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Girardon.

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Parmi les sculpteurs du premier groupe, Girardon joue surtout un rôle considérable parce que, en dehors de son œuvre funéraire ellemême, on pourrait dire que de son atelier sortiront beaucoup d'artistes de la génération de transition, et même du plein xvIIe siècle. Nous avons déjà étudié son œuvre funéraire avant 1690.

Le tombeau, ou plutôt l'inscription décorée de Claude Barbier de Metz (1) exécutée vers 1690 ne consiste qu'en un médaillon du défunt sur un fond surmonté d'un cœur enflammé. Au-dessous, on voit deux petits génies.

Vers 1691, Girardon fit un monument commémoratif (2) de ses dons et de la fondation d'une messe basse pour le repos de son père et de sa mère, pour l'église Saint-Remi à Troyes. Le monument est décoré

1, Maintenant à l'église de Saint-Villebroke de Gravelines (Nord). Gravure par Sébastien Leclerc. Celui de la famille de Du Metz, autrefois à l'église de Saint-Paul, Paris, est perdu. Voir Germain Brice, Descrip. de Paris, t. II, p. 23.

2. Voyez aussi le monument commémoratif à Louis XIV que Girardon donna à la ville de Troyes en 1687. Il n'est qu'une inscription décorée d'un médaillon. Gravure par Sébastien Leclerc.

d'un bas-relief d'un squelette en buste, les mains jointes en prière.

En 1699, en collaboration avec Desjardins et Van Clève, il exécuta le tombeau de François Le Tellier, marquis de Louvois, qui fut érigé dans l'église des Capucines de la place Vendôme (1). La statue du marquis, la figure en bronze de la Prudence qui décore un des côtés du soubassement, et tous les ornements ont été exécutés par Girardon. Les statues de la marquise et de la Vigilance sont dues à Desjardins, quoique le marbre de la première ait été sculpté par Van Clève, mais d'après le modèle de Desjardins. Le tombeau, avec le grand fond architectural, les deux Vertus assises au soubassement et les époux vêtus à l'antique, l'un couché, l'autre agenouillée sur le sarcophage, ressemble fort au mausolée du duc de Montmorency, exécuté quarante ans auparavant par François Anguier. On n'y sent la transition ni pour le style ni pour la compo

sition.

D'autre part, le contraire est vrai pour le tombeau de Catherine Duchemin (2), femme de Girardon, exécuté en 1705, d'après ses modèles et sous sa direc

1. Transporté en 1819 à Tonnerre (Yonne), dans la chapelle de l'hospice. Gravure par Aveline. Voir Germain Brice, Descrip. de Paris, t. 1, p. 352, et Raunié, Épit., t. II, p. 135.

2. Autrefois à l'église Saint-Landry. Il se trouve en partie au chœur de l'église Sainte-Marguerite (faubourg Saint-Antoine),derrière le maître-autel. Gravure au Millin, Ant. nat., t. V, n° 59, pl. 2, p. 9.

F. Ingersoll-Smouse

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tion par ses élèves Nourisson et Robert le Lorrain,qui avaient déjà travaillé au tombeau de Richelieu. La conception en est une reprise d'un sujet religieux fréquemment traité dans les pierres tombales de la fin du moyen âge: la Picta. Mais ce qui est plus extraordinaire que le sujet, c'est le style. On y est saisi par l'illusion de la vie, du mouvement que le Lorrain développera plus tard dans les Chevaux du Soleil à l'abreuvoir, de l'hôtel Rohan. Ce frissonnement de la vie est si puissant, que, en le regardant de la chapelle du nord de l'église Sainte-Marguerite, il semble que la draperie de la croix flotte au gré du vent et que les petits génies volent véritablement. Le contraste entre les coloris des différents marbres, élément très important au xvine siècle, joue un rôle assez considérable dans cette illusion. Le Christ mort, la Vierge, les anges, et la croix en marbre blanc s'élèvent sur un fond de marbre bleu de Languedoc. L'ensemble reposait sur un grand sarcophage de marbre vert d'Égypte.

Après Girardon, nous avons les sculpteurs, ses contemporains, dont le style funéraire montre les mêmes caractéristiques que le sien. Il est quelquefois très difficile de suivre l'évolution de plusieurs artistes dans la vie desquels on trouve des périodes entières qui ne contiennent pas une seule commande de tombeau.

Louis Garnier.

Le monument du cœur (1) de

1. Il se trouve aujourd'hui dans la chapelle du collège des

Jacques II d'Angleterre, exécuté par Louis Garnier en 1703, n'était qu'une élaboration du type particulier de médaillon déjà employé par Girardon dans les tombeaux de Bonneau, de Tracy et de la présidente de Lamoignon. Il se composait d'un grand piédestal de marbre gris soutenant un sarcophage en marbre noir qui portait un petit obélisque posé également sur un piedestal et surmonté d'un petit vase fumant, le tout en marbre blanc et encadré par des rideaux de marbre blanc garnis de glands et de franges. Au milieu du piédestal de l'obélisque était posée une urne surmontée d'une couronne royale, dans laquelle avait été enfermé le cerveau Jacques II et accompagnée de deux petits génies assis aux angles. Contre le sommet de l'obélisque était fixé un médaillon entouré de palmes avec le portrait du roi.

de

Coysevox. Dans son ouvrage (1) sur Coysevox, Henri Jouin appelle la décade de 1692 à 1702 la période des mausolées. Cette division arbitraire n'est pas exacte, car d'un côté, comme nous l'avons déjà vu, le monument de Colbert date de 1683-1685, le buste de Lulli de 1688, et le tombeau de Le Brun de 1690, et d'autre part, nous avons, après 1702,les mausolées d'Henri de Lorraine (1704-1711), du marquis

Écossais (l'ancienne rue des Fossés-Saint-Victor). Le monument fut élevé par Jacques Drummont. duc de Perth. Voir Raunié, Épit., t. III, p. 530.

1. Antoine Coysevox, sa vie, son œuvre et ses contemporains, par Henri Jouin. Paris, 1883 (in-8°), chap. IV, p. 94.

de Vaubrun (1705), de Le Nôtre (1707) et de Mansard (1708). Cependant le nombre des mausolées exécutés entre 1692 et 1702 par Coysevox est assez considérable. Comme type et comme style ils sont naturellement très mélangés.

Le grand monument de Mazarin (1) dont le marché d'exécution fut signé en 1689, fut terminé en 1692. Avec le fond architectural, les femmes allégoriques au soubassement et la statue agenouillée sur le sarcophage, il est conçu dans la tradition grandiose et calme de la seconde moitié du siècle. Mais le geste du cardinal est beaucoup plus libre que celui du simple priant.

En 1695, Coysevox termina le tombeau de François Créqui d'après les dessins de Le Brun. En conséquence, la conception date d'avant 1690. Il fut érigé dans l'église des Jacobins, rue Saint-Honoré. Seule la figure du maréchal, dont le buste se trouve aujourd'hui à Saint-Roch, était de Coyse vox. Les ornements et les deux vertus, qui pleuraient sa perte, étaient dus à Nicolas Coustou et à Jean Joly et furent détruits sous la Révolution. D'après une mauvaise gravure, reproduite dans les Antiquités nationales de Millin (2), le fond se composait d'une pyramide, au milieu de laquelle s'élevait un petit édifice qui renfermait la statue agenouillée de Créqui. Aux deux

1. Voir ci-dessus au musée du Louvre, no 552, autrefois au collège des Quatre-Nations.

2. T. I, no 1, pl. V, p. 45.

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