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quitta alors la Sogoane, et continua sa route vers le pays des Sines; mais là s'arrêta le cours de ses conquêtes, et la ruse fit ce que la force n'avait pu faire. Le vizir du roi des Sines, résolu à sauver son maître à tout prix, se mutila le visage et arriva, le nez coupé, dans le camp du roi des Arabes. Ce prince était alors sur les bords d'un grand désert, dont la longueur était de dix marches, et qui le séparait encore du pays des Sines. A la vue d'un homme qui lui parut un transfuge et dont l'état inspirait la pitié, Schamar non-seulement l'accueillit dans sa tente, mais lui accorda toute confiance lorsqu'il eut appris de la bouche du vizir que c'était le roi des Sines qui l'avait traité d'une manière si indigne pour le punir de lui avoir conseillé la soumission. En conséquence, il l'interrogea sur la longueur du désert qui lui restait à traverser, et reçut la fausse indication que trois jours suffisaient pour atteindre un pays où les Arabes trouveraient de l'eau et des vivres. Ainsi trompé, le roi ne fit prendre de provisions à ses troupes que pour trois jours, et marcha en avant; mais bientôt l'eau manqua, et le vizir lui ayant alors déclaré quel avait été son plan, lui annonça qu'il n'y avait, ni pour lui ni pour les

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p. 58. Hamza rapporte comme une preuve des conquêtes de Schamar dans la Sogdiane, que l'on avait trouvé dans un édifice de Samarcande une inscription en caractères himyarites qui commençait ainsi : « Au nom de Dieu, Schamar Iarasch a élevé cet édifice au soleil son seigneur. » Aboulfeda s'exprime ainsi dans sa géographie à l'article de Samarcande: « J'ai vu, a dit Ebn-Haukal, << sur l'une des portes de Samarcande que l'on nomme la porte de Kesch, une plaque de fer sur laquelle se trouvait une inscription. Au rapport des habitants, « elle était en caractères himyarites; ils disaient que cette porte avait été construite « par le Tobba, que de Sanâ à Samarcande il y a mille parasanges, et que cela avait été écrit du temps de Tobba. Ensuite il « survint une sédition à Samarcande dans le temps même de mon séjour : la porte « fut brûlée et l'inscription anéantie. »

siens, aucun moyen d'échapper à la mort. Ce fut en effet le sort du roi et de l'armée arabe : tous périrent de soif (*).

Schamar eut pour successeur son fils Abou-Malek, qui se préparait à venger la défaite des Arabes et la mort de son père, quand il apprit qu'il existait dans le Maghreb de riches mines d'émeraudes. Le désir de s'en rendre maître lui fit aussitôt abandonner le dessein de combattre les Sines, et il se dirigea vers l'Afrique; mais il mourut en route. Aboulféda rapporte qu'après la mort d'Abou-Malek, la postérité de Cahlan enleva la couronne aux descendants de Himyar,et que le Yémen fut gouverné par deux frères, Amran et Amrou, tous deux fils d'Amer-el-Azdi, descendant de Saba par Cahlan (**). Amran, ajoute le même auteur, était un habile devin, et Amrou avait reçu le surnom de Mozaïkia (celui qui déchire), à cause de la singulière habitude qu'il avait de déchirer ses robes chaque soir, dédaignant de les porter une seconde fois, et ne voulant pas que personne les portât après lui. Hamza et Nowaïri ne parlent pas de ce changement de dynastie, et donnent pour successeur à Abd-el-Malek, Akran, dont le règne, marqué par la rupture de la digue, forme une époque mémorable dans l'histoire des Arabes (***).

(*) Ce récit de Nowaïri (Hist. imper. vetust. Joctanidarum, p. 58) est évidemment une réminiscence de l'histoire de Zopyre. Voy. Hérodote, liv. 1, par. 154 à 160.

