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au moins pour en retirer le prix d'une fabrication à laquelle je n'ai rien épargné.

Imprimer un livre sans fautes typographiques est chose fort difficile, même pour de belles et régulières pages de prose, faites sur copie imprimée, dans lesquelles rien n'est incertain; mais se flatter de n'en laisser échapper aucune dans un livre de l'espèce de celui-ci, seroit une des prétentions les plus présomptueuses. Il est, malgré mon attention et toute ma sollicitude, resté plus d'une erreur dans ces pages formées de titres, tous d'orthographes discordantes, avec les ponctuations les plus bizarres et les moins motivées, remplies de notes qui jamais n'acquerront à leur auteur aucun rang parmi les écrivains françois, mais dont la rédaction n'en fut pas moins d'une difficulté excessive. Combien n'en a-t-il pas fallu refaire et retourner vingt fois pour arriver à être correct, clair, et d'une certaine concision, et surtout pour masquer le mieux possible le retour nécessairement si fréquent de ces formules bibliographiques qui font une partie obligée de l'ouvrage! Un errata placé à la fin du quatrième volume indique les fautes qui ont été aperçues lorsqu'il étoit trop tard pour les faire disparoître. Il est assez probable qu'il en sera resté d'autres encore.

Un long usage de tout ce qui a rapport à la typographie, surtout dans ses résultats littérairement et industriellement considérés, n'a pu manquer de me suggérer des observations nombreuses, et de plus d'une sorte. J'ai souvent loué et critiqué les mêmes ouvrages et les mêmes personnes, par cette raison sans réplique qu'il n'y a aucune production humaine qui n'ait son côté foible; mais

je l'ai fait en homme impartial, qui voyant avec une vive satisfaction ce qui est bien, et se plaisant à le reconnoître, parle avec toute franchise de ce qui lui semble pouvoir être mieux encore. J'espère que rien de ce que j'ai écrit ne sera trouvé désobligeant pour qui que ce puisse être; ce seroit contre mes intentions les plus formelles, et j'ai une trop haute opinion des hommes de mérite sur les ouvrages desquels je fais quelques observations littéraires ou typographico-bibliographiques, pour croire qu'aucun d'eux se puisse trouver blessé de ce qui ne seroit pas exclusivement de la louange.

L'activité de ma vie commerciale, et une continuelle habitude de fabrication, soit en livres, soit, dans ma jeunesse, en objets de toute autre nature, aura pu donner à l'ensemble de mon travail, à mes expressions une couleur manufacturière que n'auroit point le catalogue d'un homme étranger aux travaux des manufactures, aux combinaisons du commerce; c'est ce que je n'ai point cherché à éviter, et ce qui ne déplaira peut-être pas à tous les lecteurs. Il n'est pas toujours inutile de connoître les opinions et la manière de juger d'un homme qui a un genre d'expérience à lui. Des personnes plus instruites dans les lettres et les sciences auroient pu dire d'excellentes choses dont je n'ai pas même eu l'idée; mais des hommes supérieurs auroient-ils voulu consu-' mer leur temps à la rédaction d'un catalogue?

Les productions des premiers temps de l'imprimerie, dont quelques hommes chagrins ont en vain essayé de contester et rabaisser l'importance littéraire, sont ici en nombre assez considérable pour la bibliothèque d'un

particulier qui ne peut ni ne prétend tout avoir, et qui a long-temps donné des soins à sa collection de livres, avant de songer à l'enrichir de ces morceaux précieux, desquels l'acquisition est aussi difficile que dispendieuse. Dans cette sorte d'anciens livres, j'ai repoussé autant que je l'ai pu ceux dont la seule recommandation est d'avoir été imprimés avant la clôture du siècle qui a vu naître l'art bienfaiteur de la typographie; curiosités subalternes qui ont séduit bien des amateurs. Combien de fois n'at-on pas présenté à mon admiration, et comme objets d'une extrême importance, de ces mauvais volumes en tout dignes de l'épicier, pas assez anciens pour être hideux impunément, et qui ne se recommandent ni par leur contenu, ni par la bonté, ni même par la rareté de l'édition! Le choix, dans les anciens livres, a ses difficultés, et il arrive assez souvent que l'amateur dont l'attention se dirige vers les productions primitives de l'imprimerie, embarrasse d'abord sa collection par des antiquailles sans valeur comme sans utilité, et qui sont en quelque sorte la populace des éditions du xvme siècle. Rien, ou presque rien de semblable ne se voit ici. On y trouve bien quelques volumes de théologie qui n'ont de mérite que leur vieillesse; mais cette ancienneté est de l'époque la plus vénérable. Ils n'ont d'ailleurs été admis qu'avec une extrême retenue; et comme il ne s'agit que de quelques-unes des plus rares productions des premiers imprimeurs des Pays-Bas et de Cologne, on espère que ce petit nombre de volumes, dont plusieurs remontent jusqu'à l'année 1466, ne déparera point la liste des éditions du xvme siècle que l'on donne

