur l'ordre de les ramener dans la bonne voie. Il commença par leur prouver la vérité de sa mission un rocher de granit s'entr'ouvrit à son commandement, et il en sortit une chamelle pleine qui mit bas son petit. Ce prodige s'opérait à la demande des Benou-Thamoud; cependant il ne put les convaincre nonseulement ils persistèrent dans leur idolâtrie, mais ils tuèrent la chamelle dont la présence était pour eux un reproche incessant de désobéissance et d'opiniâtreté. La vengeance céleste ne se fit pas attendre le sol trembla, les montagnes se fendirent, et tous les gens de la tribu tombèrent morts la face contre terre (*). Leur nom et le lieu qu'ils habitaient sont encore frappés de malédiction aux yeux des bons musulmans.

Les tribus de Tasm et de Djadis, dit la tradition, ont vécu dans le Yémama toutes deux avaient un gouvernement commun, dont le chef était pris tantôt dans une tribu, tantôt dans l'autre. Un chef de la tribu des BenouTasm, d'après Aboulféda, voulut publier une loi, par laquelle il avait le droit de choisir pour son harem toutes celles des jeunes fiancées de la tribu des Benou-Djadis qui lui plairaient davantage. Cet acte de despotisme réveilla des haines longtemps assoupies; on conspira; les chefs du complot invitèrent le prince et ses adhérents à

(*) Voy. le Coran, ch. vii.
4 Livraison. (ARABIE.)

une fête splendide. A peine étaientils réunis, que les Djadísites, prenant des armes qu'ils avaient cachées dans le sable, attaquèrent les Benou-Tasm. Le tyran fut mis à mort, et avec lui une grande partie de sa tribu; puis vainqueurs et vaincus se séparèrent. Plus tard, les restes de ces deux peuplades furent détruits par les rois du Yémen.

Nous pourrions multiplier les noms de ces tribus (*), sans passé et sans

(*) D'après Djelal-ed-Din-el-Soyouti, les neuf tribus primitives des Arabes qu'il appelle Arabes purs ou non mélangés, étaient Ad, Thamoud, Oumayim, Abil, Tasm, Djadis, Amlik, Djourhoum et Wabar, descendant toutes d'Aram, fils de Sem, fils de Noé. Il est singulier que parini les noms cités dans cette ancienne tradition il n'y en ait qu'un présentant une analogie complète avec un nom biblique. C'est Amlik, dont nous avons fait les Amalécites. M. Fresnel a essayé d'identifier El-Tasm et ElOumayim avec Letousim et Leoummim, deux enfants de Dedan, fils de Yoschan, fils de Cethura, seconde femme d'Abraham, se fondant sur l'identité des lettres radicales dans l'arabe et l'hébreu. Mais, en admettaut son hypothèse, il n'en résultera pas moins que parmi les neuf plus anciens noms de tribus que nous fournissent les traditions de la péninsule, un seul appartient évidemment et deux hypothétiquement aux auciennes généalogies qui nous sont données par la Bible. Nous n'osons accepter sans discussion Hadoram pour Djourhoum, Abi pour Awbal, Adah, femme d'Ésaü, pour Ad. M. Fresnel lui-même a indiqué ces rapprochements sans paraître y attacher d'importance. Quoi qu'il en soit de ces analogies, on peut les compléter par l'examen des textes anciens de la Grèce et de Rome. C'est ainsi que les Thamudini sont évidemment les Benou-Thamoud, que les Banabari peuvent s'identifier aux Benou-Wabar, et que la position donnée par Ptolémée pour les 'loxíattat, répondant à celle du Yémama, habité par les Benou-Djadis, on peut supposer l'erreur d'un copiste qui a écrit un A en place d'un A, et rapprocher ces deux noms pour en faire celui d'une même tribu. Nous devons d'ailleurs, au début d'une histoire difficile et obscure, prévenir que dans l'état actuel des connaissances acquises sur l'Arabie, et vu l'époque comparativement

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avenir, dont l'existence n'a d'autre base que quelques paroles du Coran ou quelques traditions apocryphes; mais nous en avons dit assez sur la période fabuleuse de l'histoire des Arabes. Il est temps de passer à l'étude d'une époque où la fable est du moins mêlée de quelques vérités. La fable est née dans le berceau du monde : l'homme en est enveloppé au début de sa carrière, elle nous cache ses premiers pas; plus tard sa voix sait se faire entendre à travers le bruit ou le silence des nations, et rarement elle nous permet d'écouter, sans nous laisser distraire, les accents moins sonores de la vérité historique.