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Quoi qu'il en soit de ces différences, il est bon, avant de passer à une période de l'ancienne histoire du Yémen

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« les uns les mettant avant et les autres après
- Akran. Deux règnes ainsi placés entre
- celui d'Abou-Malek et de son fils Akran
- présentent une sorte d'invraisemblance,
qui s'augmente si l'on observe qu'Amran
<< et Amrou durent, dans ce cas, être des
usurpateurs, et que cependant on ne
parle ni d'une révolution qui ait fait pas-
ser la couronne de la maison de Himyar
dans celle de Cahlan, ni de la révolution
« contraire qui a dû remettre sur le trône
& un descendant de Himyar. Mareb ne pa-
rait pas avoir été ; généralement parlant,
la demeure des souverains du Yémen,
quoique peut-être elle fût primitivement
le chef-lieu des Sabéens. Du moins, Ma-
<< soudi nous assure-t-il positivement que les
« rois du Yémen demeuraient ordinairement
« à Zhafar. Il n'est donc pas facile de con-
cevoir que la crainte de l'inondation du
⚫ canton de Mareb eût pu déterminer Am-
- rou à abandonner le Yémen, si, maître
⚫ de tout l'empire des Sabéens, il eût pu évi-
ter le danger dont la ville était menacée
- sans renoncer à la couronne en transpor-
• tant son domicile à Zhafar, ou dans quel-
qu'autre ville. Enfin, ni Masoudi, ni
Nowairi, ni Hamsa Isfahani, du moins
dans le chapitre où il traite ex professo des
souverains du Yémen, ni l'auteur du
· Djohainat-el-Akhbar, ne comptent Amran
« et son frère Amrou parmi les rois du Yé-
men, quoique d'ailleurs ils en parlent en
d'autres endroits comme de rois qui ré-
• gnaient à Mareb. »

De tout cela, je me crois en droit de
- conclure qu'Amran et Amrou ne doivent
pas occuper de place parmi les souverains
du Yemen qui ont régné sur tous les des-
-cendants de Saba. Je suis convaincu qu'on
- doit les regarder comme des chefs parti-
culiers des descendants de Cahlan, ou
▪ mème simplement de la tribu d'Azd, qui
« reconnaissaient la souveraineté des Himya-
« rites: mais je suis fort porté à soupçon-
- ner qu'ils avaient cherché à se rendre in-
« dépendants dans le canton de Mareb, et
• que c'est ce qui aura donné lieu à quel-
«ques auteurs de les compter parmi les
rois du Yémen. » Mémoire sur divers évé-
nements de l'histoire des Arabes avant Ma-
homet, par A. J. Sylvestre de Sacy, p. 519
et 520.

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un peu moins obscure que celle-ci, de jeter un coup d'œil sur l'ensemble des traditions que nous venons de rapporter. Nous n'avons assigné aucune durée au règne des différents princes qui figurent jusqu'à présent sur la liste des rois du Yémen, et en cela nous avons suivi l'exemple d'Aboulféda, qui termine le chapitre où il traite des princes himyarites par cette réflexion: « On dit que l'empire des Himyarites dura deux mille vingt ans ; « si nous n'avons pas indiqué la durée « de chaque règne, c'est qu'on n'a au<< cune certitude à cet égard. Aussi, « est-ce pour cela que l'auteur du Ta«rikh-Aloman dit qu'il n'y a point << d'annales plus imparfaites que celles « des rois de Himyar, vu la durée con« sidérable qu'on assigne à leur empire et le petit nombre de rois qu'on « compte durant ce temps: car, pour « un espace de deux mille vingt ans, « on ne compte que vingt-six rois (*).» Au milieu de difficultés chronologiques aussi insolubles et de circonstances beaucoup trop romanesques pour ne pas exciter une grande défiance, serait inutile de former quelques conjectures sur la réalité et l'extension des conquêtes entreprises par les rois du Yémen. Tout ce que nous pourrions découvrir dans les traditions parvenues jusqu'à nous serait quelques traces du caractère entreprenant et de la puissance qu'on peut, avec quelque raison, attribuer à ces souverains de l'Arabie. Nous serions trop heureux si des synchronismes, solidement établis, nous permettaient de fixer d'une manière approximative quelques-uns de ces règnes, dont la durée moyenne surpasse toutes les chances de la vie humaine, puisque chacun d'eux devrait être évalué à quatre-vingt-deux ans, selon Masoudi (**), ou à soixante-dix-huit, selon

(*) Hist. imper. vetus. Joctan., p. 10.

il

(**) D'après Masoudi, il y eut trente-neuf rois de la race de Himyar, et ils régnèrent pendant trois mille cent quatre-vingt-dix ans; chaque règne, par conséquent, aurait été de quatre-vingt-deux ans,

