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du xvme siècle, car c'est là qu'il faut chercher les créations les plus notables dans la sculpture funéraire de cette époque. L'autel de cette chapelle qui est orné d'un bas-relief représentant saint François ravi au ciel par des anges, forme, pour ainsi dire, le centre de l'intérêt. De chaque côté de l'autel, adossé contre le mur se trouve une statue funéraire agenouillée, vue de face et non de profil d'après la mode française. Deux petits pleureurs sont assis de chaque côté du sarcophage qui porte la statue funéraire.Les sarcophages des deux monuments sont également ornés de bas-reliefs dont l'un, sur le mur de l'ouest, représente le Jugement dernier (1). On y voit des anges munis de trompettes d'un caractère tout à fait académique, tandis que les squelettes sortant de leurs cercueils forment avec eux un étrange contraste.

En un mot,la chapelle Raimondi est assurément un effort du Bernin fait pour réaliser l'unité dans la chapelle funéraire, c'est-à-dire pour grouper les statues funéraires autour de l'autel qui représente, pour lui, le centre de l'intérêt. Malheureusement les deux statues ne tournent pas les yeux vers l'autel et l'effet de l'ensemble est en partie détruit. Cependant cet essai en 1656 est à signaler car Le Bernin voulut répéter son idée en 1664 quand il fit des projets pour la chapelle des Bourbons à Saint-Denis et pour le tombeau

1. Le modèle en terre cuite du Bernin se trouve à la sacristie de l'église de Sainte-Marie,in Trastevere Reproduit par Fraschetti, p. 89.

de Richelieu que nous verrons. L'idée était si bien calculée pour plaire aux sculpteurs italiens qu'ils ne trouvèrent rien de mieux que de la développer à leur aise la chapelle Ginetti (1), œuvre délicieuse d'Antonio Raggi en est l'exemple le plus parfait. Mais ce genre, bien qu'il ait produit en Italie des œuvres remarquables, fut tout à fait inconnu en France et par conséquent ne saurait trouver place dans notre étude.

Avec les tombeaux d'Alexandre Valtrini (1639 (2) et de Maria Raggi (1643) (3), nous avons au lieu d'un buste le défunt représenté en médaillon, sur un rideau de bronze. Le médaillon de l'un est supporté par un squelette de marbre blanc, celui de l'autre par deux petits anges. Dans le tombeau de Maria Raggi, Le Bernin a employé la polychromie jusqu'à l'absurdité. Le médaillon même de la défunte est en bronze doré.

Dans le monument d'Urbain VIII (4) (1642-1647) où la statue assise du pape surmonte un assez haut piédestal devant lequel se trouve un sarcophage, on voit apparaître quelque chose de nouveau. Cette nouveauté consiste en l'introduction d'un squelette qui, assis au milieu du sarcophage, inscrit le nom du pape dans un livre, et surtout en la représentation de

1. Dans l'église Santa Andrea delle Valle, bas-côté à gauche, première chapelle.

2. A l'église San Lorenzo Damase (Voir Fraschetti, p. 82). 3. A l'église Santa Maria sopra Minerva (Voir Fraschetti, p. 86). 4. A Saint-Pierre de Rome (Voir Fraschetti, p. 151-158.)

deux Vertus, la Charité et la Valeur, qui sont debout de chaque côté. Ce sont elles qui introduisent l'élément encore faible et indécis de l'unité dans l'action et dans le drame.

La renommée du groupe de sainte Thérèse fait oublier que la chapelle Cornaro (1) (1646) où il se trouve, est en effet une chapelle funéraire du même genre que la chapelle Raimondi. Au mur du nord ou plus exactement du nord-ouest, quatre gentilshommes se penchent sur le balcon d'une niche de marbre multicolore qui ressemble tout à fait à une loge de théâtre (2). Ils regardent sainte Thérèse qui, comme le bas-relief de la chapelle Raimondi, con centre l'intérêt. Au mur du sud on ne voit que trois gentilshommes dont l'un est probablement un portrait du cardinal Cornaro. Mais tandis que la chapelle Raimondi n'est qu'un faible essai, la chapelle Cornaro exécutée dix ans plus tard (1646) est le développement parfait de cette conception nouvelle. On peut noter, en passant, que les gentilshommes assis dans leurs loges ne regardent pas pieusement l'autel. C'est pour eux un spectacle de théâtre ou d'opéra qui les intéresse plus ou moins.

