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DES SAVANS.

JANVIER 1820.

A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE ROYALE.

1820.

BUREAU DU JOURNAL DES SAVANS.

MONSEIGNEUR LE GARDE DES SCEAUX, Président.

Assistans..

Auteurs..

M. DACIER, de l'Institut royal de France, secrétaire perpétuel de l'académie des inscriptions et belles-lettres.

M. le Baron SILVESTRE DE SACY, de l'Institut royal de France, académie des inscriptions et belles-lettres.

M. GOSSELLIN, de l'Institut royal de France, académie des inscriptions et belles-lettres.

M. CUVIER, conseiller d'état, de l'Institut royal de France, secrétaire perpétuel de l'académie des sciences, et membre de l'académie française.

M. DAUNOU, de l'Institut royal de France, académie des inscriptions et belles-lettres, éditeur du Journal et secrétaire du bureau. M. TESSIER, de l'Institut royal de France, académie des sciences, M. QUATREMÈRE DE QUINCY, de l'Institut royal de France, secrétaire perpétuel de l'académie des beaux-arts, et membre de celle des inscriptions et belles-lettres.

M. BIOT, de l'Institut royal de France, académie des sciences, M. VANDERBOURG, de l'Institut royal de France, académie des inscriptions et belles-lettres.

M. RAYNOUARD, de l'Institut royal de France, secrétaire perpétuel de l'académie française, et membre de l'académie des inscriptions et belles-lettres.

M. RAOUL-ROCHETTE, de l'Institut royal de France, académie des inscriptions et belles-lettres.

M. CHÉZY, de l'Institut royal de France, académie des inscriptions et belles-lettres.

M. V. COUSIN, maître de conférences à l'École normale.

M. LETRONNE, de l'Institut royal de France, académie des inscriptions et belles-lettres..

M. DULONG, professeur de physique et de chimie à l'École royale d'Alfort.

M. ABEL-RÉMUSAT, de l'Institut royal de France, académie des inscriptions et belles-lettres.

LE prix de l'abonnement au Journal des Savans est de 36 francs par an, et de 40 fr. par la poste, hors de Paris. On s'abonne chez MM. Treuttel et Würtz, à Paris, rue de Bourbon, n.o 17; à Strasbourg, rue des Serruriers, et à Londres, n.o 30 Soho-Square. Il faut affranchir les lettres et l'argent.

Tout ce qui peut concerner les annonces à insérer dans ce journal, lettres, avis, mémoires, livres nouveaux, &c. doit être adressé, FRANC DE PORT, au bureau du Journal des Savans, à Paris, rue de Ménil-montant, n.° 22.

Hierseman 10-28-26

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JOURNAL

DES SAVANS.

JANVIER 1820.

LEONIS DIACONI CALOËNSIS HISTORIA, Scriptoresque alii ad res Byzantinas pertinentes. È Bibliotheca regia nunc primùm in lucem edidit, versione latinâ et notis illustravit C. B. Hase, &c. &c. Un vol. in-fol. Paris, 1819, de l'imprimerie royale.

PREMIER EXTRAIT.

EN publiant en 1810, dans le huitième volume du Recueil des Notices,

un livre de l'Histoire de Léon Diacre, M. Hase avoit eu principalement pour objet d'arracher au long oubli dont elle avoit été frappée, une des parties les plus importantes de cette Histoire. L'éditeur espéroit encore que le public, mieux éclairé qu'il n'avoit pu l'être jusqu'alors sur l'utilité de cet ouvrage, voudroit en connoître la totalité, et qu'ainsi la publication

entière de Léon Diacre, supplément si utile à la Byzantine, suivroit cette première communication Le vou de tous les hommes instruits fut en effet conforme aux espérances de M. Hase: mais ce vou, suffisant pour constater le mérite d'une entreprise littéraire, ne l'est pas toujours pour en assurer le succès. Il faut, pour publier de pareils ouvrages, des ressources que n'ont pas ordinairement ceux qui ont le courage et le talent nécessaires pour les entreprendre; et il n'est pas absolument sans exemple qu'un bon livre, même connu et vanté d'avance, soit mort dans le porte-feuille de l'auteur, faute de ces secours qu'on prodigue quelquefois aux plus misérables productions. Heureusement pour M. Hase, il s'est trouvé à Pétersbourg un homme qui a senti le prix d'un ouvrage annoncé en France, et qui, sur la seule garantie de la capacité de l'auteur, s'est chargé d'une partie des frais de l'édition. Encouragés par l'exemple de cette munificence étrangère, plusieurs de nos compatriotes n'ont pas dédaigné d'en partager le mérite; et, grâce à cette honorable émulation, l'Histoire de Léon Diacre a pu sortir enfin de l'obscurité où elle étoit depuis si long-temps reléguée.

