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L'allégorie dans la cérémonie funèbre. — Ce développement de l'allégorie dont la Mort n'était qu'un élément, devint de plus en plus important entre 1690 et 1720. Jetons un coup d'œil sur la cérémonie funèbre de cette période (1). La disposition en restait

1. Les exemples sont très rares jusqu'au deuxième quart du siècle, par exemple:

En France :

1° De Camille de Neufville, archevêque de Lyon, dans l'église du collège des Jésuites à Lyon, 1693, gravure (Voir Bibl. nat. Cab. d'Est. Pe. 14);

2o De Mile d'Orléans, à Saint-Denis, 1693, dessiné par M. Berain; 30 Du Prince de Bourbon, à la cathédrale de Notre-Dame-deParis, avril 1709, dessiné par Ertinger et Berain (Voir Mercure de France, p. 337-344, avril 1709);

4° Du dauphin et de la dauphine, à l'église de Notre-Dame-deParis, avril 1712 (Voir le Mercure de France, avril 1712);

50 Du dauphin et de la dauphine, à l'église de Saint-Denis, dessiné par Berain (Voir le Mercure de France, avril 1712, p. 219249);

6o De Louis de Bourbon, 1712, gravure (Bibl. nat. Cab. d'Est. Pe. 14);

7° De Marie-Louise, reine d'Espagne, à l'église de Notre-Damede-Paris, 1714. J. Berain, invenit, gravure par Scotin;

8° De Louis XIV, à l'église Saint-Denis, gravure (Bibl. nat. Cab. d'Est. Pe. 14).

A l'Étranger:

1° D'Éléonore, reine de Suède, 1693. M. Tessin, invenit. Lepautre, sculpsit ;

2o De Charles XI, 1697. M. Tessin, invenit. Sébastien le Clerc, sculpsit;

3o D'Alexandre VIII, du Vatican, 1691, dessiné par Rossi ;

4° De Léon de Tresme, duc de Geseve, par Berain, 1704. Ici, l'Immortalité vainquit la Mort sous ses pieds, au-dessus de la tour qui servit de temple pour le sarcophage;

5o Du roi Pierre II, de Portugal, 1707, par Fontana;

6o De Clément II, au Vatican, 1711, par Filippo Barigioni. Voir l'un d'Innocent XIII, 1724, par le même artiste. On y voit une pyramide décorée d'un médaillon du défunt, supporté par deux Renommées volantes.

à peu près la même. Mais il faut noter surtout cet amour pour les personnifications de la Mort, du Temps et de la Renommée, non pas, il faut bien le remarquer, en motifs simplement décoratifs, mais comme acteurs en lutte. Voici quelques lignes de la description très intéressante de la pompe funèbre du prince de Bourbon qui eut lieu à l'église de Notre-Dame en avril 1709 « Au-dessus de ces palmiers (du grand portail), on voyait la Mort victorieuse du Temps à qui elle arrachait les armoiries de M. le Prince. Mais la Renommée, prenant soin de sa gloire, les enlevait à la Mort et invitait, par ce qui suit, à rendre les derniers devoirs à ce grand prince (1). » Ou encore, pour ce qui est des squelettes, on les voit en cariatides dans la cérémonie funèbre de Louis XIV à Saint-Denis, où ils supportent la couronne au-dessus du sarcophage.

René Charpentier (1680-1723). -- Un autre monument sans aucune représentation du défunt, c'est le tombeau (2) du comte Fortunat Rangoni, qui se trouvait autrefois à l'église Saint-Roch; il était dû à René Charpentier. Nous savons qu'il se composait d'une figure de femme pleurant, appuyée sur la base d'une colonne funéraire. Cette introduction d'une femme pleurant comme motif central et unique, semble annoncer le thème favori de la fin du siècle.

1. Mercure de France, avril 1709, p. 337-344.

2. Arch. mus. mon. fr. (Invent. rich. Art, fr. etc.), t. III, p. 263.

François-Antoine Vassé, 1681-1736.

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Le monu

ment de Louis de Marillac (1), qui se trouvait autrefois aux Feuillants, se composait d'une pyramide de marbre blanc devant laquelle était une Minerve casquée, qui tenait le médaillon de Louis.

