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« la figure du pape est entièrement de lui (Le Gros); c'est ce qu'il y a de mieux dans cet ouvrage : on lui attribue également les figures de l'Abondance et de la Religion le reste a été exécuté sur ses dessins. Les deux Renommées, qui sont au-dessus, sont de M. Monnot. » D'après la tradition italienne, le pape est représenté assis. Sa main droite est élevée dans l'attitude de la bénédiction. Le soubassement très haut est divisé en deux parties dont la partie inférieure est décorée par le médaillon du cardinal Ludovisi, qui est supporté par deux jolis génies. Aux deux côtés du sarcophage en marbre vert, à l'endroit, où les deux parties du soubassement se rencontrent,sont assises la Foi et l'Abondance. Celle-ci élève sa main vers la statue du pape pour montrer au monde sa libéralité. Au-dessus, on voit un baldaquin et des rideaux de marbre rouge ornés de franges de bronze doré, qui sont soutenus par les deux Renommées, œuvre de Monnot (1). Enfin, au-dessus du baldaquin sont les armoiries du prélat et trois petits génies, tout à fait exquis. Les deux qui jouent de la mitre et des clefs pontificales, ressemblent fort aux deux petits anges qui portent les mêmes symboles dans la chaire de Saint-Pierre (16561665) exécutés par le Bernin. Leurs attitudes et la position des clefs mêmes sont identiques.

Aux quatre niches de la chapelle, se trouvent des statues en plâtre des Vertus cardinales: la Valeur en

1. Probablement vers 1710, d'après M. Castan, article cité.

Minerve, la Prudence avec le miroir et le serpent, la Tempérance qui verse de l'eau dans le vin, et la Force, l'épée à la gauche accompagnée par un petit ange qui porte des faisceaux. C'est la seule fois, à mon avis, qu'un artiste a eu l'idée ingénicuse de placer ainsi, dans une chapelle funéraire, les Vertus. L'idée appartient à coup sûr à Le Gros, bien que les statues elles-mêmes fussent exécutées par Camille Rus. coni (1). Pourquoi ne furent-elles par exécutées en marbre? Personne ne peut répondre tant on a négligé les sculpteurs de cette époque !

Pierre Le Gros fut aussi célèbre comme dessinateur des cérémonies funèbres. C'est le vendredi le 17 septembre 1711 qu'eut lieu à l'église Saint-Louisdes-Français, la pompe funèbre de « Mgr. Louis, Dauphin de France ». L'ensemble était tout à fait éclatant. « Les professeurs (2) italiens avouent qu'il n'est pas possible de rien exécuter de plus magnifique, de mieux entendu et de meilleur goût. Sur chacun des piédestaux (du catafalque) s'élevait une Mort d'argent, drapée d'une étoffe violette semée de

1. Voir Pascoli, Vite degli scultori, Rome, 1730, p. 261 (Vite di Camillo Rusconi), «tufinalmente impieguto in diversi stucchi e fece le quattro virtù che si vedono nelle nicchie del sepolcro di Grégorio XV, a S. Ignazio. >>

2. Voir la Relation du service solenncl fait dans l'église royale et nationale de Saint-Louis à Rome pour Mgr. Louis, Dauphin de France,le vendredi 17 septembre MDCCXI,par M.de La Chausse, Rome, 1713. Petit in-fol. (avec 5 gravures par Frezza). Reproduite dans la Correspondance des directeurs de l'Acad. fr. à Rome, t. IV (1711-1716), p. 30 et suiv.

fleurs de lis d'or et des armes d'argent, avec une couronne d'or sur la tête, tenant un grand candélabre de mêmes métaux, chargé de dix-sept flambeaux. » Le Brun avait déjà placé des Morts assises aux coins du catafalque, dans la cérémonie funéraire du chancelier Séguier (1672). Mais Le Gros a introduit quelque chose de nouveau en augmentant le nombre des lumières qui décorent le mausolée. « Il était éclairé de cent deux gros flambeaux, posés en divers groupes, et placés dans des chandeliers argentés, faits en manière de cornes d'abondance, outre les soixantehuit qui étaient dans les grands candélabres que tenaient les quatre morts. »

La renommée de la cérémonie funéraire du Dauphin valut à Le Gros celle de Don Oratio Albani qui eut lieu, elle aussi, à l'église de Saint-Louis-desFrançais, vers février 1712 (1). Malheureusement on n'en connaît rien.

Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742). JeanBaptiste Bouchardon, connu surtout comme père d'Edme, fut l'auteur de trois tombeaux qui furent probablement des exemples ordinaires de la sculpture funéraire en province.

En 1709, Henri Lenet,abbé de Notre-Dame à Chatillon-sur-Seine, fit élever dans la chapelle de SainteAnne, à droite du maître-autel, dans l'église abbatiale

1. Voir la lettre du 6 février 1712 reproduite dans la Correspondance des directeurs de l'Académie française à Rone, avec les surintendants des bâtiments, t. IV, p. 75.

«< un monument assez simple mais bien exécuté, par J.-B. Bouchardon, sculpteur à Chaumont », dit l'abbé Bouceret, qui écrit entre 1809 et 1822, et il ajoute : « Ce monument, posé entre le mur à la hauteur de six pieds, a été enlevé et se trouve aujourd'hui chez un particulier auquel il a été vendu (1). »

Il semble bien que le mausolée du conseiller Jehannin, dont les deux projets dessinés (2) datent de 1719, fut exécuté vers 1720. M. Roserot (3) dit à son sujet : « Il y a dans l'église Saint-Michel de Dijon, à la chapelle qui se trouve à côté du sépulcre, les restes d'un mausolée qui est absolument conforme au dessin de Bouchardon. Le buste, qui est en marbre, se trouve à la bibliothèque de la ville et n'est représenté à l'église que par un débris de moulage. Il est vrai que l'inscription sur marbre se rapporte à François-Claude Jehannin, célèbre avocat, substitut du procureur général du Parlement de Bourgogne, mort en 1698, et il semble difficile d'admettre que ses descendants aient attendu vingt et un ans (jusqu'en 1719) pour rendre cet hommage à sa mémoire. Il serait bien plus vraisemblable de supposer qu'en 1719. il s'agissait pour Bouchardon de faire le mausolée de l'un ou de l'autre des deux fils, soit Philibert Jehannin, conseiller au Parlement, né en

1. Cité par M. A. Roserot, Jean-Baptiste Bouchardon, sculpteur et architecte à Chaumont-en-Basigny, 1667-1742. Paris, 1894, P. 25.

2. L'un chez M. Laillant de Wacquant, l'autre chez M. Pesme. 3. Op. cit., p. 35.

1678,mort le 24 juin 1718,soit Jean Jehannin, seigneur de Chamblanc,conseiller du Parlement en 1689,mort à Dijon le 22 octobre 1719, inhumé à Saint-Michel. » A propos d'un mausolée à la mémoire du marquis de Rennepoint pour l'église de Roche-sur-Rognon (Haute-Marne), on sait que le marquis devait être représenté à genoux (1).

Jean-Ange Maucord (1673-1761). Un autre sculpteur de province, Jean-Ange Maucord, exécuta, en 1709, le monument de Jean-Baptiste de Sade de Mazan, évêque de Cavaillon (2), où la statue du défunt est remplacée par une allégorie dramatique. La cuve est supportée par une base, qui a été fortement retouchée en 1861. Aux angles, deux femmes assises personnifient l'Espérance et la Charité. Au milieu, se trouve une plaque sur laquelle est gravée l'épitaphe. Au-dessus, la Mort, abritée sous une sorte de baldaquin, tient une faux d'une main, et de l'autre, un livre. Plus haut, soutenu par deux anges, est l'écusson de l'évêque. De chaque côté, légèrement au-dessus de l'écusson, deux aigles semblent prendre l'essor. Au sommet, debout sur des nuages, la Renommée sonne de la trompette.

1. D'après l'esquisse au crayon au verso du contrat de marché du monument, qui fut passé avec la marquise de Rennepoint, le 15 novembre 1721. Chez M. Laillant de Wacquant.

2. A la cathédrale de Cavaillon, entre la chapelle de la Nativité et celle de Saint-Éloi. Le tombeau fut restauré, en 1861, par M. Cournaud. Reproduit dans la réunion des sociétés des BeauxArts des départements, 1894, p. 112.

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