Aboulféda et Hamza d'Ispahan. C'est ainsi qu'on pourrait établir que Kahtan étant né, d'après la Bible, 532 ans après le déluge, cinq ou six générations, calculées d'après la durée de la vie humaine dans ces premiers âges, nous conduiraient à la mort d'Abraham, et ce dernier calcul s'accorderait avec celui de Nowaïri, qui fait Himyar contemporain de Kedar, fils d'Ismail (avant J. C. 1430). Seize règnes nous amèneraient de Himyar à Belkis, c'està-dire à l'époque de Salomon (avant J. C. 991), et donneraient ainsi, pour la durée moyenne de chaque règne, l'espace d'environ vingt-six ans, ce qui n'aurait rien de très-choquant, mais là finiraient les probabilités. Hamza et Nowaïri font Abou-Carib-Schamar, surnommé Iarasch, contemporain de Darius, fils d'Hystaspe; or, Darius est monté sur le trône des Perses 522 ans avant l'ère chrétienne: il y aurait donc quatre cent soixante-neuf ans à placer entre les règnes de Belkis et d'Iarasch, qui ne sont séparés que par celui de Iasasin, ce qui forme une impossibilité complète. D'autre part, le synchronisme d'Iarasch et de Darius se trouve complétement détruit quand on observe qu'AbouMalek, fils et successeur d'Iarasch, était le prédécesseur d'Akran, ou du moins que ces deux règnes n'ont été séparés que par celui d'Amrou-Mozaïkia. Or, le règne d'Akran, ainsi que nous le verrons tout à l'heure, a été placé, par suite de synchronismes bien plus nombreux que ceux dont nous avons pu disposer pour cette première série des rois du Yémen, au second siècle de notre ère. Il en résulterait un espace de plus de mille ans pour les quatre règnes écoulés entre Belkis et Akran, ce qui dispense de toute critique.

Comment supposer, en effet, que les traditions relatives aux siècles écoulés entre Abraham et Salomon se fussent conservées intactes, qu'aucun nom de rois n'eût échappé aux souvenirs de ces temps reculés, tandis que les époques plus rapprochées auraient présenté d'immenses lacunes?

Tous les hommes qui se sont occupés de l'histoire ancienne des Arabes, ont reculé devant l'impossibilité d'établir pour les temps dont nous venons de parler, un système de chronologie raisonnable. M. Gossellin, dans ses Recherches sur la géographie systématique et positive des anciens, s'est attaché à faire voir combien d'anachronismes contenaient les listes des souverains données par les écrivains arabes. Puis examinant les synchronismes établis par Hamza et Nowaïri, entre plusieurs de ces souverains et les rois de Perse, il en a fait sentir l'absurdité; mais il n'a pas cru que pour rapprocher ces traditions de la vérité il fallût supposer des lacunes dans ces listes, et s'appuyant sur une évaluation moyenne des règnes ou des générations, tels que les donnent ces auteurs, il a placé le commencement du règne de Himyar, et par conséquent la fondation de l'empire des Himyarites, vers l'an 374 avant Jésus-Christ. Il en résulterait que Himyar serait bien loin d'avoir été contemporain de Saba, fils de Jectan, arrière-petit-fils de Noé. M. Gossellin a pensé que, chez les Arabes, les premiers degrés de leurs généalogies n'indiquent que l'extraction, la filiation des tribus sorties de peuplades plus anciennes ; et que souvent ils ont appliqué au chef d'une dynastie ce qui n'était applicable qu'à la dynastie entière, ou à quelqu'un de ses derniers membres connu sous le même nom que celui de son chef. Ainsi la généalogie dont il est ici question ne signifierait autre chose sinon que les Sabéens ont été une colonie de Jectanides, et les Himyarites une colonie de Sabéens. Si, d'après cette méthode, et comptant les générations à raison de trente-trois ans et un tiers, comme c'est l'usage des chronologistes, on cherche l'époque du règne de Belkis, on trouvera qu'il répond à la trentetroisième année avant J. C. Ainsi, loin d'avoir pu être jamais l'épouse de Salomon, elle n'aurait vécu qu'environ 947 ans après lui (*).

