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lui donnant le nom de Moo-khamar, qu'il traduit par mauvais nez. Khamar ou khawar, en kalmuk et mongol, signifie aussi bieu nez que promontoire(1); comme tologhai (tête ) est le nom ordinaire qu'on donne aux collines isolées dans le step. Mong-khamar est donc le promontoire fier ou audacieux, puisqu'on le voit de très-loin dans les vastes plaines habitées par les Kalmuks, auxquels il sert souvent de guide.

6o. Je ne renonce pas encore au nom des Bidè, que j'écrirai dorénavant Bèdè, puisqu'il se trouve prononcé de cette manière dans les livres kalmuks. Les sinologues assurent que les Chinois choisissent exprès des caractères d'un sens humiliant, pour rendre les noms des peuples voisins, qui sont leurs ennemis naturels. J'aurai bientôt le plaisir de démontrer que Hioung-nou ou Khioun-nou est véritablement un nom mongol (2).

Remarque. Ce que M. Schmidt dit du nom Bèdė, qu'il pense être identique avec la dénomination K ·Pe-ti, ou barbares septentrionaux, par laquelle les Chinois désignèrent autrefois les peuples de la race toungouse, ne peut avoir aucun fondement, puisque cette dénomination

(1) Comme nos en russe, bouroun dans les langues turques, et oforo en mandchou.

KL.

(2) Hioung-nou peut être un mot significatif en mongol; mais la nation qui portait ce nom était incontestablement turque. La ressemblance des sons des noms d'hommes ou d'endroits ne démontre nullement la parenté des peuples chez lesquels on les trouve. La ville russe de Toula n'a rien de commun avec Toul, Toulon et Toulouse en France, ni avec les Toulteques du Mexique. KL.

est véritablement significative; car les Chinois ont appelés Ti (barbares) ces mêmes peuples, long-tems avant de leur donner le nom de Pe-ti (barbares du nord ). Il n'y a donc ici aucun point de contact avec Bèdè, qui est l'ancien nom tubetain des Mongols.

Outre les Pe-ti, ou barbares du nord, les historiens chinois parlent encore d'un autre peuple qui porte le même nom, écrit, à la vérité, avec d'autres caractères; savoir,

題白 L'histoire de la Chine méridionale, pendant la

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division de l'empire qui eut lieu dans le V. et VI. siècle de notre ère, dit : « Le nom de la famille du roi des Pe-ti » est Tchhi, et son nom propre Szu-hi-ny. Les ancêtres de cette peuplade étaient une tribu séparée des Hioung» nou. Quand Kouan-yng, sous les Han, faisait la guerre » contre les Hioung-nou, il fit mettre à mort un homme » de la tribu des Pe-ti. Cette tribu se trouve à l'orient du >> royaume des Houo. En allant de ce dernier pendant six jours vers l'occident, on entre dans la Perse (Po-szu). Leur >> pays produit du blé et du froment, des melons, des fruits >> et d'autres comestibles. Les Pe-ti ressemblent tout-à-fait » aux Houo. Sous la dynastie des Liang, la troisième des » années appelées Phou-thoung (522 de J.-C. ), ils envoyèrent une ambassade, qui apporta un tribut consistant » en productions du pays (1) ». Le même ouvrage dit que les Houo étaient une tribu séparée des Khiu-szu, ou des Ouigours. Les Pe-ti, qui leur ressemblaient parfaitement, étaient donc aussi une peuplade ouigoure, et non pas des Mongols.

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7°. Votre remarque, sur la signification du mot dorona, est fondée; cependant son application ne

(1) Voyez Youan-kian-louy-han, Sect. CCCXXXVI, p. 27 recto.

A

peut pas être générale. Les Mongols, comme sectateurs de Bouddha, appellent l'Orient dorona, où dzègoun; c'est-à-dire la gauche, parce qu'ils se tour nent vers l'Inde, ou vers le Midi (émunè-dzuk, ou la région du devant) pour faire leur prière, et alors l'Orient est à leur gauche. Les Mongols, qui ne sont pas Bouddhistes, appellent au contraire l'Orient émunè, ou le devant, et alors ils ont le Nord à gauche (dorona). Je pourrais en citer un grand nombre d'exemples, si je ne craignais pas de donner une trop grande étendue à cette lettre. Les dénominations kalmukes des quatre points cardinaux démontrent parfaitement ce que je viens d'avancer. L'Orient s'appelle ourghoukhoi, ou le levant, la croissance; le Nord, zoehn, ou la gauche, l'Occident, chinggèkoï, lể coucher, ou la disparition, et le Sud s'appelle barohn, la droite..

