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n'oublions pas non plus cependant, que s'il est le père de notre histoire de France, il n'en est pas le modèle, ajoute un biographe; il n'a mis de choix ni dans les faits, ni dans les expressions. Et d'ailleurs, à l'époque où il vivait, la critique historique était une science inconnue. Aussi répéterons-nous avec l'abbé Faillon « qu'on ne doit point être étonné si saint » Grégoire de Tours n'a pas connu l'histoire des fondateurs de »nos Eglises, dans un temps surtout où il n'y avait encore » rien d'écrit là-dessus et où les communications étaient » bien plus difficiles et bien plus rares qu'elles ne sont au» jourd'hui 1. »

II

L'opinion de Grégoire de Tours réfutée, examinons si celle de Sulpice Sévère a plus de valeur.

Cet historien s'exprime ainsi :

« Sub Aurelio deinde Antonini filio persecutio quinta agi» tata. Ac tum primum intra Gallias martyria visa, seriùs >> trans Alpes Dei religione suscepta 2. »

Le passage de cet écrivain a besoin d'être commenté dans ses moindres expressions:

1° Il dit que sous Marc Aurèle, en 177, on vit pour la première fois des martyres dans les Gaules. Nous voilà déjà bien loin de l'empire de Dèce et de l'année 250;

2o Remarquons l'expression martyria au lieu de martyres, c'est-à-dire des persécutions en masse, au lieu d'exécutions isolées;

3o L'expression suscepta veut dire que l'Évangile fut embrassé, accepté et non prêché; c'est ce que nous explique très-bien Orose, contemporain de Grégoire de Tours. Pour en finir avec cet auteur, nous citerons l'opinion qu'en avait le célèbre Baronius, un des plus grands critiques dont s'honore P'Eglise:

« Cet auteur, dit-il, était peu exact et contrariait sans fonde>>ment Tertullien et Eusèbe; on voit dans la bibliothèque des 'Abbé Faillon, tome 1, p. 382.

2 Histor. sac., 1. 11, c. 32. Patrol. lat., t. 20, p. 147.

» Pères qu'une partie de ses œuvres a été rejetée comme apo>> cryphe. »><

Nous avons traité l'évêque de Tours et Sulpice Sévère un peu rudement. Que faut-il en conclure? Les partisans quand même de ces deux historiens crieront au scandale, et allégueront comme circonstances atténuantes : la sainteté de l'évêque de Tours, son caractère épiscopal, ses connaissances variées et extraordinaires dans le siècle tout barbare où il a vécu. Mais toutes ces raisons sont déplacées dans la thèse historique que nous traitons. Dieu nous garde de contester à l'évêque de Tours le caractère de sainteté que lui reconnaît l'Eglise catholique. Nous savons, tout aussi bien que ses admirateurs, que plusieurs fois il fit entendre aux rois de la terre un langage qui n'était pas précisément celui du courtisan. Mais on peut être un savant et un saint prélat, et n'être qu'un médiocre historien: « Sum sine litteris rhetoricis et sine arte grammatica,» s'écrie le grand évêque en mauvais latin. Si le style défectueux était son seul défaut, nous adopterions ses opinions; mais dans ses ouvrages on ne trouve ni choix de matières, ni arrangement; c'est une confusion perpétuelle entre l'histoire ecclésiastique et l'histoire profane; les faits de peu d'importance y sont relevés avec une attention puérile; la science des dates, la chronologie, était, du reste, dans l'enfance au 6° siècle. Quant à la géographie, M. Jacobs, dans sa dissertation sur la géographie des ouvrages de Grégoire de Tours, nous prouve que ce saint évêque est tombé souvent dans des erreurs notoires. A qui la faute? aux temps barbares où a vécu notre historien, à la difficulté de contrôler les manuscrits les uns par les autres. La part faite aux défauts de l'auteur, l'Histoire des Francs de l'évêque de Tours n'en restera pas moins comme le plus précieux monument que nous ayons sur nos origines; l'auteur nous initie à une foule d'usages que nous aurions ignorés: parfois, lorsqu'il déplore les malheurs du temps et de son pays, son style acquiert une vigueur extraordinaire, et sa voix devient éloquente. Voilà Grégoire de Tours tel qu'il doit être jugé. Il est aussi imprudent d'admettre sans contrôle ses appréciations que de les rejeter avec dédain. Du reste, nous renvoyons les hommes

désireux de s'édifier sur cet écrivain à la préface de Dom Ruinart, et au troisième volume de l'Histoire littéraire de la France; on trouvera les Bénédictins beaucoup plus rigides que nous, après avoir fait toutefois des réserves auxquelles nous nous associons entièrement.

Grégoire de Tours et Sulpice Sévère sont jugés : leur autorité est suspecte. Passons à la seconde partie de notre travail. >>

Telle est la première partie du travail de M. de Fages; dans un prochain cahier, nous citerons les preuves qu'il donne à l'appui de l'épiscopat de saint Georges dans le Velay.