L'élément de l'action et du drame devient un peu plus considérable dans le tombeau du cardinal Pimen

1. A l'église de Santa Maria della Vittoria (Voir Fraschetti, op. cit., p. 177).

2. Cette idée théâtrale fut employée par Francesco Cavallini dans les tombeaux Bolognetti qui se composent de groupes d'hommes placés au-dessus des confessionnaux de la nef de l'église Jesu e Maria al Corso à Rome.

tal (1) (1653) qui se trouve à l'église de Santa Maria sopra Minerva. Bien qu'il ait été exécuté en grande partie par ses élèves, le dessin en est du Bernin et il sert de transition entre les deux grands monuments des papes. Le cardinal, vêtu de son costume ecclésiastique, est agenouillé sur un sarcophage qui est supporté par un assez haut soubassement portant l'inscription. De chaque côté du sarcophage se trouvent aussi deux Vertus, la Charité à gauche et la Foi à droite dont la douleur très véhémente marque un certain progrès sur les Vertus du tombeau d'Urbain VIII.

C'est pendant le fameux voyage à Paris entre juin et octobre 1665, que le Bernin fit des projets pour la chapelle des Bourbons à Saint-Denis et pour le mausolée de Richelieu.

Dans le journal de Chantelou (2) du 28 septembre, on lit que le sculpteur « a ajouté qu'il avait projeté de faire les sépultures des Bourbons de sorte qu'elles regarderaient directement sur l'autel de saint Louis qui est le principal de l'église et qu'aussi elles seraient en vue des cérémonies et prières de l'église ; que cela lui semblait convenir mieux que de faire un corps séparé comme la chapelle des Valois qui n'a point de vue à l'autre ; qu'il trouve dans son dessin vingt ou vingt-cinq rois d'une manière extraordinaire, les mettant cinq ou six dans un même réduit en action

1. Reproduit par Fraschetti, op. cit., p. 219.

2. Journal du voyage du Cavalier Bernin en France, par M. de Chantelou, édité par L. Lalanne. Paris, 1885, p. 186.

de priants, dans les différentes actions appuyés comme sur une espèce de balustrade et en forme d'histoire; sur laquelle bulustrade serait un grand tapis avec des coussins et au-dessous leur tombeau ; derrière ces figures, des tableaux de mosaïque, afin d'orner davantage; et que ces tombeaux et leurs ornements seraient de marbre noir avec de l'or ».

On voit de cette courte notice du projet, que le Bernin avait encore en tête l'idée des chapelles Raimondi et Cornaro : des priants groupés autour d'un autel. La chapelle des Bourbons serait beaucoup plus grande, le nombre de priants étant élevé de deux à vingt ou vingt-cinq, mais la conception reste la

même.

Mais ce qui est infiniment plus important c'est le passage du journal qui établit le fait que le Bernin ait donné des dessins pour le mausolée de Richelieu : « L'on a longtemps discouru sur le lieu et la façon de la sépulture de M. le cardinal de Richelieu. Le Cavalier a dit qu'il avait fait un dessin pour le placer sous la coupe de l'église. Mme d'Aiguillon a reparti que l'intention de Son Éminence avait toujours été de se faire mettre en une action de s'offrir à Dieu et non pas d'être en priant qui est une manière trop ordinaire et d'être posé au lieu où il est. Le Cavalier a dit que, pour faire quelque chose de bien, il faudrait mettre l'autel comme il est à Saint-Pierre à Rome et qu'il faudrait mettre la sépulture de Son Éminence où est à présent l'autel et faire là quelque chose de grand et de magnifique. Elle a reparti que

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