Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

L'histoire de la domination Hyksôs a fait l'objet de nombreux et intéressants travaux, dont le résumé a été donné par Ed. Meyer dans son Histoire de l'Antiquité, à la fin du tome II de la traduction A. Moret. Ces études nous ont appris, à peu près exactement, quelle a été l'étendue de leur pouvoir en Égypte, et les limites approximatives du sol égyptien soumis à leur domination. J'examinerai rapidement ce dernier point.

[ocr errors]

A première vue, et on l'a cru, les Hyksôs semblent avoir possédé toute l'Egypte. Mais il n'est pas certain que le fait d'avoir trouvé quelques monuments à leurs noms dans la Haute-Égypte ait donné aux rois Hyksôs des droits absolus sur l'Égypte. La tradition égyptienne qui prétend que tout le pays leur payait tribut» n'est pas davantage concluante (1). Le scribe égyptien a seulement voulu montrer, par simple effet littéraire avec la marche de son récit, l'anarchie profonde dans laquelle se trouvait l'Égypte au moment de sa restauration. Du reste, l'inscription du Spéos Artémidos dit explicitement alors que les Amous résidaient au milieu du pays du Nord». Mais l'expression pays du Nord est encore exagérée. L'examen des documents montre avec évidence, je le crois, que la suprématie des Hyksôs ne s'exerçait effectivement que sur la partie orientale du Delta. Sur les autres régions de l'Egypte, leur pouvoir ne fut jamais reconnu; lorsqu'ils tentèrent un effort au delà de la région de l'Est, les Hyksôs furent toujours très vivement combattus. Et comme ils n'ignoraient pas les haines qu'ils soulevaient, ils prirent d'utiles précautions contre les surprises pouvant venir de l'intérieur ou de l'extérieur du pays. C'est pour cela qu'ils fortifièrent tout spécialement le territoire occupé par eux, et plus particulièrement Avaris, située sur la frontière, d'où l'on pouvait tenir en échec

[ocr errors]

Le papyrus Sallier, après avoir dit que tout le pays payait le tribut", ajoute un peu plus loin cette réserve et les gens leur apportaient les produits de la Basse-Egypte. Un autre document déclare que les gens du désert sont maîtres des travaux du Pays du Nord». L'inscription de Kamès dit que ce roi vivait en association avec un Asiatique et un Nègre».

pendant longtemps l'ennemi, et, si besoin était, se réfugier dans le désert où il était très difficile de les poursuivre. Nous savons que toutes ces tribus nomades s'installèrent en Égypte avec la permission du roi. Celles venues d'Asie occupaient des terres autour de Zarou, dans le Ouadî Toumîlât et jusqu'aux portes d'Héliopolis. Dans ces lieux, ils possédaient d'importants établissements qu'ils devaient à la générosité du pharaon. Peu à peu ces tribus se répandirent et s'implantèrent de l'autre côté de la branche Pélusiaque. Quelques-uns de ces nomades entrèrent dans l'administration du roi, et plusieurs occupèrent, comme Joseph, une place prépondérante dans le gouvernement. C'est alors, suivant le Livre des Admonitions, que le malheur était entré dans le Pays ".

Enfin, il résulte de l'ensemble des récits appartenant à cette période historique, que la puissance des rois Hyksôs ne s'étendit pas au delà de la province orientale, ou Khent-abet le pays en face de l'Orient», selon la dénomination des Égyptiens. Partout ailleurs, leur passage fut temporaire et leur influence absolument nulle. Même dans le territoire du Khent-abet, habité par eux, il y aurait peut-être quelques réserves à faire sur la colonisation du nome pendant leur administration (2). C'est ainsi que la plus grande partie des gros monuments, trouvés dans cette région, mentionnant Seth ou Soutekh maître d'Avaris, auraient, selon moi, une origine commune qui serait Avaris. Leur dispersion daterait de la XXIe ou XXIIe dynastie, au temps des rois Tanites, dont la capitale Tanis avait accaparé les plus beaux morceaux pour être employés dans l'ornementation du temple. C'est pourquoi on ne trouve plus de gros monuments dans les ruines d'Avaris qui, selon moi, sont celles de Zarou.

