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Foullahs originaires du Soudan oriental ne sont guère encore qu'à moitié nègres. Il faut aller au Congo, sur la côte de Guinée, sur le plateau de l'Afrique centrale pour voir le type éthiopien à son maximum de développement. Quant aux tribus Américaines, nous remarquerons en général qu'elles offrent le type mongol d'autant plus prononcé que l'on va de l'est à l'ouest. Au contraire les peuples qui habitent les rives de l'Atlantique se rapprochent beaucoup des Européens. C'est ce qui nous porte à attribuer une origine orientale aux races du Nouveau-Monde, et nous verrons tout à l'heure que sur ce point, leurs propres traditions semblent confirmer les données fournies par la science physiologique.

A l'éloignement du séjour originel, il convient, comme nous l'avons déjà dit, d'ajouter une seconde cause de modification, c'est l'époque à laquelle chaque famille s'est séparée du tronc commun; en règle générale, plus l'époque de cette séparation est ancienne et plus le type primordial s'est altéré. Les Enda mènes, les plus laids des hommes, semblent avoir fourni sa première couche de population à la plus grande partie de l'ancien monde; ensuite apparaissent les Nègres proprement dits, les Alfourous ou noirs de race Papoua, puis les Malais, les peuples Finnois et Mongols; enfin les Sémites et les IndoEuropéens qui presque seuls ont conservé leur type primordial, apparaissent en dernier lieu.

Il dut arriver assez souvent qu'une tribu descendit presque sans aucun mélange étranger, d'une famille unique, et vraisemblablement certaines difformités d'abord purement accidentelles ont pu se perpétuer ainsi de manière à devenir caractéristiques de toute une nation. Peut-être est-ce à quelque cause de ce genre qu'ils convient d'attribuer le singulier développement du système pileux chez les Aïnos ou la perforation si fréquente de l'olécrâne dans les momies Guanches.

Il n'est pas nécessaire au reste de croire que la nature humaine fut dans ces premiers âges plus souple, plus capable de modifications qu'elle ne le serait aujourd'hui. Cela peut être, mais cela est à coup sûr fort loin d'être prouvé. Je doute fort que si nous nous trouvions aujourd'hui soumis à l'influence des agents extérieurs qui ont fait le Nègre ou le Mongol ce

que nous les voyons actuellement, notre type caucasien se conservât parfaitement pur. N'avons-nous pas vu de nos jours les malheureux Irlandais des districts de Sligo, d'Antrim et de Mayo, poursuivis jusque dans les gorges les plus retirées des montagnes par les baïonnettes anglaises et réduits à vivre d'herbes et de racines sauvages, perdre entièrement ce vieux type celtique si remarquable par sa beauté et sa vigueur. Aujourd'hui, leurs ventres ballonnés, leurs extrémités grêles, l'aplatissement de leur crâne les font ressembler bien plutôt à des Australiens qu'à des Européens; seule la couleur de la peau n'a pas subi d'importantes variations et décèle leur parenté avec les autres races de notre continent.

Au reste l'étude des couches les plus récentes de notre globe nous révèle l'antique existence en Europe même, sur les bords du Rhin et en Belgique, de races d'hommes plus dégradés encore que ne le sont les plus misérables des sauvages d'à présent. Les hommes dont les débris ont été retrouvés à Springfield unissaient à la taille la plus exiguë des hyperboréens du Groenland et de la Sibérie, un prognathisme encore plus prononcé que celui des nègres Pélagiens. Qu'est-il resté de cette première couche de population européenne? rien que quelques ossements. Ce n'est pas d'aujourd'hui seulement que les races les plus avancées en civilisation se sont arrogé le droit d'exterminer les populations auxquelles leur ignorance et leur faiblesse ne permettaient point la résistance.

Quoi qu'il en soit, en vertu d'une lui secrète, mais qui ne paraît guère trouver son application en dehors de notre espèce, l'homme, une fois qu'il a perdu son type primitif, semble ne plus pouvoir le recouvrer à moins de mélange étranger, quelles que soient d'ailleurs les bénignes influences auxquelles il se trouve soumis. Nous avons déjà cité et avec assez de détail, l'exemple des Chinois, des Japonais, celui des noirs d'Amérique auxquels des milliers de siècle de civilisation ne pourront peut-être pas enlever ce cachet d'infériorité et de laideur physique qu'un très-petit nombre de générations dut suffire à leur faire prendre.

HYACINTHE DE CHARENCEY.

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Le fait capital sur lequel Diodore insiste, en parlant de la région du haut Nil, c'est celui d'une ressemblance très-marquée entre les Ethiopiens de Méroé et les Egyptiens. Je ne parle pas ici de ressemblance anatomique: il ne paraît pas s'en être préoccupe, mais d'institutions semblables; et les Ethiopiens, selon lui, le proclamaient eux-mêmes en disant que les Egyptiens avaient en général des coutumes éthiopiennes 2: c'est l'hypothèse dont j'ai parlé au premier paragraphe, de la civilisation descendant le Nil au lieu de le remonter. « Ces Ethio» piens, continue Diodore, ressemblent aux Egyptiens en ce » qu'ils considèrent les rois comme des dieux'; ils leur ressem>> blent aussi par le soin extrême qu'ils prennent des sépultures » et par beaucoup d'autres usages, aussi bien que par la forme » de leurs images et par leur écriture. » Il ajoute que, chez les Egyptiens, les caractères démotiques ou populaires sont connus de tout le monde et les caractères hieroglyphiques des prêtres seuls, tandis qu'en Ethiopie les hiéroglyphes sont accessibles à tous; que les prêtres ont les mêmes doctrines (ou la même organisation σvornuata) dans les deux pays; qu'ils sont rasés et vêtus de la même manière pour la purification des objets sacrés; que les sceptres en forme de charrue portés par leurs rois et les hautes coiffures royales environnées d'aspics se trouvent également en Egypte et en Ethiopie 3.