Établissement des Arabes dans
le Yémen.

Premiers rois himyarites.

Deux nations principales se sont en quelque sorte partagé la péninsule de puis les temps les plus anciens jusqu'à la naissance de Mahomet. L'une faisait remonter son origine à Kahtan, que l'on identifie ordinairement avec le Jectan de la Genèse (*); l'autre prétendait descendre d'Ismail, fils d'Abraham (**). Les descendants de Kahtan, fixés dans les campagnes de l'Arabie Heureuse

récente à laquelle ont été recueillies les traditions relatives aux Arabes avant l'islamisme, tout rapprochement, quelque ingénieux, qu'il puisse être ne peut offrir qu'une hypothèse lorsqu'il s'agit de cette partie de l'histoire répondant, chez les Arabes, à la période mythologique des origines grecques ou romaines.

(*) Natique sunt Heber filii duo: nomen uni Phaleg, eo quod in diebus ejus divisa sit terra et nomen fratris ejus Jectan. Genèse, ch. x, v. 25.

(**) Nous avons, pour plus de clarté, divisé la nation arabe en deux races principales; mais quelques chroniqueurs en reconnaissent trois. La première, ou celle des Arabes Aribah, se composait des tribus éteintes dont nous avons parlé tout à l'heure; la seconde, ou celle des Arabes Moutaárribes, descendait de Kahtan; la troisième race, ou celle des Arabes Moustárribes, était formée de la postérité d'Ismaïl.

ou Yémen, y avaient élevé des villes, et se livraient aux travaux de l'agriculture. Les Ismaélites, répandus dans les campagnes pierreuses du Hedjaz ou dans les plaines infertiles du Téhama, vivaient sous la tente, faisaient paître leurs troupeaux et se livraient au commerce. Ce sont les guerres ou les alliances de ces deux races qui forment les traits les plus saillants de l'histoire arabe avant l'islamisme.

Quelle que fût la prétention des Ismaélites ou Arabes du Hedjaz à une noble origine, ils ont toujours positivement reconnu l'antériorité nationale des Arabes du Yémen ou descendants de Jectan. Ils les proclamaient Aribah, Arabes de pur sang, Arabes par excel lence, tandis qu'ils se déclaraient Moustarribes ou entés sur les Arabes par le mariage d'Ismaïl avec une fille de la race des Jectanides. C'est donc par ces l'histoire des anciens temps de la péninderniers qu'il nous faut commencer sule.

Nous chercherions en vain chez les Grecs quelque lumière sur la constitutre eux qui nous ont laissé quelques tion politique du Yémen. Ceux d'endétails à ce sujet, semblent se contredire sans cesse. La succession au trône, dit Ératosthène, n'était pas établie de père en fils; mais l'enfant né le premier après l'avénement du roi, parmi ceux des familles distinguées, devait succéder au monarque. En conséquence, on faisait le recensement de toutes les femmes de la classe élevée qui se trouvaient enceintes lors de cet avénement; on plaçait auprès d'elles des gardes pour connaître celle qui accoucherait la première, et l'enfant qu'elle mettait au monde recevait l'éducation réservée à l'héritier présomptif du trône (*). D'après Agatarchide, au contraire, le pays était gouverné par des rois pris successivement dans la même famille. Leur pouvoir était absolu; mais ils achetaient chèrement le droit de commander aux autres sans avoir à rendre compte à personne de leurs actions. Il ne leur était pas per

(*) Strabon, liv. xv1, p. 768.

mis de sortir de leur palais, et, s'il leur arrivait de s'en écarter, ils étaient lapidés par le peuple en exécution des ordres d'un ancien oracle (*). Ces notions imparfaites et extraordinaires sont démenties par les traditions des Arabes, qui ont du moins pour elles l'autorité que leur prête le soin minutieux avec lequel on conserve, dans toute la péninsule, la généalogie des familles et le souvenir des faits qui peuvent les illustrer.

