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La séance est ouverte à 4 heures; après lecture, le procès-verbal

de la séance du 11 juillet 1914 est adopté. M. Lucien POINCARÉ,
Directeur de l'Enseignement supérieur, assiste à la séance.

M. le PRÉSIDENT prononce une courte allocution dans laquelle il
fait allusion aux graves événements qui, pendant quelques mois, ont
empêché la Section de tenir ses séances mensuelles.

Le Comité d'Administration de la Société d'Océanographie du
golfe de Gascogne a adressé à M. le Ministre la lettre suivante, rela-
tant la mission en Nouvelle-Zemble confiée à son Président, M. le
commandant BÉNARD.

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Bordeaux, le 31 décembre 1914.

Monsieur SARRAUT, député,

Ministre de l'Instruction publique.

Bordeaux.

MONSIEUR LE MINISTRE,

Nous avons l'honneur de porter officiellement à votre connaissance les détails suivants concernant la mission en Nouvelle-Zemble de notre Président, M. Charles BÉNARD, officier de marine de réserve, présentement en service, chargé par nous de se rendre à Arkhangel, puis en Nouvelle-Zemble. M. le commandant Charles BÉNARD s'arrêta à Pétrograd en juillet pour recevoir les instructions et les conseils de M. le général de Schokalsky, vice-président de la Société impériale de Géographie.

«Arrivé le 23 juillet au soir à la Beluska Gouba, M. Bénard en est reparti le 24, en baleinière, par fort vent de Nord-Ouest, et a pu, non sans difficultés, atteindre le promontoire sud-ouest, puis la côte orientale de la Nechwatowa. Au nord de ce point, la rivière Nechwatowa s'enfonce dans de hautes montagnes; au sud, la baie de la Propajay, ou baie du Cuivre, se termine aussi dans un massif assez élevé; entre les deux groupes de montagnes s'étend une région basse, plissée par de petites collines uniformes, composées de schistes brisés; M. Bénard, suivant une route au Nord 80° Est, arriva le 27 juillet, après trois étapes de 27, 20 et 23 kilomètres, à 5 kilomètres de la mer de Kara, à l'embouchure de la Pudneva. Les onze séries de collines qu'il a dû traverser sont orientées du Sud 15° Est au Nord 15° Ouest; elles sont de plus en plus basses au fur et à mesure que l'on approche de la mer de Kara. Le pays est sans intérêt; peu de végétation, peu de vie animale; pas de glacicrs; M. Bénard n'a rencontré qu'un lac important duquel sort la Pudneva. Aucun Européen n'avait encore traversé cette région.

Grâce au beau temps, le retour fut très facile. Dans le Kostin Charr, M. Bénard acheva la carte du détroit et des fjords qu'il avait découverts entre la Rogatcheva et la Nechwatowa. Ces fjords sont parallèles à tout le système orographique de la région. La vie y est abondante dans l'eau et dans l'air; la végétation sur les bords

est très variée. Les profondeurs sont très irrégulières; les chenaux entre les îles et les fjords sont dangereux pour la navigation.

Revenu en août chez les Samoyèdes de la Beluska, M. Bénard acheva les levés de la presqu'île de Morzoff, de la Rogatcheva et des chaînes du voisinage; dans les vallées remplies de coulées gigantesques de terres schisteuses et de cailloux, dont la descente s'effectue comme celle des glaciers, il a planté des alignements de jalons repérés, confiés à la garde des Samoyèdes. Il a ramassé des collections géologiques, botaniques et océanographiques impor

tantes.

« M. le commandant Bénard repartit en fin août vers le Nord avec le Samoyède Vulka, un traîneau et huit chiens; arrêté sur la Dolgaïa par les marais et la surabondance de l'eau, il gagna, vers le Nord-Est, les montagnes qui partent de la Rogatcheva vers le Nord et fit pour la première fois la traversée totale de la Terre des Oies. Les montagnes qu'il a parcourues sont brisées, dans le sens EstOuest, par des cassures géantes, dans lesquelles arrivent les rivières de l'intérieur. La grande plaine qui couvre la Terre des Oies est semée de milliers de lacs, elle est à peine élevée de quelques mètres au-dessus du niveau de la mer.

«Dans le nord de la Terre des Oies, un superbe lac de 9 kilomètres de diamètre, collecte toutes les eaux et les rejette à la mer par un canal riche en saumons bleus. M. Bénard n'a pas rencontré un seul renne et a dû nourrir ses chiens avec des cygnes et des oies. Au Nord, deux grandes baies séparées par une presqu'île parallèle au cap Gousinoy. Dans toute cette région, une végétation exceptionnelle.

«M. Bénard, rentré sous la tente samoyède, parcourut le pays avec un équipage frais de 24 chiens; puis il repartit au début de septembre en karbasse samoyède, et leva la côte et les îles jusqu'au village samoyède de Karmakuly; il y fut recueilli en grand état de fatigue par le missionnaire russe le hiéromuème Tykou.

« C'est là que la Hertha, navire polaire russe, commandé par le capitaine de vaisseau Islamoff, recueillit M. Bénard, lui apprit la déclaration de guerre et le ramena à Arkanguelsk sur sa demande.

«M. Bénard gagna Pétrograd par les trains russes de mobilisation et fut chargé par l'ambassadeur de France des courriers diplomatiques de Russie, de Stockholm et de Christiania.

M. Bénard, arrivé à Bordeaux, sa mission terminée, est reparti

A.

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