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dont le prince faisait ses amusements. A côté, la Religion, aussi debout, et caractérisée par la croix qu'elle tient, pose sur les urnes une couronne d'étoiles, symbole des récompenses célestes destinées aux vertus chrétiennes, dont ces augustes époux ont été le plus parfait modèle.

» Du côté qui fait face à la nef, le Temps, caractérisé par ses attributs, étend le voile funéraire déjà posé sur l'urne de Mgr le Dauphin, mort le premier, jusque sur celle qui est supposée renfermer les cendres de M la Dauphine. A côté, l'Amour conjugal. son flambeau éteint, regarde avec douleur un enfant qui brise les chaînons d'une chaîne entourée de fleurs, symbole de l'Hymen.

» Les faces latérales, ornées des cartels des Armes du prince et de la princesse, sont consacrées aux inscriptions qui doivent conserver à la postérité la mémoire de leurs vertus (1). »

Du projet de Diderot, Cochin retient l'idée centrale des deux urnes et des figures allégoriques du Temps, de la Religion et de la Tendresse conjugale. Mais bien que chez Diderot, il y ait un seul groupe assez vague et compliqué de la Mort, du Temps, de la Religion, de la Tendresse conjugale et d'un bel et grand enfant, symbole de la famille, Cochin fait deux groupes. Il a ajouté aussi les deux enfants. L'idée des urnes et la tournure sentimentale de l'œuvre appartiennent à Diderot, mais la composi

1. Livret du Salon de 1769.

tion nette et harmonieuse est due à Cochin. Les efforts vers l'unité des sculpteurs du xvme siècle ne sont pas alors entièrement perdus, car les statues allégoriques peuvent se rattacher aux urnes par un intérêt commun. Mais avec l'introduction des urnes disparut toute représentation du défunt « cet écueil des ressemblances demandé par le mauvais goût »> et l'élégance des figures et de l'ensemble ne cache pas la sentimentalité maladive de ce dernier mausolée érigé par la monarchie française.

Après Coustou, vient une longue liste de sculpteurs médiocres, interrompue seulement par les noms de Pajou, Clodion et Houdon.

Jean-François Saly (1717-1776), qui appartient par la date de sa naissance à la seconde moitié du siècle, ne fit que trois tombeaux dont les projets furent exposés au Salon de 1750 (1). Un autre sculpteur, Simon Challes (1719-1765), né deux ans plus tard que Saly, n'exposa qu'un dessin de tombeau pour l'église de Saint-Roch (salon de 1759).

Pierre Mérard (?-1799) (2), élève de Bouchardon,érigea entre 1777 et 1759 à l'église de l'Isle-Adam (Seineet-Oise), le tombeau de Louis-François de Bourbon, prince de Conti. Ce monument, d'une composition assez populaire, comprenait une pyramide de marbre bleu turquin placée sur un socle suppor

1. Ceux du comte de la Marche, autrefois à Saint-Roch, de M. de Valory pour l'église du Quesnoy (Nord), et de Pinceau de Lucé à l'église de Tours. Voir Dict. sculp. fr., t, IV, p. 323.

2. Voir Dict. sculpt. fr., t. IV, p. 129.

tant un génie en bronze qui éteignait une torche de la main droite et s'appuyait de la main gauche sur le médaillon en marbre du défunt. Le génie et les ornements ont disparu sous la Révolution; et au commencement du xixe siècle, on a remplacé la figure du génie par une statue en plâtre par Moitte, représentant une femme en pleurs qui s'agenouille devant l'urne.

L'œuvre funéraire de Jean-Jacques Caffiéri (17251792) est plus considérable. En 1767, il expose au salon un modèle en terre cuite. D'après Diderot (1) << on voit à gauche une cassolette où brûlent des parfums. La vapeur odoriférante se répand sur un cube qui soutient une urne; il s'élève de derrière le cube quelques branches de cyprès recourbées sur l'urne. A droite, éplorée, étendue à terre, un bras appuyé sur le dais, la tête posée sur son bras, l'autre bras tombant mollement sur une de ses cuisses, la figure de l'Amitié. » Au salon de 1573, il exposa un autre modèle de trois pieds de haut représentant l'Amitié pleurant son amie, pendant qu'une Muse couronne le médaillon fixé à une colonne funéraire.