Remarque. Ce que M. Schmidt dit ici est généralement exact; mais dans le livre Nor-vou proung-va, qu'il avait cité, dorona doit signifier l'Orient, puisque cet ouvrage tubetain a été composé par un Bouddhiste, qui se tournait vers l'Inde ou vers le Midi, pour faire ses prières, et qui, de cette manière, avait l'Orient à gauche.

8°. Vous dites, Monsieur, que les historiens chinois et mahométans ne font aucune mention de Bidètsoughan, ou Bidètsèkhan, fils de Burtè-Tchino. Cependant, dans le passage du Ouan-sing-thoungpou, que vous citez à la page 208 ( passage pour lequel je vous remercie beaucoup), je trouve le nom de Batachi-khan, qui me paraît être identique avec

celui de Bidetsèkhan, dans l'histoire mongole de Sanan-Sètsen-Khoung-Taidji. Une preuve évidente que les deux ouvrages parlent d'un même personnage, c'est que dans l'histoire mongole le fils de Bèdètsèkhan est nommé Tamatsak, et Tamatcha dans le livre chinois que vous citez. Burtè-tchino signifie le loup en hiver; car burtè désigne la couleur plus claire le poil de certaines bétes fauves prend en hiver. Mon auteur mongol ne lui attribue pas la couleur bleue, mais bien à son prédécesseur Toou-tingunggetou, qui vint de l'Inde se sauver dans le Tubet, plus de trois cents ans avant notre ère. Toou-ting est un mot tubetain qui signifie bleu de ciel. Il s'agit donc ici d'un origine céleste, ou d'un fils du ciel.

que

Remarque. — Après la publication de mon Examen de l'Histoire mongole,,j'ai trouvé un autre passage chinois sur l'origine des Mongols. Dans l'encyclopédie San-thsaithou-hoey (de l'Homme, Vol. XII, fol. 6 verso ), il est dit : « Une autre race tire son origine de Batatchi-khan (Tabatchi-khan, dans le texte, est une faute d'orthographe). » Dans l'histoire secrète de la dynastie des Youan, on lit: « Un loup, couleur bleu de ciel, l'engendra avec une » biche blanche et féroce. Son descendant, à la vingtcinquième génération, était Temoudjin, qui fut le chef » de la grande tribu des Mongols, et qui prit le titre » d'empereur auguste. Pendant long-tems ce peuple habi» tait à 600 ly, au nord du désert de Cha-mo (ou Goby);

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après il vint s'établir sur le versant septentrional de la >> chaîne des montagnes qui borde la Chine au Nord, » où il portait le titre honorifique de Tha-tha (Tatar) ». On voit dans ce passage que le nom de Burtè-tchino est

T. III

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traduit par loup couleur bleu de ciel, et celui de sa femme Goh-maral par une biche blanche et féroce. En effet maral signifie une biche en mongol, et le mot chinois thsan, que j'avais traduit par délaissé, peut aussi se rendre par cruel et féroce.

KLAPROTH.

NOUVELLES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

Séance du 4 août 1823.

Les personnes dont les noms suivent sont présentées et admises comme membres de la Société.

MM. BOCCAND (Adrien), ancien professeur de l'univer

sité;

GOLOFFKIN (le comte George).

Associé étranger.

M. NOEHDEN, conservateur du Cabinet d'antiquités du Musée britannique et secrétaire de la Société Asiatique royale de Londres.

M. Saint-Martin, en son nom et en celui de M. AbelRémusat, fait un rapport sur un manuscrit javanais, déposé à la bibliothèque par M. Babinet, membre de la Société, le 2 juin dernier (1).

Ce manuscrit, copié sur papier européen, paraît être

(1) Voyez T. II, p. 378.

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