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continue en 1710 la vieille tradition de la première moitié du XVIe siècle, dans le tombeau de Jean de Camus (1), conseiller à la Cour des Aides de Paris, où le défunt est représenté à genoux. Un ange de marbre blanc, tenant un livre ouvert devant lui, rappelait fort le monument du cardinal Berulle par François Anquier.

Le tombeau de Nicolas Menager (2), autrefois à Saint-Roch, qui fut exécuté par Mazière en 1715, se composait d'un médaillon placé contre une pyramide. En conséquence, il se rapproche des trois œuvres où Girardon (3) a adopté cette même composition.

Jacques Bernus. C'est encore le tombeau du cardinal Berulle par Anquier, qui inspira le groupe central, création remarquable d'un sculpteur de province, savoir: le tombeau de Laurent Buty,évêque de Carpentras, exécuté entre 1705 et 1708, par Jacques Bernus (4). « Sur un sarcophage de style

1. Autrefois aux Blancs-Manteaux. Gravé dans Millin, Ant. nat., t. IV, no 47, pl. II, p. 8. Voir aussi le Musée des mon. fr., t. II, p. 34. (Invent. rich. Art. Fr.). Ce monument fut probablement imité par Gaspard Reynier, de Lyon, quand il exécuta en 1716 le monument du cardinal Camus qui se trouve mutilé à la cathédrale de Grenoble.

2. Le médaillon se trouve actuellement à l'escalier des bureaux de la conservation du musée de Versailles. Gravé dans la coll. de Gaignières, Bibl. nat. des Estampes. Pe II a, f. 218. Voir le Musée des monuments français (Invent. Rich. Art. Fr.), t. III, p. 263.

3. Voir l'introduction. Deux autres tombeaux se rattachent à ce type: a) le monument de Natalis Le Blond, mort en 1697 à l'église de Pontoise (Seine-et-Oise); b) le mausolée d'André Blanchard, 1696, au musée de Pontoise.

4. Il se trouve à la cathédrale de Carpentras.

renaissance, supporté par un soubassement assez haut, se voit la statue de Buty, revêtu du rochet et de la mozèle, à genoux sur un coussin dans l'attitude de la prière. Devant lui, un ange, dans une pose gracieuse, tient un livre ouvert. » Mais là se termine toute ressemblance avec le tombeau du xvi° siècle. Car au-dessus du groupe du prélat et de l'ange, on voit la figure du Temps qui soulève une draperie. Dans une main il tenait une faux. Cet élément d'allégorie est sans doute emprunté aux cérémonies funèbres. D'après le dessin original de Bernus: « Quatre anges devaient être représentés autour du monument: l'un avait en main les attributs de l'épiscopat; le second tenait un miroir; un troisième semblait montrer sur un livre ouvert les bienfaits et les fondations de l'illustre défunt; enfin le quatrième est celui qui a été conservé sur le tombeau (1). » Ces anges, qui sont peut-être un souvenir des anges, du moyen âge et surtout du mausolée de Louis XI, se sont substitués d'une façon curieuse aux vertus traditionnelles.

J.-P. Poultier. Dans le monument du marquis de l'Hôpital (2) mort en 1702, Poultier imita les

1. Voir la Monographie de l'église cathédrale Saint-Sifrein de Carpentras, par E. Andréoli, 1862. Paris, in-8°, p. 135 et suiv.

2. Actuellement en partie à l'église Notre-Dame-des-Victoires, chapelle de Saint-Joseph, Paris. Autrefois au couvent des Augustins-Déchaussés. Reproduit en Raunié, Épit., t. I, p. 233. Le tombeau de Joseph Le Clerc de Lesseville et de sa femme,mort en 1700, est un exemple de ce type en bas-relief. Gravé dans Millin. Ant. nat., t. III, p. 4, n° 2. Autrefois au couvent des Grands-Augustins.

œuvres antérieures de Tuby et de Desjardins (1), c'est-à-dire le type de tombeau où le médaillon est supporté par une femme allégorique.

N. Renard.

L'ensemble funéraire des d'Harcourt (2) exécuté par Nicolas Renard en 1693 est l'exemple le plus considérable du genre où les figures allégoriques prennent la place de la statue du défunt. Une pyramide de marbre bleu turquin s'élève audessus d'un sarcophage de marbre noir supporté par un piedestal fort exhaussé, sur le devant duquel est un bas-relief doré d'or moulu, où on voit la Victoire qui présente Henri de Lorraine à la Religion. Au-dessus, assise sur le sarcophage qui porte le médaillon d'Henri, à sa droite est le Temps, qui écrit dans le livre les exploits du défunt; à sa gauche, le médaillon d'Alphonse, son fils.

