niche est de marbre noir. On a ajouté de chaque côté de l'encadrement un buste d'un membre de la famille Millino et une figure de femme allégorique qui est placée au-dessus du buste. L'effet de l'ensemble est ainsi tout à fait gâté mais la statue du cardinal reste encore une effigie réaliste et mouvementée.

Puis, Monnot exécuta, d'après les modèles de Le Gros, les deux renommées du mausolée de Grégoire XV.

Mais ses patrons n'étaient pas seulement les prélats italiens, car son chef-d'œuvre fut fait pour un Anglais alors voyageur à Rome: John Cecil, comte d'Exeter, dont le château, Burghley House, partage avec Rome et Cassel les ouvrages de notre sculpteur. Le tombeau du comte et de sa femme porte la date de 1707. Il fut exécuté à Rome et envoyé à Stamford où il fut érigé dans l'église de Saint-Martin. Dans ce mausolée, Monnot ne travailla pas pour un Italien mais pour un homme d'un pays, où la sculpture monumentale ne fut introduite que quarante ans plus tard par le sculpteur Roubillac, et par conséquent, pour un patron d'un pays dépourvu de tradition funéraire; il est revenu à la tradition purement française et a érigé un tombeau tout en marbre blanc du type demi-couché. Le comte d'Exeter, vêtu à la romaine, est couché sur le sarcophage Derrière lui, et aussi vêtue à l'antique, est sa femme assise, qui, ayant une plume dans la main droite et soutenant avec la main gauche un livre ouvert, semble s'apprêter à écrire ce que son mari va dicter. Au soubasse

ment, sont la Sagesse et la Science debout. Au-dessus,et elle-même sur un soubassement assez élevé est une pyramide épaisse, qui porte au sommet un petit ange soutenant un cercle d'or, symbole d'éternité. M. Castan (1) dit que ce groupe très monumental du comte et de la comtesse est une heureuse imitation des plus belles représentations funéraires de la période romaine. Mais il ne faut pas aller si loin pour chercher l'origine de cette idée. Nous l'avons déjà trouvée dans les groupes du duc et de la duchesse de Montmorency par Auguier, et surtout de Louvois et de sa femme par Girardon.

Nicolas Coustou Ier.- Nicolas Coustou, bien qu'il fût par sa naissance contemporain des sculpteurs de la transition, n'inventa rien dans la sculpture funéraire le mausolée de François-Louis de Bourbon (2) exécuté en 1705 ne se composait que d'un medaillon supporté par une femme allégorique

assise.

René Chauveau. René Chauveau, sculpteur en titre de Charles XI de Suède, exécuta, entre 1693 et 1697, d'après les dessins de Tessin, le catafalque (3)

1. Article cité page 36.

2. Autrefois à l'église Saint-André-des-Arcs. Actuellement au Musée de Versailles, n° 2860 (cat. de Soulié). Voir Raunié, Epit., t. I, p. 9. Pign. Force, Descript. Paris, t. VII, p. 81. Musée des monuments français (Invent. rich. art. fr.), t. III, p. 269.

3. Gravé par Sébastien Le Clerc, 1697, n° 261 du Catalogue des œuvres de Le Clerc par Jombert, t. II, p. 1278.

Voir aussi le Mémoire sur la vie de François Chauveau, peintre et graveur et de ses fils, Evrard Chauveau,peintre et René Chauveau,