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LA SCULPTURE FUNÉRAIRE EN FRANCE

AU XVIIIE SIÈCLE

INTRODUCTION

LA SCULPTURE FUNÉRAIRE EN FRANCE DEPUIS LA RENAISSANCE JUSQU'EN 1690

On a étudié à fond l'histoire du tombeau du moyen âge; on en connaît tous les changements de goût, presque chaque nuance. Mais, chose curieuse, toutes les études se sont arrêtées à la Renaissance ou plutôt à la mort d'Henri III avec laquelle se terminent les grands ensembles funéraires des rois de France. Si nous laissons de côté quelques critiques plus ou moins vagues, nous constatons qu'on n'a jamais cherché dans la sculpture funéraire du xvire et du XVIIe siècles, les idées générales, la conception directrice ou les éléments employés pour exprimer la conception.

C'est notre dessein d'étudier la sculpture funéraire en France au XVIe siècle. Cependant lorsqu'on l'examine, on voit bientot qu'elle n'a continué que les éléments décoratifs et les types qui eurent leur

origine au XVIIe siècle, quelquefois même à la Renais

sance.

Les difficultés d'une telle étude sont nombreuses: le petit nombre de tombeaux qui restent, et leur état incomplet, l'ambiguité des descriptions de ceux qui sont détruits, et la médiocrité des gravures qui, bien qu'elles en donnent la composition, sont tout à fait insuffisantes au point de vue du style et de la manière de traiter le sujet, détail extrêmement important aux périodes de transition. Prenez par exemple le tombeau de Catherine Duchemin, femme de Girardon (1), qui, en gravure, semble froid, en plein xvIe siècle tandis que le tombeau lui-même est un exemple très mouvementé de la sculpture de transition.

Pour cette étude, les grands ensembles funéraires du xvre siècle nous intéressent uniquement par certains éléments que le tombeau du xvire siècle leur empruntera. En premier lieu, ce sont les quatre vertus cardinales qui perdent, avec le tombeau de François II de Bretagne (2) (1502-1507), leur caractère purement décoratif et deviennent de vrais personnages. La difficulté que fit naître l'introduction de ces figures, c'est-à-dire la recherche d'un lien, d'une unité entre les vertus et la statue du mort, n'est résolue en partie que deux siècles plus tard,

1. Fragment à l'église de Sainte-Marguerite. Paris. Voir plus loin chapitre Ier.

2. A la cathédrale Saint-Pierre de Nantes. Voir Michel Colombe et la sculpture française de son temps, par Paul Vitry. Paris, 1910, in-4°.

quand on considéra le tombeau comme une scène mouvementée et dramatique. Sous les mains des Juste, dans le tombeau de Louis XII (1514-1531) et dans tous les monuments funéraires qui le suivent, elles ne restent pas françaises et vêtues à la contemporaine comme elles le sont dans le chef-d'œuvre de Michel Colombe, mais elles deviennent impersonnelles, théâtrales, caractères qu'elles ont gardés jusqu'aujourd'hui. Quelquefois comme dans les mau solées de Louis de Brézé (1) (vers 1536) et de Claude de Guise (2) (1550), les vertus reprennent leur caractère décoratif en servant de cariatides.

A d'autres égards, le mausolée de Louis XII et d'Anne de Bretagne est intéressant, comparé à ceux du XVIIe siècle, parce qu'il commence les grands ensembles d'architecture classique. Ce petit édifice à deux étages, qui devient vraiment grandiose dans les mausolées classiques de François Ier et d'Henri II (3), inspire une longue série de monuments analogues. Mais vers la fin du xvre siècle on voit apparaître un autre

1. A la cathédrale de Rouen.

2. A Joinville, voir la Sculpture à Troyes et dans la Champagne méridionale au xvr° siècle, par MM. Koecklin et Marquet de Vasselot, p. 307. Paris, 1900, in-4°.

3. Le dessin (gravé par Née d'après Fr. Porbus) pour un monument funéraire d'Henri IV est une faible imitation des grands mausolées du siècle précédent. Mais au même temps, il montre un essai d'unifier le priant avec la composition générale. Au milieu d'un petit temple qui est surmonté d'une victoire et de trois anges qui sonnent de la trompette, le roi agenouillé est couronné par deux femmes tandis qu'un petit génie lui montre un livre.

élément qui modifie profondément la disposition architecturale du tombeau. Le priant, au lieu d'être placé sur une espèce d'édifice dégagé de quatre côtés, se trouve soit dans un portique adossé, avec fronton, colonnes, couronnement, etc., soit sur une anchitrave également adossée, supportée par des colonnes ou par des cariatides.

L'adossement du tombeau français au XVIe siècle, contrairement au sarcophage à quatre côtés du moyen âge, fut un emprunt à l'Italie. On a dit souvent que la cause de cette modification fut l'encombrement des églises en ce temps-là. Mais cela n'aurait pas été vrai pour les grands seigneurs qui avaient comme autrefois à leur disposition une chapelle entière (comme par exemple pour le tombeau d'Henri de Montmorency qui occupe une chapelle latérale de l'église de Moulins) mais qui choisissaient volontairement le tombeau adossé contre le mur.

Comme la sculpture, l'histoire du tombeau en France au XVIe siècle se divise assez nettement en deux parties: en premier lieu la période de Louis XIII qui continue jusqu'au gouvernement personnel de Louis XIV et en second lieu celle qui s'étend de cette date à 1690, année de la mort de Le Brun où commence la période de transition entre l'art du XVIIe siècle et l'art de Louis XV proprement dit.

La sculpture funéraire du xvIe gouvernement personnel de Louis La première de ces deux périodes

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grand chose de nouveau. Elle continue en général la conception de la Renaissance.

Jusqu'à 1661 à peu près, les types de priant et de demi-couché restent les plus populaires. La statue du mort était ou placée dans un portique classique ou supportée par une architrave qui forme le deuxième étage du tombeau dont le premier consiste en colonnes et quelquefois en un sarcophage. On voit souvent (1) sur le sarcophage, au premier étage une autre statue du mort, continuation de l'idée des statues de vivant et de mort que l'on rencontre sur le tombeau de Louis XII. Mais cette faible imitation d'un sculpteur du xvire siècle est peut-être l'idée la plus illogique de l'histoire du tombeau parce que nous n'y trouvons que deux statues du mort, différentes seulement par l'attitude, et, quoique les effigies soient parfois assez saisissantes, elles n'ont en réalité aucune espèce de raison d'être.

La sculpture funéraire de cette époque conserve en général le sens réaliste dans la traduction des traits caractéristiques de la physionomie et du costume contemporain.

Avant de considérer les grands sculpteurs de cette période comme Sarrazin et François Anguier, il faut dire quelques mots sur un sculpteur de province qui n'exerça pas d'influence sur l'Art de son temps,

1. Des exemples assez importants de ce type sont les tombeaux de Catherine de Clèvs et d'Henri de Guise qui se trouvent à la chapelle du collège d'Eu (Seine-Inférieure).

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