Après les sculpteurs, qui furent les contemporains et les confrères de Coysevox et de Girardon, viennent les artistes du groupe de transition. Dans ce groupe, nous avons trois sculpteurs qui avaient travaillé surtout à l'étranger. Les deux plus importants Pierre Monnot et Pierre de Gros II, ont passé presque toute leur vie d'artiste à Rome.

Pierre Monnot. Monnot l'aîné (1657-1733) y

1. Dans les tombeaux de Cureau de la Chambre et d'Antoine Aubrai. Voir l'introduction.

2. Autrefois aux Feuillants. 11 se trouve aujourd'hui, à l'église Saint-Roch, la première chapelle du bas-côté à droite. Gravé dans Millin., Ant. nat., t. I, no 5, p. 2, fig. 3. Attribué à tort, par Henri Jouin à Coysevox.

séjourna de 1687 jusqu'à 1712, époque où il se rendit à Cassel auprès du landgrave Charles de Hesse. Son œuvre funéraire, sauf un petit monument à son fils (1), érigé beaucoup plus tard, fut exécutée pendant son séjour à Rome.

Son premier tombeau est celui d'Innocent XI à la basilique de Saint-Pierre, qui date de 1697 à 1700. Probablement exécuté d'après les dessins du peintre Carlo Maratta, il n'a pas grand intérêt pour la sculpture funéraire en France: il continue le type purement italien, c'est-à-dire qu'il représente la statue assise du défunt. Néanmoins, l'ensemble est si saisissant, l'effigie du pape si vivante que, en admettant l'aspect italien du mausolée, il fait honneur à l'école française. Le pape tient les clefs dans sa main gauche et de l'autre semble bénir la fin du siège de Vienne par les Turcs, siège qui constitue le sujet du bas-relief de marbre blanc décorant le piédestal de

1. A François-Alexandre Monnot,érigé en 1728. « Ce petit monument fixé à l'une des colonnes de la partie supérieure du cloître de Fritzlau, près de Cassel, a une hauteur totale de 1 m. 53 et une largeur de 33 centimètres. Il se compose d'une table de marbre blanc qui a pour soubassement une table de marbre noir. La table supérieure a pour couronnement une sorte de fronton surmonté d'une croix: elle est encadrée d'une bordure de marbre jaune et présente en demi-relief le buste profil d'un jeune homme ayant le type romain. La table inférieure en marbre noir avec encadrement de marbre blanc, renferme l'épitaphe du même jeune homme. Sur un culot qui termine le monument on voit deux images emblématiques en relief; au-dessus, un phénix, plus bas deux flambeaux en sautoir. » Cité dans Pierre Monnot, sculpteur français. Notice sur sa vie et ses ouvrages, par Auguste Castan. (Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements), 1887, p. 116-173.

marbre gris de la statue funéraire. Deux lions de bronze doré supportent le sarcophage en marbre noir. Le soubassement du monument est de marbre jaune. Deux femmes allégoriques, la Religion et la Valeur sont assises aux consoles du sarcophage, disposition introduite déjà depuis longtemps par Jacopo Della Porta dans le tombeau de Paul III (1) (mort en 1550), mais la Religion, les yeux tournés vers le pape, est imitée directement du Bernin.

Vers 1699, Monnot fit la statue du cardinal Savo Millino pour la chapelle Millino de l'église SainteMarie du peuple (2). Il n'y pouvait pas créer une œuvre originale ou indépendante, car la chapelle avait déjà reçu sa forme définitive, et il ne lui fallait faire qu'un tombeau dont la composition devait être semblable à celle du monument d'un autre prélat de la même famille qui se trouvait adossé au mur de l'ouest. Par conséquent, l'œuvre, comme le tombeau d'Innocent XI, est tout à fait dans la tradition italienne. La statue en marbre blanc du prélat que le sculpteur a représenté à mi-corps et de face, avec la barette cardinalice dans la main droite et un livre à moitié ouvert dans la main gauche, se trouve dans la niche d'un encadrement d'architecture de marbres jaune gris et blanc, qui est surmonté d'un pédiment brisé et des armes du défunt. Derrière la statue s'élève une pyramide de marbre jaune. Le fond de la

1. Également à Saint-Pierre (l'apse, côté à gauche). 2. Troisième chapelle du bas-côté du nord.

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