Les difficultés qui avoient tant retardé la publication du Léon Diacre, et dont M. Hase avoit enfin triomphé, n'étoient rien cependant en comparaison de l'accident qui devoit la suivre. Une partie considérable de l'édition, cent cinquante exemplaires destinés pour la Russie, ont péri dans le naufrage du brick le Mercure. Bien des éditions ont été de même épuisées en totalité, il y a quelques années, par l'effet de spéculations mercantiles; et plus d'un littérateur eût alors recherché la faveur d'un pareil naufrage. Mais celui-ci est devenu pour M. Hase une perte aussi réelle qu'inattendue ; et ce qui peut seul lui en adoucir le sentiment, c'est que ses regrets seront partagés par tous les amis des lettres.

L'Histoire de Léon Diacre, conservée dans un manuscrit jusqu'à ce jour unique de la Bibliothèque du Roi, n'étoit pas restée inconnue des savans. Le P. Combefis, ce docte et laborieux Dominicain qui a rendu tant de services à la littérature du moyen âge, en avoit fait une traduction latine, laquelle, demeurée long-temps dans une des bibliothèques de son ordre, et communiquée à divers savans, notamment au P. Pagi, qui s'en servit avec fruit dans son Critica pour rectifier quelques faits ou pour remplir quelques lacunes, n'a disparu tout-à-fait, suivant l'opinion de M. Hase, qu'à une époque voisine de celle de nos troubles politiques. Mais ces fragmens recueillis par Pagi étoient trop courts pour mettre le lecteur à portée de juger du plan, de l'ordonnance et du mérite de l'Histoire de Léon Diacre; et d'ailleurs, rédigés dans une langue étrangère, ils ne pouvoient donner même une idée du caractère et

du talent de l'auteur grec. Un autre motif plus puissant encore faisoit desirer la publication entière de son ouvrage. L'histoire du x. siècle, fa plus déplorable sans contredit dans les fastes de l'humanité, est peutêtre aussi la plus pauvre en documens originaux ; et, en particulier, la période de temps qu'avoit traitée Léon Diacre, depuis la mort de Romain II, jusqu'à celle de Jean Zimiscès, placée entre l'époque des derniers et impuissans efforts tentés par Photius et par l'empereur Constantin pour retarder le déclin des lettres, et celle de l'espèce de renaissance qui fut le fruit de l'exemple et de la protection des Comnènes, cette période, dis-je, ne nous étoit connue que par les compilations tardives de Michel Glycas, de Cédrénus, de Zonare et de quelques autres Grecs du Bas-Empire. Il étoit donc important de connoître la source commune à laquelle ces écrivains avoient puisé, d'autant plus que, des trois règnes successivement décrits par l'historien original et contemporain, celui de Nicéphore Phocas n'étoit pas sans intérêt, et que celui de Jean Zimiscès avoit je té un grand éclat sur cette obscure et déplorable époque des annales byzantines.

Tels étoient les motifs de la curiosité qu'inspiroit l'ouvrage de Léon Diacre. Mais, d'un autre côté, il étoit difficile de fonder sur cet ouvrage de bien grandes espérances. On ne pouvoit guère raisonnablement attendre d'un Grec du x. siècle cette connoissance approfondie des faits, cette critique judicieuse, cette élocution élégante et noble, qui conviennent à l'histoire, et qu'on ne trouve pas toujours dans les écrivains des âges les plus éclairés. Bien loin de là, on devoit craindre qu'un historien du temps et de la profession de Léon Diacre, imbu de tous les misérables préjugés et dominé par toutes les terreurs superstitieuses de cet âge, ne nous donnât dans un long récit qu'un petit nombre de faits, et ne mît le plus souvent que des mots sans élégance ou des merveilles absurdes à la place des choses les plus essentielles à savoir. Enfin il falloit présumer d'avance que, sous le rapport du goût et du style, ce n'étoit ni la concision souvent élégante ou énergique de Procope, ni l'abondance fleurie d'Anne Comnène, ni l'agrément de Cinnamus, ni le grand sens de Cantacuzène, qu'on pouvoit trouver dans une histoire produite à un égal intervalle du siècle qui vit naître le premier de ces historiens, et de celui où fleurit le dernier, c'est-à-dire, à cette époque du moyen âge où les lettres tombèrent presque par-tout au dernier degré de l'avilissement. L'analyse que je vais faire de l'Histoire de Léon Diacre, mettra nos lecteurs en état de prononcer eux-mêmes si les craintes et les espérances dont elle étoit l'objet, étoient également bien fondées.

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