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sonnent de la trompette. En premier lieu, on est frappé par le fait que les deux statues de Frédéric de Bouillon et de sa femme sur le sarcophage sont unies l'une à l'autre par une idée centrale, et que tous les deux se rapprochent de l'ange qui porte le cœur. Maintenant, cette idée centrale, on la trouve dans la vie du duc. Né dans la religion protestante, il ne devient catholique que par les soins de sa femme. C'est cet épisode de son abjuration que le dessinateur a choisi. Le duc, la main gauche placée sur sa poitrine, marque sa foi pour la religion qu'il vient d'embrasser, et dont le livre des mystères soutenu par le petit génie, lui est présenté par son épouse. Pour la première fois, on voit sur un sarcophage deux statues funéraires qui forment un groupe unifié. Anquier, dans le mausolée de Moulins, Girardon, dans le tombeau du maréchal de Louvois, tous les deux ont représenté deux statues, la femme et le mari, vêtues à l'antique, l'une demi-couchée, l'autre à genoux. Mais chez eux, les deux statues restent toujours sans rapports, l'une avec l'autre. Monnot a tenté la même chose dans le mausolée du comte d'Exeter sans beaucoup de succès. Il est vrai que la comtesse, une plume dans la main droite, soutient un livre ouvert et semble s'apprêter à écrire ce que son mari va dicter. Mais le comte l'oublie, car il regarde le spectateur. Oppenord a résolu le problème en choisissant un sujet de la vie du défunt.

D'autre part, si le mausolée marque un progrès vers l'unité et la conception dramatique du tombeau,

et aussi vers le style beaucoup plus libre et person. nel du xvin siècle, il ressemble aux ouvrages précédents par son encadrement et par les éléments décoratifs. Le portique avec les figures aux niches, nous les avons déjà vus chez Anquier à Moulins. Le basrelief représentant un combat, sur le soubassement du sarcophage, se rapproche de la longue série des bas-reliefs funéraires, qui furent souvent la gloire du sculpteur, par exemple, ceux des tombeaux de Jean Casimir et du marquis de Vaubrun. Les deux femmes allégoriques et le Temps au fronton ne sont pas nouveaux. Il en est de même pour les petites renommées. En un mot, le mausolée est l'exemple le plus éclatant de la période de transition, par son mélange des caractéristiques, du xvir siècle et de l'époque à

venir.

Le tombeau du cardinal Aldobrandini qui se trouve à l'église San Pietro ad Vincula, (1) n'est pas signé, mais d'après Lalande (éd. de 1786,t. IV,p. 256), il est l'œuvre de Le Gros. Il se compose d'un squelette debout, devant un sarcophage, qui se trouve dans la niche plate formée par l'arcade également plate, et par les pilastres qui servent d'encadrement. Le squelette avec sa faux, et les deux petits anges aux coins de l'arcade, sont de marbre blanc. Le sarcophage est en marbre brun. L'inscription, qui est placée au-dessous du sarcophage, est de marbre noir. L'encadrement est de marbres de plusieurs couleurs. Il faut noter

1. Bas-côté à gauche.

que Le Gros comme Monnot, n'employait la polychromie que pour les patrons italiens. Le tombeau du duc de Bouillon était tout en marbre blanc.

Dans le tombeau du cardinal Jérôme Casanata (exécuté vers 1708), qui se trouve à l'église Saint-Jeande-Latran (1), Le Gros a créé un chef-d'œuvre. Comme le Bernin devait placer adroitement le tombeau d'Alexandre VII au-dessus d'une porte, Le Gros devait mettre le mausolée du cardinal Casanata audessous d'une fenêtre ronde et il a résolu le problème à merveille. Le prélat est demi-couché sur le sarcophage de marbre vert, les mains jointes, le coude droit appuyé sur un coussin et un livre. Malheureusement, le sarcophage, qui porte l'inscription, est complètement caché par un confessionnal, qui se trouve aujourd'hui au-dessous du monument. Derrière la statue funéraire, trois anges lèvent un grand rideau de marbre rouge, qui suit la courbe de la fenêtre d'une manière tout à fait gracieuse. La statue du cardinal est, sans contredit, une œuvre de tout premier ordre, même dans l'histoire de la sculpture française. Les étoffes et les dentelles de ses vêtements ecclésiastiques sont exécutées avec une finesse exquise.

Le mausolée du pape Grégroire XV, qui occupe la chapelle du transept de l'ouest à l'église Saint-Ignace, mérite une étude particulière. Lalande dit (2) que

1. Bas-côté à gauche, voir Lalande (éd. de 1769), t. III, p. 383. 2. Ouvrage cité, Paris, 1769, t. IV, p. 208.

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