(*) Voyez les Recherches sur la geogra

M. Sylvestre de Sacy, le véritable créateur de l'érudition orientale en Europe, a combattu l'opinion de M. Gossellin, dans un savant mémoire où il a traité de divers événements de l'histoire des Arabes avant Mahomet. Mais comme il avoue lui-même que si l'histoire des temps antérieurs à l'islamisme, telle qu'elle nous est racontée par les Orientaux, mérite quelque confiance; que si on peut la regarder comme un édifice quí, au milieu d'une multitude de fables absurdes, repose sur quelques vérités solides, ce degré de certitude ne s'étend guère au delà du commencement de la dynastie des Sassanides, et que les synchronismes indiqués par Hamza, entre les souverains du Yémen et les rois de Perse antérieurs à Alexandre, ne présentent que confusion et invraisemblance (*), l'objet de son travail n'a rien de commun avec l'époque historique que nous venons de traiter. Ses objections contre les recherches de M. Gossellin ne portent que sur une époque plus récente dont nous allons nous occuper tout à l'heure; et il n'en reste pas moins probable que les chroniqueurs arabes, qui ont recueilli postérieurement au septième siècle de notre ère les traditions relatives aux anciens temps de l'Arabie, se sont plu à reculer dans un intérêt de vanité l'origine de leur nation et la fondation de leur empire.

Avant de passer au règne marqué, ainsi que nous l'avons dit, par le seilel-arim (**), ou l'inondation de la

phie systématique et positive des anciens, par M. Gossellin, t. II, p. 104 à 111.

(*) Collection des Mémoires de l'Académie des inscript. et belles-lettres, t. XLVIII, p. 583.

(**) On peut juger, par la diversité des interprétations que les commentateurs du Coran et les lexicographes dounent au mot arim, que ce mot était étranger au langage des Koréischites, c'est-à-dire au dialecte que l'on parlait à la Mecque, et qui, par l'influence de la religion, devint le dialecte commun de tous les pays où elle pénétra. Ce mot appartenait, selon toute apparence, au dialecte du Yémen; et quoique l'événe

digue, dont l'époque a été déterminée d'une manière différente par Reiske, par Gossellin, et après eux par M. Sylvestre de Sacy, nous devons mentionner une expédition contre le Yémen, dirigée par les Romains, et dont eux seuls nous ont parlé; nous y trouverons peut-être quelques renseignements qui pourront éclaircir pour nous la chronologie de l'empire des Himyarites dans les premiers temps de sa fondation.

Ce fut Auguste qui, en l'an 24 avant Jésus-Christ, chargea Elius Gallus d'explorer l'Arabie Heureuse, dans le but de se concilier les peuples qui l'habitaient, ou de les soumettre. La réputation des produits propres à l'Arabie, et l'antique renommée de son commerce avec les Indes, lui donnaient l'espoir, ou d'acquérir des amis puissants, ou d'avoir de riches ennemis à vaincre. Il comptait d'ailleurs sur les Nabatéens, ses alliés, qui lui avaient promis de le seconder de tout leur pouvoir; mais il fut trompé dans sa confiance. Un chef nabatéen, nommé Syllæus, qui s'était proposé pour servir de guide au général romain, et s'était chargé des approvisionnements nécessaires à l'armée, se conduisit avec une grande perfidie. « Au lieu d'indi« quer les chemins sûrs et les rivages qu'on pouvait côtoyer sans danger, « dit Strabon, il fit prendre à Ælius « Gallus des routes impraticables, et l'entraîna, par mille détours, dans

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ment connu sous le nom de Seïl-el-arim fût célèbre par toute l'Arabie, on n'avait point, dans les contrées où le langage était différent de celui des peuples du Yémen, des notions bien sûres de la signification du mot arim. On lit dans le grand dictionnaire arabe appelé Kamous ou l'Océan : Arima, digue qu'on oppose au cours d'un fleuve, pluriel arim: ou bien arim est un pluriel qui n'a pas de singulier, et il signifie les écluses que l'on construit dans les rivières. Rat måle, pluie violente, nom d'une vallée: on l'explique de toutes ces manières dans le passage du Coran où on lit ces mots Seil-el-arim. Voy. M. de Sacy, Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XLVIII, p. 498 et 499.