La plus grande difficulté qui résulte de la pénurie de documents écrits ou contemporains, c'est de pouvoir déterminer, même d'une manière approximative, la succession chronologique des événements, puisque les Arabes n'ont eu d'ère générale que postérieurement à l'ère du Christ. Nous avons à étudier l'histoire d'un pays qui, d'après les chroniques indigènes, était civilisé dès le temps de Salomon, qui, à l'époque de l'islamisme, jouissait peut-être, depuis plus de deux mille ans, des bienfaits d'une monarchie régulière, et nous n'avons pour nous guider que des listes de rois confuses, incertaines, évidemment insuffisantes pour combler les lacunes qu'elles sont destinées à remplir. Djennabi donne à la monarchie des rois du Yémen une durée de trois mille ans; Aboulféda ne lui en accorde que deux mille vingt, et il est impossible de supposer que vingt-six ou trente rois, dont les noms sont arrivés jusqu'à nous, aient pu remplir la plus courte de ces périodes. Les chroniqueurs arabes tranchent la difficulté en accordant trois ou quatre cents ans de règne à quelques-uns de ces princes; mais la critique historique la plus accommodante ne pouvant faire de pareilles concessions, il nous faut admettre, ou que l'origine d'un pouvoir monarchique et régulier dans le Yémen est de bien des siècles postérieur à Jectan, ou que les princes dont les noms sont parvenus jusqu'à nous étaient ceux-là seuls qui se firent remarquer par leur puissance et leurs conquêtes. C'est dans l'espoir d'arriver à fixer

(*) Diodore de Sicile, liv. 111, par. XLVII.

notre incertitude à cet égard que nous allons commencer par exposer les faits rapportés par les chroniqueurs, sans nous préoccuper d'aucun système chronologique. Ces faits peu nombreux, incohérents, interrompus par des lacunes, sont fabuleux pour la plupart, incertains presque tous : ils n'apportent à l'histoire aucun enseignement utile, et peut-être les trouverons-nous bien peu dignes des discussions arides auxquelles il faut se livrer pour leur assigner une place dans la série des âges.

Kahtan ou Jectan, le fondateur de la dynastie, est regardé par Aboulféda, qui s'appuie sur l'autorité d'Ebn-Saïd le Maghrebin, comme le premier roi du Yemen; cependant Hamza-el- Isfahani prétend que c'est Iarob, fils de Kahtan, qui vint s'établir dans le Yémen avec ses enfants, et parla le premier la langue arabe : il eut pour fils Iaschob, qui engendra Saba. Ce dernier est regardé par Nowaïri comme le véritable fondateur du pouvoir royal, et il est probable du moins qu'il établit le premier d'une manière fixe le siége de sa puissance en construisant la ville de Saba, d'où son peuple prit le nom de Sabéens, sous lequel il a été connu par les Grecs. Nowaïri nomme aussi ce prince Abdschems. Ce qu'il y a de certain, c'est que toutes les tribus arabes comprises sous le nom de Saba reconnaissent pour auteur Kahtan. Jusqu'ici, l'histoire de ces anciens rois n'est qu'une pure nomenclature de noms. Saba eut un grand nombre d'enfants, parmi lesquels deux surtout jouent un rôle important dans l'histoire de l'Arabie, Himyar et Cahlan. Les enfants de Himyar, dit M. de Sacy, eurent toujours, à ce qu'il paraît, de grandes prétentions au gouvernement général de tous les descendants de Saba établis dans le Yémen ; et de là vint sans doute que le nom de Himyarites ou Homérites fut souvent pris, du moins par les Grecs et autres nations étrangères, pour synonyme de celui de Sabéens. Le dernier, il est vrai, devait renfermer tous les descendants de Saba, au lieu

que le premier ne s'appliquait qu'à la branche de Himyar; mais les Himyarites ayant souvent étendu leur domination sur tout le pays qu'occupaient les descendants de Saba, la nation entière fut comprise sous leur nom. En effet, à la mort de Himyar, la famille de son frère Cahlan disputa le trône à ses fils, et l'empire se trouva partagé, une branche continuant de régner à Saba et l'autre à Zhafar, dans Te Hadramaut. Quinze générations s'écoulèrent, nous dit Hamza, avant que les rênes de ces deux Etats fussent de nouveau réunies entre les mains de Harith-el-Raïsch (*). C'est dans cet intervalle qu'Aboulféda place les règnes de Ouathil-ben-Himyar, El-Secsac-benOuathil, Iafar - ben-el-Secsac, Amerben-Bazan, surnommé Dhou-Riasch, El-Noman-ben-Djafar, surnommé ElMoafir, Asmah-ben - Noman, Scheddad-ben-Ad, son frère Lokman-benAd, et, après celui-ci, son second frère Dhou-Sedad-ben-Ad.

