Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

sés, sur la scène politique. Cette considération ne pouvait échapper aux lumières de M. Rogier; il a usé des moyens dont le gouvernement dispose, afin que des catalogues des richesses historiques enfouies si longtemps dans les archives locales, fussent dressés et mis au jour (1).

Tout récemment, deux actes d'une haute signification sont venus fournir une nouvelle preuve de l'intérêt que M. le Ministre de l'intérieur prend aux travaux destinés à faire mieux connaître les annales de la patrie, à ceux surtout qui sont propres à mettre en relief les libertés dont nos pères étaient en possession, alors que la plupart des nations de l'Europe vivaient sous le régime de l'arbitraire.

Nous voulons parler du concours ouvert pour la composition d'une histoire des assemblées nationales de la Belgique, et de l'ordre donné à l'administration des archives du royaume de former un tableau chronologique et nominatif de ces assemblées

Ces actes ont eu un juste retentissement, nonseulement dans le pays, mais encore à l'étranger.

Quelques critiques ont été dirigées contre le premier. On a dit que l'appel fait aux historiens était prématuré, que les matériaux manquaient, que le concours demeurerait sans résultat (3).

(1) Circulaire aux gouverneurs des provinces, du 4 juillet 1849. (2) Arrêtés royaux du 27 septembre 1860.

(3) Discussion du 30 novembre 1860 à la Chambre des représentants. (Annales parlementaires, pp. 110 et suiv.)

Il est possible - il faut même s'y attendre- qu'au 1er janvier 1864, aucun ouvrage digne du sujet n'ait été présenté au concours. Mais déjà l'auteur de l'arrêté a annoncé que ce terme sera prorogé, si la nécessité en est reconnue (1). Dans l'intervalle, bien des documents auront été mis en lumière. Les explorations auxquelles tous nos dépôts de titres sont soumis en ce moment pour la rédaction du tableau des anciennes assemblées nationales, font, chaque jour, découvrir des particularités, des détails, aussi curieux que neufs; ces renseignements sont extraits avec soin; ils seront plus tard classés méthodiquement et réunis en un recueil qui sera rendu public. Je ne crains pas d'avancer, dès aujourd'hui, qu'on aura là un corps de matériaux unique dans son genre, d'un intérêt capital, et qui sera du plus grand secours à ceux qui voudront disputer le prix offert par la munificence du gouvernement.

Je reviens aux états généraux de 1576-1585 dont je me suis un peu éloigné.

La Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, qui m'occupe depuis quinze ans, en était parvenue précisément à cette époque où les états de toutes les provinces, las d'adresser au souverain des remontrances respectueuses qu'il laissait sans réponse, résolurent d'envoyer des députés à Bruxelles, pour y constituer l'assemblée générale des représentants de la nation.

(1) Discussion du 30 novembre 1860 à la Chambre des représentants. (Annales parlementaires, pp. 110 et suiv.)

Avant d'aller plus loin, il importait de connaître les actes de cette assemblée : car il devait nécessairement y en avoir beaucoup qui se liaient aux dépêches adressées au roi par don Juan d'Autriche et Alexandre Farnèse, par don Juan surtout, avec lequel elle eut de si longues et de si vives discussions. Il y avait à examiner, de plus, si l'on ne pourrait pas joindre à la correspondance de Philippe II, sous la forme d'appendice ou d'annexe, la correspondance des états généraux.

Tels furent les motifs qui, l'année passée, déterminèrent M. le Ministre de l'intérieur à me donner la mission de rechercher et de rassembler, dans une notice chronologique et analytique, où les sources en seraient soigneusement indiquées, les lettres, instructions, mémoires, remontrances, etc., émanés des états de 1576-1585, ou reçus par eux.

Le travail dont la première partie est mise aujourd'hui sous les yeux du public, est le résultat de cette mission.

II.

Quelques explications sur les recherches qu'a exigées ce travail et sur les sources où en ont été puisés les éléments, paraissent devoir trouver place ici.

Les archives des états généraux de 1576-1585, qui se conservent et se sont toujours conservées à la

Haye, depuis que la prise de Bruxelles et d'Anvers par le prince de Parme amena la séparation des provinces septentrionales des Pays-Bas d'avec celles du midi, sont loin d'être complètes : les minutes des lettres que les états écrivirent, les originaux des lettres qui leur furent adressées, y manquent (1).

Elles renferment, à la vérité, des registres dans lesquels les états firent transcrire leurs correspondances avec l'intérieur du pays, avec la France, avec l'Angleterre, avec l'Allemagne; mais ces transcriptions présentent des lacunes considérables.

La correspondance de France commence seulement au 13 juillet 1578, celle de l'intérieur au 1er janvier 1579.

Les dépêches d'Angleterre, copiées à partir du 18 octobre 1576, sont interrompues depuis le mois de janvier 1580 jusqu'au mois de septembre 1584, par la perte d'un registre dont l'absence fut constatée déjà il y a plus de deux siècles (2).

Un grand nombre d'actes des états de 1576-1585

(1) Il y a bien, dans ces archives, sept liasses de pièces diverses (loopende liassen), dont la première embrasse les années 1550-1577, et les six autres s'étendent de 1578 à 1585; mais j'y ai recueilli à peine une vingtaine d'actes appartenant à la correspondance des états généraux.

(2) Voy. ma Lettre à MM. les questeurs de la Chambre des représentants sur les documents concernant les anciennes assemblées nationales de la Belgique, qui existent dans les dépôts littéraires de la Haye; 1845, in-8°, p. 20.

resterait donc ignoré, si l'on n'avait que leurs archives propres.

Heureusement que les pièces manquantes dans ces archives peuvent, pour la plupart, être suppléées.

Il y a d'abord les copies que des membres des états, au nom des corps qui les avaient envoyés, prirent, au greffe, des pièces jugées par eux de nature à intéresser le plus leurs principaux, de celles du moins qu'il n'était pas interdit aux clercs de communiquer (1) copies qui servirent à faire des recueils dont plusieurs ont échappé aux ravages du temps.

De tels recueils existent aux archives du royaume à la Haye, aux archives du royaume à Bruxelles, à la bibliothèque de la Chambre des représentants, aux archives de l'État à Bruges.

Le recueil de la Haye, en trois gros volumes, est intitulé Acta statuum Belgii; il a été acheté par les

(1) Voici sur ce point quelques résolutions des états:

20 octobre 1576. « Les clercqz de Weellemans, Zoete et Waelschaerts, ont fait serment de tenir secret tout ce qu'ils escripveront, mesmes les missives et aultres escriptz qui doibvent demeurer secretz, sans donner à aulcun copie, sinon par préalable commandement du greffier des estatz de Brabant. » (DE JONGE, Résolut. des états généraux des Pays-Bas, I, 57.)

19 avril 1577. « Résolu que nulle copie se fera des lettres missives ou d'autres escriptz, sy ne soit que le greffier ait escript par sa propre main: Fiat copie. » (Ibid., II, 232.)

26 juin 1577. « Accordé aux clercqz deux patars pour chascun feuillet, moyennant qu'il ne soit faict ou donné que ungne copie à chascune province à l'avenir.» (Ibid., II, 406.)

Voy. aussi, p. 447, l'instruction des clercs du greffe des états.

« VorigeDoorgaan »