François Dumont, 1688-1726. - Une œuvre dont la perte est très regrettable, c'est le mausolée de Miles Bonnier (2), par François Dumont, qui fut destiné à une chapelle de l'église des Récollets à Montpellier. Il fut commandé en décembre 1719 (3) par M. Bonnier, baron de la Mosson, trésorier général des États de Languedoc, pour perpétuer la mémoire de deux filles qu'il venait de perdre en bas-âge et en un court intervalle de temps. D'après M. Vattier (4), le sarcophage devait être supporté par deux lions de plomb doré. Mais l'élément le plus important, c'étaient les figures des deux sœurs sur le sarcophage, au sujet desquelles Dargenville donne une indication précieuse. Il dit (5) que « le sculpteur a ingénieusement représenté l'une d'elles sortant du

1. Gravure dans Millin, Ant. nat., t. I, no 5, pl. 4, p. 29. Voir aussi Arch. mus. mon. fr. (Inventaire rich. Art., fr. etc.), t.II, p. 29.

2. Chose curieuse, Stanislas Lami, dans son Dictionnaire des sculpteurs de l'École fr., t. II, p. 174, dit que c'était le mausolée de leur père Joseph Bonnier.

3. Marché passé. Nouvelles archives de l'art français, t. V, p. 239.

4. Voir, Une famille d'artistes, les Dumont, 1660-1884, par G. Vattier. Paris 1890, p. 14,

5. Vie des fameux sculpteurs, par Dezallier Dargenville. Paris, 1787, t. II, p. 315.

tombeau qui semble inviter sa sœur à la suivre ». Nous avons ici, à coup sûr, un exemple assez original du thème de la mort, ou plus exactement une conception du type de résurrection, qui diffère de celle de Le Brun.

Au contraire, le tombeau de Louis, duc de Melun, mort en 1721, aussi par Dumont, était un ensemble banal. Quoiqu'il ait été exécuté entre 1724 et 1726 (1), date de la mort de l'artiste, et que, par conséquent, il doive, au point de vue chronologique, être étudié dans le chapitre suivant, il ne faut pas oublier qu'il fut la dernière œuvre d'un sculpteur de la génération de transition et que, pour cette raison, il est ici à sa place. Si Dumont avait montré de l'originalité dans un tombeau d'enfants, genre où il n'y avait, pour ainsi dire, pas de tradition académique, il a voulu naturellement ériger un mausolée grave et grandiose pour un personnage aussi haut que le duc de Melun. Le tombeau, comme on peut en juger d'après la gravure (2), était une conception tout à fait de l'époque et même de la période précédente. Il se composait d'une pyramide couronnée d'une urne. Le soubassement était décoré de deux femmes allégoriques assises. Au-dessus de l'inscription triangulaire, on voyait une tête de mort avec des ailes de chauve-souris. L'ensemble était encadré par des

1. Exécuté sur l'ordre d'Elisabeth de Lorraine, mère du duc. 2. Reproduit en Millin, Ant. nal., t. V, no 56, pl. 1, p. 3. Le tombeau, maintenant disparu, se trouvait aux Dominicains de Lille (Nord).

rideaux de plomb, qui étaient supportés par des squelettes, motif que nous avons déjà vu dans le tombeau des Castellan par Girardon. On peut noter que la femme, qui est au côté droit, étend ses bras vers le squelette qui porte le rideau, seul lien entre le monument lui-même et le fond. Le seul point extraordinaire dans ce mausolée, c'est l'absence de toute représentation du défunt et, ce qui est plus curieux, c'est qu'elle n'est pas encore remplacée par une allégorie dramatique.

Il faut ajouter aux tombeaux que nous avons étudiés, un monument extraordinaire dont on ne sait ni la date ni l'auteur. C'est le tombeau du marquis de la Vrillière, secrétaire d'État sous Louis XIV, mort en 1681, qui se trouve actuellement à l'église de Châteauneuf-sur-Loire (Loiret) (1). Comme l'inscription du sarcophage nous dit qu'il fut élevé par le fils du marquis, il semble probable qu'il fut exécuté pendant la période que nous étudions, c'est-à-dire de 1690 à 1720. Le maire de Châteauneuf in'écrit que le tombeau est considéré comme l'œuvre du Bernin, attribution curieuse, mais qui contient en même temps une part de vérité puisqu'elle souligne le style mouvementé et le sujet dramatique du mausolée. Le marquis, vêtu à la contemporaine, est représenté assis sur le sarcophage, les yeux tournés vers l'ange qui lui montre l'immortalité qui l'attend au ciel, idée qui est apparue déjà depuis

1. Voir le projet d'enlèvement du monument, Arch. mus. mon. fr. t. II, p. 422.

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