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Harith, fils de Dhou-Sedad, avait été surnommé El-Raïsch (celui qui enrichit), à cause des riches dépouilles qu'il avait recueillies dans ses nombreuses expéditions. Si nous en croyons la tradition, il alla attaquer les peuples de l'Azerbidjan, et étendit ses conquêtes jusque dans l'Inde. Ce fut lui qui, le premier, reçut le nom de Tobba, que prirent ensuite les rois du Yémen, comme les empereurs romains s'appelaient César, où les rois d'Égypte Pharaon. Aboulféda (**) donne pour successeur à Harith, Dhou'lKarnain (celui qui a deux cornes), personnage célèbre dans les légendes merveilleuses de l'Arabie. Ce prince apo

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(*) « Avant lui, deux rois régnaient dans « le Yémen, le roi de Saba et le roi du «Hadramaut; en sorte que les Yémanites furent partagés jusqu'au temps où régna "Harith. Tous les habitants du Yémen se - réunirent à lui et suivirent (tabbahou) ses lois; d'où on l'appela Tobba. » Historia imperii vetustissimi Joctanidarum in Arabia felice excerpta ab Alberto Schultens, p. 22. (**) Imperium Joctanıdarum ex Abulfeda,

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cryphe. que les Orientaux, dans leur ignorance de l'histoire, ont quelquefois confondu avec Alexandre, aurait poussé ses conquêtes vers les régions les plus éloignées de la terre, soumettant à son joug des nations dont la taille était colossale, ou prenant des villes dont les murailles de cuivre et d'airain étaient si brillantes que, pour se garantir de la cécité, les habitants portaient des masques. Ni Hamza ni Nowaïri ne placent le nom de Dhou'lKarnain, à cette époque, sur les listes qu'ils nous donnent (*). D'après eux, le successeur de Harith aurait été Abraha, surnommé Dhou'l-Menar, qui porta ses armes en Afrique, et construisit dans le désert une ligne de fanaux pour servir de signaux et de points de reconnaissance. Son fils, Afrikis-ben-Abraha, étendit ses conquêtes jusqu'aux côtes de l'Afrique qui regardent l'Océan, soumit les Berbères, et bâtit la ville qu'il nomma, d'après son nom, Afrikieh (**). Il eut pour successeur son frère El-abd-benAbraha, surnommé Dhou'l-Azhar (celui qui répand la terreur). Il est regardé comme le conquérant des Blemmyes ou Pygmées, qu'il aurait soumis du vivant de son père. Plus tard, ses sujets, rebelles à son pouvoir, donnèrent la couronne à Haddad-ben-Scherhabil, descendant de Ouathil-ben-Himyar, et ce dernier, après plusieurs combats sanglants, demeura seul maître du royaume.

La reine Belkis, fille de Haddad, est darum, p. 22 et 52. (*) Historia imperii vetustissimi Joctani

(**)

« On pense que l'Afrique doit son nom à Afrikis-ben-Abraha-Erraisch; d'antres disent à Afrikis-ben-Saïfè-ben-Saba

ben-Iaschob-ben-Iarob-ben-Kahtan.Ce chef, à ce que l'on raconte, ayant porté la guerre dans le Maghreb, parvint à une vaste contrée, où il trouva de l'eau en abondance. Là il donna l'ordre d'élever une ville, et lorsqu'elle fut construite, il lui imposa le nom d'Afrikieh et la peupla de nombreux habitants plus tard le pays tout entier prit le nom de cette ville. Afrikis retourna ensuite dans le Yémen. (Mer-el-Itt. MS. de la Bibl. royale, fol. 49.)

