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M. Roserot montre que ce tombeau ne fut pas exécuté d'après le dessin ou projet exposé par Lemoyne au Salon de 1743, mais fut plutôt une imitation du second projet de Bouchardon. Nous discuterons ce point plus tard, lorsque nous étudierons l'œuvre funéraire de Lemoyne.

En laissant de côté les autres modèles exposés au Salon de 1743,qui trouveront leur place dans l'œuvre funéraire de chaque sculpteur, considérons d'après la description du livret du Salon et d'après la maquette qui appartient à M. Pesme (1), celui de Bouchardon :

<< On y voit d'abord, comme motif principal Son Éminence à genoux sur un prie-dieu (sic) au-dessus

de son tombeau .»>

«Derrière lui et sur le même plan,est le génie de la France, qui, sous la figure d'un enfant éploré, tient trois couronnes que Son Éminence semble lui avoir remises pour ne plus s'occuper que des grandeurs éternelles. La première de ces couronnes qui est de laurier, exprime son zèle pour la gloire du roi et de l'État ; la seconde qui est de chêne et que les anciens nommaient couronne civique, est le symbole de son amour pour la Patrie et de son attention à ménager les peuples; la troisième enfin qui est d'olivier, attribut ordinaire de la paix, annonce qu'elle (sic) était le thème heureux où tendaient toutes ses vues.

» Au pied du tombeau sont deux lions, dont l'un

1. 0 m. 476 de la base cintrée au sommet de la tête du cardinal. En cire rouge. Reproduit par M. Roserot, p. 424.

écrase l'hydre vaincue, tandis que l'autre tient le masque qu'il a arraché à l'erreur, et le flambeau de la discorde prêt à s'éteindre.

» Deux consoles qui supportent le tombeau, laissent entre elles un champ où l'on a placé l'emblême de l'Éternité exprimé à l'Antique, par un Serpent, qui, se mordant la queue, forme un cercle ou rond parfait, au milieu duquel un sable aislé marque, par opposition, le nombre et la rapidité des jours que nous passons sur la terre.

» Plus bas, et sur une plate-forme, formée par une double plinthe qui décrit un avant-corps, sont deux figures de Vertus affligées, qui s'appuient sur le globe de la terre, où l'on distingue surtout l'Europe comme la partie du monde où la réputation de Son Éminence s'est le plus répandue, parce qu'elle a été plus particulièrement l'objet de ses travaux. Une de ces Vertus, caractérisée par le gouvernail qu'elle tient à la main, par le Miroir et le Serpent qui sont à ses pieds, marque l'Équité, la Prévoyance et la Sagesse qui accompagnaient son administration; l'autre, qui représente la Religion, est reconnaissable à son voile et à sa croix, de même qu'au rouleau ou volume antique sur lequel son bras droit est posé, et la flamme ardente qu'elle élève et dirige vers le ciel.

» On a mis, au haut de la contre-table qui sert de fond à ce mausolée, le cartouche des armes de Son Éminence, ornée (sic) d'une simple guirlande de cyprès, pour répondre, par cette simplicité, à son

extrême modestie dans tout ce qui le regardait personnellement. »

On trouve l'addition suivante dans une copie contemporaine (1): « L'arcade, dans le fond de laquelle est placé le tombeau, a treize pieds six pouces d'ouverture, sur environ trente pieds trois pouces de hauteur et ces figures auront dans l'exécution, six pieds trois pouces de hauteur. On peut juger les autres parties par l'échelle qui est au pied du modèle. »

Le livret, au Salon de 1745, décrit ainsi le second modèle: « Qui, ayant été approuvé par Sa Majesté, s'exécute en marbre, sous les ordres de M., le Contrôleur Général, pour être placé dans l'église de Saint-Louis du Louvre.

M. le cardinal de Fleury couché entre les bras de la << Religion et soutenu par cette vertu, qui fut toujours l'objet de ses soins, est représenté expirant. Sa vue dirigée vers le ciel, les bras étendus, toute son attitude, marque une entière résignation à la volonté de Dieu, et une confiance sans borne en sa miséricorde. Un spectacle si touchant, le souvenir d'une longue et paisible administration, excitent les justes regrets 'du Génie de la France et lui font répandre des larmes dont il arrose le pied de la colonne funéraire qui porte l'urne destinée à renfermer les cendres de son Éminence. Ce groupe de figures est posé sur un stylobate cintré par le plan et élevé de cinq pieds au-dessus du niveau du pavé de l'église et il occupe

1. Cité par M. Roserot, p. 424.

tout le fond d'une arcade qui fait partie de la décoration au lieu où ce mausolée doit être placé. » Un modèle en cire blanche qui ne représente que les deux figures principales appartient à M. Pesme (1).

En son second dessin, comme on le voit, Bouchardon abandonne le type de priant que quatre des cinq sculpteurs ont employé au salon de 1743, et imite, même pour ses personnages le tombeau de Richelieu. Les gestes et l'aspect général de Fleury, sauf le bras droit qui est étendu, au lieu d'être plié sur la poitrine, est exactement semblable. La même chose pour la figure de la Religion.

Il est malheureux que la maquette ne contienne pas la figure du Génie de France et la colonne funéraire avec l'urne, motif classique, car la description du livret ne dit pas un mot sur leur emplacement dans l'ensemble.

J.-B.-N. Dupuis, 1698-1750. Le sculpteur amiénois Jean-Baptiste Dupuis exécuta, en 1748, le tombeau en pierre blanche de Pierre Sabatier (2) qui se trouve à la cathédrale d'Amiens. Restauré en 1897 par M. Mollien, il se compose d'un sarcophage d'où sort la figure du prélat de grandeur naturelle, accompagnée d'un enfant qui lui présente une couronne. Au-dessus, s'élève une pyramide devant laquelle passe un ange sonnant de la trompette.

1. Om, 165 de haut depuis le dessus du socle jusqu'au sommet de la tête de la Religion. Reproduit par M. Roserot, p. 430. 2. Dict. sculpt. fr. t. III, p. 314.

F. Ingersoll-Smouse

ΙΟ

Nous avons ici affaire à un exemple du type de résurrection employé déjà depuis longtemps par Le Brun dans le tombeau de sa mère. L'introduction de l'enfant avec la couronne de l'immortalité fait honneur à l'esprit allégorique du XVIIIe siècle. Le défunt n'est pas seulement éveillé par la trompette du Jugement dernier, mais il entre en même temps au Paradis.

Dumandré,1701?-1781.- Le seul tombeau exécuté par Hubert Dumandré (1), sculpteur français appelé en Espagne, est celui de Philippe V et de sa femme. Il « est posé sur un piedestal supportant une urne: Deux statues sont de chaque côté : la Charité et la Douleur ; au-dessus, deux médaillons représentent le roi et la reine couverts d'un voile qu'une Renommée cherche à soulever. Derrière, une pyramide portant les armes d'Espagne soutenues par un ange et un enfant. Ce mausolée est placé dans la collégiale de Saint-Ildefonse. Pierre Pitué est l'auteur de la statue qui est à gauche du sépulcre et des anges qui soutiennent l'écu royal (2). »

Jean Bapt. II Lemoyne, 1704-1778.—Le 21 juillet 1735, Catherine, comtesse de Feuguières, passa un contrat (3) avec les Jacobins de la rue Saint-Honoré

1. Voir Dussieux, Les Artistes français à l'étranger. Paris 1885, page 374.

2. Delaborde, Voyage pittoresque en Espagne, t. III, p. 182, 2° édition, 1807-1820.

3. Nouvelles archives de l'Art français 1875, p. 122. et sui

vantes.

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