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forme de sarcophage, et ce système de décoration. Il reste à dire quelques mots à propos de deux sujets de Grand prix proposés par l'Académie en 1785, et en 1788. Le premier, qui fut remporté par Moreau, représentait «< un monument sépulcral pour les souverains d'un grand empire, placé dans une enceinte dans laquelle on disposera des sépultures particulières pour les grands hommes de la nation » (1): c'est-à-dire, une espèce de Panthéon sous les auspices des cendres royales. Le tombeau conçu par Moreau n'est que le mausolée d'Hadrien, couronné d'une coupole. Cet essai archéologique fut suiví, en 1788, par le sujet du « cénotaphe en l'honneur des navigateurs qui ont péri dans le voyage que fit M. de la Pérouse autour du monde ». Dans le dessin (2), pour lequel Vien reçut la médaille, on voit, au-dessus d'une grande plateforme semi-circulaire, un sarcophage de la même forme que celle employée par Le Sueur. L'ensemble est placé dans un paysage plein de rochers. Cet élément romantique se trouve aussi dans les deux œuvres de Le Sueur, qui sont placées, non pas dans une église, mais dans un emplacement pittoresque.

Nous voilà au bout (3) de notre étude. Avec l'année

1. Gravure par Prieur. Voir aussi 1ole mausolée en l'honneur de Newton. Médaille décernée par l'Académie à M. Delespine, 2o le dessin par Fontaine pour le 2o Grand prix, proposé par l'Académie, 3o la chapelle sépulcrale de M. La Barre. Prieur fecit. 2. Gravure par Prieur.

3. J'omets le singulier monument qu'est le tombeau de Joseph Sec, à Aix-en-Provence, parce qu'il date entre 1792 et 1794. Cette œuvre dont on ne connaît pas les sculpteurs ou le sculpteur, est très embarrassante. On n'en trouve nulle part le prototype.Actuellement

F. Ingersoll-Smouse

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1790, commence la période de la Révolution, qui continue le tombeau pseudo-antique, dont nous avons vu les origines. Dans l'histoire de la sculpture funéraire en France, les années de 1760 à 1790 constituent une période très mélangée. Elle n'est pas une période de transition, car elle ne prépare rien qui sera développé dans les années à venir. Avec le tombeau de Rousseau par Le Sueur, les tendances vers l'antiquité, que nous avons étudiées dans l'œuvre de Vassé, Coustou, Caffiéri et tant d'autres, atteignent leur perfection.

D'autre part, c'est pendant ces années que s'éteint la conception dramatique du tombeau dont nous avons étudié l'histoire. Nous avons vu que ses derniers exemples: les tombeaux du Dauphin, et du comte d'Harcourt, sont caractérisés par la sentimentalité de l'époque. Mais cette conception qui contenait beaucoup d'éléments païens, était au fond l'expression de la contre-réformation et ne pouvait survivre au changement de goût qui prenait naissance vers 1760. Introduite par le Bernin et Le Brun, elle ne fut pas comprise par beaucoup de sculpteurs avant 1690. Dans la période de transition, c'est le grand sculp

elle se compose d'un mur décoré de 5 niches qui contiennent des statues de Deborah, du roi David, de Joseph tuant Sisara, de David tuant Goliath, et de la fille de Jephté. Aux deux extrémités et aux angles du mur, se trouvent deux niches également ornées de statues représentant le prêtre Aaron et le patriarche Noë.A l'extrémité du mur où on voit la statue d'Aaron, s'élève une espèce d'édifice classique contenant la statue du Christ et surmonté d'une autre statue. De chaque côté de cet édifice, se trouvent deux suppliants qui sont peut-être Joseph Sec et sa femme.