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regardée par les Arabes comme cette fameuse reine de Saba, qui devint la femme du roi Salomon (*). Sa retraite dans les montagnes du Yémen, dit une légende arabe, fut révélée au prince juif par le moyen d'un vanneau que ce prince, pendant sa marche au travers des déserts de l'Arabie, avait envoyé à la découverte de l'eau dont son armée avait le plus pressant besoin. C'est à Belkis que quelques chroniqueurs ont attribué la construction de la fameuse digue voisine de Mareb, dont nous aurons bientôt à nous occuper, car sa rupture est la première ère générale dont les Arabes se soient servis dans le récit de leur histoire.

Les Himyarites, dit Hamza, racon« tent que Belkis, étant devenue reine, • bâtit, dans le pays de Saba, la digue << nommée Arim: les autres habitants ⚫ du Yémen contestent ce fait; ils sou« tiennent que la digue Arim avait été construite par Lockman, le second « fils d'Ad; que le temps l'ayant en« dommagée, Belkis, devenue reine, « répara les dommages qu'elle avait « soufferts. Après la mort de Belkis, Iasasin, qui était son oncle, d'après Hamza, et son cousin, d'après Nowaïri, monta sur le trône du Ÿémen. On le surnomma Naschir-el-Niam (celui qui qui donne des richesses); il devait ce surnom aux trésors dont il avait enrichi les peuples qu'il gouvernait. Il entreprit de grandes expéditions dans le Maghreb, et s'avança jusqu'à une immense vallée à laquelle personne n'était encore parvenu. Là, il trouva une telle profondeur de sable mouvant, que tout passage était impossible. Tandis qu'il était arrêté par cet obstacle inattendu, les vents écartèrent une partie de ces sables, et il ordonna à un des principaux officiers de sa maison de tenter le passage à la (*) Rois, liv. 1, chap. 10; Paralipom., liv. 11, ch. 9. Les Abyssins, de leur côté, réelament pour une de leurs reines l'honneur d'avoir partagé la couche de Salomon, et prétendent que la dynastie royale était issue chez eux de l'union de leur souveraine avec le roi des Juifs. Voy. UNIVERS, Abyssinie,

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tête de quelques troupes; mais ce fut en vain qu'il attendit son retour. Tous avaient péri; et le prince, désespérant de les revoir jamais, fit élever sur un rocher, à l'extrémité de la vallée, une statue d'airain, sur la poitrine de laquelle était tracée cette inscription en caractères himyarites: Naschir-elNiam, descendant de Himyar, a élevé cette statue; qui que vous soyez qui lisez ces mots, n'allez pas plus loin : le retour est impossible et la mort certaine.

Iasasin eut pour successeur SchamarIarasch-Abou-Carib, fils d'Afrikis, petit-fils d'Abraha et arrière-petit-fils d'El-Raïsch. On l'avait surnommé Iarasch, ou le Trembleur, parce qu'une maladie lui avait occasionné un tremblement général. C'est lui que Hamza assure, d'après l'autorité des gens du Yémen (*), être le Dhou'l-Carnaïn qui a été quelquefois confondu avec Alexandre, et qu'Aboulféda donne pour successeur à Harith, surnommé El-Raïsh. On l'avait appelé Dhou'l-Carnaïn, le porteur de cornes, parce qu'il avait deux longues tresses pendantes sur les épaules. Iarasch, d'après Nowaïri, était contemporain de Ystasf (Darius fils d'Hystaspe), roi des Perses, qui lui prêta le serment d'obéissance et le reconnut pour son suzerain. Ce chef du Yémen, dont les traditions, d'après l'aveu de Hamza lui-même, racontent des faits incroyables, se mit en route pour le pays des Sines (la Mongolie). Il s'arrêta dans la Sogdiane, dont tous les habitants se réunirent dans les remparts de Samarcande, qu'ils croyaient une protection suffisante contre le conquérant arabe; mais il mit le siége devant la ville, et le poussa avec une telle vigueur qu'il s'en empara bientôt, la détruisit de fond en comble, et passa la garnison au fil de l'épée. C'est cette catastrophe, dit Nowaïri, qui fit donner à cette malheureuse cité le nom de Samarcande, c'est-à-dire détruite par Schamar (**). Ce prince

(*) Imperium Joctanidarum ex Hamza Ispahanensi, p. 26.

(**) Imperium Joctanidarum ex Nowairi,

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