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AVANT PROPOS

« Et je ne puis m'empêcher, faisant un retour
de quelques mois. en arrière, de songer qu'au
printemps j'étais à Grasse et que j'ai commis
l'imprudence, je dirai presque l'impertinence de
me plaindre des pénétrants parfums d'essence
qui m'asphyxiaient aimablement...... ô Grasse
où es-tu ?»>
Un Touriste en

A Koechlin-Schwarts.
Laponie, page 101.

Rien n'autorise à penser que la ville de Grasse soit d'origine romaine; mais les Romains y avaient un poste fortifié dont on retrouvait des vestiges dans les premières assises de la vieille tour du Petit Puy (du latin Podium: éminence); c'est là que s'élevaient les Senoria de Podio du Moyen-Age, formant l'acropole de la ville. Les hommes les plus compétents en la matière, tels que MM. Palustre et de Laurière, ont fait cette constatation devenue impossible aujourd'hui à cause de l'exhaussement du sol de la place.

Des habitations romaines avaient été construites d'ail

leurs dans notre campagne, ainsi que le prouvent les monnaies, les inscriptions et les tombeaux découverts sur divers points. On doit admettre dès lors que les conquérants n'avaient pas négligé de protéger notre riche bassin et la magnifique source qui le fertilise. Ainsi se trouve justifiée l'opinion de Papon, qu'il exprime d'une façon si flatteuse pour notre ville - Voyage de Provence, p. 366« On ne peut pas se figurer qu'un terroir si voisin de <«< la mer, fertile, arrosé de plusieurs sources et situé

sous le plus beau climat de la Provence, n'ait pas été << habité dans les anciens temps. » Mais, quoiqu'en disent Bouche et Soléry, notre ville ne figure pas plus sur l'itinéraire d'Antonin que nos pères n'ont été « les plus adroits et agiles à sauter et à danser de la Provence,

peut-être du monde. » Après tout ce qui a été écrit sur la station ad horrea, il semble définitivement établi qu'elle était à la Napoule; dans tous les cas personne ne songe plus à la placer à Grasse.

Un écrivain contemporain, M. l'abbé Massa, ne s'arrête pas à la conquête romaine. « Grasse, dit-il, à n'en pas douter, fut fondée par les Oxybiens. » Les preuves de cette antique origine tirées du prétendu dolmen de la rue de la Lauve et de « l'alignement » supposé du Peyréguis (Histoire de Grasse, par l'abbé S. Massa, p. 9), nous paraissent peu convaincantes, malgré tous les récits qui les accompagnent. Nous leur préférons sans conteste la prudente réserve du judicieux Papon! « Nous ne manquons pas « de lumières, nous dit-il, sur la municipalité de Grasse, (( quoique nous n'ayons pas assez de monuments pour << remonter à son origine... Les habitants de cette ville « doivent donc être mis au nombre de ceux qui ont << anciennement joui du droit de Commune, sans l'avoir «détenu de la concession du Prince. >>

Comme l'abbé Massa, le Père Cresp avait donné libre carrière à son imagination relativement aux commencements de notre ville, qu'il avait célébrés en prose et en vers. (1)

Dans son dictionnaire de la Provence, Garcin se livre. à moins d'efforts : il nous raconte sérieusement comment notre ville fut bâtie, en 585, par « les juifs implantés à Magalia » (Magagnosc)!

La Notice des Provinces et Cités de la Gaule (Notitia Provinciarum et Civitatum Gallia) que l'on s'accorde à reporter à la fin du ivme siècle, ne fait aucune mention de Grasse, tandis qu'on y voit figurer Antibes, dans la deuxième Narbonnaise et Vence, dans les Alpes-Maritimes. Mais, on ne peut pas admettre que Grasse, comme le dit le Dictionnaire universel de Bouillet, date seulement du xume siècle. Dès 1154, le Pape Adrien IV écrit « à ses chers fils les << Consuls et le peuple entier de Grasse (dilectis

(1) Histoire (manuscrite) ecclésiastique et civile de Grasse.