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en abrégé à la fin de ce Catalogue. A la suite de cette nomenclature est celle des livres imprimés sur vélin. Elle est bien loin d'arriver, comme celle de Mac-Carthy, au nombre de 601 ouvrages; mais aussi on ne la trouvera point encombrée de cent articles et plus, d'Heures et autres livres liturgiques dont il peut être bon d'avoir quelques-uns, mais seulement parmi les plus extraordinaires. Avec plusieurs précieux volumes des xv et XVIe siècles, cette liste présente une belle suite d'éditions, qui, pour être récentes, n'en sont pas moins recommandables. Certains amateurs de cette sorte de livres, les Anglois, surtout, repoussent avec une dédaigneuse indifférence ceux qui ne comptent pas quelques siècles d'ancienneté. Le plus beau volume sur vélin, imprimé depuis peu d'années seulement, ne vaut pas, à leurs yeux, telle brochure ancienne de 20 à 30 feuillets, quelquefois mal exécutée, et sur mauvais parchemin. Il est très vrai que trop d'accueil fait aux livres modernes imprimés sur vélin pourroit induire à les multiplier à l'excès; et qu'il en est aussi beaucoup dont la mauvaise exécution forme un parfait contraste avec les pages si bien tirées par les imprimeurs des temps primitifs. Mais lorsque d'une belle et récente édition d'un bon livre, il a été fait avec habileté un ou plusieurs exémplaires sur très beau vélin, je ne vois pas pourquoi ces monuments de l'industrie humaine n'honoreroient pas la typographie moderne, comme les beaux vélins des Valdarfer, des Jenson, des Alde, ont illustré celles des siècles xvme et xvrme. Messieurs Didot, Causse, Crapelet, Bodoni, et plusieurs autres encore, ont imprimé des

⚫ vélins qui ne le cèdent à aucun de ces anciens volumes auxquels les curieux attachent, avec raison, un si grand prix ; et chaque jour qui s'écoule amène pour ces impressions plus récentes le temps où elles seront aussi de vénérables antiquités.

A ces deux listes des livres du xvme siècle, et sur vélin, quelques personnes m'engageoient à ajouter l'état des éditions aldines que je possède. C'eût été répéter presque tout ce qui fait le contenu du premier volume des Annales aldines, et qui se retrouve encore en abrégé dans le IIme et le IIIme volume du même ouvrage. J'ai donc adopté l'expédient d'une liste négative, ou note exacte de ce qui me manque, dans laquelle se trouvent cinq ou six articles nouvellement venus à ma connoissance, et qui n'avoient pas été mentionnés dans les Annales. Cette liste de mes desiderata contient tout juste cent articles, la plupart de quelques feuillets seulement, plusieurs même d'une existence assez douteuse. Je verrai avec une grande satisfaction que cet état des éditions aldines qui me manquent encore donne à ceux qui en posséderoient quelqu'une, l'idée de m'en proposer l'acquisition à des conditions qui, toujours, seront acceptées avec empressement lorsqu'elles seront raisonnables.

Une quatrième liste est, sauf la table des auteurs, la fin et le complément de ce Catalogue; c'est celle des dessins originaux qui ornent un grand nombre de volumes de cette Bibliothèque, ou qui forment eux-mêmes des recueils disposés en volumes. Elle est riche et importante, et pour la réunir, il a fallu un concours de circonstances toutes particulières, des artistes d'un talent

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