Nous en savons assez maintenant sur l'ancienne Egypte et même, depuis les voyages de Caillaud et de Lepsius, sur l'ancienne Ethiopie, pour reconnaître que cet exposé est généra' Voir le 1er article au numéro précédent, ci-dessus, p. 220.

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lement exact. Les sépultures éthiopiennes en forme de pyramides, construites avec art, vastes, coûteuses par conséquent, n'étaient pas seulement un luxe royal. A Méroé seulement (à Assour) M. Lepsius a compté 147 monuments funèbres de cette nature 1; à Napata, il a trouvé un nombre considérable de tumulus, ronds et pyramidaux, qu'il regarde comme la nécropole de cette ville, tandis que la nécropole de Nuri, sur la rive gauche, lui signalait l'existence d'une autre ville ancienne sur ce point2. A Tanquassi il a vu une vingtaine d'assez grosses pyramides et un champ de pyramides à Kurru, sur la rive opposée, là où ne se trouvent que de faibles débris de la ville des vivants 3.

L'écriture des inscriptions se déchiffre par la connaissance de l'écriture égyptienne et les noms propres se reconnaissent assez facilement ; mais ce qui contredit assez durement les insinuations adroites des Ethiopiens du premier siècle, c'est que les copistes se montraient, à Méroé même, fort novices dans l'intelligence et la reproduction des caractères qu'ils empruntaient à leurs voisins du Nord 5. Quant à l'écriture démotique, elle était, chez les Ethiopiens, « semblable à celle de » l'Egypte, mais beaucoup moins variée dans ses signes. » C'était donc un choix fait parmi les caractères égyptiens; or comme ceux-ci dérivaient de l'écriture hiéroglyphique dont l'origine est étroitement liée à la langue des Pharaons, supposer l'une et l'autre créées par un peuple qui parlait une autre langue, comme les mêmes monuments l'attestent, serait tout simplement une absurdité.

Les divinités éthiopiennes sur les monuments des différentes époques, sont presque uniquement celles que l'on adorait en

1 Briefe, p. 225.

2 Ibid., p. 236.

3 Ibid., p. 247.

4 Ibid., passim.
Ibid. p. 204-5, 218.

Lettres, 20-24. - · Cf. Rev. archéol., vol. 1 et 5.

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Diodore, d'ailleurs, montre un peu plus loin qu'il avait lui-même des idées très-peu exactes sur l'écriture égyptienne, et qu'il était hors d'état d'en lire une seule inscription, puisqu'il nie l'existence de l'élément phonetique : la chose est curieuse pour l'histoire de la science, quand on songe que c'était un Grec érudit voyageant en Égypte sous le règne des derniers Ptolémées. Cependant il paraît avoir eu quelque notions des déterminatifs quand il dit que certains symboles se rapportaient à toute une classe d'idées ou d'objets.

Egypte depuis bien des siècles 1. Les costumes des personnages humains se ressemblent assez, sans être toujours absolument les mêmes, et dans les ornements royaux dont parle Diodore on reconnaît sans peine ceux qui figurent partout sur les monuments égyptiens. Diodore nous apprend ensuite 2 que les rois étaient à peu près électifs chez les Ethiopiens; un certain nombre de candidats étaient désignés aux prêtres et une épreuve superstitieuse décidait entre eux du choix d'un souverain, qui était alors adoré comme un dieu. Les rois d'ailleurs élaient tenus à l'observation de certaines coutumes, même dans leur vie privée, ce qui nous rappelle les anciennes mœurs de l'Egypte, telles que les décrit Hérodote; ils ne pouvaient ni récompenser ni punir arbitrairement. Leur subordination envers l'ordre sacerdotal avait même été poussée beaucoup plus loin qu'elle ne le fut jamais en Egypte, puisque Diodore raconte comme un fait constant à une époque encore peu éloignée de la sienne, que les prêtres de Méroé pouvaient envoyer au souverain l'ordre de mourir, en vertu d'un oracle, et que celui-ci, abattu par la superstition, s'y soumettait sans résistance. Ce fut seulement au temps de Ptolémée Philadelphe que le roi Ergamène (celui dont Evergète continua les constructions à Pselcis) étant instruit dans la philosophie des Grecs, se révolta contre la condition qui était faite à la monarchie, et, pénétrant avec des soldats dans le sanctuaire où étaient réunis les prêtres, les égorgea tous et mit fin à cette coutume.

Il faut avouer d'une part qu'une obéissance si longue et si absolue des rois aux prêtres a eu ici quelque chose de peu vraisemblable, et de l'autre qu'elle s'accorde peu avec l'apothéose permanente des souverains vivants. Il faut ajouter d'ailleurs que l'archéologie nous a jusqu'ici appris peu de chose sur l'histoire intérieure de ce pays du 7° au 1° siècle avant J.-C. « Cependant elle n'a pas été stérile. « J'ai trouvé, écrivait Lepsius, une trentaine de noms distincts de » rois et de reines d'Ethiopie. Je n'ai pu les ranger par ordre » chronologique; mais par le rapprochement d'inscriptions

'V. Caillaud, ch. 30, 47, 48, 50, 52. Lepsius, pages 147, 149, 152, 163, 240. Cf. dans Caillaud, planche x, 2, XIV, XVI, XVII, XVIII, XLVII,

LXIX.

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