M. Daressy a très justement montré que Tanis était à rayer des centres artistiques de l'Égypte, contrairement

Ils possédèrent assez longtemps Memphis; mais ils ne paraissent pas s'être rendus maîtres de la ville religieuse d'Héliopolis.

DARESSY, L'Art tanite, dans Annales du Service des Ant. de l'Égypte, 1917, p. 164-176.

à la théorie préconisée par M. Maspero (1). C'est le premier sacrifice fait à la légende qui entoure Tanis. Quand nous connaîtrons mieux les monuments, je ne doute pas qu'il faudra corriger d'autres points de l'histoire de cette ville. Un autre point se rapporte à «Seth maître de Hâtouart", que l'on a l'habitude de traduire par « Seth seigneur de Tanis ce qui est absolument faux. Ces inscriptions portent Hát-oudrt ou Zarou, et jamais Tanis, dont le nom égyptien est

[ocr errors]
[ocr errors]

Zân.

La célèbre stèle de l'an 400, trouvée à Tanis par Mariette, est le meilleur exemple. Le monument a été dressé par ordre de Ramsès II, à la mémoire de ses aïeux

[blocks in formation]
[ocr errors]

FISKES

XXIMUM=T÷-11×11

chef de la ville, le Zat, le flabellifère à la droite du roi, le chef des archers, le chef des pays étrangers, le chef de la forteresse de Zarou, le grand des Mâzaou, le royal scribe, le chef de la cavalerie, le premier prophète du dieu Seth, le chef de tous les prophètes et prophétesses, Sétî, fils du prince, du chef de la ville, le Zat, le chef des archers, le chef de la forteresse de Zarou, le royal scribe, le chef de la cavalerie, Pa-Ramsès, né de la dame . . . Taa. Séti n'oublie pas, en commençant et en terminant la dédicace, d'adresser un hommage à son dieu Seth représenté dans le tableau, en face de Ramsès II, qui fait l'offrande du vin. Donc, il est certain que le dieu Seth, dont Séti était le premier prophète, avait son sanctuaire à Zarou, et non à Tanis, comme on l'a pensé jusqu'à ce jour (2).

Je rappellerai l'obélisque d'El-Qantarah, que j'ai publié dans le Recueil de travaux, vol. XXXI. Ce monument, comme la stèle, a été élevé, par Ramsès II, à la mémoire de ses aïeux. L'origine du monument est certaine. Mais le dieu invoqué, au lieu d'être Seth, est Horus naître de Mesen ou de Zarou.

[ocr errors]

(2) M. DARESSY, L'Art tanite, p. 168, admet encore que Seth est originaire de Tanis. M. Ed. MEYER, Histoire de l'Antiquité, trad. Moret, p. 351,

Ce document serait suffisant pour prouver l'identité de Zarou et d'Avaris, mais je crois pouvoir fournir d'autres arguments en faveur de la thèse que je soutiens). Comme on va le voir, les témoignages de l'histoire sont absolument d'accord avec les données topographiques.

Nous examinerons, d'abord, les fragments de Manéthon, qui représentent la tradition égyptienne. Ces témoignages sont garantis par des documents égyptiens contemporains ou à peu près.

1° L'Africain, d'après Manéthon, rapporte que les envahisseurs étaient des Phéniciens qui occupèrent Memphis et bâtirent une ville dans le nome Séthroïte ».

2° Josèphe, d'après Manéthon, donne une version sensiblement différente (le roi Salatis) ayant découvert dans le nome saïte une ville très avantageusement située à l'est de la branche bubastite et nommée d'après une ancienne tradition théologique Avaris".