teur Le Gros, qui, peut-être à cause de son éduction italienne, a le mieux compris la grandeur de cette nouveauté. Mais au xvur siècle, viennent les Slodtz, les Roubillac, et les Pigalle qui avec Le Gros la portent au plus haut degré de perfection. En revanche, déjà en 1743, dans le concours pour le mausolée du cardinal de Fleury, on sent la décadence. Le génie de Bouchardon était trop froid, son esprit était trop semblable à celui de la seconde moitié du siècle, pour concevoir un grand ensemble dramatique, dont l'effet dépend en grande partie du style mouvementé. Il ne trouvait rien de mieux que d'imiter les idées de Le Brun dans le tombeau de Richelieu. Et ce qui est plus significatif encore, c'est que tous les sculpteurs qui ont concouru, et trois d'entre eux sont parmi les plus considérables de l'époque, ne trouvent rien de mieux! Enfin, de 1760 à 1790, aux mains de Diderot et même de Pigalle, la conception prend une tournure sentimentale. Ainsi se termine l'histoire de la seconde et en même temps, de la dernière conception funéraire que l'art chrétien ait produite.

Vu et admis à soutenance

le 16 février 1912:

Le Doyen de la Faculté des Lettres de l'Université de Paris,

Vu et permis d'imprimer :

Le Vice-Recteur de l'Académie de Paris,

L. LIARD.

A. CROISET.

BIBLIOGRAPHIE

A

LA SCULPTURE FUNÉRAIRE

I

DOCUMENTS

Les Archives de l'Art français (V. « la Table générale des documents contenus dans les Archives de l'Art français et leurs annexes » (1851-1896), par Maurice Tourneux. Paris, 1897, in-12).

1. AUDRAN (Benoît). -1° Comptes de la gravure du mausolée du duc de Bouillon (1709). (Nouvelles archives, I, p. 296.)

2o Documents relatifs du mausolée de la famille de Bouillon, destiné à être érigé dans l'abbaye de Cluny (Saône-etLoire). (Revue de l'Art français ancien et moderne, V, p. 329364, et VII, p. 323-343.)

2. COYSEVOX. 1o Devis du tombeau de J.-B. Col

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bert, exécuté par Coysevox et Tuby sur les dessins de Le Brun (1685), dans l'église SaintEustache (Revue de l'Art français ancien et moderne, VIII, p. 34).

2o Marché passé par Coysevox, Le Hongre et

Tuby, pour l'érection du tombeau de Mazarin,

(1689-1694). (Revue de l'Art français ancien et moderne, IX, p. 69.)

3o Marché passé par Coysevox avec Louis de Lorraine, comte d'Harcourt, pour le tombeau de son père (1704). (Archives de l'Art français, 1 série, p. 175.)

3. DUMONT (François). - 1o Marché passé par F. Dumont pour l'exécution d'un mausolée (1719). (Nouvelles archives, V,p. 239.)

4. FLEURY (Cardinal de). — 1° Chanson sur les pro

jets de tombeaux de -, exposés au Salon de 1743, par Adam le Cadet, Bouchardon, Ladatte, Lemoyne et Vinache (Archives de l'Art français, Ire série, V, p. 62).

5. GIRARDON. 1o Marché passé par Girardon pour le tombeau de l'abbé de Castellan à SaintGermain-des-Prés (1678). (Revue de l'Art français ancien et moderne, VI, p. 289.) 2o Arrêt du conseil relatif à l'expertise, par Tuby, des travaux de Girardon pour le tombeau de Richelieu à la Sorbonne (1690). (Revue de l'Art français ancien et moderne, VI, p. 293.) 6. MIGNARD (Catherine). Contrat passé par

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C. Mignard, avec les Jacobins de la rue Saint

Honoré, au sujet du tombeau de son père (1735). (Nouvelles Archives, III, p. 510.) 7. PIGALLE (J.-B.). Correspondance adminis

trative et privée, relative au tombeau du maréchal de Saxe, exécuté par Pigalle, et à son érection dans l'église Saint-Thomas de Strasbourg (1752-1783). (Revue de l'Art français ancien et moderne, VIII, 164-234.)

8. SCOTIN (Gérard). Somme payée à Scotin pour

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