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le premier, mit un certain ordre dans les notions confuses qu'on avait avant lui des différents aspects du participe égyptien, nous avons pu réussir à reconnaître avec évidence que les terminaisons du parfait sémitique étaient les mêmes que celles qui se rencontrent dans le participe égyptien, la conclusion que ce savant crut devoir tirer de ce fait, toute logique qu'elle pouvait sembler de prime abord, n'était pourtant pas juste, car le participe égyptien ne devait rester qu'un participe et il n'avait aucun droit ni d'assumer le sens d'un parfait, ni même de figurer avec le sens d'un verbe au mode personnel.

Ne voyons-nous pas, au sein de la famille même des langues sémitiques, un phénomène assez analogue dans le verbe assyrien, qui, tout en empruntant la forme du second aoriste (l'imparfait) des autres langues sémitiques, se trouve toujours employé avec le sens du premier aoriste (le parfait)! Pareillement, malgré la grande ressemblance entre le participe égyptien et le premier aoriste sémitique, le sens des deux formes verbales, identiques d'apparence, peut ne pas avoir été le même dans les deux groupes de langues et il ne faut pas absolument identifier ces formes, de même qu'on ne peut pas dire que l'aoriste II, employé couramment par les Assyriens pour le parfait, devait nécessairement avoir le sens de l'imparfait, puisque ce n'est qu'avec ce sens qu'il se rencontre en hébreu, en arabe et dans les autres langues sémitiques!

En effet, l'étude des textes hiéroglyphiques et hiératiques nous apprend que les Égyptiens n'ont jamais employé leur participe comme un verbe au mode personnel, et les quelques exemples que Sethe a pu réunir dans son Verbum, vol. II, § 3 à 8, pour soutenir sa théorie de la plus ancienne conjugaison égyptienne, se laissent expliquer tout à fait autrement qu'il ne le fait. Sans entrer ici dans les détails, qu'il me soit permis de m'arrêter seulement un instant sur le fameux exemple, tiré des «Mémoires de Sinouhen et qui, cité comme il l'est sans aucunes explications sur le contexte auquel il a été arraché, peut paraître assez concluant à ceux qui partagent les idées du profes

seur allemand. Je veux parler de l'expression

:

, que Sethe traduit par «le pays dans lequel je suis né ». Un court examen du texte, auquel cet exemple est emprunté (cf. Sinouhe, B, 1. 159), nous fait voir que la phrase citée appartient au discours par lequel Sinouhe s'adresse à Dieu et si, avant la phrase en question, on rencontre les expressions et toutes deux ont le suffixe se rapportant à Dieu, comment ne pas voir dans

le verbe

qui

« tu as fait naître », « tu as mis au monde», «tu as créé»), suivi du complément direct duction devrait, par suite, être tu m'as fait naître ».

moi»? La vraie trala terre dans laquelle

Si, comme tout le fait présumer, le participe égyptien n'a jamais par lui-même figuré comme verbe fini, les terminaisons qu'il peut prendre selon la personne à laquelle il se rapporte, font de lui un participe pour ainsi dire conjugable, tel qu'il n'en existe pas dans les langues sémitiques, mais qu'il est impossible de ne pas admettre pour l'égyptien.

Encore un des nombreux torts qu'a faits aux études égyptologiques l'application du patron sémitique à la grammaire égyptienne, ce fut la facilité avec laquelle bon nombre d'égyptologues s'habituèrent à ne pas distinguer les formes verbales qui consistaient en la racine verbale précédant le sujet et celles qui se présentaient avec la racine verbale après le sujet. Car, étant arrivés à voir une forme personnelle de verbe dans ce qui n'était réellement qu'un participe, les partisans du sémitisme ont le plus souvent mélangé ces deux formes de verbe, en leur assignant à toutes les deux la même valeur, d'autant plus que la grammaire sémitique les autorisait à trouver le sujet de la phrase indifféremment mis avant ou après l'attribut.

(1) En ce qui concerne les exemples démontrant que le verbe peut s'employer, même lorsqu'on parle d'un dieu mâle procréant l'homme, ils sont assez nombreux et ne méritent pas d'être tous cités ici. Il suffit d'un seul, le nom propre qui signifie «Celui qui l'a mis au ↓ » monde (s. c. le titulaire du nom) c'est Ra».