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elqu'un des châteaux qui en relèvent, secourez cougeusement les Religieux et accordez-leur, en toute casion, aide et conseil. . . . . » En 1166, Raimond ger III était dans nos murs. Guillaume d'Amirat, ond et Gauceran de Grasse, consuls de la ville, signent ne témoins un acte de donation qu'il passe en faveur erins et qui se termine par ces mots : facta sunt hec e antè ecclesiam sancti thome, premier vocable, -il, de l'ancienne chapelle de Saint-Martin. — Le - de Provence part ensuite, à la tête de son armée, aller assiéger Nice qui n'avait pas voulu le reconnaîOn sait qu'il trouva la mort au pied des remparts de ville. A la fin du siècle, le pape Clément III prie bien-aimés fils, les consuls de Grasse, de prendre s leur protection l'église de Saint-Honorat et les sonnes qui l'habitent » (l'ancien prieuré et l'église le de l'Oratoire). - En 1179, ces magistrats popu<«< consuls par la grâce de Dieu », traitent d'égal à vec la République de Pise alors au sommet de sa puiset de sa grandeur: « In nomine sanctæ et individua itatis amen... Nos, Dei gratiâ Consules Grassæ, faciConsulibus Pisanis et civitati Risanæ et omnibus Pisanis inibus personis Pisani districtús firman pacem... Anno ncarnatione D. N. J. C. MCLXXVIIII mense novembri t, XI. » A 19 ans de là, la face des choses a complèchangé dans le conflit qui s'est élevé entre Pise es, Grasse s'allie avec cette dernière République et are ouvertement contre les Pisans: « non dabimus nis fiduciam vel auxilium in nostro posse, imô offens eos et habemus illos nostros inimicos donec guerra inter eos et Januenses. » C'est en ce fier langage expriment nos consuls, dans le traité d'alliance ve et défensive fait entre eux et le podestat de

importance et ne joue pas un tel rôle. Evidemment, elle datait déjà de loin et il n'est pas téméraire, ce semble, de la faire remonter jusqu'au vie ou vire siècle, époque où des familles, fuyant devant les Lombards, qui dévastaient les cotes ont bien pu se fixer auprès de notre belle source et y fonder une ville, qui tira probablement son nom de la fertilité de son terroir.

Grasse, ainsi que le dit Papon, suivit le sort des antiques cités provençales: Arles, Marseille, Nice, Avignon. Brignolle, au rang desquelles cet historien la place. Son administration municipale se perdit au milieu des invasions Sarrasines et l'officier du Prince se saisit de tous les pouvoirs, après l'expulsion des hordes étrangères. Mais, une fois le calme rétabli, ces villes revinrent d'elles-mèmes à leur premier état d'indépendance. A l'exemple des villes d'Italie, elles s'érigèrent en Républiques administrées au moyen d'un conseil municipal et de consuls élus annuellement, représentation du municipe romain qui les avait longtemps régies. « Grasse était de ce nombre, lit-on dans « le Précis de l'Histoire de Provence du savant J.-C. Terrin « (1836). Cette ville, au XIIe siècle, rivalisait Marseille. Elle «fournissait la France entière, l'Italie et l'Espagne de ses «< cuirs renommés, de ses savons, de ses huiles dégraissées « avec art. Elle concluait des traités avec la ville de Pise « en Italie. Sa forte population, son éloignement de la «mer l'avaient garantie des courses et des pirateries des

<< Sarrasins. >>

Dans son essai sur l'Histoire de Provence, Bouche s'exprime ainsi qu'il suit: « La ville de Grasse, qui avait eu l'art de « se garantir des incursions des Maures plus que toute « autre ville de cette contrée, fit un traité d'alliance et de commerce avec la République de Pise. Cette ville était du nombre de celles qui avaient conservé leur adminis

arnissait des cuirs renommés à la France, à l'Espagne à l'Italie. L'Europe entière prenait chez elle ses savons. = huiles étaient recherchées pour l'art avec lequel les mbreux ouvriers qu'elle entretenait dans son sein aient les dégraisser. >>

us citerons encore Gaufridi qui écrit les lignes suis relativement aux rois d'Arles, à la fin du xe siècle : gouverneurs de Provence furent les premiers qui èrent le masque. A leur exemple, quelques seigneurs cantonnèrent dans leurs terres et, refusant de les onnaître pour leurs princes, se rendirent eux mêmes verains. Ce furent les seigneurs des Baux, de Sault, Grignan, de Castellane, d'Orange et d'Antibes ou sse. Ils se maintinrent dans ce haut rang, jusqu'à ce les comtes, s'étant fortifiés, les réduisirent à l'homge. » — Gaufridi a commis une erreur manifeste, en ainsi les destinées de Grasse à celles d'Antibes. A e des donations des comtes de Provence, qui remonau xe siècle et de la vente du 30 août 1237, les es d'Antibes possédèrent cette ville et son territoire un pape devait les dépouiller plus tard); mais ils nt jamais d'autre pouvoir sur Grasse que leur juri

spirituelle. Dès que l'expulsion des Sarrasins eût le réveil de la Provence, nos magistrats municipaux connurent au-dessus d'eux ni évêque, ni seigneur, Dieu seul: Dei gratid consules Grassa. Ils se donnèrent nte de Provence volontairement et aux conditions. sées par eux-mêmes (24 juillet 1227), pendant que ond-Bérenger IV recevait l'hommage et les protestale dévouement de l'évêque d'Antibes, son feudataire. dynastie des comtes Catalans n'avait jamais jeté un éclat. Grâce aux dissensions intestines fomentées par elfes et les Gibelins, grâce à ses armes et à l'habileté

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