L'interprétation de ces deux textes présente de sérieuses difficultés. Le nome Séthroïte (Saïte de Josèphe) est, d'après Ptolémée, à l'est de la branche bubastique, dans laquelle on reconnaît généralement la branche pélusiaque. La capitale du nome était Héracléopolis, identifiée, par beaucoup de savants, avec Tell el-Chérig, au nord-est de Tanis; selon moi, ce seraient les ruines de Tennis, au sud de Port-Saïd. Quoi qu'il en soit de ces divergences d'opinions, il est certain qu'Héracléopolis était située à

parlant de la stèle de l'an 400, dit qu'elle est dédiée à Seth de Tanis. On ne comprend pas cette interprétation du document, puisque, à la page 178, il reconnaît, comme tout le monde du reste, l'identité de Zarou, marqué sur la stèle, avec Tell Abou-Seifeh, proche d'El-Qantaralı. (1) Avaris a été identifié avec Héroopolis (Tell el-Maskhoutah) par Champollion; avec Tanis, par Mariette, de Rougé et Brugsch; avec Péluse, par Zoéga, Ebers et Alan Gardiner; avec Tell el-Her, par Ebers, Lepsius et Chabas. Ed. Meyer avait pensé autrefois à Daphnae, mais dans son Histoire il abandonne cette hypothèse et pense qu'Avaris est à l'extrémité orientale du Delta, sur la route militaire qui conduit en Asie et près du lac Menzale. Mais cette description ne peut convenir qu'à Zarou et dans aucun cas à une autre localité. Alors comment expliquer : Seth de Tanis? Entin R. Weill propose Héliopolis, avec réserve, comme étant le site d'Avaris.

droite de la branche tanitique. En conséquence, il résulte d'après cette observation que la branche pélusiaque n'est pas la branche de Bubaste, ou il faut admettre que le nome Séthroïte était à cheval sur la branche pélusiaque(1). Il y a là un petit problème géographique assez important à élucider. D'autre part, si Avaris est Zarou, il faut bien admettre que le nome Séthroïte, gréco-romain, est l'équivalent du nome Khent-abet égyptien, avec changement de capitale. En effet, si Zarou reste toujours, pour les listes égyptiennes, chef-lieu du nome, elle cesse de l'être, ou n'apparaît jamais comme telle, dans les listes grecques. C'est à ce moment que Tanis et Péluse brillent dans l'histoire politique de l'Égypte (2).

3o Josèphe, d'après Manéthon, dit que le roi Salatis < venait au temps de l'été, tant pour distribuer le blé et payer la solde, que pour exercer assidûment les troupes afin d'inspirer la crainte aux étrangers".

Avaris, nous l'avons vu, était une ancienne ville, rebâtie par Salatis. L'origine de cette ville date, pour le moins, du Moyen Empire. Il n'y a dans l'isthme que deux villes-forteresses qui peuvent prétendre à une antiquité aussi haute Tekou (Tell el-Maskhoutah) et Zarou. Péluse, politiquement, est de fondation récente; son histoire ne commence qu'à partir du vire ou vir siècle, c'est-à-dire à une date postérieure de plusieurs siècles à la domination des Hyksôs. Pour cette seule cause, l'identification AvarisPéluse serait à rejeter. Les ruines de Tell el-Maskhoutah, à l'extrémité orientale du ouâdî Toumîlât, représentent l'emplacement de la ville grecque Héroopolis, et avec

A. H. GARDINER, The Delta Residence of the Ramessides, dans Journal of Egyptian Archaeology, vol. V, 1918, p. 249, pense que la branche bubastite séparait les nomes Séthroïte et Tanite.

=

=

(2) M. GARDINER, The Delta, carte, pl. XXXV, commet une erreur, contraire à l'opinion de Manéthon, en marquant Péluse Avaris PaRamsès, à gauche de la branche pélusiaque; les ruines sont au contraire situées sur la rive droite. Du reste, Ptolémée (liv. IV, ch. 5) cite Péluse entre la branche pélusiaque et Gerron. Je pense que M. Gardiner a été influencé par la Table de Peutinger et la Carte de Madeba; ces deux documents mettent en effet Péluse à l'occident du fleuve.

« VorigeDoorgaan »