Mais dès qu'on se met à analyser en détail les textes égyptiens, on arrive facilement à reconnaître la différence qui existe en égyptien entre les propositions construites d'après la formule : verbe+sujet et celles qui consistent en sujet+verbe, ou, pour s'exprimer plus exactement, en sujet+participe. Tandis que c'est aux premières que revient le rôle de figurer, entre autres, comme propositions principales énonciatives (« Aussagesätze »), les secondes ne peuvent jamais être employées dans le même sens elles sont le plus souvent circonstancielles, quelquefois optatives ou relatives, ou bien elles servent à former des propositions pour ainsi dire substantivées, qui peuvent en leur entier être envisagées soit comme sujet, soit comme compléments directs ou indirects, du ou des verbes de la proposition principale. L'erreur, qui jusqu'à présent a souvent été commise, de considérer une proposition consistant en un sujet suivi du participe, comme une proposition principale énonciative, a eu des suites funestes pour l'exacte compréhension des textes : on obtenait ainsi un nombre considérable de propositions principales, ce qui obligeait le traducteur à hacher le texte en une multitude de courtes phrases. C'était méconnaître le lien qui unissait ces phrases entre elles, alors que pour marquer la liaison l'égyptien avait justement recours à l'emploi alternatif de différentes formes verbales qui avaient le sujet mis tantôt après le verbe et tantôt avant un participe.

Le véritable sens des propositions, qui se composent d'un sujet, d'une préposition et d'un substantif (vrai ou dérivé d'un verbe), avait aussi été par trop souvent négligé et la proche parenté de ces propositions avec celles qui consistent en un sujet suivi du participe (1) n'a pas toujours

("La proposition de la forme: sujet + préposition + substantif (ou suffixe) paraît n'être au fond qu'une modification de la proposition: sujet + participe, car très probablemeut elle représente une proposition dans laquelle le participe non existant du verbe être a du être omis. Comme les propositions de la forme sujet + participe, prises dans le rôle de propositions circonstancielles, correspondent exactement à celles qui

RECUEIL CHAMPOLLION.

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été rigoureusement observée, ce qui a encore donné un nombre assez grand de propositions principales.

Enfin dans les propositions exprimées seulement par deux substantifs juxtaposés, la différence n'a pas suffisamment été sentie entre les deux cas celui où le premier substantif est attribut, le deuxième sujet, et celui où le premier substantif est sujet, le deuxième attribut.

si

Dans tout ce chaos, qui ne peut être débrouillé que on renonce à examiner la langue égyptienne à travers la grammaire sémitique, l'ordre doit uniquement venir de l'étude de la langue égyptienne en elle-même et par ellemême. Dans ce but, il faut, pour chaque cas spécial, réunir le plus possible d'exemples, qui, étudiés premièrement par séries et ensuite dans leur ensemble, peuvent seuls jeter de la lumière sur la vraie structure de la langue égyptienne. Mais, dans cette sorte de recherches, il ne faut surtout pas perdre de vue le contexte auquel les exemples se trouvent empruntés, car des bouts de phrases, comme celles qu'on rencontre, par exemple, dans un des récents ouvrages sur la proposition soit-disant nominale en égyptien, ne servent absolument à rien, et c'est presque jurare in verba magistri que d'accepter sans contrôle facile les traductions qui y sont proposées. L'exemple de Sinouhe, cité plus haut à propos de l'expression

ג

suffit pour montrer à quelle prudence on est tenu vis-à-vis d'exemples qu'au fond on ne peut même pas reconnaître comme tels!

Ainsi donc, la syntaxe égyptienne présente encore plus d'un point qui demande à être élucidé, avant qu'on arrive à saisir toutes les finesses qu'une langue assez riche en formes verbales, telle que l'égyptien, pouvait très probablement se permettre d'exprimer. Comme toutefois dans un court article il est absolument impossible de traidans nos langues s'expriment également au moyen du sujet suivi d'un participe, les propositions consistant en sujet + préposition + substantif (ou suffixe) doivent aussi, dans le cas où elles figurent comme propositions circonstancielles, être rendues par le sujet que suivent le participe étant et, ensuite, la préposition et le substantif, ou le pronom, régis par cette préposition.

questions et que, d'un autre côté, l'auteur de ces lignes a déjà amassé un assez grand nombre d'exemples pouvant éclaircir certaines parties de la syntaxe égyptienne, il ne serait peut-être pas déplacé de mettre ici sous les yeux du lecteur du moins quelques passages de textes égyptiens qui serviraient à démontrer clairement l'importance qu'il y a à observer les différences dans la structure de chacune des parties constitutives de la phrase égyptienne. Par la même occasion, quelques autres questions intéressant la syntaxe égyptienne pourront être soulignées et,

autant que possible, expli-· quées.

EXEMPLES.
I

A propos des dieux qui président aux provisions de bouche du roi défunt, il est dit dans la pyramide d'Ounȧs, lignes 176 à 180 (K. SETHE, Pyramidentexte, S 121 a-d et $ 122 a) [voir ci-contre]:

Ils ont saisi (ou : ils saisiront) et ils lui ont donné(1) (ou : ils lui

(1) Comme l'action exprimée par

donner [à l'occasion, une fois]»

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