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Par décrets en date des 12 juin, 24 juillet, 7 août et 9 octobre derniers, approuvés par le Saint-Père le 9 du mois d'octobre, la S. Congrégation de l'Index a condamné les ouvrages suivants :

Défense des principales propositions de la thèse soutenue dans l'Université de Gênes, le 19 juillet 1860, par VOUTHIER. Gênes (décret du 9 octobre). Della Costituzione civile del clero, e dell' incameramento de' beni ecclesiastici, Discorso di Francesco DINI. Firenze, tipografia delle Murate. (De la Constitution civile du clergé, et de l'incamération des biens ecclésiastiques, Discours de François DINI). Florence, (même décret).

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Pro caussa italica ad episcopos catholicos, actore (sic) PRESBYTERO CATHOLICO. Florentiæ, typis Felicis Lemonnier, 1861. (Aux évêques catholiques, pour la cause italienne, par un PRÊtre catholique (le père Passaglia). Florence'. Il Pontifice e le armi temporali a difesa dello spirituale, come pretende la Civiltà cattolica di Roma, Lettere politico-morali d'un parroco piemontese ad un Monsignore romano. Tipografia Guglielmini, 1861. — (Le Pape et les armes temporelles à la défense du spirituel, comme le prétend la Civiltà cattolica de Rome, Lettres politico-morales d'un curé piémontais (décret du 12 juin). Apologia dell' opusculo intitolato Il Pontifice e le armi temporali a difesa

:

'Nous ne savons pourquoi cet ouvrage du P. Passaglia ne figure pas dans la liste des livres condamnés donnée par la Civiltà cattolica, no 279, p. 363.

dello spirituale, come pretende la Civiltà cattolica di Roma, Lettere politico morali ad un Monsignore romano, del sacerdote Pietro MONGINI, parroco di Oggebio (Lago Maggiore), intra 1861. Tipografia et litografia Contini et BertoIotti, successori a L. Gaetini. — (Défense de l'opuscule intitulé Le Pape et les armes temporelles à la défense du spirituel, comme le prétend la Civiltà cattolica de Rome, Lettres politico-morales d'un curé piémontais à un Monsignor romain, par l'abbé Pierre MONGINI, curé d'Oggebio (décret du 24 juillet). Della Libertà di coscienza nelle sue attinenze col potere temporali dei papi, per Eusebio REALI. Vol. unico in-8°, Torino, 1861). — De la liberté de conscience dans ses rapports avec le pouvoir temporel des papes, par Eusèbe REALI. (Même décret.)

Neuer Versuch, etc., seu : Novum Tentamen antiquæ in veritate factorum fundata philosophia historiæ, auctore Ernesto DE LASAULX. Monachii, 1857. (Nouvel essai d'histoire de la philosophie ancienne basée sur la vérité des faits. Ernest de LASAULX. Munich, 1857.)

Ueber die Theologische, etc., seu : De Theologico fundamento omnium systematum philosophicorum, Oratio habita ad inaugurationem suscepti rectoratus Universitatis Ludovici et Maximiliani, die 29 novembris 1856, ab Ernesto de LASAULX, rectore. Monachii, 1856. (Du fondement théologique de tous les systèmes philosophiques, Discours prononcé à son installation comme recteur de l'Université de Louis et Maximilien, le 29 novembre 1856, par Ernest de LASAULX, recteur.

Die prophetische Kraft, etc., seu : Vis prophetica animæ humanæ in poetis et philosophis, AUCTORE EODEM. Monachii, 1858. (La puissance prophétique de l'âme humaine dans les poëtes et les philosophes, par LE MÊME.) Des Sokrates Leben, etc., seu : Socratis vita, doctrina et mors ex veterum testimoniis descripta, ab EODEM. Monachii, 1857. Auctor ante mortem laudabiliter se subjecit judicio Ecclesiæ. - (Vie, doctrine et mort de Socrate d'après les témoignages des anciens, par LE MÊME. - L'auteur, avant sa mort, s'est soumis d'une manière digne d'éloge au jugement de l'Église.) (Décret du 7 août 1861.)

Versatiles. - Imprimerie de BEAU jeune,

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Saint Georges a été envoyé par saint Pierre dans le Velay. Cette proposition est difficile à prouver; les documents historiques sont rares; il a fallu glaner çà et là, chercher dans les ouvrages liturgiques les traces de cette tradition légendaire tristement interrompue au 18° siècle; il a fallu s'adresser à des auteurs étrangers au pays; mais enfin, à force de recherches, à force de compulsations, la vérité s'est fait jour. Le terrible Launoy disait à ses adversaires : « Montrez-moi des documents plus anciens que le 12° siècle, et je me rends. » Ces documents, le savant abbé Faillon les a découverts, et pour notre part nous pouvons apporter une citation du 12° siècle, extraite d'un Bréviaire manuscrit. C'est à l'aide de ces témoignages que nous essayerons de prouver la venue de saint Georges dès le 1er siècle.

Pour que l'on saisisse mieux l'ensemble de nos preuves, nous les diviserons en deux classes : 1o documents et auteurs étrangers; 2° documents et auteurs locaux.

1° Documents et auteurs étrangers. Dans la première catégorie nous plaçons : Raban-Maur (776).

Saint Adon (858).

1 Voir le 1er article au no précédent, ci-dessus, p. 309.

V SÉRIE. TOME IV. - N° 23; 1861. (63° vol. de la coll.) 21

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