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« des lieux dénués de tout, sur des « côtes escarpées, dépourvues de mouillages et hérissées d'écueils à fleur « d'eau: c'est surtout dans de tels <«< lieux que le flux et le reflux cause«rent à Gallus de grands dommages. » Les Romains avaient alors si peu de connaissance de l'Arabie, qu'on leur persuada qu'il était impossible de s'y rendre de l'Égypte sans traverser le golfe. Ils construisirent quatre-vingts birèmes, trirèmes et vaisseaux longs à Arsinoé ou Cléopatrie, près du canal qui communiquait des lacs salés à la mer Rouge, puis s'embarquèrent au nombre de dix mille hommes de pied, tant soldats romains qu'auxiliaires, dont cinq cents Juifs et mille Nabatéens, sous la conduite de Syllæus (Saleh ). Après une traversée trèsorageuse, dans laquelle périrent plusieurs bâtiments, Ælius Gallus débarqua à Leukècomè, qu'on a identifié longtemps avec Moilah, à l'entrée du golfe Élanitique, mais qui paraît être plutôt le Haura des Arabes, situé à quelques journées au nord de Ianbo (*). L'armée avait tant souffert pendant la navigation, qu'elle fut forcée d'attendre une année entière avant de quitter le port auquel elle venait d'aborder. Gallus repartit ensuite; mais le manque d'eau et la perfidie des guides rendirent la marche si lente et la route si longue, que ce ne fut qu'au bout de plusieurs mois qu'on parvint à la contrée fertile dans laquelle est située la ville des Négranes (Nedjran). Leur roi prit la fuite et la ville fut emportée d'assaut. De là les Romains continuèrent leur route, et parvinrent sur les bords d'un fleuve dont le passage leur fut disputé par l'armée des Arabes. Ces derniers perdirent dix mille hommes dans la bataille qui se livra, et les Romains, dit Strabon, ne perdirent que deux soldats. La prise de la ville nommée Asca suivit immédiatement le combat. De là Gallus parvint à la ville d'Athrulla,

(*) Voy. le Mémoire sur les Nabathéens de M. Quatremère, Nouveau journal asiatique, janvier 1835

y

s'en empara sans coup férir, et laissa garnison. Ayant fait des provisions de blé et de dattes pour la route, il poussa jusqu'à la ville de Marsyaba (Mareb?), appartenant à la nation des Rhamanites (Iemanites?), qui étaient gouvernés par un roi nommé Ilasarus. Le général romain assiégea Marsyaba pendant six jours, mais la disette d'eau le contraignit à lever le siége: il était alors à deux journées du pays des aromates, selon le rapport des prisonniers. Gallus, convaincu trop tard de la perfidie de ses guides, prit pour le retour des routes différentes de celles où ils l'avaient si complétement égaré; aussi lui suffit-il de soixante jours pour franchir l'espace qu'il avait mis naguère six mois à parcourir. Après onze jours de navigation, il débarqua à Myos-Hormos (Cosseïr), d'où il se rendit par terre à Alexandrie avec ceux de ses soldats qui avaient échappé aux maladies, à la faim et à la fatigue.

Cette expédition, dont le récit le plus complet nous a été laissé par Strabon, peut nous offrir des renseignements importants sur la chronologie des rois himyarites. Nous voyons qu'en l'an 24 avant Jésus-Christ, les Romains, en pénétrant jusqu'à Marsyaba, trouvent cette ville gouvernée par un prince du nom d'Ilasare, auquel ils donnent, selon leur coutume, la terminaison latine: Ilasarus. Ne pourrait-on identifier ce monarque avec le successeur d'Afrikis, DhoulAzhar ou Dhil-Azhar, dont le règne se trouverait ainsi fixé de manière à nous permettre une appréciation approximative des règnes précédents par le calcul des généalogies? En remontant ainsi et accordant un peu plus de trente années comme terme moyen de la vie humaine, nous arriverions à placer l'avénement du premier Tobba, Harith-el-Raïsch, vers l'an 150 avant Jésus-Chrit, et le règne de Himyar, fondateur de la dynastie, vers le commencement du quatrième siècle de notre ère. On voit que ces calculs se rapprochent de ceux qui ont été faits par M. Gossellin, bien que ce géogra

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