Ces deux modèles de tombeaux de pleurante en Amitié sont suivis par celui du général de Montgomery (2) tué devant Québec qui fut exposé au

I. Ed. Assézat, vol. II, p. 357. Peut-être la maquette acquise par le musée du Louvre en 1908.

2. Commandé par les États-Unis pour être placé dans la grande salle des états généraux de Philadelphie. Gravure par Augustin de Saint-Aubin, 10 pieds de haut X 5 pieds de large, en marbre.

salon de 1775. «Sur un rétable soutenu par deux consoles, s'élève une colonne tronquée sur laquelle est posée une urne cinéraire. D'un côté de la colonne, est un trophée militaire accompagné d'une branche de cyprès; de l'autre, sont les attributs de la Liberté groupés avec une branche de palmier. Derrière la colonne, s'élève une pyramide. Sous ce rétable, entre les deux consoles, est un cartel et une table de marbre blanc pour l'inscription (1). »

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Pancrace. J. Pancrace (1726-1793) exécuta en 1757, le monument funéraire du marquis de Gueidon (2), qui se composait de la statue tombale du défunt sur un piédestal décoré de l'inscription et de deux bas-reliefs. Les sujets de ces bas-reliefs méritent d'être signalés, car ils représentent des épisodes de la septième croisade où figure Guillaume III, baron de Gueidon: Damiette prise d'assaut par Saint-Louis et la bataille de Mansourah. Ce sont des exemples presque uniques, dans l'art de l'époque, de sujets tirés du moyen âge.

Feuillet. Le mausolée de François Feu (3), mort en 1761, qui fut érigé par J.-B. Feuillet à l'église Saint-Gervais, l'année suivante ne se composait que d'un buste dans un cadre d'architecture.

1. Livret du Salon de 1777, n' 219.

2. Autrefois à Beillaure (Basses-Alpes). Les fragments se trouvent actuellement au musée d'Aix, no 649-653.

3. Le buste fut dessiné par Pranger et gravé par Audran en 1762.

Charles-Antoine Bridan (1730-1805) expose au salon de 1775 le projet du tombeau du philosophe Boyer, marquis d'Argens, mort en 1771. Cette œuvre (1), qui se trouve aujourd'hui au musée d'Aix (no 639), fut élevée par Frédéric le Grand de Prusse. Elle se composait d'un génie ailé et drapé surmontant un piedestal et s'appuyant sur un médaillon à droite représentant le profil du philosophe. Le cippe rond qui supporte le médaillon, portait une longue inscription en latin. Par derrière, se trouvait une grande pyramide.

On ne sait rien du tombeau du marquis de Courtenvaux (2), exécuté par le même sculpteur.

D'Huez, (1730-1793), érigea en 1766, à l'église Saint-Roch, le monument funéraire de Maupertuis, le grand mathématicien, qui avait entrepris un voyage dans les régions arctiques pour justifier ses théories sur la configuration de la terre. A droite de l'inscription, un ange pleureur regarde le médaillon du savant. A gauche, est un petit génie. La pyramide couronnée d'un vase qui servait de fond (3), est disparue. Comme composition, l'œuvre ne vaut pas grand chose. La base est beaucoup trop mince en proportion de la hauteur. Puis, sauf quelques instruments près du petit génie, il n'y a rien pour marquer

1. Payé 5.000 livres à Paris, 1780.

2. Voir Notice biographique sur Ch. Antoine Bridan, statuaire, par Ch.-Fr. Viel. Paris, 1801. p. 14.

3. Voir 1° la gravure du monument par Lenoir et Guyot, 2° Arch. mus. mon. fr., t. III, p. 263.

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